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Aurélie Trouvé: « Comment faire entrer la lutte dans l’Assemblée ? »

Lien publiée le 30 juin 2022

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

« Comment faire entrer la lutte dans l’Assemblée ? » | L’Anticapitaliste (lanticapitaliste.org)

Aurélie Trouvé est économiste, ancienne porte-parole d’Attac, présidente du parlement de l’Union populaire puis de la Nupes, députée dans le 93. Extraits de sa première intervention lors de la réunion du 24 juin.

Pour commencer, je tiens à dire que je suis très heureuse d’être là. On est compagnons de longue date avec le NPA, dans les mouvement sociaux, dans vos débats à l’université d’été, et évidemment je ne changerai pas ça. Je considère qu’on fait partie de la même famille, c’est-à-dire la gauche de combat, une gauche anticapitaliste à laquelle j’appartiens toujours. Bon, maintenant je suis députée, ça fait trois jours et c’est vrai que je n’arrive pas à m’y faire. Quand on a passé 20 ans dans les mouvements sociaux, à lutter d’une certaine façon, ce n’est pas évident, et c’est un enjeu important : comment ne pas perdre son âme, comment faire en sorte d’articuler les mouvements sociaux et ce qui se passe dans l’Assemblée, comment on s’empêche de s’embourgeoiser alors qu’on arrive sous les ors de la république… et comment, surtout, on fait entrer la lutte dans l’Assemblée.

« On bloquera, et on en est plutôt fiers ! »

Car ce n’est pas simple, il ne faut pas se leurrer, et c’est ce dont j’avais parlé dans mon bouquin le Bloc arc-en-ciel : il y a d’un côté une méfiance, à juste titre, dans les mouvements sociaux, vis-vis du politique, y compris vis-à-vis de la gauche ; et de l’autre, du côté du politique, une envie d’être avec les mouvements sociaux, mais avec une autonomie à respecter. Il y a donc plein de choses à inventer, avec des gens comme moi, mais comme d’autres aussi, qui rentrent dans l’Assemblée avec des années de luttes sociales, dans la rue, dans l’entreprise, de multiples façons…

Concernant le contexte post-élections, je voudrais insister sur le fait qu’on a bien assisté à une défaite de la Macronie lors de ces élections, et quelque part c’est déjà une victoire : on montre que la Macronie est à bout de souffle, que l’extrême libéralisme est à bout de souffle. Alors moi quand sur les plateaux télé on me dit « Oui mais là on est dans le blocage », j’ai envie de dire que c’est tant mieux ! Tant mieux si on a bloqué, si on peut bloquer le rouleau compresseur ultra-­libéral ! Alors si on doit bloquer les régressions sociales, on ­bloquera, et on en est plutôt fiers !

À propos de la Nupes, on peut avoir des discussions et des débats entre nous, mais pour moi il y a quelque chose de clair : on a déplacé le centre de gravité, le point d’équilibre de la gauche, de ce qu’on appelle la gauche. Dans le programme de la Nupes, il y a un rejet de ce qu’a été le Hollandisme, avec par exemple la demande de l’abrogation de la loi El Khomri, et ça pour moi c’est aussi une victoire : aujourd’hui la gauche se situe, peut-être pas assez, je l’entends, sur une ligne de rupture sociale, écologique et démocratique. Et ça c’est une victoire car c’est nécessaire : pour répondre aux immenses enjeux d’aujourd’hui, ça ne pourra être que par la rupture, et pas par des petits changements, à la marge. Et c’est vrai que le NPA n’était pas dans l’accord au niveau national, mais moi localement j’ai fait campagne avec des copains du NPA, et aussi avec des militants associatifs, syndicaux, des anarchistes… C’est ce bloc arc-en-ciel dont je parlais dans mon livre, le rouge des forces syndicales, communistes, le vert des forces écologistes, le jaune des Gilets jaunes et des insurrections populaires, le violet du féminisme, le multicolore des luttes LGBTI et des luttes antiracistes… Tout cela s’est réuni pour nous faire gagner dans de nombreux endroits.

Et je finirai juste avec un mot sur l’extrême droite. On ne peut pas complètement se réjouir de ce qui s’est passé aux élections, car on a aujourd’hui un immense danger. On a eu cinq ans de macronisme, de banalisation de l’extrême droite, et pas seulement par la Macronie : je le dis, je le répète, mais la manif qui a eu lieu avec des syndicats factieux de policiers, le fait qu’il y ait eu des leaders de la gauche qui s’y rendent, c’était une erreur, et aujourd’hui on s’en rend encore plus compte. On a donc eu cinq ans de banalisation de l’extrême droite, cinq ans de lois ultra-sécuritaires, et là on a devant nous une bataille antifasciste, une bataille antisexiste, une bataille antiraciste à mener contre le Rassemblement national.