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L’Ukraine, prise au piège de l’impérialisme.
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L’Ukraine prise au piège de l’impérialisme | Positions revue (positions-revue.fr)
Depuis la chute de l’URSS, la Russie et les Etats-Unis sont engagés dans une compétition économique et militaire sur le cadavre du bloc de l’Est. Entre 2008 et 2022, la confrontation s’est accélérée à la faveur d’un impérialisme russe décidé à s’opposer à l’hégémonie américaine qui dominait seule la scène internationale. Sur le continent européen, Vladimir Poutine a vu dans l’intégration de l’ancien Pacte de Varsovie au sein de l’Union européenne et de l’OTAN une remise en cause des garanties de sécurité promises par le camp atlantique et une mise en danger des débouchés économiques que représentent le marché européen pour l’économie rentière russe. La montée des tensions s’est alors traduite par une série de conflits au sein des pays frontaliers de la Russie et la projection de la puissance russe sur la scène internationale qui est venue contester les rapports de forces installés par le camp occidental. Comprendre la guerre aujourd’hui demande de retracer l’escalade de cette guerre commerciale qui, depuis l’invasion russe de l’Ukraine, a fait du spectre d’un conflit militaire généralisé et de la menace nucléaire une réalité sur le continent européen.
Si l’agression russe, en solidarisant le camp occidental, a ainsi donné des airs de guerre froide à l’actualité, le choix d’une analogie historique devrait plutôt se porter sur la situation du début du XXème siècle, où la compétition économique féroce entre les intérêts privés des nations européennes avait plongé le continent dans la guerre. Loin de représenter une quelconque alternative idéologique, ou même un espace symbolique sur lequel s’appuyer pour contester le règne de la marchandise, la Russie de Poutine est bien l’expression d’un capitalisme brutal et kleptocratique qui s’offre en adversaire utile pour une prédation occidentale tapie derrière le masque de la démocratie libérale. En 1916, Lénine notait que : « Si les capitalistes se partagent le monde, ce n’est pas en raison de leur scélératesse particulière, mais parce que le degré de concentration déjà atteint les oblige à s’engager dans cette voie afin de réaliser des bénéfices »[1 identifiant la confrontation militaire des Etats à la continuation d’une politique de compétition économique engagée en temps de paix. La guerre se présentait alors comme un ultime recours pour départager les intérêts des monopoles économiques et bancaires formés par le processus d’accumulation du capital. C’est par ce prisme qu’il faut tenter d’offrir une lecture de la crise impérialiste actuelle en sortant l’analyse de la demande de ralliement à l’un des deux camps qui fracture le champ politique.
Cet article tentera donc de proposer un court exposé, non exhaustif, du déploiement de l’impérialisme russe et de sa confrontation de plus en plus vive avec le camp occidental. Il s’agira de poser un regard froid sur les tendances économiques, politiques et militaires de la période récente et les éclairer à la lumière de la poursuite par les acteurs de leurs intérêts. Dans les conséquences directes de l’impérialisme, Lénine soulignait aussi la diffusion d’un chauvinisme poussant les populations à venir au secours de sa bourgeoisie nationale et de ses guerres. Dans un deuxième temps, l’article se penchera donc sur certaines dispositions chauvines qui se confondent aujourd’hui avec l’expression sincère de la solidarité avec le peuple ukrainien pour produire une réflexion critique sur les prises de position de divers acteurs de la gauche française.
Trente ans de compétition sur le cadavre du bloc de l’Est
La responsabilité première de la guerre incombe incontestablement au gouvernement russe qui a fait le choix d’envahir l’Ukraine. Cette agression violente qui soumet le peuple ukrainien aux bombardements, aux assauts terrestres et aux sièges doit susciter la plus ferme condamnation. La recherche de la paix demande cependant de s’extraire d’une lecture unilatérale qui verrait dans le soutien actuel des puissances occidentales à l’Ukraine, l’expression de son caractère désintéressé et la défense du droit du peuple ukrainien à son autodétermination.
En 2007, Vladimir Poutine avait fait part dans un discours[2] de la 43ème édition de la Conférence sur la sécurité de Munich de son opposition à l’advenue d’un monde unipolaire avec un « unique centre du pouvoir » et « un seul souverain », un monde qu’il jugeait « inadmissible et impossible ». Au cœur de ses préoccupations, le président russe pointait alors la volonté hégémonique des Etats-Unis considérant « que l’élargissement de l’OTAN n’a[vait] rien à voir avec la modernisation de l’alliance, ni avec la sécurité en Europe(…) » mais représentait « une provocation sérieuse et abaiss[ait] le niveau de la confiance mutuelle.». Depuis, il n’a eu de cesse d’avancer cette grille de lecture pour justifier sa confrontation avec l’Occident et l’avancée de ses intérêts économiques, rudement protégés par un déploiement militaire toujours plus agressif.
De nombreux acteurs diplomatiques occidentaux reconnaissent cependant aujourd’hui le caractère fautif de la pression exercée par le camp occidental à l’encontre de la Russie dans la situation actuelle d’une Europe en alerte. Hubert Védrine, ancien ministre des affaires étrangères français estime par exemple que « Le Poutine de 2022 est largement le résultat, tel un monstre à la Frankenstein, des errements, de la désinvolture et des erreurs occidentales depuis trente ans » et évoque, citant Kissinger ou Brezinski, « la provocation contre-productive d’annoncer l’entrée de l’Ukraine dans l’Otan en 2008 »[3]. Ni le caractère détestable de la politique de Vladimir Poutine, ni le fondement autoritaire de son pouvoir n’excusent en effet l’attitude du camp occidental qui s’est lancé à l’assaut du Pacte de Varsovie.
À l’occasion de la réunification de l’Allemagne et son intégration dans l’OTAN, les Européens et les Américains s’étaient engagés auprès de Gorbatchev à ne pas étendre l’alliance militaire « à l’est » et à travailler à sa transformation en « une organisation politique » [4]. Moins de dix ans plus tard, l’OTAN intégrait pourtant par vagues successives une grande partie des anciens membres du Pacte de Varsovie et de nombreux pays frontaliers de la Russie[5]. Cette intégration dans l’alliance militaire correspondait par ailleurs avec l’ouverture des anciens pays de l’est aux capitaux étrangers, puis à leur intégration au marché européen dans le cadre de l’Union Européenne, au prix d’une soumission violente à la logique de marché qui a privatisé les services publics, organisé la mise en concurrence généralisée des travailleurs et creusé les inégalités[6]. L’Organisation de l’Atlantique Nord, loin d’être devenue une organisation démilitarisée a pu, elle, déployer un batterie de missiles antibalistiques qu’elle présente comme « purement défensive » et comme « un investissement à long terme destiné à contrer les menaces sécuritaires à long terme émanant de l’extérieur de la zone euro-atlantique »[7]. L’adversaire russe ne s’est pas non plus privé d’installer son propre arsenal sur le continent[8].
Sous l’égide des Américains, le déploiement de l’Otan vers l’Est est ainsi revenu sur l’ensemble des garanties politiques et militaires proposées aux Russes à la fin de la guerre froide. En tentant d’isoler la Russie du reste du continent, au bénéfice de la prédation des capitaux occidentaux et d’une « dégradation des rapports de force sociaux »[9] dans l’ancien bloc de l’est, le camp occidental a participé de l’escalade de l’armement sur le vieux continent. Aujourd’hui, c’est sur la base de cette compétition économique et militaire que les deux impérialismes (occidental et russe) se mènent encore une guerre d’influence par pays interposé, et plus récemment sur la scène internationale.
