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Quelles réponses à la baisse du pouvoir d’achat des catégories populaires ?

Lien publiée le 27 mars 2022

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Quelles réponses à la baisse du pouvoir d’achat des catégories popu... | Le Club (mediapart.fr)

Ce blog est géré par les économistes membres du parlement de l'Union populaire. L'auteur du billet est Sylvain Billot, statisticien économiste, diplômé de l’Ensae qui forme les administrateurs de l’Insee.

Pouvoir d’achat en baisse, inflation en hausse

Selon l’Insee[1], le pouvoir d’achat du revenu disponible brut par unité de consommation (qui tient compte à la fois de la redistribution, de l’inflation et de la croissance démographique) a baissé de 1,4 % au premier trimestre 2022. D’une part, les salaires et les pensions de retraite ont augmenté moins vite que l’inflation (qui ne cesse de grimper). Le salaire réel moyen par tête dans le secteur marchand a baissé de 0,4 %, après une baisse de 0,2 % au dernier trimestre 2021. D’autre part, les prestations en espèce ont baissé de 2,4 % (3,7 % en termes réels). C’est notamment la conséquence de l’absence d’indemnité inflation ce trimestre (c’est le problème d’une mesure « one shot »). Mais rassurons nous, le tableau n’est pas noir pour tout le monde : les revenus de la propriété des ménages (notamment les dividendes reçus par les plus riches) ont augmenté de 3,2 % (1,9 % en termes réels). Depuis fin 2020, le pouvoir d’achat a baissé de 1,2 %. En 2021, les salaires réels des fonctionnaires ont diminué de 0,3 %. Mais Macron continue à nous faire croire qu’il est le « président du pouvoir d’achat » : pour les plus riches incontestablement, mais pas pour la grande majorité de la population.

L’inflation ne cesse de grimper : l’indice des prix le plus médiatisé (l’IPC : indice des prix à la consommation) qui est désormais à +3,6 % sur un an n’est pas le plus pertinent. Comme l’explique une note de l’Insee[2], l’IPC retient l’intégralité du prix des biens et services, y compris la partie prise en charge par les pouvoirs publics ou la sécurité sociale. L’indice le plus pertinent pour les ménages est l’IPCH (indice des prix à la consommation harmonisée) qui ne prend en compte que les dépenses restant à la charge des ménages. L’IPCH est désormais à +4,2 %, avec +21,1 % sur le poste énergie (carburants, électricité…) et +5,9 % sur les produits frais.

Quelles réponses ?

Macron n’a pas grand-chose à proposer pour enrayer la baisse du pouvoir d’achat des salariés, même s’il prétend « mettre le paquet »[3]. La remise de 15 centimes par litre de carburants (qui entre en vigueur le 1er avril) pourrait s’avérer dérisoire si le prix du carburant continuait à augmenter. En outre, il propose de piocher uniquement dans le « Trésor public » (financé principalement par les impôts des mêmes salariés…) au lieu d’aller chercher l’argent dans les poches du « Trésor privé », à savoir les profits des grands groupes de l’énergie. Il évoque aussi vaguement la mise en place d’un « chèque alimentaire » pour les ménages les plus pauvres. C’est toujours la même logique : des aides ponctuelles qui soulagent temporairement et partiellement les plus pauvres sans prendre un centime aux plus riches.

La proposition de Mélenchon de bloquer les prix des biens de première nécessité (produits frais, carburant…) est une réponse à la hauteur du problème : les profits des producteurs seront réduits, et ils seront par ailleurs incités à augmenter la production pour satisfaire les besoins. Bien entendu, cela ne s’oppose pas à la réduction de la TVA sur les produits de première nécessité (qui figure également dans le programme de l’Avenir en commun) qui est également nécessaire. La TVA (comme les autres taxes sur la consommation) est particulièrement injuste : c’est un impôt « régressif » . En effet, elle frappe davantage les plus pauvres en proportion de leur revenu car ceux-ci n’ont pas les moyens d’épargner et donc ils consomment une partie bien plus importante de leur revenu que les plus riches

Mélenchon propose aussi une hausse immédiate du SMIC de 10 % dès le mois de mai (qui se répercutera également sur le niveau des pensions de retraite), le dégel du point d’indice dans la fonction publique (et le rattrapage de la perte de pouvoir d’achat que ce gel a entraîné depuis 2010) et la mise en place rapidement d’une « garantie d’autonomie » pour permettre à chacun d’avoir un revenu au-dessus du seuil de pauvreté (1 064 €).

Alors que la part des salaires dans le PIB est aujourd’hui inférieur d’environ 4 points à ce qu’elle était dans les années 1950 et 1960 (et même de presque 10 points de ce qu’elle était au début des années 1980)[4], il faut aujourd’hui agir vite et fort pour mettre fin au partage néolibéral de la valeur ajoutée.

Quant à Le Pen, elle cherche à se faire passer pour la défenseuse du pouvoir d’achat des catégories populaires. C’est une imposture totale[5] : elle ne propose ni hausse du SMIC, ni dégel du point d’indice dans la fonction publique. Certes, elle propose de baisser la TVA à 5,5 % sur l’essence, le gaz et l’énergie. Mais à partir du moment où elle ne remet en cause aucune des mesures en faveur des plus riches prises par Macron (flat tax, suppression de l’ISF, baisse de l’imposition des entreprises...), et même qu’elle promet de nouveaux cadeaux au patronat (baisse des impôts de production) et aux plus aisés (suppression totale de l’impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans, y compris pour les très riches !), cela signifie qu’il y aura beaucoup moins d’argent pour les services publics. Elle veut également inciter les patrons à augmenter les salaires… en les exonérant de cotisations patronales sur ces hausses ! Comme tous les autres candidats néolibéraux (Macron, Pécresse, Zemmour), elle veut baisser le salaire socialisé (les cotisations qui financent les prestations sociales) pour augmenter le salaire net. Pas question pour elle de remettre en question le partage néolibéral de la valeur ajoutée !

Un face-à-face entre Macron et Le Pen opposerait deux candidats qui partagent le même programme néolibéral au service du patronat. Le débat serait focalisé sur les questions d’immigration et de sécurité. Un seul candidat est aujourd’hui en position d’accéder au second tour pour porter les aspirations des catégories populaires, et affronter un des candidats néolibéraux (vraisemblablement Macron) : il s’agit de Mélenchon.

[1]La croissance et l’inflation à l’épreuve des incertitudes géopolitiques - Note de conjoncture | Insee

[2]IPC (indice des prix a la consommation) vs IPC harmoniséLe blog de l'Insee

[3]Économie | Emmanuel Macron assure mettre "le paquet" pour défendre le pouvoir d'achat des Français | La Provence

[4]Partage de la valeur ajoutée : il est temps de faire les poches au ... | Le Club (mediapart.fr)

[5]Cf. la note très complète des Economistes atterrés : Programmes de l'extrême-droite : néolibéraux, nationalistes et tout sauf populaires. - Les Économistes Atterrés (atterres.org)