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Les enjeux de classes des prochaines élections au Québec

Québec

Lien publiée le 10 septembre 2022

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Les enjeux de classes des prochaines élections au Québec - Presse-toi à gauche ! Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche (pressegauche.org)

Le mouvement syndical et les autres mouvements sociaux peuvent tout en préservant leur autonomie politique et organisationnelle la plus complète, appuyer Québec solidaire qui a été construit à partir du mouvement populaire pour en finir avec le pouvoir d’une oligarchie politique au service de la classe dominante. Le renforcement d’un tel parti ne signifierait rien de moins qu’un enracinement dans l’ensemble de la population des revendications pour lesquelles le mouvement syndical et les mouvements sociaux mènent la lutte.

1. Les grandes caractéristiques de la conjoncture

Sous le capitalisme , traversé par des crises multiples les populations vivent une situation chaotique. La crise climatique s’approfondit. Canicules, sécheresses, inondations, tornades se succèdent… et frappent tous les pays du monde, mais particulièrement les pays du Sud global. La catastrophe qui s’est produite au Pakistan est un avertissement sur le sens et la gravité de la situation.

Les classes dominantes ne répondent pas à la profondeur de la crise climatique. Au contraire, dans un contexte d’exacerbation de la concurrence inter impérialiste, la guerre devient leur horizon. Les investissements dans le réarmement sont devenus une priorité. La relance de l’exploitation des hydrocarbures est toujours à l’ordre du jour.

La récession est une réalité dans plusieurs régions du monde et le développement de l’inflation diminue le pouvoir d’achat de la majorité populaire alors que les banques et les grandes entreprises s’engraissent grâce à leurs pratiques spéculatives. Au lieu de faire face aux problèmes vitaux et urgents, l’oligarchie mène des politiques de division de la population en stigmatisant les populations racisées et des minorités religieuses.

Partout dans le monde, les femmes refusent de plus en plus les violences qu’elles subissent. Elles dénoncent le harcèlement sexuel, les agressions, les viols et les féminicides. Elles se mobilisent aussi contre les attaques à leurs droits à l’avortement que la droite internationale remet en question. Avec la pandémie le travail du ‘prendre soin’ a mis en évidence la contribution du travail des femmes et particulièrement des femmes racisées.

2. La classe dominante n’apporte aucune solution sérieuse au chaos existant

La bourgeoisie garde la croissance comme son principal objectif stratégique. Cela est vrai au niveau mondial, mais c’est également vrai au Canada et au Québec. Les organisations patronales, dans les déclarations faites dans le cadre des élections provinciales, demandent le soutien étatique pour répondre à leurs besoins d’accumulation d’encore plus de richesses. Continuant à refuser de payer leur juste part d’impôt, elles demandent la réduction du fardeau fiscal des entreprises. Ce refus de contribuer au financement de l’État, manifeste leur volonté d’amener les gouvernements à réduire les services publics et d’exercer une pression à la faveur de la privatisation de ces derniers. Quand elles ne refusent pas clairement et ouvertement une rupture réelle avec le développement des énergies fossiles, elles demandent que les coûts engendrés de leur tournant vers le capitalisme vert soient assumés par l’État québécois. Elles demandent à l’État des aides à l’exportation, un soutien persistant au nouvel extractivisme, que ce soit pour l’exploitation des métaux rares ou la mise en place de la production d’hydrogène vert. Pour diminuer la pénurie de main-d’œuvre, en partie liée à leurs politiques de précarité et de faible salaire, elles demandent de résoudre ce problème en comptant sur l’immigration d’une main-d’œuvre sans droit, à faible coût et corvéable à souhait. [1]

3. La CAQ, le PLQ et le PCQ, attentifs aux exigences patronales

a. refus de reconnaître l’urgence climatique

Pour ce qui est de la question environnementale, les positions des partis vont d’un soutien plus ou moins assumé au capitalisme vert à la défense ouvertement climato négationniste des énergies fossiles du Parti conservateur du Québec. Mais le capitalisme vert relève davantage de la posture que d’une véritable transformation des politiques à la base de la crise. La CAQ propose, avec le troisième lien, entre autres projets, à développer l’étalement urbain et le système autoroutier. Si elle parle d’électrification du transport. ce n’est pas, le transport public qui est privilégié, mais le transport individuel par le biais du développement d’un parc d’automobiles électriques.