L’escalade dans les pays frontaliers
Sur le front européen, l’impérialisme russe s’est considéré légitime à répondre à la pression atlantiste. Depuis 2007, il a testé les limites de la réplique occidentale face à la défense de ce qu’il considère comme ses intérêts géostratégiques et économiques. Pour conserver une « zone tampon » avec le camp occidental, la Russie a donc mis les Européens face à une stratégie du fait accompli en instrumentalisant notamment des conflits larvés revitalisés à la suite de l’effondrement de l’Union soviétique. En 2008, sous fond de rapprochement de la Géorgie avec l’Union européenne et l’OTAN, le pays est ainsi devenu le théâtre d’affrontement entre le camp occidental et la Russie de Dmitri Medvedev[10] et s’est soldé par l’apparition de deux États sécessionnistes soutenus par la Russie : la République autonome d’Abkhazie et la République d’Ossétie du Sud-État d’Alanie. Cette stratégie d’atteinte à l’intégrité territoriale d’un pays, déjà utilisée en 1992 en Moldavie, va être utilisée à répétition par la Russie pour « geler » la possible coopération d’un pays avec le camp occidental et consolider ses positions stratégiques. C’est le cas de nouveau en 2014 avec deux territoires de l’est de l’Ukraine (les oblast de Donetsk et de Lougansk) en guerre depuis huit ans et sur lesquels on trouve d’importantes ressources minières (notamment houillères). L’opération militaire s’était aussi soldée par l’annexion de la Crimée au moyen d’un référendum supervisé par la Russie dans un simulacre de droit international. En s’emparant de la péninsule, la Russie de Poutine pouvait alors conserver sa base de Sébastopol qui lui assure un accès à la mer Noire déterminant pour ses échanges commerciaux et son déploiement militaire[11]. L’impérialisme russe s’est ainsi graduellement approprié des positions stratégiques et des ressources nécessaires à la projection de sa puissance.
Les Etats-Unis, en sus de l’organisation de l’isolation de la Russie sur le continent européen, ont pratiqué une ingérence systématique dans les pays frontaliers en finançant par exemple les mouvements d’oppositions pro-occidentaux contre les dirigeants pro-russes[12], quitte à soutenir des gouvernements peu recommandables comme celui de Mikheil Saakachvili[13] en Géorgie (dont Raphaël Glucksmann était le conseiller[14]). Au-delà des soutiens politiques à des organisations engagées dans le théâtre local, les Etats-Unis ont déployé une véritable « diplomatie énergétique » en proposant par exemple au violent régime autoritaire Biélorusse de se substituer au grand frère russe dans son approvisionnement énergétique[15] ou en tentant de mettre en échec le circuit gazier de son compétiteur russe, quitte à se confronter à ses alliés européens. Dans ce but, le Sénat américain avait d’ailleurs adopté un texte en juin 2017[16] « menaçant d’amendes, de restrictions bancaires et d’exclusion aux appels d’offres outre-Atlantique, toutes les sociétés européennes qui participeraient à la construction de pipelines russes » avec en ligne de mire le projet Nordstream 2 financé pour moitié par Gazprom (le monopole énergétique russe) et par des compagnies européennes (dont la française Engie). Ces sanctions furent levées en 2019, après un accord avec l’Allemagne très dépendante du gaz russe, et point de chute du gazoduc.
De nouveau, la question de la concurrence économique sur le marché européen entre d’immenses féodalités économiques apparaît ainsi centrale pour comprendre la confrontation militaire et politique entre les deux impérialismes, bien plus préoccupés par la question des débouchés commerciaux que le sort des peuples de la région. Depuis 2017, la compétition économique entre la Russie et les Etats-Unis dans l’approvisionnement énergétique du marché européen[17][18] s’est intensifiée, les Américains souhaitant exporter massivement un gaz et un pétrole[19] acquis dans leur nouvelle indépendance énergétique fondée sur l’exploitation du gaz de schiste. Elle est un enjeu économique majeur de la guerre actuelle.
La scène internationale, nouvelle arène de la confrontation
À partir de 2015, c’est dans l’arène internationale que la Russie vient se confronter aux occidentaux. À l’époque, le régime de Vladimir Poutine intervient à partir de septembre en Syrie, où il joue un rôle crucial dans le maintien au pouvoir de Bachar El-Assad, au prix du massacre de son peuple qui s’était soulevé contre la dictature. L’intervention militaire permet dès lors à la Russie de s’installer comme un acteur central au Moyen-Orient[20] jusque-là dominé par l’ingérence américaine et occidentale. Elle a d’ailleurs eu pour notable résultat d’imposer aux Occidentaux un retour forcé de la Russie dans le concert des nations, jusque-là isolée depuis l’épisode ukrainien de 2014. En s’assurant du maintien du régime en place, les Russes ont pu conserver la base militaire aérienne de Hmeimim et l’installation navale de Tartous, et stabiliser ainsi un accès à la mer Méditerranée, une position cruciale dans la compétition sur le marché énergétique avec des puissances comme l’Arabie Saoudite et le Qatar[21]. Enfin, la guerre en Syrie fut aussi l’occasion d’une démonstration de force de la Russie qui a testé son matériel militaire et dopé ses ventes d’armes[22].
Il faut également souligner qu’en ayant recours à des armées privées lors de ses déploiements militaires (Ukraine, Syrie) ou dans ses programmes de coopération militaire, l’impérialisme russe rivalise désormais aussi avec les puissances occidentales dans l’ombre du mercenariat[23]. La compagnie Wagner, venue au pied levée remplacer la force française présente au Mali, congédiée suite au coup d’Etat militaire de 2021, est d’ailleurs devenue un dispositif central de l’influence russe sur le continent africain. Elle est déjà présente en Libye, au Soudan, en République centrafricaine et au Mozambique[24]. La Russie se présente ainsi capable aujourd’hui d’investir aussi le pré-carré de l’impérialisme français en signant des accords de sécurité et de formation militaire auprès de nombreux pays africains, notamment en Afrique de l’Ouest.
Derrière la guerre actuelle, l’ombre des intérêts privés
Lénine, reprenant Clausewitz à son compte, comprenait la guerre comme la continuation de la politique menée en temps de paix[25]. Il voyait dans la première guerre mondiale la continuité de la « politique de pillage des colonies, d’oppression de nations étrangères, d’écrasement du mouvement ouvrier » menée par les « classes dirigeantes d’Angleterre, de France, d’Allemagne, d’Italie, d’Autriche et de Russie ». Aujourd’hui, la tentative de mainmise russe sur l’Ukraine comme le soutien opportuniste des Etats-Unis et des pays européens aux Ukrainiens ne peut être comprise que comme la suite de l’affrontement économique et politique des deux camps brièvement exposé jusqu’ici, où chacun a tenté de consolider ses positions ou d’obtenir de nouvelles opportunités commerciales. L’invasion russe a cependant amené le conflit à un niveau que les puissances européennes ne semblent aujourd’hui pas capables de suivre. Elles ont d’ailleurs exclu pour le moment de s’engager dans le conflit car leur participation déclencherait une guerre généralisée sur le continent, voire la destruction mutuelle dans le cadre de la menace russe d’user de l’arme nucléaire[26].
