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La Grande-Bretagne a secrètement soutenu la marche de Mussolini sur Rome

histoire

Lien publiée le 31 octobre 2022

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

» 100 ans du Fascisme : La Grande-Bretagne a secrètement soutenu la marche de Mussolini sur Rome (les-crises.fr)

La prise de pouvoir de Benito Mussolini en Italie, en 1922, a été secrètement aidée par le gouvernement britannique, qui a parié sur le dictateur fasciste pour protéger ses intérêts en Méditerranée, affirme un nouveau livre.

En ce triste anniversaire des 100 ans du fascisme (28 octobre 1922 : les chemises noires marchent sur Rome), et alors que Giorgia Meloni, adepte de Mussolini, vient d’être officiellement nommée à la tête du gouvernement italien, retour sur un épisode historique encore trop méconnu…

Source : The Times, Tom Kington
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

L’argent britannique a contribué à propulser Benito Mussolini au pouvoir, a déclaré Sir Samuel Hoare. ALAMY

Soutenu par de violentes bandes de chemises noires, Mussolini a instauré un régime fasciste en Italie dans les années 1920, a banni les Juifs de la vie publique dans les années 1930 et s’est rangé du côté d’Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale avant d’être lynché par des partisans en 1945.

Bien qu’il ait combattu les Britanniques en Afrique pendant la guerre, les archives montrent que Mussolini doit en partie son ascension rapide aux fonctionnaires britanniques qui ont aidé à organiser sa marche sur Rome en 1922, selon Giovanni Fasanella, co-auteur de Nero di Londra.

« Les Britanniques ont aidé à orchestrer la marche et à propulser Mussolini au pouvoir parce qu’ils voulaient en faire le personnage clé d’un gouvernement qui leur serait utile », a-t-il déclaré au Times.

Des milliers de partisans de Mussolini sont descendus à Rome le 28 octobre, persuadant le roi d’Italie de lui demander de former un gouvernement.

Des documents provenant des archives nationales britanniques révèlent que l’ambassadeur britannique en Italie, Sir Ronald Graham, était en contact avec les dirigeants de la marche quelques jours avant l’événement, alors qu’ils se réunissaient dans un palais de Pérouse appartenant à Romeo Adriano Gallenga Stuart, un aristocrate à moitié anglais qui, selon le livre, était un informateur des services secrets britanniques.

Pendant la marche, Graham a envoyé un câble à Londres pour dire que l’un de ses secrétaires était « constamment » informé par les marcheurs qui convergeaient vers Rome. « Nous pensons que l’ambassadeur donnait des conseils utiles aux fascistes », a déclaré le deuxième coauteur du livre, Mario José Cereghino.

Des milliers de partisans de Mussolini sont descendus à Rome le 28 octobre, persuadant le roi d’Italie de lui demander de former un gouvernement. AP

Les responsables britanniques espéraient utiliser Mussolini pour leur donner un avantage stratégique sur les puissances rivales en Méditerranée.

Selon des documents récemment publiés, Sir Samuel Hoare, qui connaissait Mussolini lorsqu’il était à la tête des services secrets britanniques à Rome entre 1917 et 1918, a affirmé plus tard que l’argent britannique avait été utilisé pour « former le parti fasciste et financer la marche sur Rome. »

Nero di Londra sera publié en Italie cette semaine, avant le 100e anniversaire de la marche et alors que Mussolini revient sur le devant de la scène après la victoire électorale, le mois dernier, du parti des Frères d’Italie, issu du parti fasciste italien d’après-guerre, le MSI.

Après la marche de 1922, Graham a rencontré Mussolini et a envoyé à Londres un rapport élogieux, se disant impressionné par sa « discipline. »

Les relations secrètes de Mussolini avec la Grande-Bretagne avaient commencé cinq ans plus tôt, en 1917, alors qu’il travaillait comme journaliste et que Hoare l’avait inscrit sur la liste de paie des services secrets britanniques, lui versant 500 £ en cinq mois. À l’époque, l’Italie se bat aux côtés du Royaume-Uni, de la France et des États-Unis dans la Première Guerre mondiale, mais la Grande-Bretagne craint qu’elle ne se retire du conflit, comme l’a fait la Russie révolutionnaire en 1918.

Riche de l’argent britannique, Mussolini, alors âgé de 34 ans, exhorte les lecteurs de ses journaux à poursuivre l’effort de guerre et envoie sa bande d’anciens combattants violents pour disperser les manifestations pacifistes.

Hoare, qui deviendra plus tard Lord Templewood, a révélé en 1954 qu’il avait recruté Mussolini, avant que l’historien britannique Peter Martland ne trouve des preuves de paiements dans les archives de Hoare, qui ont été rendues publiques en 2001.

