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Omicron et la situation politique
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Omicron et la situation politique (revolutionpermanente.fr)
L’émergence du variant Omicron a impacté de manière significative la situation sanitaire, la remettant au premier plan. De par ses propriétés inédites, le variant a modifié la dynamique de la pandémie. Si l’on ne peut présager de la suite de la pandémie, l’apparition d’Omicron et de ses variantes, comme le mutant BA.2, ont rouvert la voie – malgré les discours rassuristes – à de nouveaux épisodes aigus de crises sur les plans sanitaires, économiques, politiques, mais aussi sociaux.
Omicron : le variant le plus « échappé »
L’émergence d’Omicron et sa forte capacité d’échappement immunitaire ont mis à mal l’efficacité du vaccin pour la première fois depuis le début de la pandémie. En effet, si de nombreux variants ont émergé en deux ans, Omicron constitue cette fois le mutant « échappé » le plus complet étudié jusqu’ici. Il réalise l’un des scénarios redoutés par les épidémiologistes, à savoir l’émergence d’un mutant échappant fortement à l’immunité acquise par le vaccin.
En effet, Omicron est fortement capable d’échapper à la protection contre l’infection symptomatique acquise soit par le vaccin soit par une infection antérieure. Ainsi, les personnes vaccinées avec deux doses ne seraient que peu ou pas protégées contre une infection en comparaison avec des non-vaccinés. Une protection qui après une troisième dose remonterait entre 55 % et 80 % avant de tomber à 45 % dix semaines après la troisième dose. De plus, la protection acquise suite à une infection antérieure diminuerait à 19 %, contre 85 % avec le variant Delta.
Pour autant, et heureusement, la capacité d’échappement immunitaire d’Omicron reste limitée. Ainsi, bien qu’il reste des incertitudes, le vaccin reste effectif contre les formes graves, comme le montrent les derniers chiffres de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). « Le vaccin, et plus particulièrement avec dose de rappel, reste protecteur contre les formes graves d’Omicron (plus de 75 % d’efficacité vaccinale pour les 20 ans ou plus) et particulièrement contre les décès (90 % d’efficacité vaccinale pour les 40 ans ou plus). »
Cette différence entre la protection contre l’infection et contre les formes graves serait liée à la complexité de notre système immunitaire qui fait valoir deux types d’immunité, l’immunité humorale et l’immunité à médiation cellulaire. La première est effective contre l’infection et fait intervenir les anticorps neutralisants, censés empêcher l’infection des cellules par le virus. La seconde fait intervenir d’autres cellules comme les lymphocytes T à même de reconnaitre et détruire les cellules infectées ou identifiées comme étrangères.
Omicron et ses sous lignées échapperaient ainsi à l’immunité humorale, mais pas à l’immunité cellulaire. De la sorte, quelles que soient leurs limites, les vaccins restent un acquis majeur pour forger une immunité contre le Covid garantissant une protection élevée contre les formes graves, comme le relève une vaste étude américaine.
Omicron, moins grave…
Le deuxième élément clé de l’analyse de la situation est la sévérité du variant Omicron qui, d’après les dernières études britanniques et américaines, serait 30 à 50 % de celle de Delta. Ce qui ramène Omicron à un niveau de sévérité qui est, soit du même ordre que la souche historique, soit qui pourrait s’avérer moitié moins grave que le variant responsable de la première vague.Des études britanniques montrent qu’avec Omicron, le risque d’hospitalisation est réduit de plus d’un tiers.
Pour autant, cette mesure de la gravité s’expose à différents biais. Du fait, premièrement, de ce que des épidémiologistes appelle l’effet « cascade d’âge ». Selon un épidémiologiste : « Au début d’une vague, ce sont d’abord les personnes les plus jeunes qui sont infectées, parce qu’elles ont plus de contacts sociaux que les autres classes d’âge ».