Aucune réforme sérieuse n’est envisagée en agriculture. Ces partis continuent à soutenir une agro-industrie centrée sur l’exportation d’une production carnée. Les producteurs et productrices agricoles restent soumis-es à la domination des grands semenciers, des marchands de pesticides, de machineries agricoles et des banques.

En somme, comme le révèle la faible réduction (-2,7% depuis 1990) des émissions de GES au Québec, la CAQ nous propose de continuer son irresponsabilité et son refus de s’engager réellement dans la lutte aux changements climatiques. Le PLQ ne propose rien de vraiment structurant. Le PCQ pour sa part se présente comme le défenseur du capital fossile. Son soutien à l’exploitation des hydrocarbures, dont la relance de GNL-Québec, en est une illustration patente.

b. La contribution à l’enrichissement de la classe dominante et à la spoliation de la majorité populaire

Durant tout son mandat, la CAQ a refusé de hausser le salaire minimum à 18$ de l’heure. Elle a refusé lors de la négociation du secteur public de hausser de façon significative les salaires des travailleuses et des travailleurs de ce secteur et de régler le problème du temps supplémentaire obligatoire pour le personnel hospitalier. Alors que monsieur Legault parlait ‘d’ange gardien’ durant la pandémie de Covid et que les femmes forment 75,5% de la cohorte de personnel dans les secteurs publics. La CAQ a refusé toute réforme de la fiscalité qui aurait permis une redistribution plus égalitaire de la richesse. Pour faire face à l’inflation, la CAQ s’est contentée de gestes fondamentalement électoralistes : des chèques ponctuels plus ou moins ciblés et d’une proposition de baisse des impôts profitant encore une fois aux plus riches. Le PLQ a mis de l’avant des propositions du même type. Le PCQ, sur ce terrain également, radicalise l’orienta¬tion de la CAQ, en offrant une baisse d’impôt plus importante et une privatisation encore plus poussée que celle envisagée par les autres partis néo¬libéraux.

c. La recherche du rapetissement des services publics

Le gouvernement de la CAQ a refusé tout réinvestissement massif dans les secteurs de la santé et dans l’éducation qui auraient permis d’améliorer les services de soin, une réelle protection des personnes ainées et des services éducatifs adéquats.. Pire, il envisage l’ouverture d’hôpitaux privés Le gouvernement de la CAQ s’est traîné les pieds pour rénover des écoles souvent vétustes. Ce refus de réinvestissement et d’amélioration, des services publics a été combinés à une privatisation rampante tant en santé qu’en éducation. À ce niveau, le gouvernement de la CAQ poursuivait les politiques d’austérité du gouvernement libéral qui l’ont amené à perdre le pouvoir et à être discrédité. Ce parti en subi encore les contrecoups et s’achemine vers de nouveaux reculs.

d. Le Parti québécois centre sa campagne sur l’indépendance, la défense de la langue française et des politiques identitaires

Depuis la campagne électorale menée par Jacques Parizeau avant le référendum de 95, le PQ a toujours évité de faire de l’indépendance l’enjeu de leur campagne électorale. Pauline Marois et Jean-François Lisée avaient même promis de ne pas tenir un référendum dans leur premier mandat. Cette politique de capitulation nationale s’était ajoutée aux politiques d’austérité des gouvernements Lucien Bouchard et de Bernard Landry, pour miner l’ascendant de ce parti sur la population. Il a fallu attendre, les dramatiques reculs aux élections de 2014 et 2018 qui l’ont réduit au rôle de troisième opposition, pour qu’il retrouve le goût de replacer l’indépendance au centre de son discours politique. C’est sans espoir de reprendre le pouvoir qu’il témoigne de sa vocation tardive à faire de l’indépendance l’enjeu de cette élection. Cela ne lui permettra sans doute pas de freiner son déclin. Le passif accumulé pesant trop lourdement pour permettre une réelle remontée de ce parti.

