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Syndicalisme aux États-Unis : deux visions de la voie à suivre

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Lien publiée le 24 juin 2022

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Syndicalisme aux États-Unis : deux visions de la voie à suivre | L’Anticapitaliste (lanticapitaliste.org)

Deux réunions syndicales très différentes ont eu lieu ce mois-ci aux États-Unis. La bureaucratie syndicale en a organisé une. Les travailleurs de base étaient au centre de l’autre.

L’AFL-CIO a tenu son congrès à Philadelphie le 12 juin, élisant pour la première fois une femme comme présidente, Liz Shuler, et pour la première fois un noir, Fred Redmon, comme secrétaire-trésorier. Alors que certaines autres organisations ont commencé à élire des femmes et des noirs à des postes de direction dès les années 1970, l’AFL-CIO ne l’a fait que maintenant, avec, comme d’habitude, des décennies de retard sur les évolutions progressistes.

Quel avenir pour l’AFL-CIO ?

Les syndicats sont en difficulté. Seuls 10 % des travailleurEs sont syndiqués et seulement 6 % dans le secteur privé. Shuler a promis de faire quelque chose à ce sujet : « Tout comme l’AFL a investi pour créer le CIO [Congress of Industrial Organizations] pour organiser les travailleurEs de l’industrie dans les années 1930, nous lançons aujourd’hui le Center for Transformational Organizing – le CTO. C’est le véhicule qui accélérera et convertira l’énergie de ce moment pour faire entrer notre mouvement dans le siècle prochain. Le CTO rassemblera les organisateurs, les technologues et les chercheurs les plus brillants. » Le tout dans le but d’organiser les travailleurEs de la haute technologie. « Dans les 10 prochaines années, nous organiserons et ferons croître notre mouvement de plus d’un million de travailleurs », a-t-elle déclaré. « C’est vraiment un objectif important ! » Mais, comme l’ont dit plusieurs hauts responsables syndicaux, il s’agit en réalité d’un nombre dérisoire qui ne créerait pas une dynamique suffisante et ne modifierait pas l’équilibre des forces. En outre, ce n’est pas l’AFL qui a créé le CIO : le président de l’United Mine Workers (syndicat des mineurs), le conservateur John L. Lewis, voyant que les militantEs de gauche commençaient à organiser les travailleurs de l’industrie lourde, a pris la tête de plusieurs syndicats qui ont quitté l’AFL en 1935 pour créer le CIO. Son objectif était double : syndiquer les travailleurEs de l’industrie et tenir la gauche en échec. En 1949, le CIO expulsa les communistes du syndicat et en 1955, l’AFL et le CIO fusionnèrent.

L’AFL-CIO, avec 12,5 millions de membres, est la plus grande organisation syndicale des États-Unis, mais elle n’a invité aucun représentant des deux campagnes de syndicalisation les plus passionnantes qui se déroulent actuellement : ni le syndicat Amazon Labor Union qui a récemment réussi à organiser une première implantation d’Amazon de 8 000 salariéEs ni le Starbucks Workers United, qui a organisé plus de 150 cafés. La mentalité bureaucratique de l’AFL a rendu impossible l’invitation de ces deux groupes de travailleurEs parce qu’ils ne sont pas membres de la confédération, le syndicat d’Amazon étant indépendant et Starbucks étant affilié à la Service Employees International Union, qui compte deux millions de membres et ne fait pas partie de l’AFL-CIO.

Le président Joe Biden, qui s’était engagé à être le président le plus pro-salariéEs de tous les temps, mais dont la législation du travail et les programmes sociaux sont restés bloqués au Congrès, a été l’orateur vedette de la réunion.

Labor Notes et les travailleurEs de base

L’autre réunion syndicale, la Labor Notes Conference, qui s’est tenue à Chicago, dans l’Illinois, du 16 au 19 juin, a représenté une approche largement opposée des questions syndicales. La Labor Notes Conference, qui n’a aucun statut officiel auprès de l’AFL-CIO ou de toute autre organisation syndicale, rassemble des militantEs syndicaux issus de nombreux syndicats différents. La conférence, à laquelle ont assisté 4 000 personnes et que beaucoup d’autres ont regardée en ligne, a débuté avec cinq orateurEs, dont des travailleurEs de Starbucks et d’Amazon qui organisent leurs lieux de travail. Labor Notes, un centre d’éducation syndicale, place les travailleurEs de la base au centre de son travail et considère que leur rôle est essentiel à la renaissance des syndicats.

L’un des thèmes de cette conférence était la renaissance de la grève, l’outil le plus important des travailleurEs. Une grande partie de la conférence a porté sur les problèmes des travailleurEs noirs et latinos, et certains ateliers ont été organisés en espagnol. De nombreux ateliers offraient aux travailleurEs de la base la possibilité d’échanger des expériences et des idées. Si la conférence a surtout porté sur l’organisation des travailleurEs pour lutter contre les employeurs, des séances ont également été organisées avec des auteurs de livres sur le travail, la musique et les arts.

L’orateur vedette de la conférence Labor Notes était le sénateur Bernie Sanders, qui se revendique socialiste démocratique et qui été deux fois candidat à la candidature démocrate pour la présidence des États-Unis. Il a appelé les travailleurEs à utiliser leur pouvoir pour changer la direction politique du pays, afin que le gouvernement fasse plus pour les travailleurEs.

Les hauts dirigeants de l’AFL-CIO proposent une solution bureaucratique et technique aux problèmes des travailleurEs, tandis que Labor Notes propose un modèle qui met l’accent sur l’initiative et la créativité, le courage et la lutte des travailleurEs de base.

Traduction Henri Wilno