Il ajoute que « l’épidémie se propage ensuite de proche en proche, en remontant la pyramide des âges. Donc, en début de vague, les personnes touchées sont forcément plus jeunes, ce qui signifie que le fardeau hospitalier est moins lourd ». Avant de pointer que « c’est ce que l’on observe à présent. Il est à craindre que, dans les semaines à venir, lorsque le virus touchera les personnes plus âgées, la situation se détériore. Reste à voir dans quelles proportions. Nous en saurons plus entre mi- et fin janvier, car c’est à cette période qu’est attendu le pic des contaminations ».
…mais toujours très dangereux
Le deuxième biais concerne la mesure de la gravité effective du virus (différente de la gravité intrinsèque). Cette gravité est mesurée sur une population donnée et dépend de facteurs extrinsèques comme le taux d’immunité de base, le taux de vaccination, et autre facteurs sociaux. Ce biais a pour conséquence que la gravité reste importante pour certaines catégories de la population comme les non-vaccinées, les personnes immunodéprimées ou celles atteinte de comorbidités. De même, bien que plus rarement grave, Omicron envoie plus d’enfants dans les hôpitaux.
Allant à l’encontre des discours rassuristes, on constate actuellement qu’Omicron est responsable de la majorité des décès hospitaliers avec Covid-19. Dans un communiqué paru ce vendredi 28 janvier, la Drees affirme : « Entre le 17 et le 23 janvier 2022, on estime que le variant Omicron concernerait 99 % des tests PCR positifs ; 88 % des entrées hospitalières conventionnelles ; 79 % des admissions en soins critiques ; 57 % des décès survenus à l’hôpital avec Covid-19 ».
Dans le même temps, le nombre de décès augmente fortement tuant 393 personnes en 24 heures, contre 298 morts, une semaine plus tôt.
Omicron : un nombre de cas inédit
Les caractéristiques du variant Omicron – et de ses sous-variants – ont pour conséquence une croissance exponentielle du nombre de cas sans comparaison avec ce que l’on a pu connaitre précédemment. Comme observé, le temps de doublements des cas d’Omicron est estimé entre 2 et 3 jours contre 5 à 6 jours pour le variant Delta. En France, nous atteignons des pics de plus de 500 000 cas par jour.
Cette croissance très rapide du variant Omicron est liée à une combinaison entre la capacité d’échappement immunitaire et l’augmentation intrinsèque de la transmissibilité du mutant Omicron. Cette capacité d’échappement est un avantage clé par rapport à Delta qui lui ouvre un réservoir de population beaucoup plus large à contaminer, lui permettant de devenir majoritaire extrêmement rapidement. Une capacité de propagation qui confère à Omicron la capacité à contaminer à une échelle inédite un nombre simultané de personnes.
Possible débordement des hôpitaux, personnel soignants hors service
Cela a plusieurs conséquences sociales et politiques majeures qui peuvent jouer un rôle cumulatif dans l’aggravation et la gestion de la crise.
Premièrement, la courbe exponentielle de contaminations – qui se traduit par une vague d’hospitalisation conventionnelle – remet au premier plan l’hypothèse d’un possible débordement des hôpitaux. En France, notamment, le seuil symbolique des 30 000 hospitalisations vient d’être franchi le 27 janvier 2022, une première depuis fin 2020. En même temps, on atteint près de 400 décès quotidiens.
En somme, bien que moins virulent, la plus grande contagiosité d’Omicron peut annihiler l’avantage de sa moindre dangerosité comme le pointe l’OMS : « Une hausse rapide d’Omicron, comme celle que nous observons dans plusieurs pays, même si elle se combinait avec une maladie légèrement moins grave, entraînera tout de même un grand nombre d’hospitalisations, notamment parmi les non-vaccinés ».
Deuxièmement, la propagation massive d’Omicron a pour effet collatéral de désorganiser toujours plus l’hôpital public. Il se surajoute à la fatigue morale et physique des soignants, à l’absence de moyens accentuée par les vagues à répétition. La situation ouvre la possibilité à une accentuation de la crise dans l’hôpital.
