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Télétravail, chômage, réorganisation de la production: pandémie et effet d’aubaine, des exemples concrets

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Lien publiée le 16 décembre 2021

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Télétravail, chômage, réorganisation de la production : pandémie et effet d’aubaine, des exemples concrets | L’Anticapitaliste (lanticapitaliste.org)

Notre numéro d’octobre dernier avait abordé la question des effets de la pandémie sur l’organisation du travail1 , en particulier la mise en place du télétravail. Nous avons souhaité dans ce numéro présenter quelques exemples concrets dans les entreprises.

On constate qu’au-delà du télétravail, les effets d’aubaine sont importants pour le patronat, qui en profite pour supprimer des postes, pour casser les collectifs et pour faire des économies très importantes sur les locaux, avec un effet désastreux sur rapports entre collègues. Les exemples suivants produisent, même si ce n’est pas détaillé dans cet article, des réactions des salariéEs, des mobilisations, lorsque cela devient insupportable.

Chez PSA (maintenant Stellantis)

Le pôle tertiaire de PSA Poissy est précurseur en matière de télétravail : depuis plusieurs années, des accords ont été signés, avant le Covid. Il y avait déjà 20 % des gens en télétravail sur le centre technique dit « pôle tertiaire » de Poissy, ça avait commencé par un jour et pouvait aller jusqu’à trois jours par semaine. C’était assez pratiqué, souvent les lundis et vendredis, et entré dans les mœurs. Ceux qui adhéraient à ça étaient des salariés qui le souhaitaient. Le salarié demandait et l’employeur acceptait. Cela a changé l’année dernière. À peine le confinement terminé, en avril-mai 2020, le RH annonçait que le télétravail deviendrait la norme et que ça deviendrait massif. Jusqu’à seulement une seule journée de travail sur site. Ça avait pris tout le monde au dépourvu, car la marche était franchie. Le télétravail massif devenait la norme.

Précurseurs ! L’accord a été signé avec les organisations syndicales, inscrit comme avenant à un accord sur la « qualité du travail ». La direction est allée voir les gens et c’était quasi obligatoire : quinze jours quasi imposés. Les salariés ont massivement signé, mais ce n’est pas terminé. Tous sont sous pression. Il y en a certainement à qui cela ne convient pas. Il y a eu toute une période où on n’était pas sur site, cela fait en réalité un an et demi qu’on fait du télétravail, à cause de la pandémie. Dans ce contexte dans lequel il était difficile de discuter. On verra peut-être mieux dans la période qui s’ouvre.

Ce qui motive les salariés à accepter le télétravail en région parisienne, ce sont les problèmes de transports. Ensuite, se pose la question de la perte du lien social. Il y a des collègues qui ne se sont pas vus depuis un an et demi. Prendre un café, aller au resto, refaire le monde ensemble, tout ça n’existe plus.

Pour l’entreprise, il s’agit de faire des économies sur les surfaces. Et au passage de mordre sur les effectifs, des salariéEs ne suivent pas les déménagements notamment pour des contraintes de transports. La fermeture des deux tiers d’un site à Vélizy, avec 4 000 personnes, est annoncée, pour ramener, en 2022, les salariés sur Poissy Pôle tertiaire où bossent déjà

5 000 personnes. Le but de la direction est de rationaliser les surfaces de bureaux. Puis, en 2024, ils fermeront le site de Poissy Pôle tertiaire : près de 5 000 salariés seront déplacés sur l’usine de Poissy dans de nouveaux locaux… avec moins de cinq postes de travail pour dix personnes.

Dans ce contexte, les difficultés des militantEs sont importantes : tenter de rassembler, de discuter, c’est compliqué. Il y a aussi des discussions à avoir sur l’isolement. Par ailleurs, des collègues disent que l’amplitude horaire est probablement plus élevée en télétravail chez soi que sur le lieu de travail, qu’ils peuvent rester plus longtemps devant leur PC. À la CGT, on n’est pas des adeptes du télétravail, mais cela devient un état de fait.

À la SNCF

La direction de la SNCF dit qu’elle doit s’adapter. En pleine pandémie, elle a instauré des NCV ou « nouvelles conditions de voyage », pour expliquer les restructurations. Elle s’attend à ne pas retrouver le trafic dit normal (d’avant la pandémie) avant 2024, et c’est une justification pour elle à la rentabilisation : réduction de la présence des agents en gare, dématérialisation des billets… Cent postes d’agents commerciaux Transilien sont supprimés, et la direction assume qu’il n’y aura pas d’agent sur place dans des tranches horaires où pourtant il faudrait une présence pour répondre aux besoins des usagers. Sur Paris Saint-Lazare, Paris-Nord et d’autres gares parisiennes, c’est la même chose, et c’est justifié par le fait que le trafic voyageur ne serait plus ce qu’il était avant le Covid. Ce qui aux dernières nouvelles est faux.

De même pour ce qui se passe au TGV Atlantique. C’est la saison des « roulements » ou nouveaux emplois du temps, basé sur le trafic tel que la hiérarchie l’estime, qui chaque année essaie de gratter des gains de productivité. Elle veut pérenniser une situation issue de la pandémie : moins de trains, soit moins de kilomètres, donc moins de rémunération pour une partie des conducteurs ou plus généralement des roulants dont le salaire est fonction des kilomètres parcourus. Et pourtant les journées ne sont pas moins longues.

