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    Marine Le Pen, une candidate "sociale"… Vraiment ?

    Lien publiée le 14 avril 2022

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    Présidentielle 2022 : Marine Le Pen, une candidate "sociale"… Vraiment ? (marianne.net)

    Dans la perspective du second tour face à Emmanuel Macron, Marine Le Pen insiste pour se présenter comme la candidate du « social ». Un positionnement que l'analyse de son programme, moins ambitieux qu'en 2017 en la matière, pousse à relativiser.

    Présidentielle 2022 : Marine Le Pen, une candidate "sociale"… Vraiment ?

    Du résultat du second tour de l'élection présidentielle dépendra « la politique sociale des 50 prochaines années », prophétise Marine Le Pen. « De votre vote dépend la place que nous voulons donner aux personnes face au pouvoir de l'argent. Je pense notamment à l'importance que nous accordons aux plus vulnérables, à la possibilité de jouir de droits garantis ou encore d'accéder à la retraite en bonne santé », insistait-elle lors de son discours, au soir du premier tour, qui l'a placée en seconde position.

    Son plan est limpide : apparaître comme la candidate la mieux disante sur les questions sociales, face à Emmanuel Macron. Ce serait « soit la division, l'injustice et le désordre, au profit de quelques-uns », avec Emmanuel Macron, « soit le rassemblement des Français autour de la justice sociale autour de la protection, garantie par un cadre fraternel autour de l'idée millénaire de nation et de peuple », avec elle. Mais en décortiquant son programme, son ambition sociale peut être relativisée.

    D'abord, parce que son programme est orienté autour de la notion de « priorité nationale », qui créerait mécaniquement de la pauvreté, en excluant des personnes étrangères du bénéfice du logement social et des allocations. Ensuite, parce que son projet semble moins ambitieux qu'en 2017. En cas d'élection, elle ne reviendrait pas sur les réformes libérales mises en œuvre par Emmanuel Macron, comme l'assurance chômage et les ordonnances travail. Elle partage la même méthode inefficace pour augmenter les salaires, à base d'exonérations fiscales pour les entreprises.

    SES RENONCEMENTS PAR RAPPORT À 2017

    Elle ne détricoterait pas les réformes libérales de Macron

    Ceux qui espèrent un changement radical en cas d'élection de Marine Le Pen risquent d'être déçus. La candidate du Rassemblement national ne reviendrait pas sur les réformes libérales adoptées par Emmanuel Macron et les précédents gouvernements. Un revirement de taille par rapport à son projet de 2017. Elle promettait alors de supprimer la loi El Khomri, votée sous François Hollande, qui a assoupli le Code du travail.

    Son programme ne prévoit pas d'abrogation des ordonnances travail, adoptée sous le mandat d'Emmanuel Macron, qui ont notamment plafonné le montant des indemnisations en cas de licenciements. Interrogée sur cette question par un auditeur de France Inter ce mardi 12 avril, elle a noyé le poisson, dit tout le mal qu'elle pensait de cette réforme, mais n'a pas du tout annoncé qu'elle reviendrait sur son contenu. Même chose pour la réforme de l'assurance chômage, qui a durci les conditions d'indemnisation. Le signe d'un virage pro-entreprises de Marine Le Pen.

    Recul sur la retraite à 60 ans

    Pour apparaître plus « crédible » auprès des milieux économiques, Marine Le Pen a renoncé à la retraite à 60 ans qu'elle défendait dans son programme de 2017. Pour autant, la candidate RN marque une nette différence avec Emmanuel Macron, et son projet de réforme qui allongerait l'âge légal à 64 ou 65 ans. La candidate du RN maintiendrait certes l'âge légal à 62 ans, mais elle abaisserait d'un an la durée de cotisation requise (42 ans maximum par rapport à 43 ans dans le système actuel pour la génération née après 1973).

    Dans le détail, elle ferait varier cette durée selon l'âge de début de carrière : les personnes qui ont commencé à travailler avant 20 ans pourraient partir après 40 années de labeur. Cette mesure devrait remplacer les règles actuelles de pénibilité. La candidate se borne donc à considérer que plus on commence à travailler tôt, plus le travail est pénible. Elle renonce, de fait, à évaluer concrètement la dureté de chaque métier. Avec Le Pen, un employé d'abattoir travaillant de nuit et ayant commencé sa carrière à 22 ans, ne pourrait ainsi partir à taux plein qu'à 63 ans, comme un cadre ayant débuté au même âge.