Derrière les postures des classes dirigeantes qui ont coproduit les conditions de la guerre avec l’agresseur russe, il est possible de souligner aujourd’hui l’hypocrisie de leur soutien au peuple ukrainien. Pendant qu’elles louent son héroïsme et son martyr dans le débat public, elles portent au même moment leur action sur la protection des intérêts des groupes capitalistes et l’ouverture de nouvelles opportunités offertes par la guerre. En effet, alors que les pays de l’Union européenne ont annoncé des sanctions économiques envers la Russie, l’Italie aurait par exemple tentée d’exclure les produits de luxe du volet de sanctions et la Belgique le commerce de diamants[27]. Elon Musk, figure de proue du capital américain, a, lui, saisi l’opportunité pour déployer son réseau de télécom Starlink en Ukraine prétextant de l’interpellation du vice-Premier ministre ukrainien Mykhailo Fedorov[28].
La question énergétique s’avère, elle, de nouveau centrale pour mettre en lumière la poursuite de la compétition économique en temps de guerre. Cette semaine, le géant allemand de l’énergie E.ON a fait part de son refus de fermer Nordstream 1[29] qui alimente l’Allemagne en gaz. Engie, actionnaire français à hauteur de 9% aux côtés des ses concurrents allemands et de Gazprom (actionnaire majoritaire), n’a pas à ce jour réagi. Cette déclaration intervient quelques jours après la décision du chancelier allemand de bloquer l’homologation réglementaire du projet Nordstream 2. Cette opportunité attendue depuis des années par les Etats-Unis[30] a toute de suite été saisie par les compagnies américaines qui se sont positionnées comme une solution à la dépendance européenne au gaz russe en proposant par exemple du gaz 40% plus cher à l’Espagne[31]. Quant à l’Allemagne, elle table désormais également sur l’importation du LGN américain[32] et va se doter des infrastructures nécessaires pour l’importer[33]. Empêtrée dans les contradictions des Etats européens, l’Union européenne aurait d’ailleurs aussi protégé la Gazprombank de l’exclusion du réseau interbancaire SWIFT[34], afin de préserver le gaz russe des sanctions. Les exemples ne manquent donc pas pour souligner l’opportunisme économique des groupes capitalistes et des Etats qui les protègent. En cas de réussite de son invasion, l’impérialisme russe pourrait profiter des ressources minières[35] et gazières de l’Ukraine, de même que certaines de ses productions agricoles et industrielles. Un contrôle politique de l’Ukraine faciliterait également l’utilisation du gazoduc qui transite par le pays, permettant de trancher en faveur de Gazprom le conflit qui oppose la compagnie énergétique russe à la société ukrainienne Naftogaz[36] qui contrôle l’acheminement vers l’Europe. Un conflit d’autant plus attisé que le NordStream 2 a été mis à l’arrêt.
Sans surprise, le peuple ukrainien qui recueille le soutien spontané des populations européennes ne fait ainsi pas réellement partie des préoccupations des puissances européennes. Derrière les déploiements militaires et les alliances diplomatiques en temps de guerre, la poursuite du partage des parts de marché engagé en temps de paix écrase de nouveau toute politique de coopération sincère. L’intervention de l’impérialisme russe tout aussi intéressée ajoute la barbarie guerrière à son bilan et les morts des populations des deux pays.
Face au chauvinisme et l’appel aux armes, l’enjeu d’une solidarité anti-impérialiste
Depuis le début de l’offensive russe, le débat politique européen s’écharpe sur la position à adopter. Sous fond d’une indignation légitime des populations, des responsables politiques s’engagent dans la bataille contre l’agresseur russe en proposant la livraison d’armes, ou en déverrouillant soudainement leurs positions sur l’OTAN et les pays à y intégrer. En France, le débat politique semble engagé de manière à ne percevoir le champ politique que scindé entre pro-russes et militants infatigables de la démocratie représentant le camp occidental. Dans ce raccourci des œillères de la guerre, le fond de l’air chauvin gonfle les voiles du camp belliciste, emportant avec lui des pans du camp progressiste sur la position atlantiste. La continuité de la compétition économique en temps de guerre n’est d’ailleurs possible qu’à partir du moment où les populations peuvent être engagées au service des intérêts privés qui profitent de la guerre.
L’impérialisme se caractérise alors par le déploiement d’un registre nationaliste pour susciter l’adhésion des populations à la confrontation militaire. C’est ce que Lénine appelait le chauvinisme, lorsqu’il observait certains partis ouvriers se regrouper derrière leur bourgeoisie nationale et voter les crédits de guerre. La fracture qu’il observait au début du siècle dans le mouvement ouvrier européen eut des conséquences non négligeables. Elle est au fondement de la naissance du mouvement communiste. Dans l’escalade générale, il est ainsi utile de se pencher sur les discours qui poussent dans chaque camp vers la guerre et de tenter d’identifier les positions internationalistes délivrées du soutien aux intérêts privés prêts à en découdre.
Poutine et les résistances des peuples russe et ukrainien
Dans le cadre de l’impérialisme russe, le chauvinisme avance à visage découvert. Vladimir Poutine a exprimé sa vision nationaliste dans un essai publié pendant l’été 2021, intitulé « De l’unité historique des Russes et des Ukrainiens ».[37] Dans ce texte, il explique entre autres que « Les Russes, les Ukrainiens et les Biélorusses sont tous des descendants de l’ancienne Rus, qui était le plus grand État d’Europe ». S’il reconnaît une langue et une identité ukrainienne, il nie implacablement l’existence d’un peuple ukrainien, en expliquant avec mépris que « Le nom “Ukraine” était plus souvent utilisé dans le sens du mot vieux russe “okraina” (périphérie)» ou en rejetant sur Lénine et les bolcheviks le processus « d’ukrainisation » local, arguant que les frontières entre républiques socialistes n’étaient pas des « frontières d’Etat ». Cette vision impériale russe, empreinte d’une nostalgie pour l’ère tsariste, est la base de la propagande de guerre que Vladimir Poutine orchestre auprès de sa population[38]. Dans son propos, l’histoire régionale est alors revisitée au prisme de son obsession pour les « frontières extérieures » qu’il perçoit comme menacées par l’Occident depuis ce qu’il nomme la « parade des souverainetés » lors de la chute de l’URSS, c’est-à-dire l’exercice du droit à l’autodétermination des peuples.
Cependant, les Russes qui manifestent malgré les arrestations, à Moscou ou à Saint-Pétersbourg, font la démonstration que la guerre engagée est celle des intérêts de l’oligarchie russe et non du peuple russe. C’est en ce sens que s’exprimait, quelque temps avant l’invasion, le Mouvement Social Russe (RSD) en déclarant que « ce qui importe le plus, c’est que l’irresponsabilité et les prétentions impériales des élites de pays disposant d’un énorme potentiel d’armes de destruction massive mettent en danger des millions de vies de leurs propres citoyens et d’autres citoyens, le droit du peuple ukrainien à l’autodétermination, ainsi que l’existence future de l’Ukraine et d’autres pays de la région susceptibles d’être impliqués dans le conflit »[39]. Si les manifestants et les signataires de la pétition d’un million de citoyens russes[40] contre la guerre ont reçu le soutien des partis politiques de gauche, les anti-impérialistes russes attendaient des « gauches russe, ukrainienne, américaine et ouest-européenne [qu’elles exigent] de leurs gouvernements une désescalade immédiate (…)». Dans la période immédiate avant le début de la guerre, peu de voix s’étaient levées dans la gauche française en ce sens. Depuis, l’invasion russe semble avoir enfermé le conflit dans le piège de l’escalade. À la vue de la surenchère à laquelle ils se sont livrés, toute tentative de conciliation diplomatique proposée par les pays européens s’apparenterait en effet à un abandon du peuple ukrainien.
