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Un infirmier revient sur l’obligation vaccinale à l’hôpital
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
À compter du 15 septembre, les soignants n’ayant pas reçu au moins une dose de vaccin contre le covid-19 risquent de voir leur salaire suspendu. Une mesure répressive par laquelle le gouvernement s'attaque aux soignants pour mieux dissimuler sa gestion catastrophique et répressive de cette crise sanitaire et son rôle dans la destruction de l'hôpital public.
Obligation vaccinale et sanctions : une offensive contre les soignants
Ce mercredi 15 septembre l’obligation vaccinale entre en vigueur. Elle concernera tous les acteurs du monde de la santé et du domaine médico-social mais aussi des établissements sociaux rattachés à des établissements de santé, et requiert au moins l’administration de la première dose de vaccin contre le covid-19 avant le 15 septembre sous peine de sanction, puis un schéma vaccinal complet pour les professionnels de santé d’ici au 15 octobre.
Les annonces du 12 juillet dernier portant sur l’obligation vaccinale ont déclenché des mouvements de colère et l’indignation dans le secteur de la santé. Même si ce secteur est déjà soumis à un ensemble de vaccinations obligatoires, cette nouvelle mesure ne fait que pointer du doigt les hospitaliers au sens large en nous faisant porter le rôle des transmissions de la maladie. Pourtant, au 25 juin, d’après Libération, le personnel hospitalier était déjà à 68% vacciné ; un chiffre qui montre que toute une partie du personnel était disposée à se faire vacciner, consciente qu’il s’agit d’une mesure sanitaire collective. En outre, s’il existe une défiance chez une partie des soignants, elle est indissociable de la gestion catastrophique de cette question par le gouvernement.
Aujourd’hui, nous voyons dans cette politique répressive un mépris de la part de Macron contre le monde de la santé déjà en crise depuis de nombreuses années et encore plus fragilisé depuis l’apparition du covid-19. Les hospitaliers ont déjà subi le manque de moyens et le fait de ne pas avoir été écoutés quand ils alertaient sur les difficultés nombreuses qu’ils rencontraient au quotidien. Nous nous sentons déjà mis de côté depuis de nombreuses années, comme beaucoup d’autres secteurs, et une fois de plus des menaces de sanctions sont prononcées à notre encontre.
Ce mercredi 15 septembre, le personnel de santé pourra donc être suspendu, et cela dans un contexte où nous avons besoin de l’ensemble du personnel pour poursuivre la lutte contre le Covid 19, ainsi qu’assurer la continuité de l’ensemble des soins hospitaliers. Si plus de 90% des hospitaliers sont actuellement vaccinés, selon une enquête réalisée par Médiapart, dans certains établissements, les suspensions pourraient concerner 5 à 10% du personnel que les directions d’établissement cherchent déjà à remplacer. La politique du gouvernement va ainsi pousser les personnels à bout et à démissionner de l’hôpital.
Quelle politique face à l’obligation vaccinale ?
Dans différents hôpitaux, des réactions ont émergé contre les sanctions à l’encontre un personnel qui s’est activement mobilisé sur la crise de la Covid-19. Si nous sommes nombreux à défendre l’importance d’une vaccination massive, nous déplorons que l’obligation vaccinale soit agitée comme l’unique moyen de lutter contre la Covid et sans la mettre en lien avec une vraie politique de santé, la levée des brevets, des moyens, des embauches et de la pédagogie.
Face à ces mécontentements, les centrales syndicales de la santé se sont positionnées et ont réagi à ces annonces en dénonçant ces mesures comme des attaques contre le monde du travail et en refusant les sanctions. Pourtant cette position a été menée sans porter un plan de bataille offensif et sans se positionner clairement sur la vaccination.
Ainsi, nous avons vu à de nombreuses reprises des tracts syndicaux appeler à la liberté vaccinale, ne voulant pas ainsi soutenir une politique vaccinale par peur de se déconnecter de certains personnels opposés ou encore hésitants sur la vaccination, mais également pour ne pas avoir l’air de soutenir la politique de Macron.
Cette hésitation est grave. car en ne se positionnant pas contre le pass sanitaire et pour la vaccination massive avec un plan d’urgence sanitaire global (des moyens, des embauches, des tests gratuits, la levée des brevets etc), elle cède à la pression des travailleurs défiants contre la vaccination, au détriment de toute préoccupation de santé publique.
De plus, alors que de nombreux soignants prenaient la rue dans les manifs anti-pass sanitaire pendant l’été, les directions syndicales n’ont pas cherché à leur proposer des perspectives pour mieux contrer le discours covidosceptique qui pouvait s’immiscer dans la colère d’une partie des soigants. Finalement, sous pression des manifestations contre le pass sanitaire qui se tiennent tous les samedis depuis cet été et du mécontentement dans de nombreux établissements, la CGT santé a fini par déposer un préavis de grève début août et surtout par appeler à une journée nationale de mobilisation couverte par un préavis de grève, prévue pour ce mardi 14 septembre, soit la veille de l’entrée en vigueur de l’obligation vaccinale.
Mais cette « journée de mobilisation » n’appelle pas à un lendemain et à un véritable plan de bataille contre ces mesures autoritaires, pour une véritable amélioration des conditions de travail et des embauches dans le secteur, et pour un plan d’urgence sanitaire pour la sécurité et la santé de l’ensemble de la population.
Sur ce dernier point, il est nécessaire que nous nous positionnions contre le pass sanitaire mais pour une vaccination de masse, et pour un programme ouvrier pour la mettre en oeuvre. En effet la vaccination est un formidable outil pour lutter contre la pandémie. Mais il faut aussi la coupler à une réelle politique de santé publique, en maintenant les tests de dépistage gratuit, et en ouvrant des lits ou encore en formant du personnel. Nous devons construire une gestion de nos systèmes de soins par le bas, dans les mains des travailleurs qui, au quotidien, font vivre ses services et soignent les patients. Eux seuls connaissent leurs besoins et les fonctionnements nécessaires à la qualité et à la continuité des soins.
Nous demandons également une vision sur les stocks de médicaments, le matériel, la levée des brevets sur les vaccins pour pouvoir vacciner l’ensemble de la population en France, mais aussi ailleurs dans le monde, et un investissement massif dans la recherche, sous le contrôle des professionnels de santé, afin d’anticiper de futures épidémies.