    L'objectif affiché est de faire entrer les jeunes le plus tôt possible dans le marché du travail, au motif que « le diplôme aujourd’hui ne protège plus de rien ». Tant pis si le taux de chômage des 15-29 ans est trois fois plus important chez les non-diplômés que chez les titulaires d'un bac + 2, selon les chiffres de l'Observatoire des inégalités. Cette question n'a pourtant rien d'anodine. La réforme de Marine Le Pen ne change rien pour les carrières hachées, marquées par des périodes de chômage ou d'invalidité par exemple. La retraite à taux plein, donc sans décote, ne serait accessible qu'à 67 ans, comme aujourd'hui. Un point commun avec Emmanuel Macron.

    Autre point commun avec le président sortant : elle promet de réindexer les retraites sur l'inflation. Un principe qui est déjà prévu par la loi, mais que les précédents gouvernements – dont celui d'Emmanuel Macron – ont contourné pour faire des économies. Pour le reste, Marine Le Pen promet de revaloriser les petites retraites et d'augmenter le minimum vieillesse à 1 000 euros.

    Les fonctionnaires oubliés

    Nouveau renoncement par rapport à 2017 : Marine Le Pen ne propose plus de « dégeler et revaloriser le point d’indice pour les fonctionnaires », qui représentent un salarié sur cinq, selon l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques). La candidate entérine donc ce gel, acté sous Nicolas Sarkozy, qui a mécaniquement fait baisser la rémunération réelle des agents publics qui n'ont pas de primes ou de promotions. Une mesure sur laquelle Emmanuel Macron promet de revenir, qui a notamment pénalisé les enseignants et les soignants.

    À la place, le programme de Marine Le Pen prévoit des revalorisations uniquement pour ces deux catégories d'agents publics. Elle promet deux milliards d'euros sur cinq ans pour les salaires du personnel soignant. Au cours de son quinquennat, Marine Le Pen projette aussi de revaloriser de 3 % par an le salaire des enseignants. Soit toujours moins que l'inflation, estimée à 4,5 % au mois de mars par l'Insee.

    DES MESURES INSUFFISANTES ET DES OUBLIS

    Des moyens inefficaces pour augmenter les salaires

    Comme Emmanuel Macron, Marine Le Pen n'augmenterait pas le Smic et fait confiance aux entreprises pour faire grimper les salaires en cette période d'inflation. Elle leur propose « une mesure gagnant-gagnant ». Celles-ci seraient exonérées de la hausse de cotisations patronales, si elles augmentent les salaires de leurs employés de 10 %. Une mesure qui s'inscrit dans la continuité des politiques « d’allègement de charges », qui ont pris de l'ampleur depuis les années 1990.

    L'efficacité de cette mesure semble très limitée. Selon les analyses de l'institut Montaigne – pourtant libéral – cette mesure « n'induirait pas de hausses salariales qui n'auraient pas lieu de toute façon ». Même constat pour l'association des Économistes atterrés, marquée à gauche. Selon eux, l'effet serait « incertain et au bon vouloir des entreprises ». En clair, cette exonération n'aurait pas d'effet significatif à court terme. Seules les entreprises ayant déjà prévu d'augmenter leurs salariés seraient attirées par ce geste fiscal. Un effet d'aubaine, donc.

    Surtout, la mesure ne profiterait probablement pas aux travailleurs les plus modestes. « Les employeurs bénéficient déjà d’une exonération générale des cotisations patronales jusqu’à 1,6 Smic (2 001 euros net pour un salarié non-cadre : N.D.L.R), qui est progressive », expliquent les Économistes atterrés, dans leur étude du programme de la candidate du RN« La mesure proposée par le RN devrait concerner surtout des salaires nettement supérieurs au Smic. Si Marine Le Pen avait souhaité revaloriser les bas salaires, elle aurait décidé d’augmenter le Smic », poursuivent-ils.

    Enfin, pour aider les jeunes, Marine Le Pen projette de les exonérer du paiement de l'impôt sur le revenu. Un coup de pouce inégalitaire, qui ne concernerait qu'une petite minorité de jeunes contribuables, dont le Rassemblement national est d'ailleurs bien en peine d'estimer le nombre. Au fond, la méthode proposée par Marine Le Pen pour augmenter les salaires repose sur les exonérations fiscales, comme Emmanuel Macron. Une méthode aux résultats contestés, qui grèvent les recettes de l'État, lesquelles financent les services publics et les prestations sociales.

    Panne d'idées sur le logement

    Là encore, le nouveau programme de Marine Le Pen tranche avec celui de 2017. Elle ne propose plus d'augmentation des APL (Aides personnalisées au logement). Son précédent projet prévoyait une hausse de 25 % de son montant pour les moins de 27 ans. Il semble donc qu'elle ne reviendrait pas sur les coupes opérées par Emmanuel Macron, à commencer par la baisse de 5 euros pour tous les allocataires, décidée au début du dernier mandat.

