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L’Espagne va-t-elle trop vite en imaginant traiter le Covid-19 comme une simple grippe ?

Covid Espagne

Lien publiée le 16 janvier 2022

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

L'Espagne et son Premier ministre socialiste Pedro Sánchez envisagent de déclasser le Covid-19 de pandémie à maladie endémique, au même rang que la grippe commune. Médecins, OMS et EMA alertent sur le fait qu'il est encore trop tôt. Décès du président du Parlement européen, l'Italien David Sassoli.

Le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, à Madrid le 22/12/21

Le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, à Madrid le 22/12/21• Crédits : Javier Sorano - AFP

L’Espagne est-elle en train de prendre une longueur d’avance sur la suite de la pandémie ?

En tous cas le président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez a jeté un pavé dans la mare du Covid-19 ce lundi en déclarant ceci à la chaîne Cadena Ser :

Le dirigeant socialiste constate "qu’avec Omicron et cette sixième vague en Espagne, la mortalité du virus n’a plus rien à voir avec le taux de 13% des débuts de la pandémie, qu’aujourd’hui on est plutôt en moyenne autour de 1%... et donc qu’il est sans doute temps de lancer le débat, au niveau des professionnels de santé espagnols mais aussi ,dit-il, des autorités sanitaires européennes, sur une nouvelle manière, progressivement et prudemment, d’évaluer et de surveiller l’évolution de la maladie."

Le langage est prudent, mais ce que dit ce jour-là Pedro Sánchez, traduit par El Pais, c’est que l’Espagne - la première au sein de l’Union Européenne - pense rétrograder le Covid-19 de pandémie à maladie endémique, en arrêtant de comptabiliser les nouveaux contaminés et morts chaque jour pour plutôt développer un réseau d’hôpitaux et de médecins-sentinelles chargés d’alerter sur sa propagation. En gros, traiter le Covid-19 comme la grippe saisonnière.

Depuis, vous l’imaginez, les médias espagnols débattent de cette proposition qui sonne un peu comme un tabou. Ne plus voir ce qui nous arrive comme une pandémie mais la rétrograder à l’état de maladie endémique, décrypte le journal Publico, ça veut dire accepter l’idée que "nous ne vaincrons pas totalement le Covid comme nous nous sommes débarrassés des précédents coronavirus, SRAS et MERS qui sont soit dit en passant beaucoup moins contagieux ; accepter l’idée, aussi, que le SARS-Cov2 va continuer à circuler dans nos populations humaines de manière continue". Les enfants - chez qui la maladie a un taux de mortalité extrêmement bas l’attraperont l’hiver et nous le transmettront, les personnes âgées seront plus à risque de formes graves et il faudra les protéger particulièrement. Tout comme la grippe, donc : vivre avec, et s’armer pour limiter au maximum le nombre de victimes.

En lisant les déclarations de l’OMS et de l’agence européenne du médicament ce mardi, on pourrait penser que l’Espagne a tout compris avant tout le monde : l’OMS prédit qu’"au cours des deux mois à venir la moitié des Européens aura contracté le variant Omicron", et l’EMA pronostique que ce raz-de-marée va transformer le Covid en "une maladie endémique avec laquelle l’humanité peut apprendre à vivre". Et pourtant, comme le clame le quotidien de droite espagnol El Mundo, ces deux autorités sanitaires excluent que le Covid puisse être traité comme une grippe commune, au moins pour l’année en cours. Il serait donc trop tôt pour rétrograder la pandémie dans nos protocoles médicaux, la très rapide propagation du variant Omicron le prouverait. En 2022, le Covid est et restera une pandémie donc, il va falloir être plus patient pour la sortie du tunnel, ne pas relâcher les efforts prématurément : voilà donc le message officiel renvoyé à l’espagnol Pedro Sánchez.

Ce message rejoint celui adressé dans El Pais ce matin par deux des trois organisations de médecins d’Espagne : elles appellent le chef du gouvernement à ne pas précipiter le retour à la normale, alors que "la sixième vague n’a pas encore atteint son pic épidémique, que le nombre de morts est déjà élevé et devrait encore s’alourdir, et que les centres de santé sont saturés de patients contaminés", même si leurs symptômes sont la plupart du temps minimes. Banaliser cet état de surchauffe ou le traiter comme une nouvelle normalité serait une erreur, insistent plusieurs épidémiologistes espagnols. Le gouvernement Sánchez d’ailleurs ne reste pas sourd à ces avertissements : il redit ce matin qu’il n’a pas l’intention de rétrograder le Covid au rang des maladies endémiques… avant la fin de cette sixième vague en cours.

Direction Strasbourg à présent et un Parlement Européen… en deuil.

Et pour cause : le président du Parlement européen, l’italien David Sassoli, est décédé lundi, emporté par une pneumonie à l’âge de 65 ans. Richard Werly, du Temps de Genève, revient sur ce décès en nous rappelant le parcours de l’homme qui aura été pendant trente ans journaliste, devenant un des présentateurs-vedettes de la Rai dans son pays, puis élu au Parlement européen en 2009 sur la liste de centre-gauche du Parti démocrate italien. David Sassoli avait conquis le perchoir européen en 2019, mais très vite, il avait vu son pouvoir - pour ainsi dire - "empêché", réduit comme plus largement le rôle du Parlement européen par les conséquences de la crise sanitaire.

Président d’un parlement réduit à mener ses séances en visioconférence, l'Italien n’avait pu que constater la perte de poids de son assemblée face à la Commission européenne, dans cette opposition fondamentale de l’UE, Parlement élu par les peuples contre Commission regroupant les dirigeants politiques de chaque pays. La bataille a toujours tourné en faveur de ces derniers, et le déséquilibre s’est encore aggravé ces deux dernières années ; David Sassoli le déplorait et il n’aura pas complètement réussi à contrebalancer cela, constatent Richard Werly et Le Temps qui s’intéressent aussi à la succession du président décédé : ses problèmes de santé l’avaient empêché de se présenter pour un second mandat, à renouveler en mars.

C’est en théorie la maltaise Roberta Metsola qui devrait rafler la mise, mais cela créerait une situation inédite où les trois postes-clés de l’Union, présidence du Conseil, de la Commission et du Parlement, seraient aux mains du camp conservateur, de la droite européenne. Il se dit dans les couloirs désertés de Strasbourg que les groupes socialistes et Verts prépareraient un coup pour éviter cela… avec la bénédiction posthume de David Sassoli. En attendant, l'homme est unanimement salué comme "Il buono presidente", le bon président, par le site d’info Euractiv. Il restera, d’après Il Corriere della Serra comme "un journaliste, mais avec une vraie foi politique et de vraies valeurs européennes et humanistes". Un journaliste MAIS avec des valeurs et des engagements : à croire que cela est devenu rare aujourd’hui…

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