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Chez LFI, la difficile équation de la succession de Mélenchon
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Chez LFI, la difficile équation de la succession de Mélenchon (france24.com)
Paris (AFP) – La confirmation que Jean-Luc Mélenchon ne se représenterait pas à la présidentielle en 2027 pose la question délicate et pour certains "prématurée" de sa succession, au sein d'une France insoumise confortée à gauche par son gros score du premier tour.
L'aura de Jean-Luc Mélenchon, déjà écrasante dans un mouvement qu'il a créé et fait grandir, a encore progressé en obtenant 21,95% des voix dimanche, frôlant la qualification au second tour.
Et alors que se représenter aux élections législatives de juin ne tenait pas la corde il y a quelques mois - le chef Insoumis ayant déjà exercé son "rêve" de diriger un groupe à l'Assemblée nationale - l'hypothèse a pris de la consistance ces dernières semaines avec la domination de LFI dans les sondages, puis dans les urnes.
D'ores et déjà, M. Mélenchon reçoit les sollicitations de nombreux cadres et militants pour se présenter - cette fois-ci pas dans les Bouches-du-Rhône -, affirme à l'AFP l'un de ses proches amis. Qui explique que le scénario d'un président élu de peu le 24 avril, qu'il soit Emmanuel Macron ou Marine Le Pen, renforcerait la probabilité de voir le tribun rempiler au Palais Bourbon.
Si l'on ajoute que les Insoumis se donnent l'objectif d'imposer une "cohabitation" en remportant les élections législatives, l'idée d'une passation de pouvoir rapide entre M. Mélenchon et une autre figure s'éloigne.
"C'est une discussion prématurée", déclare ainsi son directeur de campagne Manuel Bompard. Pour autant, l'eurodéputé estime que le prochain candidat à la présidentielle du mouvement devra être trouvé "d'ici deux ans": "Vous avez vu ce que c'est quand ça se passe à l'arrache?", sourit-il en regardant vers le PS et Anne Hidalgo.
"Pas d'héritier administratif"
Si personne n'ose se déclarer frontalement, les potentiels chefs de file ne manquent pas. Les députés Adrien Quatennens, François Ruffin, Mathilde Panot, Clémentine Autain, Alexis Corbière, Eric Coquerel, la nouvelle recrue Aurélie Trouvé, Manuel Bompard...
Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon entouré de son directeur de campagne Manuel Bompard (g) et de la députée LFI Mathilde Panot (d), au soir du premier tour de l'élection présidentielle, le 10 avril 2022 à Paris Emmanuel DUNAND AFP/Archives
Les deux premiers ont posé un jalon cette semaine. Adrien Quatennens, omniprésent sur les plateaux TV, a évoqué dès lundi la succession de Jean-Luc Mélenchon: "On y arrivera tôt ou tard. Et le plus tôt sera le mieux".
Quant à François Ruffin, qui avait déjà expliqué au cours du quinquennat qui s'achève sa tentation de tenir le premier rôle, il a fait valoir sa différence jeudi dans une interview à Libération. Saluant la campagne "joyeuse" de Jean-Luc Mélenchon, l'électron-libre n'en a pas moins indirectement critiqué une stratégie négligeant la "France périphérique", rurale et périurbaine, dans laquelle Marine Le Pen a cartonné.
"Elle n'apparaît pas comme une priorité (de LFI). Et quand on regarde les statistiques issues des urnes, c'est là-dedans qu'on plonge". François Ruffin dit ne pas vouloir rester "perdant magnifique" et vise la victoire de la gauche en 2027.
"Je le pensais déjà en 2017, je le disais: si on veut gagner, on doit aller chercher cette France-là", affirme le député de la Somme, qui appelle à un "travail de longue haleine" dans les prochaines années.
Manuel Bompard est d'accord avec le constat, mais reste prudent sur un changement de stratégie. "On a bel et bien fait campagne dans ces secteurs. Si je ne le pensais pas, ce ne serait pas sympa pour François" Ruffin, qui y a tenu plusieurs réunions publiques pour le compte de M. Mélenchon ces derniers mois.
"Mais la question est d'additionner, pas de remplacer" un électorat, par exemple ceux "bobo" ou des quartiers populaires, par un autre, souligne-t-il. Il met en garde contre "un changement brusque d'orientation" et invite plutôt à une "synthèse".
L'eurodéputé prévient que les législatives, puis le travail parlementaire, seront décisifs pour les prétendants: "Qui est élu, qui ne l'est pas. Chacun des parlementaires devra faire son trou et on verra qui est le mieux placé".
Jean-Luc Mélenchon n'adoubera personne, croit-il savoir: "Ca n'existe pas, qu'on choisisse un héritier de manière administrative. Le leadership s'acquiert par la lutte politique". La "lutte" sera aussi interne, concède le stratège: "Je ne suis pas naïf, je connais la politique. Néanmoins il faudra que l'intérêt collectif soit privilégié, qu'on se mette autour d'une table".