Aujourd’hui, le peuple russe, présenté à juste titre comme écrasé par le pouvoir autoritaire de Vladimir Poutine et la prédation des oligarques à la tête du pays, n’en est pas moins le sujet des sanctions économiques proposées par les gouvernements européens qui protègent au même moment les intérêts privés de leurs groupes capitalistes. En organisant une crise financière et économique sévère[41] dans le pays, la doctrine employée a peu de chance de solidariser les peuples russes et ukrainiens, ou de mobiliser le peuple russe contre son gouvernement. Les militants de la gauche anti-impérialiste ukrainienne de Mouvement Social[42] proposaient en janvier à l’occasion d’un communiqué sur la situation du Donbass de « saisir les biens et les actifs des oligarques et des hauts fonctionnaires russes à Londres et ailleurs ». Ils ne se faisaient par ailleurs « aucune illusion sur les politiques des gouvernements occidentaux, qui servent le grand capital et leurs propres objectifs(…)». Ils revendiquaient alors comme « première étape » le déploiement « d’un contingent de maintien de la paix des Nations unies dans le Donbass » bien que le cadre de la médiation internationale apparaisse affaibli par l’expérience des coups de forces des puissances impérialistes, à commencer par celles du camp occidental au Moyen-Orient.
La gauche européenne et française aurait été bien inspirée de prendre acte des mots d’ordre de ces militants qui pensent que « les intérêts des travailleurs ukrainiens ne pourront être pris en compte que sous la pression des mouvements progressistes et des communautés de ces pays [occidentaux] » car, dans l’état actuel des choses, il est difficile de percevoir quelles autres formes de solidarité entre les peuples russes et ukrainiens pourront émerger pour s’opposer conjointement à la guerre provoquée sur leur dos. Fragilisé, le combat pour la paix doit persister dans la difficile tâche d’une recherche de la désescalade dans un champ politique attisé en faveur de la confrontation.
Une transposition européenne du chauvinisme
Dans le contexte français, l’élan de solidarité de la population en faveur du peuple ukrainien s’est parfois confondu avec le discours belliciste qui fracture aujourd’hui l’espace politique entre les parangons autoproclamés de la démocratie qui souhaitent la guerre et les pacifistes accusés d’être de nouveaux munichois sacrifiant le peuple ukrainien. Dans cette scène politique transformée par la guerre, un chauvinisme latent s’exprime dans la diffusion de visions explicatives biaisées qui poussent à l’inscription dans le camp atlantiste et à des politiques d’escalade de l’affrontement. Au secours d’un peuple ukrainien dont elles ne se souciaient guère hier, les classes dirigeantes ont enclenché le mécanisme de la propagande de guerre, transposant leur proposition chauvine locale sur l’espace européen qui inclut désormais l’Ukraine pour mieux combattre l’agresseur russe. Sans pouvoir ici dresser un portrait complet de la rhétorique employée au sein du camp occidental dans son secours au peuple ukrainien, l’actualité récente permet d’illustrer à travers plusieurs exemples les artifices du discours.
Le premier signal de l’hypocrisie chauvine des bourgeoisies européennes s’observe au niveau du discours délivré sur l’accueil des réfugiés ukrainiens. Fuyant la guerre, les ukrainiens doivent en effet pouvoir trouver refuge sur le continent. Il faut néanmoins souligner le prisme raciste par lequel a été encouragée la levée des restrictions sur la circulation des ressortissants ukrainiens dans l’UE. Dans le cadre de cette guerre, les populations sur les routes sont devenues des « réfugiés » par opposition aux « migrants » syriens et autres, victimes des guerres ou de la prédation de l’impérialisme occidental[43]. Le président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française y voit par exemple une « immigration de très bonne qualité » quand, il y a encore quelques mois, le président français voulait protéger l’Europe des « flux migratoires irréguliers »[44] en provenance de l’Afghanistan. Emmanuel Macron et ses homologues européens avaient aussi fait preuve d’une grande passivité quand la Pologne érigeait des barbelés à sa frontière en 2021 et tirait sur des Kurdes irakiens passés par la Biélorussie. Pire, certains journalistes voient eux dans les Ukrainiens des « Européens de culture » à opposer aux Afghans et aux Irakiens perçus comme des peuples non civilisés. Ils s’accordent ainsi avec Nicolas Bay, l’ancien frontiste passé chez Eric Zemmour qui estiment qu’ils sont membres d’autres « espaces civilisationnels »[45].
Ces déclarations ne sont que l’expression visible d’un chauvinisme français qui se transpose ici au niveau européen sur la base d’un fantasme où l’Ukraine peut s’identifier à un partenaire blanc et chrétien représentatif de l’Occident a contrario du reste du monde, perçu comme légitimement envahi ou brisé par les interventions militaires occidentales. Ce racisme répandu dans les classes dirigeantes ne tarde pas à produire des effets concrets. Certaines autorités locales françaises organisent donc le tri entre bons et mauvais réfugiés. C’est le cas de la mairie de Calais qui est venue au secours de deux familles ukrainiennes quand, au demeurant, elle s’est jusque-là illustrée dans un traitement particulièrement inhumain des exilé.e.s qui souhaitent rejoindre l’Angleterre[46]. De son côté, le gouvernement ukrainien n’est pas en reste non plus pour discriminer les africains expatriés qui souhaitent également fuir la guerre[47] [48] et participe aussi à ce roman européen raciste.
Dans l’émotion de la guerre, ce discours chauvin contamine également des dirigeants de gauche. Christiane Taubira a ainsi déclaré que « L’Ukraine est en Europe. Nous, Européens, lui devons une solidarité absolue. Ce sont les nôtres qui sont attaqués. Ce sont nos valeurs qui sont en jeu »[49] jouant la partition chauvine du « eux » et du « nous » quand la solidarité internationaliste ne trie pas entre les peuples victimes de la domination impérialiste.Plus explicite encore, la maire de Paris fait aujourd’hui preuve d’une étonnante combativité pour l’accueil des réfugiés ukrainiens[50] quand elle rejetait sur l’Etat la prise en charge des exilé.e.s extra-européens présents dans la capitale[51], les condamnant dans les faits à vivre dans des campements indignes que la police évacue régulièrement. Face à ce constat, la production d’un discours de solidarité réelle avec le peuple ukrainien impliquerait de ne pas épargner la critique sévère des gouvernements européens et de leurs politiques migratoires mortifères, et devrait au contraire ouvrir une brèche pour se positionner en faveur de l’accueil inconditionnel de tous les exilé.e.s pour ne pas participer à reproduire la conception réactionnaire d’une Europe forteresse. C’est dans ce sens que s’inscrit la tribune de la députée communiste Elsa Faucillon, publiée dans l’Humanité le 4 mars[52].
Le second signal du caractère chauvin d’une partie de la mobilisation des sociétés européennes se situe dans l’indignité sélective à laquelle font appel les bourgeoisies nationales dans leur confrontation à l’autoritarisme russe. Cette opération permet régulièrement aux puissances européennes, à l’occasion d’un conflit, de tenter d’effacer leurs lourdes responsabilités dans les différents théâtres de guerre sur la scène internationale ou leurs alliances avec des régimes tout aussi tyranniques que celui de Vladimir Poutine dont elles tirent des intérêts. En se revendiquant alors comme les défenseurs des peuples agressés, les pays européens mettent finalement en scène le bien-fondé de leur domination mondiale et justifient leurs interventions qui ne s’effectuent qu’au service des intérêts économiques qu’elles protègent. L’attitude et l’action d’institutions culturelles et sportives dans la période, utilisées aujourd’hui dans la déstabilisation de l’adversaire, est un bon exemple de cette appropriation de la cause des peuples.
