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Tuerie de masse pour les premiers pas du gouvernement au Tchad 

Tchad

Lien publiée le 27 octobre 2022

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Tuerie de masse pour les premiers pas du gouvernement au Tchad  | L’Anticapitaliste (lanticapitaliste.org)

Quelques jours après la fin du Dialogue national inclusif et souverain (DNIS), Mahamat Déby impose son pouvoir dans un bain de sang. Il profite grandement de la mansuétude de Macron lors de son coup d’État de 2021. L’Élysée considérait que c’était la solution pour préserver la stabilité du pays.

La manifestation appelée le 20 octobre par l’opposition, notamment le parti Les Transformateurs et la coalition d’organisations de la société civile Wakit Tamma, a été violemment réprimée. Le décompte avancé est une cinquantaine de morts, plus de 300 blessés et plusieurs centaines de personnes arrêtées et déportées dans le nord du pays mais le bilan pourrait être beaucoup plus lourd.

Une tradition répressive qui perdure

À chaque fois que les populations sortent dans la rue, elles risquent leur vie. Ce fut le cas quelques jours après la nomination de Mahamat Déby à la tête du Conseil de transition militaire suite à la mort de son père Idriss Déby en avril 2021 : des manifestations de colère éclataient dans tout le pays à N’Djamena la capitale, à Moudoun, mais aussi dans les villes du Sud comme Sarh et Koumra. Les TchadienEs, qui pensaient en avoir fini avec Déby, se retrouvaient avec son fils à la tête d’une escouade de généraux. Aussitôt la répression s’est abattue sur les protestataires, faisant trois morts. Le fils Déby était d’autant plus à l’aise qu’il venait de recevoir le soutien de la diplomatie française.

Pendant la transition et avant la mise en place du « Dialogue national », une marche pacifique avait été organisée pour dénoncer le meurtre d’une dizaine de paysans dans la province du Moyen-Chari dans le sud. De nouveau, les forces de l’ordre intervenaient violemment, obligeant des personnalités comme l’avocate militante des droits humains Jacqueline Moudeïna ou l’archevêque de N’Djamena, Edmond Djitangar à se mettre à l’abri.

Pendant le « Dialogue national », la police encerclait le local du parti Les Transformateurs pour empêcher toute manifestation, arrêtant sans ménagement plusieurs dizaines de militants. Les principales chancelleries des pays occidentaux ont dû se fendre d’un communiqué de presse commun pour souligner que ce n’était pas le moment d’utiliser le bâton.

Dialogue bidon pour une vraie dictature

Afin de faire avaliser sa prise de pouvoir tant par l’Union africaine que par l’Union européenne et les USA, Mahamat Déby s’était engagé à une transition de 18 mois et à ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle. Le résultat du « Dialogue national » est que la transition est prolongée de deux ans, et il pourra briguer l’élection présidentielle. Bref la succession dynastique est en marche et c’est précisément contre cela que les manifestations ont été organisées dans l’ensemble du pays.

Pour justifier ce bain de sang, le Premier ministre Saleh Kebzabo, ancien opposant, nommé par Mahamat Déby, parle d’une tentative d’insurrection armée et de coup d’État. Rien que ça ! Il a suspendu pour au moins trois mois les activités des partis politiques et des organisations de la société civile, instauré un couvre-feu de 18 heures à 6 heures du matin. Kebzabo a déclaré qu’il « [fera] régner l’ordre sur l’ensemble du territoire et ne tolérera plus aucune dérive d’où qu’elles viennent ». Bref la tyrannie s’installe. Les TchadienEs peuvent remercier Macron qui a contribué à stabiliser non pas le pays mais… la dictature.