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Chômage, déficit, entreprises : petits mensonges macronistes avant la présidentielle
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Il n’est pas encore candidat mais ses soutiens ont déjà lancé sa campagne. Les Jeunes avec Macron ont récemment publié des visuels vantant les résultats du Président de la République en matière d’économie. Leur technique est simple : faire une photo avantageuse de la reprise économique post confinement et la considérer comme représentative du quinquennat Macron.
Le 23 octobre, les Jeunes avec Macron se sont lancés dans une nouvelle campagne de communication. Objectif : redorer le blason de chef économiste du Président et futur candidat à l’élection présidentielle.
« 7,6%, le taux de chômage le plus bas depuis 13 ans. » Source : Insee Octobre 2021
Chiffres en trompe l’œil. Le visuel macroniste s’appuie sur une note de conjoncture de l’INSEE datée du 6 octobre, selon laquelle le taux de chômage devrait atteindre 7,6% en octobre 2021. Or il ne s’agit que d’une projection, pour l’heure le taux de chômage est toujours à 8,0% selon les chiffres de l’INSEE au second trimestre 2021.
En outre ce n’est même pas le chiffre le plus bas du quinquennat Macron (et donc de ces treize dernières années…) puisqu’au 2eme trimestre 2020 le taux de chômage était tombé à 7,1%. Or ce résultat, s’il était historiquement bas ne consacre en rien les talents d’économistes d’Emmanuel Macron. Atteint pendant le premier confinement, il témoigne du fait qu’un « grand nombre de personnes avaient basculé temporairement vers l’inactivité faute notamment de pouvoir réaliser des recherches actives d’emploi dans les conditions habituelles », écrit l’INSEE. Pour rappel, l’INSEE différencie les chômeurs des inactifs, qui ne sont plus dans des démarches actives de recherche d’emploi et ne sont pas donc pas comptabilisés dans le taux de chômage.
De plus, s’il est vrai que l’on observe une relative reprise de l’emploi en cette fin de quinquennat, on assiste également à un retour de la précarité. En effet, les récents chiffres du ministère du travail (à distinguer de ceux de l’INSEE précédemment cités) montrent que le nombre de demandeurs d’emploi de la catégorie C – celle des chômeurs ayant travaillé plus de 78 heures dans le mois – augmente de 6,5 % au troisième trimestre 2021. Et progresse de 7,4 % sur un an. Tout comme celle de la catégorie B, les personnes ayant travaillé moins de 78 heures dans le mois qui est stable ce trimestre mais en hausse de 3,3 % sur un an. Un simple effet de vase communiquant entre différentes catégories de précaires.
« 2,44 millions de CDD et CDI de plus d’un mois créés au troisième trimestre, on n’a pas vu ça depuis 2000. » Source : Urssaf octobre 2021.
Chiffre bon mais vision faussée. « 2,44 millions cet été, les embauches durables sont en hausse de 11,4 % par rapport au deuxième trimestre : on n’en a jamais comptabilisé autant sur trois mois depuis janvier 2000 », précisent même les Echos en s’appuyant sur les données de l’Urssaf. Les emplois durables, ce sont les CDI et les CDD de plus de trois mois.
Une fois encore c’est la reprise économique post confinement et l’arrivée du vaccin qui permet cette photographie avantageuse de la situation économique du pays. Si le cliché avait été pris au premier trimestre 2020, il aurait été beaucoup moins avantageux. Pour rappel, à l’époque, les créations d’emplois avaient diminué de plus de 50% au premier trimestre 2020 (effet du confinement) et seul 1,12 millions d’emplois dits durables avaient alors été créés.
En outre, force est de constater qu’Emmanuel Macron n’a pas réussi à inverser une tendance lourde de l’économie française : à savoir que la grande majorité des emplois créés chaque mois sont des CDD de moins d’un mois. Au troisième trimestre 2021, c’est ainsi le cas de 63 % des 6,62 millions de nouvelles embauches, détaille l’Urssaf.
« Le moral des entreprises au plus haut depuis 2007. » Source INSEE octobre 2021.
Joli jeu sur les mots. Ce que les macronistes appellent « moral des entreprises » est en réalité appelé par l’INSEE « climat des affaires ». Il est élaboré à partir des réponses des seuls chefs d’entreprises de différents secteurs et ne constitue qu’un indicateur de leur optimisme. Une fois encore, le sondage intervient après la réouverture et la vague de vaccination massive, permettant plus d’optimisme du côté des patrons. Si on l’avait pris en pleine pandémie/confinement, Macron aurait au contraire été le président des chefs d’entreprises au moral le plus bas.
En revanche, pour connaître l’état réel du moral dans les entreprises, il aurait pu être opportun de le comparer ou du moins de l’enrichir de données évaluant celui des salariés. Or en la matière, le bilan du Président de la République apparaît bien plus mitigé. D’après le cabinet franco-québécois Empreinte Humaine, spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux (burn-out, dépressions, suicides…) en avril 2021, soit 4 après le début du quinquennat Macron, 44% des salariés sont en détresse psychologique, dont 17% en détresse élevé. En outre, le taux de dépression nécessitant un accompagnement chez les salariés reste à 36% (dont 21% risquant une dépression sévère) et 56% des salariés au chômage partiel présentent un « risque dépressif ».
« Le déficit public plus bas que prévu en 2021 avec 8,1 en 2021 et 5% en 2022. » Source : ministère de l’Economie
L’info vraie…mais insignifiante. Elle ne mange pas de pain, l’affirmation des jeunes marconistes. Le déficit public est bien plus bas que prévu, mais prévu par qui ? Et en fonction de quoi ? En réalité : prévu par le ministère de l’Economie lui-même. Or le fait que le déficit soit « plus bas que prévu » peut donc tout autant être attribué aux mesures d’Emmanuel Macron qu’aux erreurs de prédictions des fonctionnaires de Bercy. Dans tous les cas, il ne dit rien de la situation économique du pays.
D’ailleurs, l’argument macroniste peut totalement être renversé. Et, au lieu de communiquer sur un déficit plus bas que prévu en 2021, on aurait pu souligner que le déficit prévu pour 2022 a au contraire était revu à la hausse. Car s’il est vrai que le déficit public prévu pour 2022 est estimé à 5%, il l’est également que celui-ci n’aurait dû s’élever qu’à 4,8% en 2022.
Évidemment, commenter ce seul indicateur ne donne que peu d’informations. Le creusement du déficit public n’étant pas forcément une mauvaise chose, puisqu’il peut être synonyme d’investissement. Pour ce qui est de 2022, il est en effet dû aux 10,2 milliards d’euros supplémentaires dépensés pour financer les mesures d’aides face à la flambée des prix de l’énergie et les premiers projets du plan d’investissement France 2030.