    Pour lutter contre le mal-logement, ses propositions sont orientées autour de la « priorité nationale » dans l'accès au logement social. Un principe, qui consisterait à « remettre rapidement sur le marché 620 000 logements occupés par des étrangers », selon la candidate. Si l'on suit cette logique, cela pourrait conduire à mettre à la rue des étrangers en situation régulière qui occupent ces logements. Un projet qui consiste donc à créer de la pauvreté et du mal-logement.

    Pour le reste, la logique de son projet est de favoriser l'accession à la propriété. Elle propose donc un prêt public de 100 000 euros à 0 % pour les jeunes couples. Une mesure nataliste, inspirée par les politiques mises en œuvre par Viktor Orbán en Hongrie. À la naissance d'un troisième enfant, le capital restant à rembourser serait annulé. Une proposition qui risque de se révéler contre-productive, puisque ce type d'incitation fiscale conduit à faire monter les prix de l'immobilier, pénalisant finalement les jeunes acheteurs, et notamment les plus modestes. Cela s’est vu dans le passé, par exemple sous Nicolas Sarkozy en 2009 (Scellier, déductibilité fiscale des intérêts d’emprunt) – ou sous François Hollande en 2016 (prêt à taux zéro renforcé dans le neuf et dans l’ancien).

    Rien sur le RSA et la grande pauvreté

    Si elle était élue, Marine Le Pen ne prévoit pas d'augmentation du montant du RSA (Revenu de solidarité active). Elle se contente d'annoncer qu'elle réserverait le bénéfice de cette allocation aux seuls Français et qu'elle lutterait contre la fraude.

    CERTAINES PROPOSITIONS PLUS SOCIALES QUE MACRON

    Des réductions fiscales pour accroître le pouvoir d'achat

    Pour se distinguer d'Emmanuel Macron, Marine Le Pen a particulièrement insisté sur la question du pouvoir d'achat, préoccupation principale des Français en cette période d'inflation. Ses propositions consistent en une baisse de la fiscalité, et notamment de la TVA. La candidate RN promet ainsi une TVA à taux 0 sur un panier de produits de première nécessité. Dans la même veine, elle propose d'abaisser la TVA sur les produits énergétiques, et notamment le carburant, de 20 % à 5,5 %. Selon elle, cette dernière mesure représenterait une économie de « 340 à 350 euros » par an.

    En l'état, ce projet cadre mal avec le droit européen, qui empêche un État membre d'abaisser sa TVA sur les carburants à un taux aussi bas. Marine Le Pen assure toutefois qu'elle abaisserait la fiscalité sur ces produits immédiatement, sans attendre l'aval des autorités européennes, avec qui elle engagerait un dialogue par la suite. Dans la même veine, la candidate RN assure qu'elle ferait sortir la France du marché européen de l'électricité, pour pouvoir réguler les prix au niveau national, ce qui là encore suppose une négociation européenne.

    Une attention à la question du handicap

    Autre enjeu qui distingue Macron de Le Pen : la question du handicap. La candidate du RN assure qu'elle accéderait aux revendications des associations – contrairement à Emmanuel Macron – en promouvant la déconjugalisation de l'allocation adulte handicapé (AAH). Elle projette également une revalorisation pour faire passer son montant à 1 000 euros, contre 903 euros aujourd'hui.

    Elle promet aussi d'augmenter la durée des aides destinées aux proches aidants et de revaloriser leur montant. Pour le reste, son projet est composé de principes dont l'application reste floue. Elle promet notamment qu'elle appliquerait la loi qui doit garantir à tous l'accès aux lieux et transports publics, mais sans donner de mode d'emploi.

    Mieux disante que Macron pour les mères isolées

    Marine Le Pen insiste sur la question des mères isolées, qui représentent 82 % des 2 millions de familles monoparentales françaises. La candidate du RN propose de doubler le montant de l'allocation de soutien familial (ASF), qui passerait de 118 euros par mois et par enfant, à 230 euros. C'est plus qu'Emmanuel Macron, qui projette d'augmenter cette allocation de 50 % mais qui propose aussi de créer un « droit à la garde d'enfant opposable », qui indemniserait les familles si elles ne trouvent pas de solution pour faire garder leurs enfants. Les associations appellent toutefois à une prise en compte globale des freins que rencontrent les familles monoparentales.

    « L'augmentation de l'allocation dédiée aux familles monoparentales correspond aux préconisations de notre association », expliquait dans Marianne Cathy Ngangue, secrétaire générale de la Fédération syndicale des familles monoparentales (FSFM). « Mais cela n'endigue malheureusement pas la charge mentale des mères solo, qui doivent jongler entre le temps professionnel, personnel, domestique et parental », poursuit-elle, alertant notamment sur les difficultés d'accès au logement et notamment à la propriété.