Le 25 février, la Russie a été exclue de l’Eurovision[53]. Cette sanction pourrait apparaître légitime si l’organisation de cette manifestation musicale en 2019 par l’Etat colonial israélien avait soulevé un débat similaire, en raison de la guerre qu’il mène contre le peuple palestinien. De même, alors que le judoka algérien Fethi Nourine a été exclu dix ans par la Fédération internationale de judo (IJF) pour avoir refusé d’affronter son adversaire israélien[54], les équipes de football de la Pologne et la Suède qui annonçaient le boycott de leurs rencontres prochaines face à la Russie n’ont, elles, pas eu à craindre des sanctions[55]. De fait, la FIFA a fait le choix d’exclure la Russie[56]. Le caractère esclavagiste des chantiers de la coupe du monde prévue au Qatar[57] ne soulève par contre pas l’attention des dirigeants européens pour le plus grand bonheur des compagnies européennes et internationales qui pourraient en retirer un bénéfice de près de 15 milliards d’euros[58].
Derrière les institutions sportives et culturelles, le deux poids deux mesures de l’utilisation du soft power occidental révèle la réalité de l’engagement géopolitique et économique du camp occidental, avec comme grand absent le souci du devenir des peuples comme le montrent le soutien à la politique israélienne d’apartheid et sa violence militaire contre les civils, la guerre au Yémen menée par une Arabie Saoudite armée par la France et les Etats-Unis, l’intervention de l’allié Turc sur les territoires kurdes libérés ou les guerres d’Afghanistan, d’Irak, de Libye, etc. Dans ces conditions, la responsabilité du camp anti-impérialiste serait de se saisir des mécanismes engagés pour sanctionner la Russie et de souligner les biais de l’action du camp occidental, en mettant en cause ses alliances avec les pays autocratiques et ses interventions militaires passées et présentes. Pour résumer, dans l’opposition au régime russe, la condamnation ne doit pas servir à légitimer les agissements à géométrie variable des gouvernements européens en assimilant leur action au combat légitime pour l’autodétermination des peuples.
Ces deux exemples tirés de l’actualité ne recouvrent pas l’ensemble de la perspective chauvine qui s’empare du débat politique. Par exemple, il est aussi nécessaire de mettre en cause la mise en protection par les Etats des intérêts des personnes privées (et notamment les oligarques russes) et des groupes capitalistes nationaux, à commencer par les grandes entreprises de l’énergie, des télécoms, de l’armement, du système bancaire et toutes celles susceptibles de profiter de la guerre. Une véritable solidarité passe ainsi par la séparation entre les intérêts du peuple ukrainien à défendre et les intérêts privés présents sur le théâtre de la guerre.
L’idéalisme naïf du centre-gauche au service de l’atlantisme
En France, la guerre a divisé la gauche. En se penchant brièvement sur les prises de position des différentes organisations il est possible de voir que de la droite au centre-gauche, c’est un front sacré atlantiste qui s’est formé. Pendant que la gauche radicale française cherchait une difficile voie pacifique, les sociaux-démocrates français et les écologistes ont ainsi révélé la faiblesse de leurs convictions dans la lutte contre les entreprises guerrières des puissances capitalistes.
Dès l’invasion russe du 24 février, aux côtés du Parti communiste français[59], du NPA[60] et de Lutte Ouvrière[61], la France Insoumise s’est positionnée contre la surenchère dans la course à l’armement du conflit en exprimant sa solidarité avec le peuple ukrainien agressé. Ces organisations aux cultures diverses représentent aujourd’hui le seul espace opposé à la guerre. Le candidat de la France Insoumise, médiatiquement plus exposé, et les partisans du non-alignement[62] ont alors été la cible d’une salve d’accusations de la part de responsables d’EELV et du PS, portés par un opportunisme électoral devenu nécessaire à leur existence politique.
Ces attaques visaient à renforcer l’image médiatique « d’homme complaisant à l’égard du régime de Poutine » du dirigeant de la France Insoumise ou à fustiger la gauche attachée à la paix et à la voie diplomatique. Certes prisonnier de certaines déclarations trop rapides sur le rôle de la Russie en Syrie[63], Jean-Luc Mélenchon avait pourtant réitéré son opposition au dictateur russe à de multiples reprises[64]. C’est sa combativité face à l’OTAN qui joue sans doute un rôle dans les critiques qui lui sont faites aujourd’hui, d’autant plus que le pays est sommé de choisir un camp. Le chef de file du courant républicain social n’en reste pas moins le seul candidat à l’élection présidentielle à avoir proposé dès 2017 l’organisation d’une conférence internationale sur la sécurité et les frontières et à avoir alerté régulièrement sur l’envenimement des relations russo-européennes et du risque de la guerre[65]. Le 1er mars 2022, le candidat à l’élection présidentielle en tête de la course à gauche a persisté dans la recherche de la désescalade et d’une voie diplomatique dans un discours à l’Assemblée nationale[66]. Opposé à toute participation guerrière, il déclarait ainsi : « Si frustrant que ce soit, l’alternative reste simple : ou bien la diplomatie ou bien la guerre totale. Tout doit aller à la diplomatie et rien – si peu que ce soit – à la guerre ». En cohérence, il annonçait alors le refus de son groupe parlementaire de céder à la tentation occidentale de livrer des armes à l’Ukraine, une position partagée par le groupe communiste[67]. Les deux organisations ont rejoint par leurs déclarations la position de la gauche allemande quelques jours plus tôt[68].
Le centre-gauche a lui opté pour une défense absconse de la démocratie et du droit des peuples à l’autodétermination[69] détaché de tout contexte historique et politique. Dans un délire idéaliste, il a poursuivi ainsi une entreprise de négation de la realpolitik en présence. La vieille social-démocratie et ses alliés écologistes s’engageaient alors dans un refus de principe de toute délibération avec l’adversaire, rendue pourtant nécessaire par la menace d’une confrontation généralisée voire nucléaire. Le soutien du Parti Socialiste au cadre de l’OTAN étant inscrit dans son projet[70], il n’était pas étonnant de voir sa candidate s’inscrire dans le narratif dominant de la confrontation. Pour retomber sur ses pieds, le candidat d’EELV a, lui, purement et simplement renié l’opposition de son appareil politique à l’OTAN[71] appelant même de ses vœux à une unité nationale et européenne[72]. Partant d’un sentiment probablement sincère, les écologistes semblent avoir voulu tirer de la mise en scène de leur opposition à l’impérialisme russe une occasion pour s’ériger en seuls représentants du combat démocratique, une occasion d’égratigner le candidat de LFI.
Le discours des écologistes ne pouvait alors que basculer vers l’escalade militaire, à la recherche d’un point de chute. Yannick Jadot, d’ailleurs opposé dans un premier temps à la livraison d’armes, a ainsi changé d’avis, rejoignant Anne Hidalgo[73] tandis que Sandrine Rousseau déclarait sur Twitter la nécessité de faire rentrer dans l’OTAN à leur demande des pays jusque-là restés neutres (Suède, Finlande), avant de retirer son message. Les Verts ont donc finalement joué la partition des bourgeoisies nationales avec lesquelles ils n’ont pas véritablement réglé leurs relations pendant que les socialistes ont confirmé leur vassalisation, expérimentée dans leur pratique du pouvoir.