S’il rejette la baisse d’impôt pour lutter contre l’inflation et dénonce correctement le fait que ces baisses d’impôt annoncent de nouvelles politiques d’austérité, il n’écarte nullement le financement du privé en éducation. Il promet bien une hausse du salaire minimum, mais il fixe un délai de trois ans ! Sa plate-forme environnementale manifeste un effort pour tenir compte de la question mais n’est pas à la hauteur de la gravité de la crise car elle s’inscrit dans le développement du capitalisme vert. Dans une surenchère avec les autres partis de droite, il promet une réduction à 35 000 des seuils d’immigration. Nous reviendrons dans un prochain article sur ses politiques identitaires, sa politique d’immigration et les dangers de son nationalisme étroit.

4. Les enjeux défendus par le camp syndical et populaire et sa stratégie de l’interpellation

a. Le mouvement syndical et populaire défend des revendications opposées aux politiques des partis néolibéraux

Le mouvement syndical et les mouvements sociaux ont avancé une série de revendications dans le cadre de ces élections. « Alors que la campagne électorale prend son envol, la FTQ, la CSN, la CSQ et la CSD rappelaient aujourd’hui, d’une seule voix, en conférence de presse que les travailleuses et les travailleurs qu’elles représentent sont préoccupés par la nécessité de réinvestir massivement en santé et en éducation, par des conditions de vie décentes en plein contexte inflationniste, par la lutte aux changements climatiques avec une transition juste et par la mise en place d’une politique industrielle structurante et ambitieuse pour le Québec de demain. Tant les centrales syndicales que les travailleuses et les travailleurs attendent des engagements clairs des partis en ce sens. » [2] C’est pourquoi les différentes organisations syndicales ont rejeté la baisse de l’impôt comme une solution à l’inflation. Elles ont souligné que cela prépare tant les politiques d’austérité de demain que la détérioration planifiée des services publics afin de paver la voie à une privatisation encore plus importante.

b. Le mouvement écologiste dénonce encore et encore les partis politiques qui refusent de prendre la pleine mesure de l’urgence climatique et d’y répondre réellement

Si le mouvement écologiste souligne l’importance de reconnaître l’urgence de la lutte aux changements climatiques, les propositions avancées par ses différentes organisations reflètent toutes les nuances de la radicalité. Toutefois la fin de l’exploitation des fossiles et la défense de l’électrification de l’économie font consensus. Les partis politiques néolibéraux demeurent en deçà de ces revendications mêmes les moins radicales. La grève du 23 septembre organisée par les Travailleuses et Travailleurs pour la Justice Climatique doit être un moment fort de ce rappel aux défis devant l’ensemble du Québec et du monde. Elle peut marquer un point d’orgue de la prise de conscience à cet égard. [3]

c. Le mouvement des femmes mène des combats essentiels contre une société patriarcale que le Québec d’aujourd’hui reste encore.

Le mouvement des femmes est encore obligé de lutter pour l’égalité salariale. « L’écart salarial est passé de 10 400 $ en 2005 à 8300 $ en 2019, explique la « Vitrine statistique sur l’égalité entre les femmes et les hommes » de l’ISQ, parue fin juillet. [4]. La violence faite aux femmes, alors que les féminicides restent des drames qui touchent la société québécoise, devrait être au centre des préoccupations des partis politiques. Mais ce n’est pas le cas.

d. Le refus d’une politique identitaire et d’exclusion reste un combat essentiel

Les mouvements sociaux et les populations racisées doivent encore lutter pour la reconnaissance du racisme systémique. Les Premières nations victimes de ce racisme systémique se heurtent au refus du gouvernement de la CAQ de reconnaître cette réalité et cherche à faire lever les obstacles à leur droit à l’autogouvernement. La situation des droits des travailleuses et travailleurs immigrés discriminés qui sont souvent réduit à n’être qu’une main-d’œuvre n’ayant pas les mêmes droits que les autres travailleurs est accepté par les partis néolibéraux qui ne cherchent qu’à les utiliser pour palier à la pénurie de main-d’œuvre. Et les différents mouvements sociaux doivent à ce niveau également lutter pour organiser la résistance.