Dans ce contexte, la pression sur la première ligne peut aussi tendre à s’exprimer de manière décomposée. Face à une situation où se posera la « nécessité » de trier les patients, des secteurs de soignants expriment déjà leur colère contre les non-vaccinés au point d’appeler à faire du statut vaccinal un critère de tri. La tribune du Professeur Grimaldi, co-fondateur de l’Inter-Urgences qui appelle les non-vaccinés à dire « s’ils veulent être réanimés » va dans ce sens. Moins surprenant, Martin Hirsch président de l’APHP, a récemment remis en question les soins gratuits des non-vaccinés.
Nous devons combattre toute issue réactionnaire qui viserait à trier les « non-vaccinés ». Cette logique vise à « faire payer » aux non-vaccinés les insuffisances de l’hôpital public tout en entrant dans le jeu du gouvernement, dont l’autoritarisme sanitaire vise à faire des non-vaccinés les boucs émissaires d’une crise sanitaire dont il est le premier responsable.
Face à l’urgence Omicron, plus que jamais, il s’agirait d’imposer un plan d’investissement d’urgence pour l’hôpital public, des moyens, des embauches, et des augmentations de salaires immédiates.
Journée de grève historique dans l’éducation : des contradictions sur le terrain social
Le saut dans la situation sanitaire ouvert par Omicron a eu comme première conséquence l’ouverture d’une crise dans l’Education nationale avec une première réponse sur le terrain social : une journée de grève générale des travailleurs de l’Education qui a quelque peu secoué le régime.
En maintenant ouverte à tout prix sa « garderie du MEDEF », Macron a imposé une continuité de service sans aucun moyen, aboutissant à une forme de rupture dans le fonctionnement de l’école. Ce chaos sanitaire a ouvert la voie à l’irruption d’une colère des travailleurs de l’Education nationale aux traits « spontanés ». Une colère imposant aux directions syndicales – UNSA et CFDT compris – l’appel à une journée de grève le 13 janvier.
En quelque jours seulement, l’appel à la grève du 13 janvier s’est propagé comme une trainée de poudre à l’ensemble des corps de métier de l’Education national : des enseignants du premier à ceux du second degré, des infirmières scolaires, des Atsem, les personnels précaires comme les AESH.
Mais, plus inédit encore, il a ouvert la voie au soutien d’un secteur très large des parents d’élèves qui subissent de plein fouet les conséquences de la gestion sanitaire gouvernementale. Sous pression, la principale des fédérations des parents d’élèves, la FCPE, a soutenu le mouvement. On n’avait pas vu un tel soutien depuis 2003.
Cette jonction entre professeurs et parents d’élèves est nouvelle. Et si elle a pour moteur la question des protocoles, elle exprime en réalité, un saut supplémentaire d’une contradiction importante du néo-libéralisme, et de l’éducation plus particulièrement. Une contradiction entre d’un côté les objectifs que se fixe l’école en tant qu’institution censée former et reproduire la force de travail et de l’autre un fonctionnement toujours plus dégradé, une baisse toujours plus importante de la qualité.
S’il exprime d’importants flux et reflux, l’irruption du mouvement est l’expression d’un tournant brusque sur le terrain des mobilisations sociales, ce qui est quasiment inédit à quelques mois des élections présidentielles. Il s’agit d’une mobilisation qui a secoué le gouvernement et qui illustre les contradictions importantes exprimées par le saut dans la situation sanitaire.
L’économie avant tout, se contaminer « quoiqu’il en coute »
La croissance exponentielle du nombre de cas a des conséquences importantes pour les grands patrons : les mesures de restrictions et la multiplication des arrêts de travail liées à l’isolement des cas positifs pèsent fortement sur l’économie mondiale. En ce sens, le FMI a réajusté à 4,4% (contre 4,9%) ses perspectives de croissance pour l’économie mondiale en 2022 en raison notamment de l’épidémie Omicron. En France, Omicron a eu un impact important sur la croissance de l’activité du secteur privé au mois de janvier.
Pour autant, la catastrophe économique annoncée avec Omicron n’a pas eu lieu. En effet, les Etats capitalistes ont cherché à limiter au maximum les mesures de restriction pour réduire l’impact d’Omicron sur l’activité et le processus de rattrapage économique ouvert en 2021, le tout au détriment de la santé des travailleurs.