En guise de conclusion
C’est donc l’escalade militaire générale qui s’est imposée dans une Union européenne qui sait qu’elle ne sacrifiera pas sa peau pour le peuple ukrainien. Après quelques tergiversations, elle a effectivement décidé de fournir des armes à l’Ukraine, débloquant 450 millions d’euros hors budget[74] pour ajouter la guerre à la guerre. Avec elle, la Pologne, la Suède, les Pays-Bas, l’Estonie, l’Allemagne, la République Tchèque, la Belgique, le Canada et les Etats-Unis multiplient les livraisons tandis que la Grèce, la France, le Portugal, l’Espagne ou la Roumanie, plus prudents se contentent de livrer du « matériel défensif »[75]. Difficile de prédire comment l’Ukraine, pays envahi, à la capitale assiégée, pourra en faire usage. La circulation massive d’armements n’augure cependant rien de positif pour la paix dans la région.
Le camp belliciste a agi en réalisant dans les faits la lecture russe qui reprochait aux européens de se déployer à ses frontières en remettant en cause la garantie de sa sécurité. Il se prive aujourd’hui en partie de la possibilité d’en attaquer le fondement nationaliste et intéressé, en renforçant un adversaire prêt à en découdre et capable d’arguer de la menace nucléaire. Cette stratégie n’a pour le moment comme résultat que l’écrasement du peuple ukrainien car les gouvernements européens ne mourront pas pour Kiev et n’intégreront pas dans l’UE, comme le demande le président ukrainien, un pays en guerre. La guerre déclenchée à l’initiative des Russes n’a cependant pas arrêté la compétition économique, certains groupes capitalistes ayant su protéger leurs intérêts grâce au concours des Etats tandis que d’autres se saisissent déjà des nouvelles opportunités ouvertes par le conflit.
Lundi 28 février, des négociations ont commencé entre le gouvernement ukrainien et son homologue russe, dans le cadre contraint imposé par Vladimir Poutine et en l’absence d’une médiation internationale qui offrirait des garanties d’impartialité aux deux acteurs. Dans l’état actuel, l’escalade des deux camps semble avoir enfermé l’affrontement dans un dilemme terrible, celui de l’écrasement par la force du peuple ukrainien ou de la punition du peuple russe pour l’action des ses dirigeants. L’agressivité du gouvernement russe, le retour de la menace nucléaire et la réaction belliqueuse des acteurs européens avant tout décidés à défendre leurs intérêts nationaux ne présagent que le pire pour l’avenir.
À l’échelle modeste que peut jouer l’opposition de gauche en France, il est temps de réaliser que les grands discours de principe, mis en scène avec entrain dans le cadre de la compétition électorale, n’apportent pas de solution. Entre opportunisme et indignation légitime face à la violence de l’impérialisme russe qui plonge deux peuples dans la guerre, ils ont rejoint les sirènes atlantistes qui ont participé de l’engrenage actuel. Ce faisant, le centre-gauche a servi l’adversaire politique en renforçant son appel à la guerre et en fracturant le camp social fragile duquel ils participent. Malgré les accusations qui ne manqueront pas de la frapper, la fraction de la gauche française qui persiste dans son combat contre toute escalade militaire et pour une solution diplomatique négociée a raison d’espérer entrevoir « la paix dans la gueule horrible de la guerre »[76].
[1] Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, 1916 https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/vlimperi/vlimp5.htm
[2] Le discours peut être visionné en intégralité ici : https://www.youtube.com/watch?v=ushWX7_tuDU
[3] Hubert Védrine, « Poutine commet une erreur historique », Le Figaro, 24 février 2022
[4] Philippe Descamps , « L’OTAN ne s’étendra pas d’un pouce vers l’est », Le Monde Diplomatique, septembre 2018 https://www.monde-diplomatique.fr/2018/09/DESCAMPS/59053
[5] En 1999, l’intégration commence avec la République tchèque, la Hongrie et la Pologne dans laquelle les Etats-Unis ont installé une base militaire. En 2004, c’est au tour de la Bulgarie (qui permettra l’installation de deux bases américaines), l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie. À partir de 2009, l’extension du pacte atlantique s’effectue dans les Balkans avec l’entrée de l’Albanie et la Croatie, puis du Monténégro en 2017 et enfin de la Macédoine du nord en 2020.
[6] Samary, Catherine. « L’Europe de l’est à l’épreuve de l’intégration européenne. Du miroir aux alouettes à l’exigence de réaliser les promesses ? », Savoir/Agir, vol. 18, no. 4, 2011, pp. 43-54. https://www.cairn.info/revue-savoir-agir-2011-4-page-43.htm
[7] Site de l’OTAN, rubrique La défense antimissile balistique https://www.nato.int/cps/fr/natohq/topics_49635.htm
[8] Missiles russes Iskander : inquiétude de Varsovie et des pays baltes, Le Monde, décembre 2013 https://www.lemonde.fr/europe/article/2013/12/16/missiles-russes-iskander-washington-dit-son-inquietude-a-moscou_4335465_3214.html
[9] Samary, Catherine, art. cit.,
[10] Vladimir Poutine occupait alors le poste de chef du gouvernement.
[11]Igor Delanoë, La Russie s’affirme en mer Noire, Le Monde Diplomatique, janvier 2019 https://www.monde-diplomatique.fr/2019/01/DELANOE/59442
[12] https://www.theguardian.com/world/2004/nov/26/ukraine.usa
[13] Sous son gouvernement les actes de torture dans les prisons dénnoncés avant son arrivée au pouvoir ont persisté. https://www.lefigaro.fr/international/2012/09/19/01003-20120919ARTFIG00337-preuve-filmee-de-tortures-dans-les-prisons-georgiennes.php
[14] Pierre Rimbert, Un autre Macron est possible, Le Monde Diplomatique, décembre 2018 https://www.monde-diplomatique.fr/2018/12/RIMBERT/59364
[15] Pompeo offers Belarus oil in rare visit, BBC, février 2020 https://www.bbc.com/news/world-europe-51342197
[16] Anne Feitz, Nord Stream 2 : les acteurs craignent les sanctions américaines,Les Echos,juillet 2017 https://www.lesechos.fr/2017/07/nord-stream-2-les-acteurs-craignent-les-sanctions-americaines-176129
[17] Eurostats, La production et les importations d’énergie https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=Energy_production_and_imports/fr&oldid=508681#L.E2.80.99UE_et_ses_.C3.89tats_membres_sont_tous_des_importateurs_nets_d.E2.80.99.C3.A9nergie
[18] Erwan Alix, Guerre en Ukraine. Quelle est la dépendance au gaz russe de la France et de l’Europe ?, Ouest France, février 2022 https://www.ouest-france.fr/europe/ukraine/guerre-en-ukraine-quelle-est-la-dependance-au-gaz-russe-de-la-france-et-de-l-europe-19259f16-956f-11ec-a598-cbc0ff532848
[19] Vicent Collen, Les Etats-Unis vont gagner leur indépendance énergétique, Les Echos, février 2019 https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/les-etats-unis-vont-gagner-leur-independance-energetique-961521
[20] L’intervention russe a aussi par exemple était une étape clef d’un rapprochement du pays avec l’Iran.
