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Guerre, de Louis-Ferdinand Céline
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Guerre, de Louis-Ferdinand Céline | L’Anticapitaliste (lanticapitaliste.org)
Éditions Gallimard, collection blanche, 175 pages, 19 euros.
Mai 2022. Céline est de retour avec un roman inédit, sans doute écrit en 1934, qui se situe à mille lieux du Céline pamphlétaire antisémite le plus crasse. Guerre, qui éclaire le Voyage au bout de la nuit à propos de la grave blessure de l’auteur sur le front des Flandres en octobre 1914 et les semaines et mois qui s’ensuivirent, peut se lire sans connaitre l’œuvre de Céline et donner envie d’en savoir plus.
Un tout petit peu d’histoire
Léon Trotski, le 10 mai 1933, écrivait à propos de Voyage au bout de la nuit : « Même s’il estime, lui, Céline, qu’il ne sortira rien de bon de l’homme, l’intensité de son pessimisme comporte en soi son antidote. […] Le génie français a trouvé dans le roman une expression inégalée […] depuis le rire énorme de la joie de vivre jusqu’au désespoir et à la désolation, depuis l’aube éclatante jusqu’au bout de la nuit. Céline n’écrira plus d’autre livre où éclatent une telle aversion du mensonge et une telle méfiance de la vérité. Cette dissonance doit se résoudre. Ou l’artiste s’accommodera des ténèbres, ou il verra l’aurore ». Céline ne verra jamais l’aurore mais s’enfoncera dans les ténèbres de l’antisémitisme et de la collaboration sans toutefois jamais perdre sa plume unique.
À sa parution en 1933, Voyage au bout de la nuit fit l’effet d’une bombe à fragmentation multiple (les thèmes, le style, le langage, etc.) dans le paysage littéraire mondial. Boycotté par les bien-pensants, le « Voyage » a connu un extraordinaire succès populaire à gauche. Mort à Crédit qui suivit renouvela encore le style de Céline. De ce point de vue, Guerre se révèle une œuvre de transition, le premier jet de ce qu’on appellera bientôt le style télégraphique ou automatique. La Seconde Guerre mondiale empêchera l’œuvre de sortir1.
Passèrent de longues années avant que l’avant-garde littéraire des USA, représentée par la « beat generation » ne ressuscite et remettre à la mode l’œuvre du proscrit de Meudon. Dès lors, dans toute bibliothèque de militant contestant l’ordre établi devait figurer le « Voyage » de Céline au côté de Littérature et Révolution de Léon Trotski. L’existence des pamphlets antisémites ne pouvant être occultés, l’œuvre de Céline fut bientôt reconsidérée par les lecteurEs qui se divisèrent et la notoriété de Céline (décédé depuis longtemps) en pâtit largement. Alors que penser de Guerre ?
Un nouveau coup de poing dans la gueule de la bien-pensance
Le roman suit la survie miraculeuse de l’auteur en octobre 1914. Laissé pour mort sur le champ de bataille, il parvient à rejoindre des troupes anglaises et est expédié à l’hôpital de « Peurdu-sur-la-Lys »2 où, pendant plusieurs semaines, le sordide, le tragique et le comique vont s’entremêler dans un récit alerte aux trouvailles magiques avec « les canons qui bouffent les vitres » ou « la rivière qui coule de la lune » alors que c’est une rage sauvage pleine de violence qui s’exprime tout au long des 175 pages. Rage symbolisée par le boucan qui n’en finit pas de résonner dans l’oreille blessée de l’auteur, par les généraux d’opérette qui viennent interroger les malades à la recherche de déserteurs à fusiller pour l’exemple et ils en trouvent, coupables ou pas. Céline retranscrit sa haine en utilisant un vocabulaire à la construction apocalyptique. À la suite de la visite de ses parents à l’hôpital, il écrit même : « Jamais j’ai vu ou entendu quelque chose d’aussi dégueulasse que mon père et ma mère ».
Dans un contexte où la mort rôde, le sexe se déchaine sur fond de voyeurisme, de prostitution à tous les étages, d’infirmières excitées par la proximité de la mort. Dans le bar du village, c’est la grande débauche sexuelle mais c’est bien une prostituée qui va sortir Céline de l’enfer en lui procurant un billet pour Londres.
Tout le roman est ponctué de mots orduriers3, d’argot de caniveau ou militaire. Un vrai charnier de la langue de Molière illuminé par des éclairs de tendresse envers cette même humanité. Du pur et du grand Céline et le meilleur roman de l’année en cours.
- 1.Nous ne raconterons pas ici la rocambolesque histoire de la réapparition des près de 5 324 feuillets disparus de la maison de Céline à Paris lors de sa fuite en 1944 pour éviter le peloton d’exécution que lui réservait à juste titre les FTP/FFI pour sa collaboration immonde avec les nazis. En tout cas, après Guerre, c’est un autre grand roman de Céline qui nous est promis, Londres, pour début 2023, avant l’intégrale reconstituée du chef d’œuvre Casse-Pipe.
- 2.Nom d’emprunt : il s’agit en fait d’Hazebroucke.
- 3.On trouvera en fin d’ouvrage un précieux lexique de la langue populaire, argotique et militaire.