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Convoi de camionneurs "pour la liberté" au Canada
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Des manifestants veulent élargir la portée du convoi des camionneurs | Le Devoir
Des manifestants s’invitent au rassemblement final du convoi de camionneurs « pour la liberté » avec l’intention de rester plusieurs jours, voire plusieurs semaines à Ottawa, dans l’espoir que leur perturbation de la capitale fasse capituler le gouvernement Trudeau sur l’ensemble des mesures sanitaires liées à la COVID-19. Des experts en sécurité s’inquiètent des risques de dérapage.
Des organisateurs et des participants de petits convois québécois qui doivent rejoindre samedi celui de camionneurs de l’Ouest en route vers Ottawa qualifient l’événement de « mouvement historique » et même de « révolution ». Son objectif, plus large que la question de la vaccination des camionneurs, serait l’abandon définitif de toutes les mesures de lutte contre la pandémie .
« Je pense que les camionneurs vont rester 14 jours, après la quarantaine à [Justin] Trudeau », a scandé un participant à la réunion informelle de l’organisation québécoise du « convoi de la liberté », sur l’application de messagerie vocale Zello, jeudi.
« J’espère qu’il est en train de faire dans ses culottes », a ajouté quelqu’un d’autre, rapidement remis à l’ordre par un participant sensible au risque de mauvaise presse pour le convoi.
De nombreux groupes opposés aux mesures sanitaires ont tenté de récupérer à leur compte le mouvement des camionneurs qui cheminent depuis la Colombie-Britannique, a constaté Le Devoir. Au Québec, Steeve Charland, figure bien connue du mouvement antimasque et ex-dirigeant du groupe identitaire La Meute, a suggéré dès dimanche l’organisation de son propre convoi. D’autres projets du genre ont ensuite été mis en branle un peu partout dans la province.
Des organisateurs autoproclamés de convois ont publié jeudi leur propre liste de revendications. Celle-ci inclut la révocation du passeport vaccinal et de l’application ArriveCan, ainsi que la fin de « toutes les obligations de vaccination » contre la COVID-19. Le communiqué annonce la mobilisation de 50 000 camions.
« Je pense que ce qu’ils veulent, c’est carrément prendre le contrôle d’Ottawa. Bloquer toutes les entrées, toutes les sorties », a exposé mardi Sylvain Allard, un camionneur interviewé par le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime.
Le Service de police d’Ottawa a plutôt indiqué mercredi s’attendre à voir arriver entre 1000 et 2000 poids lourds. Le convoi s’étendrait sur environ 20 kilomètres, a estimé la GRC lors de son passage au Manitoba, mercredi.
« C’est pas vrai ce qu’ils disent, ils racontent n’importe quoi », a indiqué au Devoir une bénévole qui a demandé que son nom ne soit pas publié, puisque l’organisation des convois québécois ne parle pas aux médias. « Ce sera un moment historique, ça va être tellement gros […] Je vais peut-être être pognée sur l’autoroute pendant dix heures, parce que ça va être tellement engorgé. »
La femme, qui se dit victime de discrimination pour avoir refusé la vaccination contre la COVID-19, a résumé les revendications des convois ainsi : « On ne veut pas tuer personne, on n’est pas anti quoi que ce soit. On veut juste la liberté qu’on avait avant. »
Le convoi s’internationalise
Aux États-Unis, les téléspectateurs du réseau Fox News ont pu entendre mercredi l’ex-joueur de hockey canadien Theo Fleury annoncer 1,4 million de manifestants à Ottawa. « En ce moment, au Canada, il y a l’une des plus grandes révolutions. [Les camionneurs] vont rester jusqu’à ce que [Justin] Trudeau démissionne ou qu’il nous redonne nos droits et libertés », a-t-il dit à l’animatrice Laura Ingraham.
Donald Trump Jr., fils de l’ex-président américain, a qualifié les participants au convoi de « patriotes » contre la « discrimination médicale ». Le milliardaire Elon Musk a aussi félicité les camionneurs canadiens sur Twitter. Un groupe Facebook relatif à l’initiative a également été fondé en Australie. La page regroupait 42 000 membres jeudi en début de soirée.
« [Ce qui se passe au Canada] pourrait tout à fait se propager dans d’autres pays », selon Stéphanie Carvin, experte en sécurité et professeure agrégée en relations internationales à l’Université de Carleton. « Un des éléments clés de ce mouvement contre les mesures sanitaires est qu’il est transnational. »
L’ancien agent du Service canadien du renseignement de sécurité Michel Juneau-Katsuya est catégorique : « faire le lien avec ce qui s’est passé au Capitole le 6 janvier n’est pas du tout tiré par les cheveux ».
La présence d’éléments perturbateurs attire l’attention des services de sécurité et de renseignement, affirme-t-il. « La plupart des gens dans le cortège sont raisonnables. Le problème, c’est qu’on trouve de plus en plus de têtes brûlées qui se servent d’un certain élan. » Le 6 janvier 2021, une foule encouragée par l’ex-président Donald Trump a provoqué une émeute meurtrière dans l’enceinte du Capitole américain.
« Le gouvernement ne sera pas démis. [Donc] combien de temps est-ce que ça va durer, et est-ce que les gens deviendront désespérés ? Ça pourrait devenir violent plus tard », note de son côté Stéphanie Carvin. Le service de sécurité du Parlement d’Ottawa a d’ailleurs mis en garde les élus de la région de la capitale que des manifestants pourraient se rendre à leur résidence ou à leur bureau.
Jeudi, la plateforme GoFundMe a remis un million sur la cagnotte de près de six millions et demi de dollars récoltés pour le convoi par une organisatrice controversée. Des preuves de bonne gestion de la manifestation pacifique sont exigées pour l’accès au reste.
« J’étais fier de ça, d’être camionneur », lâche le routier de longue distance Frédéric Bisson, qui ne compte pas participer au convoi. Il se désole du tort que peut faire la manifestation à l’image de sa profession. « Le discours s’est vraiment mis à déraper. […] À cause de ça, on passe pour une gang de cowboys. »