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Argentine. Les élections de mi-mandat de dimanche et ce qui se joue à l’extrême gauche

Argentine

Lien publiée le 14 novembre 2021

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Argentine. Les élections de mi-mandat de dimanche et ce qui se joue à l'extrême gauche (revolutionpermanente.fr)

Ce dimanche, les Argentins sont appelés aux urnes. Dans la balance, il y a le renouvellement de près de la moitié du Parlement et d’un tiers du Sénat. Le gouvernement péroniste joue gros pour ces élections de mi-mandat. La droite est à l’affût, mais l’extrême gauche pourrait bien réaliser son meilleur score depuis la création du FIT-U, en 2011

Tout l’enjeu, dimanche, sera de savoir si le Frente de Todos, la coalition péroniste de centre-gauche, au pouvoir depuis 2019, réussira à rattraper son retard sur la droite, enregistré lors des élections primaires de septembre dernier. L’autre question qui focalise l’attention des médias et des analystes consiste à savoir si l’extrême gauche va consolider son score de septembre et remporter davantage de sièges au Parlement. Un enjeu de taille pour les secteurs les plus combatifs du monde du travail, de la jeunesse et des classes populaires et, bien entendu, pour les révolutionnaires en Amérique latine et ailleurs dans le monde.

Une droite réac’, égale à elle-même

Il y avait comme un air de scénario écrit à l’avance lors des rassemblements de fin de campagne des deux principales coalitions qui se présent au scrutin de dimanche. Avec quelques modifications, par rapport au script habituel, et pas uniquement en raison du climat de pandémie.

La coalition de droite, Juntos por el Cambio, a tenu son meeting de mercredi sur une petite place de Recoleta, le très chic quartier du nord de la capitale. A la tribune, c’est Patricia Bullrich, ancienne ministre de l’Intérieur ultra-réac de l’ex président Mauricio Macri qui a ouvert les hostilités. Au centre de son discours, « l’insécurité ». La question fait la une des médias à la suite du meurtre d’un petit commerçant, lundi, à Ramos Mejía, dans la banlieue de la capitale. Faisant feu de tout bois, les autres ténors de droite ont tour-à-tour dénoncé l’état calamiteux de l’économie et la gestion désastreuse de la pandémie par le gouvernement. En oubliant un peu vite que si la pauvreté dépasse les 40%, l’indigence les 10% et que le pays, ultra-endetté, fait face à des difficultés de paiement, face à ses créanciers, c’est aussi en bonne partie en raison des quatre années de mandature de Macri entre 2014 et 2019, lorsqu’il voulait retransformer le pays en meilleur élève du FMI. Le lendemain, jeudi, c’est à La Plata, capitale de la province de Buenos Aires, où ce concentre 40% de l’électorat que la droite a tenu meeting, signifiant par là qu’elle est à même de disputer au péronisme son fief historique. Avec, toujours, le même discours ultra-sécuritaire, et lançant des clins d’œil appuyés à l’extrême droite de José Espert et aux « libertariens » de Javier Milei. Pas sûr que l’électorat populaire tombe dans le panneau.

Les péronistes font mine de se rabibocher

Après des semaines de fortes tensions au sein du gouvernement, avec la démission en bloc des ministres les plus proches de Cristina Fernández de Kirchner, actuelle vice-présidente mais, surtout, présidente entre 2007 et 2015, on a voulu faire acte « d’unité retrouvée » au sein du gouvernement. Sur la scène, à Merlo, l’un des bastions du justicialisme de la banlieue de Buenos Aires, Alberto Fernández, le président, a essayé de se justifier en chargeant la pandémie qui ne lui aurait pas permis de faire les choses telles qu’il l’aurait voulu, ni avec le calendrier souhaité. C’est oublier un peu vite l’orientation pro-marché de son gouvernement et les scandales qui ont éclaboussé l’exécutif qui sont à la fois à l’origine de l’état catastrophique du pays et de la défaite de septembre. Et l’électorat risque de s’en souvenir, quand bien même le gouvernement a adopté en urgence des mesures sociales, après la débâcle des élections primaires, avec un relèvement des salaires, l’extension de certaines prestations sociales et le gel des prix de première consommation qui n’ont pas pour autant empêché la progression de l’inflation, en octobre, comme l’a annoncé l’Indec, l’institut national de statistique, ce vendredi.