Pour ce faire, les grandes puissances capitalistes ont accentué leur tournant déjà largement entamé vers la voie de l’immunité collective, remettant aux oubliettes la stratégie du « Stop and Go ». En s’appuyant sur le fait que la population consent de moins en moins aux restrictions de libertés, les présidents des principaux Etats capitalistes assument ouvertement une stratégie de l’immunité collective s’appuyant sur la moindre gravité d’Omicron et les taux de vaccination. En définitive, il s’agit de tout faire pour maintenir « quoiqu’il en coûte » la reprise économique. En ce sens, Joe Biden assume désormais publiquement qu’il y aura « des débordements d’hôpitaux ».
Sur un plan géopolitique, l’émergence d’Omicron fait ressurgir la confrontation entre la Chine et les États-Unis, pour l’hégémonie mondiale. Et pour cause, l’émergence de ce variant hautement transmissible pourrait mettre à mal la stratégie dite « zéro Covid » – dont le cout économique déjà pharamineux tend à ralentir la croissance – que la Chine a mis en place depuis le début de la pandémie. Ainsi, après que la Chine ait gagné la première manche de la pandémie en rouvrant très rapidement son économie – se posant par là même comme le moteur de la reprise mondiale, les Etats-Unis pourraient chercher à reprendre leur revanche en s’appuyant sur une stratégie de l’immunité collective dont le coût sur l’économie est bien moindre.
Briser la dynamique épidémique : nos vies avant leurs profits
Bien que le vaccin reste un outil clé pour construire notre immunité, Omicron est aujourd’hui en capacité de briser la protection contre l’infection symptomatique. D’autant plus dans ce contexte, et alors que la dynamique épidémique explose, maintenir comme stratégie sanitaire la seule vaccination alors qu’Omicron y échappe partiellement revient à assumer une circulation extrême du virus avec ses conséquences sanitaires à la fois à court, moyen et long terme.
Sur le court terme, refuser de mettre en œuvre une stratégie sanitaire visant à briser les chaines de contamination induira forcément des milliers de morts évitables. De fait, toute stratégie maintenant une circulation importante du virus se répercute sur la santé des travailleurs.
Sur le moyen terme, ouvrir la voie à Omicron ne peut qu’accentuer, comme l’annonce l’OMS, le risque de mutation avec de nouveaux variants plus dangereux du Covid-19. Il n’a pas fallu attendre longtemps avant que n’émerge un nouveau variant dit « BA.2 » (sous lignée d’Omicron). L’émergence de ce nouveau variant dominant au Danemark vient rappeler que contrairement au discours rassuriste nous n’en n’avons pas fini avec la pandémie.
Face à la menace d’Omicron et de ses variants, notre politique ne saurait être d’exiger des mesures de restrictions. Nous devons chercher tout au contraire à encourager les travailleurs des différents secteurs à prendre en main les enjeux sanitaires. Il s’agit, partout où cela est nécessaire, sur les lieux de travail, dans les quartiers populaires, dans les facultés et les établissements scolaires, d’appeler à mettre en œuvre nos propres protocoles sanitaires, d’organiser la production de sorte à mettre la priorité totale sur la santé des travailleurs.
Contre la logique qui consiste à laisser filer le virus, qui remet en question l’isolement pour ne pas « perturber » l’économie, et que des voies commencent à affirmer que les tests ne deviennent plus pertinents face à l’explosion des cas, il est plus que nécessaire de maintenir ce qui constitue le fondement de toute politique sanitaire cherchant à maitriser la circulation du virus à savoir l’isolement des cas positifs, mais encore des cas contacts, et ce indifféremment du statut vaccinal. Il faut permettre cet isolement des bonnes conditions en réquisitionnant notamment des hôtels, et autres lieux à même de pouvoir accueillir de manière organisée les personnes contaminées. Il s’agirait aussi d’exiger immédiatement la distribution gratuite des masques FFP2 pour une meilleure protection face à un variant beaucoup plus contagieux. De même, il faudrait généraliser partout les capteurs de CO2, l’aération, ainsi que la gratuité des tests pour tous.