Les pertes de rémunération et les sous-effectifs, c’est la raison de l’appel à la grève sur l’axe TGV-Atlantique de novembre, les syndicats ayant visé les dates de départ en vacances, pour raisons médiatiques. La grève n’a pas été extrêmement suivie, mais elle fait beaucoup discuter. Ce mouvement a eu un effet emblématique sur d’autres bagarres qui ont suivi, ces dernières semaines, dans bien d’autres secteurs et quasiment partout contre les pertes de salaire.

Dans le secteur postal

Sur la branche postale, les patrons de La Poste ont profité du Covid pour mettre en place un plan social énorme, de 15 000 intérimaires. Il y avait l’habitude de procéder de façon décentralisée, mais là l’offensive a été généralisée.

Dans l’activité postale et la logistique, il y a eu davantage de thunes à se faire. Le facteur distribue des colis et le nombre de colis a explosé. Les facteurs et factrices ont posé 20 000 droits de retrait au début du confinement, ce qui a mis la direction un peu sur la défensive. Et il y a eu trois étapes de mobilisation. Premièrement des grèves dans quatre départements en même temps – c’était une coïncidence mais le fait a été marquant. Deuxièmement, il y a eu des retraits assimilables à des débrayages sauvages. Et, troisièmement, une conférence téléphonée a rassemblé des postiers et postières en lutte. Ce qui a permis, au printemps dernier, un très gros coup de colère sur la question des salaires, alors que les appareils syndicaux ne faisaient vraiment rien à ce sujet. Ce coup de colère sur les salaires a eu lieu alors que La Poste annonçait de gros bénéfices.

La Monnaie

La direction ne voulait pas de télétravail, mais c’est l’UGICT qui a demandé (il y a un site à Paris et un autre à Pessac, entre lesquels il n’était pas possible de circuler à cause du Covid). Au sortir de la pandémie, il y a eu un plan de suppression de 70 postes, ce qui est très important sur une base de 460. La direction développe un discours contradictoire où, d’un côté, elle reconnait qu’il y a une reprise de l’activité – l’État a donné du fric à la direction, l’entreprise vend des produits en or – mais de l’autre, il faut justifier le plan de suppressions d’emplois. Cela se discute de faire une grève, tous collèges confondus (ce qui est nouveau) et en même temps qu’entre différentes régions (nouveau aussi). La question des salaires est elle aussi discutée.

Cap Gemini

À Capgemini, il y a 24 000 salariéEs, dont 90% de cadres. Dans une entreprise du numérique, le télétravail est sûrement plus facile à mettre en œuvre qu'ailleurs et lors du premier confinement il y a eu jusqu'à 97 % des salariéEs en télétravail. Alors que la hiérarchie ou les clients avaient auparavant refusé le télétravail sur un certain nombre de projets. En octobre, il y avait un taux moyen d’occupation des sites de l'ordre de 20 %. 

Capgemini ne connait pas la crise. Mais la direction exploite à fond le contexte pour restructurer : fermeture de sites, flex-office (les salariéEs n'ont plus de poste de travail attribué et doivent quitter le poste qu’ils et elles occupent à la fin de la journée), etc. La direction va réaliser des économies énormes sur les coûts immobiliers. Au détriment des conditions de travail des salariéEs qui vont s’aggraver considérablement : surface moyenne par poste de travail de 3-4 m2, 6 postes de travail pour 10 salariéEs… 

Une majorité de salariéEs préfère télétravailler. Mais certainEs salariéEs seront sûrement obligéEs de rester chez eux. La CGT défend le droit pour les salariéEs de décider. Le nouvel accord sur le télétravail, qui a été signé par toutes les organisations syndicales, dont la CGT, contient quelques avancées (dont la prise en charge financière partielle par l’employeur des équipements au domicile des salariéEs) mais reste ambigu à ce sujet.

Ministère du Travail

C’est un petit ministère mais il est à l’image de ce qui se passe dans la Fonction publique, Éducation nationale mise à part. Il y a un développement vertigineux du télétravail. Plus de la moitié des collègues l’ont demandé, pour deux ou trois jours. Cela justifie la « densification immobilière » : on passerait partout ou presque à des bureaux partagés. Concrètement, tu trimballes un casier et tu changes de bureau. Tout ça va déstructurer les collectifs de travail, empêcher les « envahissements » de bureau pour protester contre tel ou tel choix… car il manquera la moitié des gens sur place.

Comment s’y opposer ? Les collègues voudraient que les syndicats se battent pour obtenir un maximum de télétravail, pour en demander le plus possible. Un accord envisage de pouvoir aller jusqu’à trois jours… sans base légale. Il y a une contradiction entre des revendications de collègues pour leur vie personnelle mais qui sont nocives pour les collectifs de travail. On n’a pas la réponse pour la suite. L’accord Fonction publique prévoit deux euros et demi d’indemnité par jour, plafonné à 200 euros par an, autant dire rien, et aucune rétroactivité pour la période forcée du confinement. C’est honteux.