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    Avec le soutien de Bolsonaro, l’Amazonie connaît à nouveau une ruée vers l’or

    Brésil

    Lien publiée le 21 décembre 2021

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    Avec le soutien de Bolsonaro, l’Amazonie connaît à nouveau une ruée vers l’or. | LIT-QI (litci.org)

    Le 6 décembre dernier, le journal « Folha de S. Paulo » a publié un reportage montrant que, cette année, le général Augusto Heleno, ministre du Cabinet de sécurité institutionnelle (GSI) de la présidence, a autorisé sept projets de recherche d’or dans la région de São Gabriel da Cachoeira (AM). La décision a été prise sur la base des projets transmis par l’Agence nationale des mines (ANM).

    Par Jeferson Choma, militant du PSTU, Section brésilienne de la LIT-QI

    La région se trouve au nord-ouest de l’Etat d’Amazonas, et est connue sous le nom de Cabeça do Cachorro. C’est l’une des zones les plus préservées de la forêt tropicale, qui regorge de terres indigènes : environ 23 groupes ethniques y vivent. La présence indigène est si marquée que la région de São Gabriel est connue comme la capitale de la langue nheengatu et d’autres langues indigènes, comme celle des Tukanos et des Baniwas.

    Déforestation

    Toutes les zones autorisées par le général sont des terres appartenant à l’Union, voisines des terres indigènes. Il s’agit donc d’une action de plus du gouvernement Bolsonaro qui vise à encourager l’exploitation minière sur les terres publiques de l’Amazonie, qu’il s’agisse de terres vacantes (non attribuées par les autorités publiques et n’ayant jamais fait partie du patrimoine d’un particulier), de terres indigènes ou d’Unités de Conservation[1].

    En outre, cette politique criminelle a entraîné la déforestation de 405,36 km² de l’Amazonie légale (les Etats d’Acre, d’Amapá, d’Amazonas, du Mato Grosso, de Pará, de Rondônia, de Roraima et de Tocantins et une partie de Maranhão) au cours des cinq dernières années, selon les données du Système de détection de la déforestation en temps réel (Deter), de l’Institut de recherche spatiale (Inpe).

    En ce qui concerne les Unités de Conservation, la déforestation par l’exploitation minière a augmenté de 80,62% au premier trimestre 2020, par rapport à la même période de l’année précédente, selon l’ONG Greenpeace.

    Génocide des peuples de la forêt

    Outre la forêt, les peuples qui y vivent sont les principales victimes de l’expansion minière, qui contamine les rivières, les sols et les populations, génère de la violence et disloque les communautés traditionnelles.

    Les peuples indigènes, en particulier, vivent sous la menace d’un nouveau génocide. Actuellement, plus de 3 000 demandes d’exploitation minière empiétant sur des terres indigènes de l’Amazonie légale sont en cours de traitement par l’ANM. Selon le projet « Amazônia Minada » (« Amazonie minière ») d’InfoAmazonia, au moins 58 demandes de recherche minière ou d’exploitation minière ont été approuvées par l’agence, même si elles touchent des terres indigènes, ce qui est interdit par la Constitution.

    La société minière Anglo American détient près de la moitié des autorisations accordées par l’ANM, avec 27 demandes valides pour la recherche de cuivre dans les terres indigènes du Mato Grosso et du Pará. Sa cible principale, avec 13 demandes, est la terre Sawré Muybu (Pimental) dans le sud-est du Pará, une zone traditionnellement occupée par le peuple Munduruku.

    Invasion et contamination

    Depuis plus de 70 ans, le peuple Munduruku est confronté à l’invasion de l’exploitation minière sur ses terres, situées sur le cours moyen de la rivière Tapajós. Une étude réalisée par Fiocruz en partenariat avec le WWF-Brésil montre qu’en raison des activités minières, 100 % des populations indigènes sont contaminées par le mercure.

    Le peuple Yanomami est confronté à la même situation dans le Roraima. Depuis l’élection de Bolsonaro, plus de 20 000 mineurs ont envahi ses terres, assassinant les populations indigènes et contaminant leurs rivières et leurs poissons. Cependant, l’engagement de Bolsonaro à promouvoir le génocide de cette population est tel que la Fondation nationale indienne (Funai) a interdit aux chercheurs de la Fondation Oswaldo Cruz (Fiocruz) de réaliser une étude sur la contamination au mercure (c’est-à-dire causée par l’exploitation minière) chez les Yanomami.

    Qui est qui dans l’exploitation minière de l’Amazonie

    Garimpagem ou exploitation minière « légale » : destruction, pillage et mort

    Aujourd’hui, l’exploitation minière n’a plus grand-chose à voir avec ce qui se passait à d’autres époques, comme dans les années 1970 dans la Serra Pelada[2]. À cette époque, la Serra Pelada attirait les paysans pauvres, les dépossédés et les ouvriers qui travaillaient dans les travaux de construction de routes promus par la dictature.

    Puis sont arrivés les indigents de la fin du soi-disant « miracle économique » et les aventuriers de partout. Pendant un certain temps, la dictature elle-même a encouragé l’exploitation minière, afin de garantir l’occupation des terres dans la région et de prévenir les mouvements de guérilla.

    Mais aujourd’hui, ce ne sont plus les mineurs qui financent l’activité illégale. Et elle ne se fait plus à la pioche, ni ne rassemble une « fourmilière humaine ».  L’exploitation minière en Amazonie est plus entrepreneuriale et elle déforeste, contamine et dégrade beaucoup plus, à commencer par l’utilisation d’excavatrices, de tracteurs et de machines lourdes.

    Un système criminel

    En outre, ceux qui financent cette activité sont des politiciens, des hommes d’affaires, le crime organisé, des gangs et des milices d’accapareurs de terres qui attirent des travailleurs et des personnes vulnérables et qui corrompent des dirigeants de communautés. Ce sont les chefs de ces gangs qui s’enrichissent, et non les mineurs, qui travaillent souvent dans des conditions proches de l’esclavage (depuis 2008, 333 mineurs ont été secourus dans ces conditions).

    En général, l’exploitation minière est associée à d’autres activités illégales, comme l’exploitation du bois, l’invasion des terres publiques, l’élevage du bétail, le trafic de drogue, etc. En d’autres termes, l’exploitation minière illégale est un chapitre de plus de l’accumulation capitaliste en Amazonie, qui est aujourd’hui le théâtre d’une « territorialisation milicienne » menée par des groupes criminels.

    La « légalité » destructrice du capitalisme

    Mais il existe aussi une exploitation minière capitaliste « légale », réalisée dans la région par de grandes industries, généralement étrangères. La légende veut qu’elles soient « moins prédatrices », puisqu’elles auraient l’autorisation de l’Agence nationale des mines. La fuite de résidus à un barrage de l’entreprise Hydro Alunorte en décembre 2018, qui a contaminé des villes du Pará avec du mercure, de l’arsenic et du plomb, montre que c’est une farce. Il n’y a aucune inspection et, comme nous l’avons vu, l’exploitation minière « légale » envahit également les terres indigènes.

    Actuellement, les compagnies minières font pression pour assouplir la législation environnementale, comme le prévoit, par exemple, le projet de loi 3729 au Congrès national, qui propose la fin des permis environnementaux. Le projet a déjà été surnommé « le père de tous les bovins » (en référence à la célèbre phrase de l’ancien ministre Ricardo Salles)[3].

    Légale ou illégale, l’exploitation minière en Amazonie représente la destruction et le génocide des peuples indigènes, tandis qu’une demi-douzaine de criminels – miliciens ou individus en costard-cravate de Faria Lima (avenue qui concentre le centre névralgique de la bourgeoisie de São Paulo) – gagnent des milliards grâce au vol, au pillage et à la mort.

    [1] Unité de Conservation (UC) est la dénomination donnée par le Système national d’unités de conservation de la nature (SNUC) (loi n° 9985 du 18 juillet 2000) aux zones naturelles soumises à une protection en raison de leurs caractéristiques particulières.

    [2] Une importante zone minière d’or dans le sud-est de l’Etat de Pará.

    [3] Ricardo Salles, ministre de l’environnement de Bolsonaro, dont la principale fonction est de permettre l’accélération de la destruction de l’environnement, a déclaré lors d’une réunion ministérielle en 2020 : «  Nous devons faire un effort ici, alors que nous sommes dans ce moment de tranquillité en termes de couverture médiatique, parce que tout le monde ne parle que du covid, et nous devons aller de l’avant, et changer toutes les réglementations (environnementales), et simplifier les normes… »… Sauf que pour exprimer l’idée « aller de l’avant », l’expression qu’il a utilisée dit littéralement « faire passer les bœufs ». Précisons qu’en dehors des activités minières, l’élevage, en particulier bovin est un motif très important du saccage de l’Amazonie.