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Arrêté licence : trahison odieuse de la direction jaune de l'UNEF

Lien publiée le 14 juillet 2011

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article4861

Nouvelle licence : bienvenue dans un monde meilleur ! Communiqué de Sauvons l’université (13 juillet 2011)

Le 12 juillet 2011 a eu lieu au CNESER un événement d’une grande importance par ce qu’il révèle de la nouvelle université. Face aux syndicats et associations d’enseignants-chercheurs unanimes pour ne pas accepter les nouveaux arrêtés sur la licence tels qu’ils ont été préparés à la hussarde sans tenir compte de l’avis des organisations représentatives, une alliance inédite entre certains syndicats d’étudiants (UNEF, FAGE et CE unies pour l’occasion) et le gouvernement a réussi à faire adopter par le CNESER le texte de Valérie Pecresse, repris docilement par son successeur Laurent Wauquiez. L’arrêté relatif au diplôme de la licence modifiant celui de 2002 a été approuvé par 26 voix pour, 20 contre et 14 abstentions. Bien sûr, les syndicats étudiants représentés au CNESER n’ont pas vendu leur consentement pour rien : quelques lentilles ont été obtenues dont la nature est riche de sens.

1) De manière à focaliser l’attention des organisations étudiantes sur les modalités du contrôle des connaissances, jouant sur leur conception réductrice du rapport entre ces modalités et les cours, Valérie Pecresse a laissé entendre à plusieurs reprises qu’elle entendait promouvoir le contrôle continu intégral. Bien entendu, c’est sur ce point que l’arrêté est en retrait par rapport aux déclarations ministérielles, ce qui a permis d’obtenir l’accord de ces organisations étudiantes, satisfaites d’obtenir la compensation la plus large possible entre les bons et les moins bons résultats.

2) Du côté des enseignants-chercheurs, c’est l’annonce du rassemblement des licences existantes dans des « portails » pluridisciplinaires qui suscitait l’inquiétude. Tout en prévoyant leur existence, le projet ne les rend pas obligatoires, de façon tactique là encore. Mais il faut toutefois remarquer que l’arrêté prévoit que dans le cadre du contrôle des connaissances, l’évaluation de plusieurs disciplines puisse se faire par une seule épreuve orientée vers la validation des compétences (si chère à la FAGE et au SGEN). L’évaluation des enseignements – et donc des enseignants – devient en outre obligatoire.

3) Mais ce que l’on n’avait pas vu venir, c’est l’abolition pure et simple des libertés académiques. Déjà au printemps, des référentiels de compétences aussi autoritaires et idéologiques qu’ineptes avaient circulé (la fuite vers les sociétés savantes étant censée tenir lieu de concertation). Mais ce que l’on découvre aujourd’hui, c’est que l’application par les universitaires (regroupés désormais en « équipes ») de ces référentiels sera supervisée par le recteur qui sera informé chaque année des résultats et des évaluations et pourra imposer les ajustements qu’il jugera nécessaires. Par ailleurs, des comités de suivi seront instaurés aux échelons des rectorats et du MESR.

On voit ainsi une fois de plus ce que signifie « l’autonomie » dans la novlangue à la fois bonapartiste et ultralibérale qui caractérise le sarkozysme. À quand la fusion des fonctions de recteur et de préfet ?

Certes l’UNEF regrette que « la lisibilité des formations et l’absence de moyens » restent problématiques, ou plus exactement admet benoîtement que la « faiblesse du cadre national des intitulés de formation est maintenue » et que rien n’est vraiment fait dans ces domaines essentiels. Cela ne l’empêche pas d’approuver le texte du ministère. Qu’on se rassure cependant : « l’UNEF demande qu’un plan de création de postes accompagne ce nouvel arrêté » et remarque avec un certain bon sens que « C’est une condition sans laquelle le suivi individualisé, l’augmentation du nombre d’heures de cours ou l’amélioration de l’orientation resteront inopérantes ». Laurent Wauquiez doit trembler, rue Descartes, devant la force de cette requête très policée. Ces syndicats étudiants ont montré par leur vote qu’ils se soucient comme d’une guigne des conditions et de la nature des enseignements dès lors qu’ils obtiennent satisfaction sur un certain nombre de slogans et d’exigences strictement verbales et sur ce que l’on pourrait appeler « le traitement social de la loi LRU » (promesses – le plus souvent non tenues ou tenues partiellement – sur les bourses, les logements, les conditions de restauration, les conditions d’examen, etc.). Comme si bannir le mot de sélection du lexique autorisé dans les « concertations » et affirmer abstraitement le bien fondé du cadre national des diplômes suffisaient pour se protéger de la première et garantir le second. Le vrai échec de l’université, la vraie sélection entre les étudiants sont déjà là et le seront encore davantage, dans un des systèmes les plus sélectifs au monde : ils se nichent dans la distinction entre des universités de première catégorie et des universités de seconde catégorie, dans la multiplication des cours dispensés par des vacataires exploités et recrutés de façon aléatoire, dans une pluridisciplinarité désancrée des savoirs disciplinaires, dans des référentiels nationaux qui accorderont plus d’importance aux compétences qu’aux connaissances et aux savoirs.

Le vote de ces syndicats étudiants a pour effet de faire croire à une opposition entre les intérêts des étudiants et ceux des enseignants-chercheurs. En fait, il ouvre la voie aux soixante-dix pôles universitaires de proximité, lycées-bis peuplés d’étudiants mal formés mais heureux, on l’espère, des nouvelles modalités de contrôle des « connaissances », délestées de tout risque d’échec. Les responsabilités sont claires : ces syndicats étudiants viennent d’apporter une contribution importante à la dévaluation des formations et à la précarisation accrue de l’entrée des jeunes diplômés sur le marché du travail.

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