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Loi de finances 2022: budget record pour l’armée, baisse historique pour la santé !

Lien publiée le 26 septembre 2021

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Loi de finances 2022 : budget record pour l'armée, baisse historique pour la santé ! (revolutionpermanente.fr)

En cette fin de mandat et à quelques mois des élections présidentielles, le gouvernement a présenté son projet de Loi de finance pour 2022. Derrière les effets d’annonce autour de l’augmentation des budgets de l’Education et de la culture, l’exécutif investit encore une fois dans celui de la défense et poursuit ses cadeaux au patronat.

Un budget qui s’inscrit pleinement dans la campagne de 2022

Si l’automne est classiquement la saison de la présentation des projets de Loi de finance, celui pour l’année 2022 présenté mercredi 22 septembre a sans aucun doute un air de campagne présidentielle. Déjà en 2017, la Cour des Comptes montrait « l’insincérité » de la dernière loi finance du mandat de François Hollande, cette fois c’est le Haut Conseil aux finances publiques (HCFP), l’institution chargée de contrôler le budget de l’Etat, peu habitué aux critiques contre le gouvernement, qui a été obligée d’affirmer « regretter que les conditions de saisine ne lui permettent pas de rendre un avis pleinement éclairé ». Cas rare, l’institution a refusé de donner un avis sur le projet de loi.

Face à cette situation, la majorité présidentielle tente tant bien que mal de se défendre, Bruno Le Maire lors de la conférence de presse de présentation du projet de loi a maladroitement insisté sur la « sincérité » de ce texte », « y compris sur ce que nous ne disons pas », tout un programme. Jean-Noël Barrot député Modem et vice-président de la commission de finances à lui déclaré au journal La Croix : « C’est vrai que des gouvernements ont pu dans le passé pratiquer le looping budgétaire et moduler les promesses au gré des circonstances, notamment électorales. Ce n’est absolument pas le cas de ce dernier budget du quinquennat. On y voit, au contraire, de la continuité, de la stabilité ».

Pourtant, il n’y a pas de mystère dans les augmentations de certains budgets annoncées en grande pompe dans la presse. De fait, tant l’enveloppe de 4 milliards d’euros pour la culture que la hausse d’1,5 milliard du budget de l’Education nationale sont une réponse électorale (et très insuffisante) de Macron à deux secteurs qui n’ont cessé de dénoncer le manque de moyens et la gestion catastrophique par le gouvernement de la crise sanitaire. Rien d’étonnant qu’à la veille d’une journée de grève nationale dans l’Education ce dernier souhaite mettre particulièrement en avant ce qu’il appelle une « hausse historique » des moyens dans les écoles en parallèle d’un coup de com’ hasardeux sur le retrait du masque en primaire. Pourtant, à y regarder de plus près, le budget 2022 s’inscrit pleinement dans la continuité du mandat présidentiel et derrière les effets d’annonce, l’argent est investi dans la défense et les grandes entreprises. L’objectif est clair : donner quelques miettes pour se positionner en vue de 2022 et préparer la réélection de Macron.

Toujours plus d’argent pour la défense

En effet, une des mesures phares de ce nouveau budget est la nouvelle augmentation des finances régaliennes, qui augmente de 1,7 milliards d’euros pour atteindre 40,9 milliards. C’est avec grande satisfaction que Florence Party ministre des armées a affirmé sur 0 class="spip_out" rel="external" style="box-sizing: border-box; background-color: transparent; color: rgb(195, 36, 39); text-decoration: none; font-weight: 700;" target="_blank">BFMTV ou au Sahel, Macron arrose l’armée. Dans le même temps, le nouveau budget fait la part belle au régalien au service des politiques sécuritaires avec 1,5 milliards supplémentaires pour l’Intérieur dans le cadre notamment des annonces réalisées au Beauvau de la sécurité et 600 millions pour la Justice, et notamment la construction de prison.

Un budget qui multiplie les cadeaux aux patronats et aux riches…

Derrière les déclarations de Bruno le Maire ce mercredi qui expliquait que « la priorité est de soutenir le niveau de vie des Français par la croissance et la hausse de la productivité » il faut en réalité voir qu’il n’y a rien de prévu dans ce projet de loi pour les travailleurs et les précaires. Un des exemples marquants réside en ce sens sur un des principaux arguments de campagne de la macronie : la baisse des impôts et la défense du pouvoir d’achat. Pourtant comme le révèle Romaric Godin pour Médiapart l’exécutif arrange un peu la vérité à sa sauce libérale :

« En cinq ans, l’exécutif se vante d’avoir fait baisser la pression fiscale de « 50 milliards d’euros », dont 25 pour les entreprises et 25 pour les ménages. Mais c’est précisément ici que le bât blesse : cette présentation d’une pseudo-égalité de traitement entre entreprises et ménages est un piège communicationnel. Un ménage moyen a évidemment gagné beaucoup moins qu’une entreprise. Et, au sein des ménages, les plus pauvres ont beaucoup moins gagné que les plus riches. Ces comptes d’apothicaire avancés par Bercy ne peuvent tromper personne, d’autant que l’on mélange des baisses d’impôts qui ont eu lieu à des moments différents du quinquennat. Les plus riches ont ainsi pu bénéficier de la fin de l’ISF sur les revenus mobiliers et de la baisse de l’impôt sur les revenus du capital dès 2018 et pendant quatre ans. Ils pourront ajouter à cela les 3 milliards de baisse de la taxe d’habitation inscrite au PLF 2022 et qui concerne les 20 % de la population aux revenus les plus élevés. Les classes moyennes, elles, n’ont bénéficié de la baisse du barème de l’impôt sur le revenu qu’à partir de 2020 (et sous la pression des Gilets jaunes). Quant aux plus modestes, ils sont largement oubliés de cette politique puisque leur charge fiscale est d’abord portée par les taxes indirectes qui, elles, n’ont pas été modifiées ».

