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"Mixtape 2.0" : quand Cut Killer raconte l’histoire du hip-hop
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
"Mixtape 2.0" : quand Cut Killer raconte l'histoire du hip-hop (marianne.net)
Dans une autobiographie joliment illustrée, « Mixtape 2.0 », le célèbre DJ français Cut Killer retrace, à sa façon, trente années de hip-hop hexagonal. Dee Nasty, Mc Solaar et Akhenaton font partie des personnages centraux de cette aventure.
Le hip-hop français fêtera bientôt ses quarante ans. En quatre décennies, ce qui semblait n’être qu’une mode éphémère s’est imposé en se renouvelant sans cesse et en créant ses codes et sa mythologie. Et les acteurs les plus anciens, qui ont atteint la cinquantaine, semblent désireux de transmettre aux plus jeunes l’histoire de ce mouvement. Le biopic ainsi que la série sur NTM, Suprême et Le Monde de demain, en attestent. Cut Killer, qui a d’ailleurs réalisé la bande-son de Suprême, publie une autobiographie qui va dans le même sens.
Anouar Hajoui, de son vrai nom, est probablement un des DJ les plus emblématiques de l’histoire du hip-hop. Animateur de l’émission Cutkiller Show sur Skyrock depuis une quinzaine d’années, après avoir officié sur Radio Nova, Cut Killer a réalisé plusieurs mixtapes, compilations et albums, a monté le collectif Double H, sans oublier sa célèbre scène dans La Haine – aux platines fenêtre ouverte. Avec Mixtape 2.0, beau livre illustré avec nombreuses photos, l’artiste raconte son histoire personnelle, mais plus largement aussi celle de son mouvement.
DE PARIS À NEW YORK
Fils d’ouvrier venu du Maroc à la fin des années 1960, Cut Killer grandit à Paris, dans le quartier de Strasbourg Saint-Denis. « Sans que je le sache, souligne le DJ, tout ce qui plus tard allait m’entraîner vers le hip-hop était déjà là sous mes yeux : entre le Brady, le Grand Rex, le Globo, le Charivari, les magasins de disque des Grands Boulevards et le forum des Halles […]. Je n’avais qu’à ouvrir les yeux et me servir. » Ce n’est pourtant pas dans la rue, comme Kool Shen et JoeyStarr, que Cut Killer découvre le hip-hop, mais avec H.I.P. H.O.P., l’émission présentée par Sidney en 1984. « Pour la première fois, je voyais à la télé des gamins de mon âge et de toutes les couleurs, ce qui était aussi rare à l’époque qu’aujourd’hui », commente l’artiste. À une époque où les activistes sont souvent touche-à-tout et passent facilement du rap à la danse ou au tag, celui qui ne se fait pas encore appeler Cut Killer jette sont dévolu sur le djing. Anouar Hajoui se consacre alors corps et âme à sa nouvelle passion, approche Dee Nasty, alors meilleur DJ de l’Hexagone, et fréquente des lieux devenus depuis mythique comme le Globo.
Progressant rapidement, Cut Killer participe au championnat de France DMC (Disco Mix Club) et arrive quatrième. Mais il comprend rapidement qu’il ne souhaite pas être « un DJ technique mais plutôt [être] polyvalent, un DJ de club, derrière un MC. » Cut Killer travaille avec MC Solaar et Akhenaton, et surtout devient le DJ du rappeur East, disparu tragiquement en 1996. Se rendant régulièrement à New York, il importe les ingrédients du rap US dans l’Hexagone. C’est ainsi qu’il sort alors de manière artisanale sa première mixtape, compilation mixée en format K7, en 1990, concept alors en vogue de l’autre côté de l’Atlantique. D’autres suivront. Viendront ensuite des albums, comme les incontournables Hip hop soul party, qui se sont déclinés en six volumes, et de nombreuses collaborations. Truffé d’anecdotes – on découvre par exemple que le plus américain des DJ français s’est lié d’amitié à Puff Daddy –, le livre nous plonge avec brio et pertinence dans l’ambiance du hip hop français des années 1990 et 2000.
* Cut Killer, Mixtape 2.0 : 30 ans de culture hip-hop Robert Laffont, 224 p., 29 €