Les gouvernements et les grands patrons parient sur nos vies. Les grands patrons, aidés par le gouvernement, comptent nous maintenir au travail, quoiqu’il en coute pour ne pas faire dérailler leur reprise. De ce point de vue, le gouvernement Macron assume désormais même de laisser circuler à tout va le virus. C’est ce dont témoigne la levée totale du semblant de « restriction » en pleine explosion des cas de contamination.
Dénoncer inconditionnellement l’offensive totale lancée contre les « non-vaccinés »
Pour maintenir leur stratégie, les gouvernements cherchent à rejeter la responsabilité de la crise sanitaire sur la seule responsabilité individuelle : les non-vaccinés devenant les boucs émissaires de la crise sanitaire.
Cette offensive se décline à la fois sur le plan politique, économique, et stratégique. Sur le terrain politique, l’offensive s’incarne au travers l’autoritarisme sanitaire avec des outils tels que le passe sanitaire, le passe vaccinale, l’obligation vaccinale avec chantage au licenciement. Ces mesures cherchent à contraindre de la vaccination par l’interdiction des loisirs.
Sur le terrain économique, l’autoritarisme se décline à travers notamment les menaces de licenciements de l’obligation vaccinale, parfois la fin des allocations chômages pour les non-vaccinés comme au Canada, ou encore en France par l’usage des données sanitaires au sein de l’entreprise. Pour exemple, la différentiation des règles d’isolements en fonction du statut vaccinal participe toujours plus à une logique de punition des non-vaccinés, forcés à s’isoler. Une différentiation qui pourrait jouer un rôle croissant dans les critères d’embauche étant donné le risque supérieur d’« absentéisme » des non-vaccinés.
Sur un plan stratégique, cette construction du non-vacciné comme un groupe social à part entière à stigmatiser n’est pas anodine. La constitution de cette fraction de la population qu’il s’agirait en quelque sorte d’exclure de la société pourrait à terme servir à la bourgeoisie comme un nouveau clivage pour diviser au sein de la classe ouvrière.
De ce point de vue, Macron accentue son offensive contre les « non-vaccinés » comme en témoigne sa dernière sortie qui va jusqu’à théoriser une forme de « déchéance de citoyenneté ». Une offensive autoritaire qui prend aussi la forme d’une stratégie politique à quelques mois des présidentielles, pour mettre à mal l’opposition politique, en mettant la question sanitaire au centre, notamment autour de la vaccination.
Face à cette offensive de premier ordre, il est indispensable de dénoncer inconditionnellement ces mesures autoritaires, la répression en conséquence, les licenciements, ainsi que la stigmatisation et la volonté de mettre les non-vaccinés au ban de la société.
Lutter contre l’idéologie antivax et le relativisme vaccinal
L’émergence d’Omicron révèle les limites des vaccins actuelles à protéger contre l’infection symptomatique. Présenté à outrance par les gouvernements comme l’arme ultime pour vaincre l’épidémie, à coups notamment de mesures autoritaires – conduisant au passe sanitaire qui assurait une fausse sécurité –, ces discours gouvernementaux ouvrent de nouveau un espace aux anti-vax de tout bord et à un retour de la contestation du vaccin, produisant une forme de relativisme vaccinal.
Dans ce contexte, il nous faut maintenir le cap de la vaccination, convaincre plutôt que de contraindre, rejetant fermement l’autoritarisme sanitaire : ni passe sanitaire et vaccinal, ni passe sanitaire en entreprise – qui constituera avec les menaces généralisées de licenciements, le cœur de l’offensive autoritaire à venir.
Il nous faut aussi assumer les limites du vaccin. Tout en maintenant une balance bénéfice risque largement positive en termes de lutte contre les formes graves et les décès, il faut reconnaitre ses limites - puisqu’il perd son efficacité de lutte contre la transmission du virus - notamment pour éradiquer l’épidémie.
La situation ouvre une nouvelle fois un espace pour l’extrême-droite complotiste, alimenté par les politiques gouvernementales, les médias, qui surfent à leurs manières sur la vague complotiste. La lutte contre l’extrême-droite et son obscurantisme est fondamentale. Contre ceux qui cherchent à capitaliser sur les tendances à la radicalisation, qui peuvent tendre à se consolider comme en Allemagne où une forme de militantisme anti-vaccinal émerge, il est indispensable de maintenir une boussole.