[21]Igor Delanoë, Le retour de la Russie en Méditerranée, Cahiers de la Méditerranées, 89 | 2014 https://journals.openedition.org/cdlm/7652
[22]Pierre Magnan, La Syrie: une bonne publicité pour la vente des armes russes, France Télévisions, juin 2016 https://www.francetvinfo.fr/monde/russie/la-syrie-une-bonne-publicite-pour-la-vente-des-armes-russes_3061155.html
[23]Ewen Bazin, L’émergence des sociétés militaires privées : la guerre à l’heure du néolibéralisme, Le Vent se lève, août 2020 https://lvsl.fr/lemergence-des-societes-militaires-privees-la-guerre-a-lheure-du-neoliberalisme/
[24] Frédéric Bobin, Cyril Bensimon, Jean-Philippe Rémy, Elise Vincent, Benoît Vitkine et Eliott Brachet, Du Soudan au Mali, comment la Russie place ses pions en Afrique, Le Monde, janvier 2022 https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/01/28/mali-libye-soudan-centrafrique-mozambique-recit-de-cinq-ans-d-avancee-russe-en-afrique_6111413_3212.html
[25] Lénine, Le socialisme et la guerre, 1915 https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1915/08/vil19150800b.htm
[26] https://www.lesechos.fr/monde/europe/ukraine-vladimir-poutine-brandit-la-menace-nucleaire-1389999
[27] Is Italy pushing to exclude luxury goods sales to Russia from EU sanctions?, The Local it, février 2022https://www.thelocal.it/20220225/italy-pushes-to-exclude-luxury-goods-sales-to-russia-from-eu-sanctions/
[28] Elon Musk déploie Starlink au-dessus de l’Ukraine en prévention de coupures, Le Huffington Post, février 2022 https://www.huffingtonpost.fr/entry/elon-musk-deploie-starlink-au-dessus-de-lukraine-en-prevention-de-coupures_fr_621b3c4ce4b0f800ce228ba8?utm_term=Autofeed&utm_medium=Social&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR3i4uEfkAy-gmSCyWSYP30yl6zgQRloDN3TUqlI8AKunb_0YW_YDN33pAU#Echobox=1645963992
[29] Germany’s E.ON rejects halting Nord Stream 1 pipeline, Reuters, février 2022 https://www.reuters.com/business/energy/germanys-eon-rejects-halting-nord-stream-1-pipeline-paper-2022-02-28/
[30] Sami Ramdani, Nord Stream 2, la méthode Biden plus productive que celle de Trump, Le Grand Continent, août 2021 https://legrandcontinent.eu/fr/2021/08/24/nord-stream-2-la-methode-biden-plus-productive-que-celle-de-trump/?fbclid=IwAR02YrqI6eVUB06OyTdi-B8_Pf_Rj1VfDgY-5E5cuBuUunQRHhfYrQmUcIc
[31] Rubén Esteller, El gran negocio de EEUU: vende el gas a Europa un 40% más caro que Rusia, elEconomista.es, février 2022 https://www.eleconomista.es/energia/noticias/11636201/02/22/El-gran-negocio-de-EEUU-vende-el-gas-a-Europa-un-40-mas-caro-que-Rusia.html
[32] Guerre en Ukraine: l’Allemagne débloque 1,5 milliard d’euros pour acheter du gaz liquéfié https://www.connaissancedesenergies.org/afp/guerre-en-ukraine-lallemagne-debloque-15-milliard-deuros-pour-acheter-du-gaz-liquefie-220302?fbclid=IwAR0cN-CTi619GP5E0QYenMb1xA7XwYTJM_oxOrgNLIBlYI51DsAmbFKlO-4
[33] Delphine Nerbollier, Avec la guerre en Ukraine, l’Allemagne brise ses tabous, La Croix,, février 2022 https://www.la-croix.com/Monde/guerre-Ukraine-lAllemagne-brise-tabous-2022-02-28-1201202492?fbclid=IwAR30HFxs3t1R_7ImdHoqcZD9JpLHiWqYm4ejN0wdoIF8KmbHKFp-7I5ZSEU
[34] Thomas Leroy, Le gaz russe devrait échapper aux sanctions europeennes sur swift, BFM TV, février 2022 https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/assurance-banque/le-gaz-russe-devrait-echapper-aux-sanctions-europeennes-sur-swift_AV-202203010502.html?fbclid=IwAR2UTs2vY88Nq53K-w1_RUHx2cOLNZrnOJlSkqM601S04wG28chzlBwEHYM#xtor=CS9-144-[twitter]-[BFMTV
[35] Apoli Bertrand Kameni, Quelles sont les richesses de l’Ukraine qui intéressent tant les Russes?, blog du Huffington Post, mars 2014 https://www.huffingtonpost.fr/apoli-bertrand-kameni/quelles-sont-les-richesses-de-lukraine-qui-interessent-tant-les-russes_b_4962491.html
[36]Antoine Schaub, Les réserves de gaz en Ukraine, un enjeu sous-terrain de l’invasion russe, RTS, février 2022 https://www.rts.ch/info/monde/12901428-les-reserves-de-gaz-en-ukraine-un-enjeu-sousterrain-de-linvasion-russe.html#:~:text=L’Ukraine%2C%20lieu%20de%20transit,large%20de%20la%20Crim%C3%A9e%20occup%C3%A9e.
[37] Le texte est à retrouver en intégralité à la suite de l’articled’Axel Gyldén, Russes et Ukrainiens sont un seul peuple” : ce que les écrits de Poutine disent de ses visées, L’Express, février 2022 https://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/russes-et-ukrainiens-sont-un-seul-peuple-ce-que-les-ecrits-de-poutine-disent-de-ses-visees_2167365.html
[38] Ilya Boudraitskis, À quoi pense Vladimir Poutine ?, Revue Contretemps, janvier 2022 https://www.contretemps.eu/poutine-ukraine-populations-russie-donbass/
[39] Déclaration du Mouvement socialiste russe, Ukraine, Pour la paix et la désescalade, Inprecor, janvier-février 2022http://www.inprecor.fr/article-Pour-la-paix-et-la-d%C3%A9sescalade?id=2523
[40] Alice Girard-Bossé, Les anti-guerre lèvent le ton en Russie, La Presse, février 2022 https://www.lapresse.ca/international/europe/2022-02-27/guerre-en-ukraine/les-anti-guerre-levent-le-ton-en-russie.php
[41] Tom Pepinsky, Russia is about to plunge into financial crisis. How will citizens react ?, The Washington Post, février 2022 https://www.washingtonpost.com/politics/2022/02/27/russia-is-about-plunge-into-financial-crisis-how-will-citizens-react/
[42]Sotsyalnyï Roukh, Ukraine L’heure est à la solidarité internationale contre la guerre, Inprecor, janvier-février 2022 http://www.inprecor.fr/article-L%E2%80%99heure-est-%C3%A0-la-solidarit%C3%A9-internationale-contre-la-guerre?id=2525
[43] Dans ce tweet on retrouve la compilation des propos abjectes tenus par différents journalistes et responsables politiques https://twitter.com/caissesdegreve/status/1497756905003012104?s=20&t=xb0SArRfU-n9Z0wjIbEIzg
[44] Hadrien Bect et Noémie Bonnin, Afghanistan : la polémique sur les “flux migratoires irréguliers” craints par Emmanuel Macron en quatre actes, franceinfo, https://www.francetvinfo.fr/politique/emmanuel-macron/afghanistan-la-polemique-sur-les-flux-migratoires-irreguliers-craints-par-emmanuel-macron-en-quatre-actes_4741151.html
[45] Cf la compilation en note 43
