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40% des non vaccinés le sont par difficulté d’accès
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Qui sont les non-vaccinés qu’Emmanuel Macron veut « emmerder » ? | Public Senat
Au-delà des réactions politiques, la sortie du chef de l’Etat marque un changement dans la communication de l’exécutif. Mais quand on regarde de plus près qui sont les non-vaccinés et quelles sont leurs motivations, leur opposition à la vaccination n’apparaît pas toujours frontale. Une étude sur leurs « intentions vaccinales » a été menée par un sociologue de l’Inserm.
La phrase a fait couler suffisamment d’encre, on l’a compris, Emmanuel Macron veut continuer à « emmerder » les non-vaccinés pour les convaincre de se faire vacciner. Mais au-delà de la petite phrase demeure une question de santé publique : est-ce que « emmerder » les gens les incite réellement à se faire vacciner ? Pour Jeremy Ward, sociologue à l’Inserm et spécialiste des questions de vaccination, c’est loin d’être aussi simple. Déjà, il faut essayer de savoir qui sont les 5 millions de Français éligibles à la vaccination qui ne se sont pas encore fait vacciner, s’ils comptent le faire prochainement ou pas, et pour quelles raisons. C’est pourquoi le sociologue a participé à une étude menée avant les vacances de Noël sur un échantillon représentatif de la population française de 2000 personnes. Le but était de délimiter un peu plus précisément « les profils sociaux » des non-vaccinés ainsi que les « intentions vaccinales » de la population, c’est-à-dire les raisons pour lesquelles les enquêtés s’étaient – ou pas – faits vacciner, s’ils l’avaient fait avec plus ou moins de doutes ou bien s’ils comptaient le faire dans un avenir plus ou moins proche.
Deux tiers des non-vaccinés seulement « rejettent frontalement le vaccin »
Le premier enseignement de ce travail pour Jeremy Ward, c’est qu’il est impératif de « faire une distinction entre ceux qui ne sont pas vaccinés parce qu’ils ne le veulent pas, et ceux qui n’ont simplement pas les ressources de le faire. » Evidemment, la vaccination est gratuite, pourtant, « le revenu est une variable qui détermine les intentions de vaccination depuis le début de l’épidémie. » Si le rôle de cette variable s’est atténué avec la massification de la vaccination, le sociologue explique que « les ressources et l’accès aux soins sont un déterminant important de la vaccination » : « Cela peut transiter par les croyances à l’égard des vaccins ou bien simplement par le degré de mobilisation des individus dans un parcours de santé. » En clair, les Français les plus pauvres ont tendance à moins se préoccuper et à investir de temps dans leur santé en général et cela se ressent dans les intentions vaccinales : parmi les enquêtés qui déclarent qu’il leur est facile d’acheter des médicaments, 95 % sont vaccinés, quand cette proportion tombe à 82 % chez ceux pour qui il est difficile d’acheter des médicaments. Ainsi, dans l’échantillon interrogé, 40 % des non-vaccinés le sont principalement par difficulté d’accès, comme les immigrés ou les personnes âgées isolées vivant en milieu rural.
Par ailleurs, au sein même des non-vaccinés par choix, seuls 2/3 d’entre eux « rejettent frontalement le vaccin », quand l’autre tiers a des doutes, mais ne se considère pas comme « antivax. » Jeremy Ward rappelle d’entrée les précautions d’usage avec cette étude qui « a ses limites » et dont la taille de l’échantillon ne permet pas d’analyse plus fine de cette proportion assez faible de Français non-vaccinés (10 %), notamment en termes de catégorie socioprofessionnelle ou de niveau de diplôme. Toutefois, ces chiffres sont cohérents avec ce que l’on sait par ailleurs des intentions vaccinales des Français, comme le rappelle le sociologue de l’Inserm : « Une minorité de la population rejette le principe de la vaccination, entre 2 et 5 %, alors qu’une majorité de la population a des doutes à l’égard de tel ou tel vaccin. » En clair, au sein des non-vaccinés se dessinent trois groupes : ceux qui rejettent en bloc la vaccination, ceux qui ont des doutes et qu’il faut convaincre, et enfin ceux qui sont éloignés de la vaccination qu’il faut aller chercher.
« Jouer la confrontation, c’est en numéro 1 des choses qu’il ne faut pas faire »
Connaître « le profil social » des non-vaccinés n’est donc pas qu’une lubie de chercheur, puisque cela détermine la stratégie à adopter pour arriver à faire progresser le taux de vaccination. Et de ce point de vue là la dernière intervention du chef de l’Etat laisse Jeremy Ward dubitatif : « Dans le manuel, c’est en numéro 1 des choses qu’il ne faut pas faire. Jouer la confrontation, voire insulter le public, sans prendre au sérieux les doutes que les personnes ont et se placer dans une position paternaliste, c’est contre-productif. » Et ce pour une raison très simple, la défiance vis-à-vis des vaccins est une transposition de la défiance vis-à-vis des institutions, et notamment politiques.
Jeremy Ward rappelle ainsi que la défiance vaccinale est relativement récente en France : « La France n’a pas une tradition de pays réfractaire à la vaccination. Cela s’est dégradé à partir de la fin des années 1990 avec l’hépatite B. Puis le tournant a été la grippe H1N1. Ce sont les débats publics autour de ces questions qui ont fait qu’un problème de confiance dans les institutions politiques et de santé, s’est reporté sur la vaccination. » À partir de là, « il faut que la communication gouvernementale s’appuie sur des arguments de santé publique » pour le sociologue. D’autant plus qu’il ajoute : « Surtout que la communication a virevolté pendant cette crise sanitaire et qu’on a un vrai problème de crédibilité de la parole publique. »
« Non, tous les moyens ne sont pas bons pour inciter à la vaccination »
À cet égard, la logique de « l’emmerdement » constitue pour Jeremy Ward un changement de paradigme par rapport au passe sanitaire : « Sur le passe sanitaire, il y avait de fortes justifications épidémiologiques, sur la logique ‘vous voulez que des lieux soient ouverts ? Il faut limiter leur capacité à être des lieux de transmission et donc être soit vacciné ou testé négatif.’ Ce n’est pas la même justification que ‘on le fait pour emmerder les gens et qu’ils aillent se faire vacciner.’ À partir du moment où vous dites que cette mesure est un pur dispositif d’incitation à la vaccination, on sort de la pure gestion de santé publique. »
Plus fondamentalement, le sociologue de l’Inserm voit une problématique éthique dans cette logique d’incitation à tout prix : « Non tous les moyens ne sont pas bons. Le passe sanitaire était une bonne mesure parce que ça permettait aux personnes qui ne voulaient vraiment pas se faire vacciner de ne pas le faire, tout en limitant la circulation du virus. C’est un bon compromis entre des valeurs contradictoires. » Par son intervention, le chef de l’Etat est donc sorti du pur registre de la santé publique. D’un point de vue sanitaire, rien de moins certain « qu’emmerder » les non-vaccinés soit un dispositif d’incitation à la vaccination efficace.