La photo de famille rassemblant Fernández, Sergio Massa, de l’aile droite du péronisme, Axel Kicilloff, le gouverneur de la province de Buenos Aires, et même de Cristina Kirchner, qui a fait le déplacement, bien qu’affaiblie par une opération, ne saurait changer les choses. Avec à peine 30% d’opinions positives pour le président et la vice-présidente selon les derniers sondages réalisés dans la province de Buenos Aires, il va être compliqué de remonter la pente. C’est d’ailleurs ce que les journalistes ont souligné, jeudi, en insistant sur le fait que l’enthousiasme était loin d’être au rendez-vous, malgré la mobilisation de tout le folklore habituel du justicialiste. Ce que vise le gouvernement, c’est ne pas faire moins que 35% (contre 32,4% en septembre) et garder, au moins, les second et troisième districts de la province de Buenos Aires, et conserver le sénateur de la province de La Pampa, de façon à ne pas perdre la main à la chambre-haute.

Le FMI tient la corde

Ce qui se joue, derrière tout cela, c’est également la façon dont les possibles candidats à la présidence se situent, au sein des deux coalitions, en vue des élections générales de 2023, et la façon dont le bloc officialiste et la droite auront à gérer, en fonction de leur poids électoral respectif, les discussions sur le budget 2022 et les négociations avec le FMI d’une très grosse échéance d’ici à mars 2022. Cette question-là, le gouvernement autant que la droite entendent l’honorer. Sur le dos des classes populaires, bien entendu.

Du côté de la gauche révolutionnaire

L’autre grande question se situe du côté du score qui pourrait être celui de l’extrême gauche, le Front de Gauche et des Travailleurs-Unité (FIT-U). Né il y a maintenant dix ans en tant que coalition de l’extrême gauche lutte-de-classe et socialiste, il est composé aujourd’hui par le Partido de Trabajadores Socialistas (Parti des Travailleurs Socialiste, PTS), le Partido Obrero (Parti Ouvrier, PO), Izquierda Socialista (Gauche Socialiste, IS) et le Movimiento Socialista de los Trabajadores (Mouvement Socialiste des Travailleurs, MST). En septembre, le FIT-U a obtenu 5,12%, représentant un peu plus de 1,1 million de voix, soit son meilleur score depuis 2011. Le FIT-U a mené une campagne par en bas, dans la continuité de ce qui a été fait pour les élections primaires, à partir des entreprises, des quartiers, des universités et des lycées, en lien avec les principales luttes qui ont secoué le pays ces derniers mois, pour le logement digne, dans la sous-traitance ferroviaire et l’énergie, chez les travailleurs agricoles et viticoles de plusieurs provinces ou encore dans la santé ou l’éducation.

Après avoir mené une campagne, frontale, contre la droite et la droite radicale (qui veut en finir avec le Code du travail ou militariser le pays pour « lutter contre l’insécurité », en grande partie liée à la situation sociale catastrophique du pays), le FIT-U se profile comme une alternative indépendante et révolutionnaire au centre-gauche, au pouvoir. Avec, au programme, le refus de paiement de la dette, la réduction de la journée de travail à 6 heures, sans diminution de salaire, la défense des droits des femmes, des personnes LGBTI et des populations autochtones et pour un gouvernement des travailleurs et des classes populaires, ce sont, notamment, deux députés, qui pourraient faire leur entrée au Parlement, pour Buenos Aires, dans le cas de Myriam Bregman, et la province de Jujuy, pour Alejandro Vilca. Une nouvelle tranchée à partir de laquelle faire de la politique, à l’extrême gauche, en soutien aux luttes, contre la bourgeoisie et contre l’impérialisme, mais également une bonne nouvelle pour les révolutionnaires, partout dans le monde.