[46] Diane Sprimont,Ukraine : une famille de réfugiés refoulée par les autorités britanniques et bloquée à Calai, France Bleu Nord, février 2022 https://www.francebleu.fr/infos/societe/calais-la-mairie-prend-en-charge-une-famille-d-ukrainiens-refoulee-a-la-frontiere-britannique-1646231986
[47]Les ressortissants africains pris au piège en Ukraine, TV5 Monde, férvier 2022 https://information.tv5monde.com/video/les-ressortissants-africains-pris-au-piege-en-ukraine
[48] Aj+, :https://twitter.com/ajplusfrancais/status/1497993683588694017?s=20&t=AlHrg0jUZIb5kMchGueUSw
[49] https://twitter.com/ChTaubira/status/1498638899572264961?s=20&t=FVbhUNN73qpJ9mBGlw4Fcg
[50] https://twitter.com/Anne_Hidalgo/status/1498778926562299914?s=20&t=cwiGaQhuU7KjPHhVy7Ezfw
[51] Denis Cosnard et Julia Pascual, Migrants à Paris : Anne Hidalgo met la « pression » sur l’Etat, Le Monde, avril 2019 https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/04/02/migrants-a-paris-anne-hidalgo-met-la-pression-sur-l-etat_5444630_3224.html
[52] Tribune Elsa Faucillon, Guerre en Ukraine. «Le tri ethnique des réfugiés est choquant»,https://www.humanite.fr/en-debat/elsa-faucillon/guerre-en-ukraine-le-tri-ethnique-des-refugies-est-choquant-740504
[53] La Russie exclue de l’Eurovision 2022 à cause de la guerre en Ukraine, Le Huffington Post, février 2022 https://www.huffingtonpost.fr/entry/la-russie-exclue-de-leurovision-2022-a-cause-de-la-guerre-en-ukraine_fr_621904b4e4b06e1cc58eb8a8
[54] Le judoka algérien Fethi Nourine suspendu dix ans pour avoir refusé d’affronter un Israélien aux JO de Tokyo, L’Equipe, septembre 2021 https://www.lequipe.fr/Judo/Actualites/Le-judoka-algerien-fethi-nourine-suspendu-dix-ans-pour-avoir-refuse-d-affronter-un-israelien-aux-jo-de-tokyo/1285343
[55] La Suède refuse à son tour de jouer contre la Russie en barrages pour la Coupe du monde 2022, L’Equipe, février 2022 https://www.lequipe.fr/Football/Actualites/La-suede-refuse-a-son-tour-de-jouer-contre-la-russie-en-barrages-pour-la-coupe-du-monde-2022/1319411
[56] Romain Métairie, Coupe du monde 2022 : la Fifa exclut la Russie, Libération, février 2022 https://www.liberation.fr/sports/football/coupe-du-monde-de-foot-la-fifa-pressee-dexclure-la-russie-20220228_MECDC673SZGHDG43HCUEEBAOCI/
[57] David Garcia, Esclaves du XXIe siècle au Qatar, Le Monde Diplomatique, juin 2016 https://www.monde-diplomatique.fr/2016/06/GARCIA/55761
[58]Rapport de la Confédération Syndicale Internationale, Qatar: profits et pertes. Ce que coûte l’esclavage moderne au Qatar: quel prix à payer pour la liberté ? disponible ici : https://www.ituc-csi.org/IMG/pdf/qatar_fr_web-2.pdf
[59] Communiqué du PCF https://www.pcf.fr/ukraine_non_a_la_guerre_la_france_doit_porter_urgemment_une_offre_de_paix_pcf
[60] Communiqué du NPA https://nouveaupartianticapitaliste.org/communique/bas-les-guerres-imperialistes-solidarite-avec-les-populations-ukrainiennes-contre
[61] Communiqué de Lutte Ouvrière https://www.lutte-ouvriere.org/breves/ukraine-pas-dunion-sacree-derriere-macron-ou-lotan-217426.html
[62] Romain Brunet Présidentielle : comment Hidalgo et Jadot utilisent la crise ukrainienne pour attaquer Mélenchon, France 24, février 2022 https://www.france24.com/fr/france/20220223-pr%C3%A9sidentielle-comment-hidalgo-et-jadot-utilisent-la-crise-ukrainienne-pour-attaquer-m%C3%A9lenchon
[63] Jean-Pierre Filiu, Comment M. Mélenchon nie le peuple de Syrie et ses droits, blog sur Lemonde.fr, janvier 2017 https://www.lemonde.fr/blog/filiu/2017/01/06/comment-m-melenchon-nie-le-peuple-de-syrie-et-ses-droits/
[64] Voir par exemple la compilation suivante : https://www.youtube.com/watch?v=c27GdX_WAzc&ab_channel=LaLucioleM%C3%A9lenchant%C3%A9e
[65] Russie: Mélenchon défend sa “conférence sur les frontières”, La Croix, mars 2017 https://www.la-croix.com/France/Politique/Russie-Melenchon-defend-conference-frontieres-2017-03-31-1300836489
[66] Blog de Jean-Luc Mélenchon : https://melenchon.fr/2022/03/01/guerre-en-ukraine-intervention-de-jean-luc-melenchon-a-lassemblee-nationale-2/
[67] Déclaration de Fabien Roussel sur la guerre en Ukraine : https://www.youtube.com/watch?v=g7eYls5-OIo&ab_channel=PCF-Particommunistefran%C3%A7ais
[68] Site de Die Linke au Parlement https://www.linksfraktion.de/themen/nachrichten/detail/dieser-krieg-ist-eine-zaesur-auch-fuer-uns-als-linke/?fbclid=IwAR3kE6Q8cFXz7aoZDDGyd-Qf4EbMCH7YH623yBtafCIkzgsPOIF8nSOyyGU
[69] Yannick Jadot et Anne Hidalgo se sont par exemple tous deux opposés au terme d’apartheid pour qualifier l’Etat israélien, le premier voulant « être otpimiste et croire que le gouvernement Bennet prendra des initatives où chacune et chacun vivra bien en Palestine et en Israël » (https://www.youtube.com/watch?v=VgIVs4h9dEg&ab_channel=RadioJ).
[70] Projet du Parti Socialiste, Il est temps de vivre mieux, page 64-65, https://www.parti-socialiste.fr/le_projet_il_est_temps_de_mieux_vivre
[71] Site d’EELV, section 6. Pour une politique de résolution des conflits par la diplomatiehttps://www.eelv.fr/bienvivre/vers-un-monde-de-paix-et-de-justice-sociale-et-environnementale/pour-une-politique-de-resolution-des-conflits-par-la-diplomatie/
[72] https://twitter.com/yjadot/status/1498204009177489409?s=20&t=cwiGaQhuU7KjPHhVy7Ezfw
[73] Lila Lefebvre, Guerre en Ukraine : Anne Hidalgo en faveur de “fournir des armes” à l’armée ukrainienne, France Bleue, février 2022 https://www.francebleu.fr/infos/international/guerre-en-ukraine-anne-hidalgo-en-faveur-de-fournir-des-armes-a-l-armee-ukrainienne-1645774862
[74] Fermeture de l’espace aérien, financement d’armements pour l’Ukraine, RT et Sputnik bannies : l’UE prend de nouvelles mesures de rétorsion contre la Russie, Le Monde, février 2022, https://www.lemonde.fr/international/article/2022/02/27/l-ue-annonce-fermer-son-espace-aerien-financer-la-livraison-d-armements-a-l-ukraine-et-bannir-rt-et-sputnik_6115471_3210.html
[75] Etienne Meyer-Vacherand, Qui livre des armes à l’Ukraine ?, Le temps, février 2022 https://www.letemps.ch/monde/livre-armes-lukraine
[76] Victor Hugo, poème Le lion de Waterloo, L’Année terrible, 1871