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Retour à Reims (Fragments), de Jean-Gabriel Périot

cinema

Lien publiée le 28 avril 2022

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Retour à Reims (Fragments), de Jean-Gabriel Périot | L’Anticapitaliste (lanticapitaliste.org)

Documentaire français, 1h 23m, sorti le 30 mars 2022.

Jean-Gabriel Périot a réalisé une adaptation très libre de l’ouvrage du sociologue Didier Eribon où celui-ci évoquait son retour dans sa ville natale après la mort de son père. Le réalisateur a choisi de centrer son film sur un des aspects du livre d’Eribon : ses origines, ses racines ouvrières.

Domination et conscience de classe

À partir d’images d’archives et d’extraits de témoignages télévisées des années 1940 à 1980 et d’un texte magistralement lu par Adèle Haenel, le réalisateur propose un film en deux parties. La première retrace les conditions de vie (y compris les aspects intimes) et de travail de trois générations de la classe ouvrière d’une ville de province, où les femmes sont souvent employées de maison et les hommes se retrouvent au mieux ouvriers d’usine. Outre la dureté du travail, il décrit tout particulièrement la vie quotidienne dans des logements trop petits (parfois une pièce pour toute la famille) et sans confort et surtout la situation des femmes qui assument à la fois travail salarié et tâches domestiques et sont souvent contraintes à des avortements dans des conditions effroyables.

La deuxième partie passe de la description de la domination de classe à une réflexion sur la classe ouvrière comme entité collective. Il montre d’abord une classe qui s’identifie largement au parti communiste, du moins qui vote pour ses candidats et participe à ses fêtes. Mais qui dans le même temps est, pour une part, rongée par le racisme, racisme qui s’estompe cependant lors des grèves des années 1968 mais est ensuite ravivé par la crise économique et les ambiguïtés grandissantes du PCF sur l’immigration. Les années qui suivent 1981 sont, pour les ouvrierEs, celles des désillusions et de ce qui est ressenti comme un mépris, une négation de ce qu’ils sont de la part surtout des dirigeants socialistes. Périot leur attribue le glissement d’une partie du vote ouvrier, y compris de membres de la famille de la narratrice, vers un Front national en plein développement.

La fin du film est scandée par les images des manifestations des dernières années (sans-papiers, gilets jaunes, soignantEs, mobilisations climat…) avec une interrogation teintée d’optimisme sur un retour vers l’extrême gauche des nouvelles générations ouvrières.

Périot est un réalisateur de talent qui a déjà montré son talent à reconstituer une époque à partir du montage d’images de sources variées (notamment dans Une jeunesse allemande qui évoque l’itinéraire de la Fraction Armée rouge). Son film est intéressant et suscitera sans doute des débats et réflexions et, pour sa deuxième partie, aussi des critiques. Il peut ainsi donner parfois un peu trop l’impression que le FN a, pour un temps, remplacé le PCF comme outil d’affirmation d’une fraction de la classe ouvrière.