Face au discrédit toujours grandissant de la parole publique et scientifique qui ne va cesser de s’accentuer, il est nécessaire mettre les connaissances scientifiques collectives des chercheuses et des chercheurs au service de l’humanité, exproprier les Big Pharma, et réclamer l’ensemble des données sur le vaccin.
Les États capitalistes sont totalement discrédités par leur gestion de la crise sanitaire, il n’y a rien à attendre d’eux. Partout dans les entreprises, les lieux d’études, des comités à la base, de travailleurs en liens avec les soignants, peuvent s’organiser pour discuter de la stratégie à adopter pour lutter contre l’épidémie, convaincre de la vaccination, mettre en œuvre un programme d’urgence pour briser les chaines de contamination.
En ce sens, le mouvement ouvrier – dont les directions brillent par leur silence complice - aurait un rôle central à jouer pour porter un discours qui associe une critique ferme de la politique menée par le gouvernement et la défense d’une stratégie alternative dans le cadre de grandes campagnes. Il serait ainsi nécessaire d’interpeller les directions du mouvement ouvrier sur leur passivité depuis le début de la crise sanitaire, et l’espace qu’elles ont ainsi offert aux discours dénonçant l’autoritarisme sanitaire à partir d’un logiciel complotiste et confusionniste.
Omicron : les grandes puissances impérialistes sont responsables. Libérer les brevets !
L’émergence de mutants résistants est la conséquence directe de la politique des grandes puissances impérialistes qui, en refusant à lever les brevets pour protéger les profits des Big Pharma, ont œuvré activement au maintien d’une circulation du virus élevée dans les pays dominés, favorisant ainsi l’émergence de variants et de mutants résistants à l’immunité.
Leur émergence est la démonstration par les faits que la résolution de la crise ne peut se poser qu’à l’échelle internationale. Plus que jamais, pour prémunir au maximum des formes graves, il nous faut exiger la levée immédiate des brevets pour toutes les populations, notamment celle des pays dominés puissent avoir un accès immédiat au vaccin.
Le fait que nous nous retrouvons dos au mur, face aux limites des vaccins actuels, illustre la logique capitaliste et mortifère des Big Pharma qui, plutôt que de développer des vaccins à même de s’adapter à l’émergence de mutants résistants, ont maintenu leur monopole pour « rentabiliser » au centuple leur vaccin.
Désormais, face à un variant qui échappe à l’immunité, il est nécessaire de mettre au point de nouveaux vaccins qui soient en mesure de s’adapter aux différentes formes de variants qui émergent. Ces technologies existent, de sorte que des épidémiologistes appelaient déjà en décembre 2020 à développer de tels vaccins et à changer de stratégie vaccinale.
Face à ceux qui ne mesurent leurs investissements qu’à l’aune des profits qu’ils sont à même de réaliser, il s’agit de mettre au cœur de notre programme d’agitation l’expropriation immédiate des Big Pharma et leur mise sous contrôle des travailleurs et de la population.
L’émergence de ces mutants résistants n’était pas une surprise. Ils nous rappellent non seulement l’évidence selon laquelle une pandémie doit être combattue à l’échelle internationale, mais aussi doivent nous prémunir contre toute illusion faciliste de résolution de la crise par l’immunité acquise suite aux vagues successives.
En effet, à rebours des scénarios « positifs » qui voient avec Omicron le premier pas vers la fin de la pandémie, nous devons nous préparer aux scénarios les plus pessimistes. Ainsi, loin de remarquer les éléments « positifs » à savoir que la sélection du mutant Omicron s’est faite et se fera par une moindre gravité, il faut se préparer à des variants qui soient à même d’être toujours plus transmissible mais qui pourraient présenter une capacité d’échappement immunitaire et une gravité supérieur.
Face à la gestion criminelle des grandes puissances impérialistes, il s’agit plus que jamais d’opposer une politique internationaliste pour imposer la levée immédiate des brevets.