Nero di Londra ajoute de nouveaux détails sur ces années, affirmant que Hoare utilisait le nom de code The Count (le comte, NdT) pour Mussolini et travaillait avec des francs-maçons italiens de haut rang pour favoriser l’ascension du dictateur. Les agents des services secrets britanniques utilisaient également le correspondant à Rome du Times, William Kidston McClure, comme intermédiaire pour communiquer avec les groupes pro-guerre.

Selon Fasanella, Hoare a apporté à Rome son expérience d’activité au Royaume-Uni avec l’Union anti-socialiste, qui brisait les réunions de la gauche. « Hoare s’était spécialisé dans l’utilisation de la violence et de la propagande en Grande-Bretagne et il a apporté cette méthode en Italie », a-t-il déclaré. Cereghino a ajouté : « La carrière de Mussolini entre 1917 et 1922 n’aurait pas pris le chemin que nous connaissons sans l’influence de l’establishment conservateur britannique. »

Source : The Times, Tom Kington, 03-10-2022

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises


Benito Mussolini : agent secret britannique

Source : Foreign Policy, Bobby Pierce
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

C’est l’automne 1917 en Italie. La Première Guerre mondiale fait rage. A la fin du mois d’octobre, l’armée allemande gaze les Italiens qui sont défaits lors de la bataille de Caporetto. L’hyperinflation et les pénuries alimentaires paralysent l’économie et, soudain, un grand nombre d’Italiens ne voient plus l’intérêt de se battre. Au même moment, Lénine et les bolcheviks… [Au début de 1917, l’empire allemand avait laissé passer le train (plombé) qui ramènait Lénine en Russie, espérant ainsi accroitre l’agitation politique qui s’y développait et qui aboutira à la révolution d’octobre en 1917, NdT]

14 octobre 1939, 18h14

C’est l’automne 1917 en Italie. La Première Guerre mondiale fait rage. A la fin du mois d’octobre, l’armée allemande gaze les Italiens qui sont défaits lors de la bataille de Caporetto. L’hyperinflation et les pénuries alimentaires paralysent l’économie et, soudain, un grand nombre d’Italiens ne voient plus l’intérêt de se battre. Au même moment, Lénine et les bolcheviks s’emparent de Saint-Pétersbourg et les alliés voient qu’ils vont bientôt perdre un partenaire clé dans la guerre. Bien sûr, cela se produit et en six mois, Brest-Litovsk signifie la fin de l’alliance russo-britannique. Et maintenant, la Grande-Bretagne risque de perdre un autre allié, l’Italie.

C’est alors qu’entre en scène Sir Samuel Hoare, l’homme du contre-espionnage britannique à Rome. Il est chargé de maintenir le front italien en état de combat, et il trouve rapidement un rédacteur en chef ambitieux pour l’aider dans cette tâche, Benito Mussolini.

C’est l’histoire que raconte l’historien de Cambridge, Peter Martland, après avoir découvert des documents prouvant cette relation.

Oui, le MI5 payait Ie Duce 100 £ par semaine pour garder l’esprit de combat vivant et bien ancré en Italie. Il le faisait par l’intermédiaire de son journal et de sa bande de voyous armés qui matraquaient les manifestants pacifistes pour qu’ils restent chez eux. Cette dernière activité s’est avérée être un bon exercice d’entraînement pour ce qui allait devenir ses escouades fascistes de chemises noires. Selon Martland, Mussolini, âgé de 34 ans à l’époque, a reçu ce salaire exorbitant pendant au moins un an.

« Je n’ai aucune preuve pour le confirmer », a déclaré Martland. « Mais je soupçonne que Mussolini, qui était un coureur de jupons notoire, a également dépensé une bonne partie de l’argent pour ses maîtresses. »

Après son bref passage en tant qu’agent britannique, Mussolini a accédé au pouvoir, devenant le dictateur de l’Italie. Lorsqu’il devient belliqueux en 1935, il rencontre à nouveau Hoare lorsque les deux signent le pacte Hoare-Laval qui donne à l’Italie le contrôle de l’Éthiopie et de l’Érythrée actuelles. Hoare est ensuite contraint de démissionner pour avoir amadoué le fasciste.

Mussolini tourne le dos à son ancien partenaire lorsqu’il se range du côté d’Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale, ce qui prouve une fois de plus que l’on ne peut pas faire confiance à des partenaires que l’on paie pour être de son côté.

Bobby Pierce est chercheur éditorial à Foreign Policy.

Source : Foreign Policy, Bobby Pierce, 14-09-2014

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises