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Combat pour l’histoire : à propos du Piatakov volant, par Vincent Presumey
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Le dernier survivant de la famille de Trotsky qui participa à la bataille finale de Berlin en 1945.
« Il reste des gens qui ne veulent pas nous rendre notre passé, car ils espèrent que notre futur sera pareil. »,
Kamil Ikramov, fils d’Akmal Ikramov, victime du 3° procès de Moscou,
Les nouvelles de Moscou, 1° mai 1988.
Image épinglant cet article : source Cahiers du Mouvement Ouvrier n° 9 p. 75. Valeri Bronstein était le seul survivant de ce nom de famille en URSS. Source de la photographie des soldats ukrainiens à Petrograd : le livre Oukapisme, une gauche perdue (v. bibliographie).
Le mobile du présent article pourra surprendre certains camarades : valait-il bien la peine de traiter autrement que par le mépris un pensum de près de 900 pages visant à nous expliquer que les accusations des procès de Moscou contre Trotsky étaient bien réelles, car celui-ci avait partie liée avec les nazis, notamment Rudolf Hess, auquel il avait promis de livrer l’Ukraine ? On pourrait se dire que mieux vaut en rire, et rire et mépris sont ici tout à fait salutaires. L’ouvrage en question, intitulé Le vol de Piatakov, nanti d’une couverture consistant en un portrait de Léon Trotsky défiguré d’une croix gammée, pondu par trois « essayistes italiens » et traduit en français par le responsable d’une maison d’édition (Delga) offrant d’autres ouvrages de révision de l’histoire, est défini par ses promoteurs comme réglant définitivement leur compte aux trotskystes : puisqu’il est « prouvé » que Trotsky avait tendu la main à Rudolf Hess, si les trotskystes sont des communistes sincères ils n’ont plus maintenant qu’à se faire hara-kiri et à rejoindre les derniers staliniens, pour leurs combats contemporains contre le « capitalisme anglo-saxon », le « sionisme » et leur « mondialisation », aux côtés des pays « communistes » et tout autant nationaux et traditionalistes, impérialismes russe et chinois. Il est certain que cet appel à l’union sacrée n’entraînera personne.
Mais il y a pourtant plus important : en ce XXI° siècle où rodent la catastrophe climatique, la guerre et les pandémies, mais où des insurrections populaires déferlent dans des dizaines d’États que ceux-ci soient « néo-libéraux » ou « anti-impérialistes », se pose gravement la question de s’organiser pour que tous ces soulèvements soient victorieux, renversent le capitalisme et tous les impérialismes (le chinois et le russe y compris, soyons bien explicites !), et assurent la survie de l’humanité, de la biosphère et de la culture. Or l’organisation pour gagner, internationale et dans chaque pays, si elle ne procédera certainement pas de la croissance de quelque « embryon du parti révolutionnaire » autoproclamé que ce soit, nécessite la liaison, le débat et l’appropriation de l’histoire et donc la compréhension de ce qui a raté au siècle précédent, ce XX° siècle dont les miasmes pourrissent parmi nous pour nous faire à nouveau trébucher. La question du stalinisme est et demeure incontournable, d’autant que les impérialismes russe et chinois en sont les produits directs. Il est donc inévitable que la falsification des combats passés, des victoires et des défaites, des espoirs et des trahisons, revienne dans l’actualité.
De ce point de vue, la petite musique des groupuscules staliniens n’a que l’importance que lui confère la nécessité, pour les classes dominantes, d’empêcher les opprimés de se saisir de leur propre expérience. Mais c’est là une importance réelle. La petite floraison de prétendus « historiens » entendant calomnier le trotskysme, et les révolutions du premier XX° siècle, dans certaines universités, non pas chinoises, ni russes, mais nord-américaines, en est un signe, pendant que le régime chinois fait ouvertement de l’histoire une question gérée par l’État et que le régime poutinien, qui veut dissoudre Mémorial au moment où sont écrites ces lignes, a entièrement repris les pratiques et les conceptions du stalinisme et du brejnévisme, refusant que le peuple russe et ses voisins connaissent leur propre histoire, car c’est l’histoire de la révolution et de la contre-révolution.
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Soldats ukrainiens en manifestation en mars 1917. Loin de la légende stalinienne sur « ukrainiens=nazis », les travailleurs et les soldat d’Ukraine ont joué un rôle fondamental dans la Révolution