e. La stratégie de l’interpellation des partis et des candidat-e-s, une impasse

Le mouvement syndical et la plupart des mouvements sociaux limitent leur intervention à ce qu’on pourrait désigner de stratégie de l’interpellation. Le communiqué des centrales syndicales la présente ainsi  :« L’objectif n’est évidemment pas d’inciter les travailleuses et les travailleurs à voter pour un parti ou un autre, mais plutôt de mettre les projets sur ce que proposent les formations politiques et sur les enjeux sur lesquels nous voulons les voir prendre de réels engagements, une campagne électorale est un moment stratégique pour mettre de l’avant les préoccupations des personnes que nous représentons ». [5]

Cette approche évite de faire une caractérisation le moindrement fouillée des partis agissant actuellement sur la scène politique. Demander à des partis liés à la classe dominante par toute une série de liens et défendant leur domination est un exercice vain et stérile. . Croire qu’interpeller les personnes candidates de tels partis, qui une fois élues sont liées par une stricte discipline de parti ce n’est que leur ouvrir la porte à des promesses démagogiques. Nous devons affronter un bloc au pouvoir qui unit l’oligarchie politique à la classe dominante. Mettre dans le même sac tous les partis politiques sans discuter de la pertinence et de l’importance de donner un appui à un parti politique lié aux mouvements sociaux et qui reprend leurs revendications, c’est esquiver des débats essentiels et ne pas se donner les moyens de remettre en question le monopole des partis néolibéraux sur le gouvernement. C’est refuser le débat politique au sein des organisations syndicales.

5. Québec solidaire, une orientation en phase avec celles du mouvement syndical et des mouvements sociaux

a. Le cœur de sa plate-forme en phase avec les aspirations des mouvements sociaux

Et pourtant un tel parti existe. Québec solidaire est un parti qui défend un réinvestissement massif dans les services publics, tant en santé qu’en éducation. C’est un parti qui s’est prononcé pour un salaire minimum à 18$ de l’heure. C’est un parti qui propose la réforme de la fiscalité qui fasse payer la juste part aux banques et aux grandes entreprises. C’est un parti qui place la lutte aux changements climatiques au centre de ses préoccupations, et ce, dans une perspective de défense de la justice climatique pour les travailleuses et travailleurs du Québec. C’est un parti qui lutte pour un Québec inclusif, indépendant qui refuse les discriminations et le racisme systémique et qui revendique les droits des femmes au Québec. C’est un parti qui présente 77 candidates sur les 125 candidatures possibles. On ne peut mettre sur le même pied un tel parti avec les partis néolibéraux.

b. Les mouvements sociaux doivent favoriser la convergence des luttes derrière un appel au vote pour Québec solidaire.

Le mouvement syndical et les autres mouvements sociaux peuvent tout en préservant leur autonomie politique et organisationnelle la plus complète, appuyer Québec solidaire qui a été construit à partir du mouvement populaire pour en finir avec le pouvoir d’une oligarchie politique au service de la classe dominante. Le renforcement d’un tel parti ne signifierait rien de moins qu’un enracinement dans l’ensemble de la population des revendications pour lesquelles le mouvement syndical et les mouvements sociaux mènent la lutte.

Un appel à voter Québec solidaire s’impose pour renforcer la majorité populaire dans le cadre de ces élections.


[1] (Élections québécoises, la Fédération des Chambres de Commerce du Québec (FCCQ) propose des mesures concrètes pour le prochain mandat. 29 août 2022. Élections provinciales 2022 : les attentes du Conseil du patronat du Québec. 9 juin 2022.
Élections québécoises, la Fédération des Chambres de Commerce du Québec (FCCQ) propose des mesures concrètes pour le prochain mandat. 29 août 2022. Élections provinciales 2022 : les attentes du Conseil du patronat du Québec. 9 juin 2022.

[2] Les élections d’octobre au Québec. La FTQ fait connaître ses priorités. Communiqué de la FTQ, 9 juin 2022. Élections provinciales, les 19 revendications de la CSN, août 2022.

[3] Pour un recueil des recommandations du mouvement écologique, voir le site vireauvert.org.

[4] L’égalité hommes-femmes reste à faire, Jean-Louis Bordeleau, Le Devoir, 8 août 2022

[5] Campagne électorale 2022 – Faire du Québec une société plus juste et plus égalitaire – les travailleuses et travailleurs attendent des engagements clairs des partis, Communique de la FTQ, CSN, CSQ et CSD