Pour préciser davantage, les 20% de ménage les plus aisés verront leur taxe d’habitation réduite l’an prochain. De même, l’impôt sur les sociétés passera à 25% pour toutes les entreprises, dernière marche d’une réforme engagée en 2018, sur l’ensemble du quinquennat les entreprises auront donc économisé 25 milliards d’euros selon Capital.

En ce sens, il semble évident que les grands discours sur le pouvoir d’achat et les impôts restent ici largement instrumentalisés pour un discours électoral. Plus largement le nouveau projet des finances s’inscrit dans la continuité du quinquennat, avec de multiples cadeaux aux entreprises. Une étude du projet de loi montre qu’il ne déroge pas à la règle.

Il faudra par ailleurs encore y ajouter, comme le rappelait Bruno le Maire lors de sa conférence de presse, entre 20 à 30 milliards d’euros dans le cadre du nouveau plan d’investissements annoncé par le gouvernement. Ces milliards pour le patronat n’ont pas été entièrement budgétisés par le gouvernement mais de nombreux cadeaux sont évidemment à prévoir.

…Mais toujours plus de casse de la santé

Alors que le budget 2022 fait la part belle au patronat et aux services régaliens, les grands oubliés du gouvernement sont une nouvelle fois les services publics et en particulier la santé. Alors que la crise du Covid 19 a montré au grand jour la catastrophe que représentait des décennies de casse de l’hôpital public il semble que Macron n’ait pas retenu la leçon. En effet, Capital révèle que le budget 2022 présente une baisse inédite des dépenses de santé. Selon le rapport du Haut Conseil des Finances publiques (HCPF), publié mercredi 22 septembre, pour la première fois depuis sa création en 1997 le budget de la Sécu est en baisse. Ce repli serait dû à une baisse de 10 milliards des dépenses exceptionnelles, liée au Covid. Une décision catastrophique alors que le HCFP met en garde « contre un budget de la santé qui pourrait se révéler sous-estimé ».

Dans la droite lignée des attaques contre l’hôpital, ce budget est un véritable scandale alors que la crise a révélé les conséquences du sous-effectif et des politiques de casses néo-libérales de la santé. Après les récentes attaques contre les soignants, l’hôpital public est donc une nouvelle fois mis de côté.

Crise économique : vers une politique d’austérité pour les pauvres et le monde du travail

Un des éléments les plus importants du budget 2022 réside dans la gestion proposée par le gouvernement de la crise économique. La première réaction du Haut Conseil aux Finances Publics et de la Cour des Comptes, deux organes dirigés par Pierre Moscovici appellent en effet à l’austérité. En conclusion de son avis sur le PLF 2022, le HCFP demande à ce que, à l’avenir, « tout surcroît de recettes par rapport à la prévision soit consacré au désendettement ». Cette position est en réalité partagée par le gouvernement. Bruno Le Maire ne cesse de répéter que c’est la croissance qui paiera la dette, ce qui signifie que les ressources supplémentaires issues de cette croissance iront à son remboursement. C’est le sens du cantonnement décidé de la dette Covid, ce qui signifie qu’il va consacrer des ressources de l’État à l’amortissement de cette dette, sans qu’il n’existe aucune obligation économique à cette politique.

En défendant ce qu’il appelle la « norme pluriannuelle » le gouvernement souhaite également encadrer les dépenses dans une voie étroite. En clair, ce que le gouvernement promet c’est de l’argent pour les fonctions régaliennes et le patronat, la récession pour les services publics et les plus pauvres. Si le gouvernement prétend vouloir surfer sur la reprise économique pour réduire le déficit, la dette est aujourd’hui à 114 % du PIB , selon les prévisions de Bercy le déficit devrait se résorber en passant de 9,2% du PIB aujourd’hui à 4,8 en 2022, des chiffres d’ores et déjà retoqués par HCFP qui doute de leurs véracité.

En définitive les annonces pour le projet 2022 du gouvernement n’ont évidemment pas pour objectif de mettre en place une autre politique mais de s’adresser à l’électorat en faisant miroiter quelques carottes – largement relayées par les médias dominants – et de maintenir une stratégie pro-patronale pour faire face à la crise économique en la faisant peser sur le dos des services publics et du monde du travail. Plus que jamais face aux annonces du gouvernement, il va nous falloir lutter pour imposer notre programme : pas question d’accepter la casse de l’hôpital public, pas question de payer leur crise.