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Mizrahim, de Michale Boganim

cinema

Lien publiée le 24 juin 2022

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Mizrahim, de Michale Boganim | L’Anticapitaliste (lanticapitaliste.org)

Film franco-israélien, 1h33 min, sorti le 8 juin 2022.

Les Mizrahim (orientaux en hébreu), ce sont les juifs originaires des pays arabes et d’Asie, souvent improprement qualifiés de sépharades. À la fin des années 1940 et durant les années 1950, ils et elles affluent en masse (500 000 à 600 000) vers le nouvel État d’Israël. Ce sont des populations qui n’ont pratiquement pas été touchées par un mouvement sioniste dont le centre de gravité était en Europe. Elles arrivent alors en Palestine pour des raisons diverses : d’une part, la création d’Israël a détérioré les relations entre des juifs et des musulmans qui vivaient côte à côte depuis des siècles, et entrainé dans certains pays arabes des mesures discriminatoires et des persécutions ; d’autre part, s’exerce la pression des organisations sionistes pour que le maximum de juifs rejoignent Israël.

Panthères noires d’Israël

Pour les dirigeants israéliens (alors travaillistes), l’enjeu est démographique mais, s’ils veulent que ces populations émigrent, ils méprisent ces orientaux et les considèrent comme des primitifs à rééduquer. Ils vont donc les loger dans des camps de transit, des logements autrefois occupés par des PalestinienEs et des villes nouvelles souvent éloignées de Tel Aviv et Jérusalem. Ces « bronzés » (« schwarz » – noirs en yiddish) ne bénéficient pas des avantages auxquels ont droit les migrants européens. Ils sont discriminés dans l’éducation et dans l’emploi. Des enfants yéménites disparaissent dans les maternités. Les jeunes se révoltent sporadiquement contre les discriminations.

Début 1971 apparait le mouvement des Panthères noires d’Israël, ainsi dénommé en référence aux Panthères noires étatsuniennes. Le mouvement s’étend rapidement dans les villes où vivent les juifs orientaux. Le mouvement organise des manifestations de masse, avec parfois des affrontements avec la police, contre les discriminations et pour la justice sociale. Ses jeunes dirigeants ont des liens avec des militantEs communistes israéliens et du Matzpen (trotskiste). Ils appellent à de vraies négociations avec les PalestinienEs et ont des contacts avec des membres de l’OLP.

Une société israélienne particulièrement inégalitaire

Pour contrer le mouvement, le gouvernement israélien combine pseudo-dialogue, réforme cosmétique et répression. Ses menées seront favorisées par la guerre dite du Kippour en 1973, qui recréera une atmosphère d’unité nationale et signifiera la fin des Panthères pour l’essentiel. Dans leur haine des dirigeants travaillistes qui les avaient méprisés et discriminés, une grande partie des électeurs d’origine orientale se tournèrent vers l’extrême droite et permirent son arrivée au pouvoir.

C’est cette histoire que raconte Michale Boganim, dont le père Charlie fut un des dirigeants des Panthères et s’exilera en France. Son film combine bandes d’actualité de l’époque et interviews de Mizrahim d’aujourd’hui, qui insistent sur le fait que, contrairement au consensus israélien, il ne s’agit pas d’un problème du passé. Bien que des Mizrahim se soient intégrés aux cercles dirigeants, la société israélienne est particulièrement inégalitaire. Le principal mérite du film est de revenir sur des épisodes qui jurent avec la légende sioniste. Par contre, la réalisation est parfois maladroite, certains épisodes évoqués de façon peu claire ou elliptique. Enfin, si les Mizrahim sont, comme le dit le sous-titre du film, « les oubliés de la Terre promise », les PalestinienEs le sont bien plus.