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Jean-Luc Mélenchon en position de force à gauche
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Jean-Luc Mélenchon en position de force à gauche - Challenges
SONDAGE EXCLUSIF - Au-delà de la progression spectaculaire d’Eric Zemmour, qui atteint 13 % des intentions de vote, les cartes de la qualification pour le deuxième tour sont totalement rebattues. Le duel Macron-Le Pen, qui semblait acquis, n’est plus du tout certain.
"C’est une désintégration de l’offre politique". Jean-Daniel Levy, le directeur délégué d’Harris Interactive est abasourdi par le dernier résultat de son enquête pour Challenges. Au-delà de la progression spectaculaire d’Eric Zemmour, qui atteint 13 % des intentions de vote, les cartes de la qualification pour le deuxième tour sont totalement rebattues. Le duel Macron-Le Pen, qui semblait acquis, n’est plus du tout certain. En chutant à 16 % des intentions de vote, alors qu’elle caracolait en tête à 28 % en juin dernier, l’ex-présidente du Rassemblement National n’affiche plus que 2 à 3 points d’avance sur le trio Xavier Bertrand-Jean-Luc Mélenchon-Eric Zemmour. Soit à peu près la marge d’erreur des instituts de sondage.
La remontada de Mélenchon
Le coup est dur pour la figure de l’extrême droite, qui a vu une partie importante de son électorat captée par la potentielle candidature Zemmour. Seuls 66% de ses électeurs du 1er tour de 2017 déclarent voter pour elle, en avril prochain. Fin août, ils étaient 91 %... Et elle ne bénéficie plus de l’électorat de François Fillon de 2017 –seuls 2% d’entre eux voteraient pour elle-, cette droite assez radicale séduite par Zemmour. Pour l’heure, ce big-bang de l’extrême droite a encore assez peu d’impact sur les intentions de vote des candidats de la droite classique, Xavier Bertrand et Valérie Pécresse, étales. Ce n’est pourtant guère réjouissant : "Les candidats de droite ne sont pas au centre des débats. Les discussions sur la primaire intéressent peu les Français", remarque Jean-Daniel Lévy.
Autre fait politique majeur, la remontada de Jean-Luc Mélenchon est spectaculaire. Le leader de la France Insoumise progresse de 2 points en une semaine, atteignant son meilleur score depuis mai dernier, après un passage à vise ces derniers mois. En bénéficiant clairement de "l’effet débat" sur BFM : "Il a récupéré une partie de l’électorat de gauche en incarnant la figure pouvant s’opposer à Eric Zemmour, décrypte Jean-Daniel Levy. Il est allé au combat tout en gardant une certaine hauteur de vue". Et ces prochains mois, Mélenchon pourra cultiver cette image de rempart au polémiste d’extrême droite.
Indifférence des électeurs vis-à-vis de Jadot et Hidalgo
A gauche, le leader de LFI apparaît en position de force face aux autres candidats, qui font du surplace. Anne Hidalgo reste collée à 7% des intentions de vote. Sa campagne n’a pas vraiment démarrée et sa proposition choc du doublement du salaire des enseignants n’a guère imprimée dans l’opinion en sa faveur. Même indifférence pour les candidats écologistes. Certes, la désignation de Yannick Jadot, le 28 septembre, comme candidat à l’issue d’une primaire ouverte serrée marque une rupture. Jusqu’alors, les sympathisants écolos avaient choisi les candidats jugés les plus "purs" idéologiquement. Ainsi, en 2011, ils avaient préféré l’austère Eva Joly à l’icône Nicolas Hulot. Cette année, ils ont opté pour le candidat le plus fédérateur mais qui ne décolle pas dans les sondages, scotché à 6 % des intentions de vote.
Dans ce big bang, c’est Emmanuel Macron qui ressort en position de force. Son omniprésence (école, sécurité...) et les milliards de promesses budgétaires ont suscité de vives critiques. Or, dans l’opinion, il conserve un socle stable : 67 % des électeurs ayant voté pour lui en 2017 ont l’intention de faire de même l’année prochaine. Reste le point clé : son adversaire du second tour. S’il l’emporte toujours largement face à Marine le Pen, le jeu serait bien plus ouvert si un candidat de droite classique parvenait à se qualifier.