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Précarité, harcèlement, burn-out : le quotidien accablant des étudiants et internes en médecine

santé

Lien publiée le 30 octobre 2021

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Précarité, harcèlement, burn-out : le quotidien accablant des étudiants et internes en médecine (revolutionpermanente.fr)

Un rapport récent sur la santé mentale et les conditions de travail des étudiants et internes en médecine montre des chiffres accablants. Les trois quarts présenteraient des symptômes d’anxiété pathologique. Une situation dramatique résultat de la sous-dotation chronique des hôpitaux et aggravée par la gestion catastrophique de la crise du Covid.

Burn out, anxiété, harcèlement sexuel et humiliations

L’Association Nationale des Étudiants en Médecine de France (ANEMF) ISNI et l’Isnar-IMG, deux intersyndicales d’internes en médecine viennent de rendre ce mercredi 27 novembre un rapport très alarmant concernant la santé mentale des étudiant.e.s et internes en médecine. On y apprend par exemple qu’en période de stage, les trois quarts des étudiant.e.s ont reporté des symptômes anxieux pathologiques, les deux tiers un syndrome d’épuisement professionnel (burn out), un quart un épisode dépressif médicalement caractérisé, un cinquième des pensées suicidaires.

Un quart des répondant.e.s rapportent également avoir subi des humiliations de la part de médecins, parfois même devant les patients et un autre quart rapporte des violences sexistes et sexuelles qui se produisent dans trois quart des cas au sein de l’hôpital. Les auteurs sont le plus souvent des médecins, soit les supérieurs hiérarchiques des étudiant.e.s hospitaliers. Les syndicats dénoncent une banalisation de ces actes et la couverture des auteurs de violences sexistes et sexuelles par la hiérarchie hospitalière ou universitaire.

200€ par mois pour 58h de travail par semaines

Le rapport met en évidence des facteurs participant à une mauvaise santé mentale pour les étudiant.e.s. En plus des humiliations et du harcèlement sexuel, les internes subissent des difficultés financières et des charges de travail écrasantes.

Les étudiant.e.s ne sont en effet rémunérés que 200€ par mois pour des stages d’externat dès la troisième année, somme qui augmente légèrement pour atteindre 300€ en sixième année. Les étidiant.e.s hospitaliers ont encore été enfoncés dans la précarité par la baisse de 100€ de leurs APL.

De plus, le rythme et la sélectivité des études de médecine ne permet pas d’envisager de prendre un job alimentaire à côté ; et en période de stage la durée du travail rapportée par les étudiants interrogés dépasse très largement le seuil des 48 heures hebdomadaires maximales fixées par la législation européenne. Le temps de travail moyen d’un interne est ainsi estimé aux alentours de 58 heures par semaine.

Derrière la détresse des étudiants, la casse de l’hôpital

Une charge de travail qui est un effet direct du manque de personnel dans les hôpitaux. Comme l’explique dans Le Monde Léo Sillon, membre de l’ISNI « Si les internes respectaient les 48 heures de travail hebdomadaires, cela voudrait dire qu’à partir de jeudi midi il n’y aurait plus personne à l’hôpital » tant ils se retrouvent à assurer le fonctionnement de services de jour comme de nuit. Reconnaître les heures supplémentaires des internes obligerait à reconnaître la surcharge de travail de tout le reste du personnel hospitalier.

Face à cette situation, le ministre de la santé Olivier Veran a promis des sanctions financières pour les hôpitaux ne respectant pas le droit du travail. Un comble puisque c’est précisément le manque de personnel dû au manque de moyens des hôpitaux qui est à l’origine de la situation désastreuse dans laquelle se trouvent aujourd’hui les étudiants hospitaliers.

Mardi dernier encore une enquête menée par le Conseil Scientifique révélait que 20 % de lits en hôpital ont été supprimés depuis 2013 à cause du manque de personnel. D’autres établissements en Nouvelle-Aquitaine se sont vu retirer les agréments leur permettant d’encadrer des stages sans solution pérenne pour reconstruire un système de santé à la hauteur des besoins de la population, ce qui va simplement reporter la surcharge de travail des étudiants hospitaliers sur les soignants.

Le rapport paraît après bientôt deux ans de contexte sanitaire particulièrement tendu du fait de la pandémie de Covid-19. Le rapport précédent était paru en 2017 et les tous les indicateurs de détresse psychique des étudiant.e.s ont connu une hausse d’environ 10 points. Les étudiant.e.s hospitalier.e.s se sont trouvés confrontés à une hausse de leur charge de travail, déjà très importante avant la crise. Des répondant.e.s rapportent avoir été amené.e.s à s’occuper de patient.e.s sans supervision par un médecin, avoir travaillé après parfois 20 ou 30 heures sans dormir avec tous les risques d’erreur médicale que cela implique.

Pour pallier l’urgence de la situation il faut mettre en place des systèmes de signalement et d’enquête simples pris en charge par les travailleurs indépendamment de la hiérarchie pouvant entrainer la suspension de médecins accusés de harcèlement moral ou sexuel et accompagner leurs victimes, afin de limiter l’expression de la misogynie dans le secteur hospitalier, mais surtout débloquer d’importants moyens pour les hôpitaux pour mettre fin à la situation de sous-effectif chronique et de manque de moyens pour les soignants qui a conduit à dépasser les cent milles morts du Covid en France et qui épuise tous les travailleurs du secteur de la santé, à commencer par les plus précaires tels que les étudiants hospitaliers.