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Le Nouveau parti anticapitaliste de Philippe Poutou est "au bord de l’implosion"

NPA

Lien publiée le 10 décembre 2022

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Le Nouveau parti anticapitaliste de Philippe Poutou est « au bord de l’implosion » (ouest-france.fr)

Le parti de Philippe Poutou est de plus en plus divisé quant à sa manière d’exister sur la scène politique. Le congrès du NPA, qui démarre ce samedi 10 décembre 2022, devrait donner le ton pour l’avenir du groupe politique.

Philippe Poutou, candidat du Nouveau parti anticapitaliste lors des trois dernières élections présidentielles.

« La situation est intenable » entre les défenseurs d’une ligne révolutionnaire stricte et les partisans d’une vision plus « large et unitaire » du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), a confié vendredi 9 décembre 2022 à l’AFP Philippe Poutou, candidat NPA lors des trois dernières élections présidentielles.

Une « guerre des clans » qui dure

« On ne peut plus rester un parti avec deux lignes politiques différentes. Les luttes internes, autant au niveau organisationnel que politique, nuisent au parti. La séparation peut apparaître comme une solution », a ajouté le dirigeant du petit parti d’extrême gauche.

Cette « guerre des clans dure depuis des années. Dans le parti, certains camarades se détestent et ces rancœurs personnelles ont mené le parti au bord de l’implosion. Maintenant, il y a deux chemins possibles : soit on trouve un accord, soit on se sépare », a confié à l’AFP un délégué du parti qui préfère rester anonyme.

L’ultimatum est fixé à samedi 10 décembre, lors du congrès du NPA qui a lieu à la Bourse du Travail de Saint-Denis, quatre ans après le dernier congrès du parti.

Philippe Poutou et Olivier Besancenot, un autre ancien candidat du parti à la présidentielle, suivis d’une courte majorité des adhérents, optent pour une « gauche radicale qui peut travailler avec LFI ».

« Un dialogue de sourds »

« Le choix du parti de soutenir la Nupes après la présidentielle n’était pas le bon. On pense qu’on aurait dû continuer à soutenir Poutou pour les législatives et affirmer nos idées. Si on est amenés à se séparer, ce sera la fin du NPA tel qu’il existe aujourd’hui », a déploré Damien Scali, porte-parole de la campagne de Philippe Poutou lors de la présidentielle 2022.

45 % des 2 000 adhérents du NPA sont du même avis.

« Ça ne s’est pas vu de l’extérieur mais en réalité, il y a eu plusieurs campagnes pendant les élections cette année. Il y a ceux qui ne souhaitent que travailler avec Lutte ouvrière, et les partisans d’un parti plus ouvert », a résumé Julien Salingue, le responsable presse du parti.

Au-delà des oppositions internes sur la ligne politique du NPA, les adhérents sont « embarqués depuis des années dans un dialogue de sourds », à cause « d’une construction du parti qui rassemble plusieurs fractions qui ne communiquent jamais ensemble », a rapporté un membre de la direction.

Philippe Poutou avait récolté 0,8 % des voix, soit près de 270 000 votants, lors de l’élection présidentielle en avril.

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https://www.liberation.fr/politique/confronte-a-des-desaccords-profonds-le-npa-cherche-sa-place-a-gauche-20221209_Q5ZIQJJ635C4PBB6RNSV3MM6D4/?redirected=1

Révolution. Confronté à des «désaccords profonds», le NPA cherche sa place à gauche
Réunis tout le week-end à Saint-Denis pour leur congrès, les militants de la formation anticapitaliste doivent trancher la question de leur collaboration, ou non, avec les autres forces de gauche. En creux, c’est la survie du parti qui se joue.

Où va le Nouveau Parti anticapitaliste ? Après une campagne présidentielle passée sous les radars, portée par un Philippe Poutou moins allègre qu’en 2017, et un score final décevant (0,77 %), la question se pose de son avenir. Les uns parlent d’un parti qui «vivote», les autres d’une «incapacité à peser» dans le débat public. Ce week-end, les 2 000 militants revendiqués – ils étaient 9 000 au lancement en 2009 – auront l’occasion de mettre le sujet sur la table. Ils sont réunis en congrès à Saint-Denis jusqu’à dimanche.

Le pari initial était ambitieux : incarner le débouché politique des colères sociales, occuper l’espace de contestation à la gauche du PS. «L’objectif n’a pas été tenu», concède Olivier Besancenot, toujours membre du parti, mais absent des instances de direction. La faute, estime-t-il, à un certain nombre «d’erreurs tactiques, stratégiques et de fond»L’ancien facteur, double candidat à l’élection présidentielle, aime les citations. Il y en a une qu’il affectionne particulièrement : «La seule erreur aurait été de ne pas tenter». Il l’attribue à Daniel Bensaïd, l’un de ses mentors en politique. Quand il l’utilise, c’est souvent pour parler du NPA.

Risque de «scission»

Lors de son congrès, le cinquième du genre, le parti héritier de la LCR pourrait se déchirer. Il y a encore quelques semaines, certains en haut lieu parlaient de «séparation à l’amiable» avec l’aile gauche du parti. Une expression aujourd’hui récusée par la direction. Le risque de scission est pourtant plus réel que jamais. L’affaire n’est pas nouvelle, les trotskistes étant depuis toujours adeptes de la dissidence. Une vieille blague circule dans les milieux militants : «Un trotskiste c’est un parti, deux trotskistes c’est une tendance, trois trotskistes c’est une scission.» La précédente date de juin 2021. Les tenants de l’aile gauche s’étaient fédérés autour d’Anasse Kazib, pour créer Révolution permanente.

Le principal point d’achoppement concerne la Nupes : faut-il travailler avec cette alliance inédite des forces de gauche impulsée par les insoumis sur une «ligne de rupture», comme aime le dire Mélenchon ? Au NPA, personne n’est d’accord. Espoir de créer «l’unité dans les luttes» d’un côté, refus de tout copinage avec «les réformistes» de l’autre.

«Des nuances importantes»

Trois plateformes ont été soumises au vote militant dans la perspective du congrès. Elles portent chacune une lettre : «A» pour celle qui, loin de tout «marasme» et de toute «scission», appelle à la «refondation» du parti ; «B» pour celle qui, soutenue par les principales têtes d’affiche dont Poutou et Besancenot, «assume de poursuivre une stratégie unitaire» ; et «C» pour celle qui pointe «l’urgence de la révolution» et qui campe sur une ligne classique d’autonomie vis-à-vis des autres forces de gauche.

Les résultats, que Libération a pu consulter, révèlent l’ampleur de la division au sein du parti. La plateforme A recueille 6,16 % des voix, la B, 48,29 % et la C, 45,55 %. Si l’orientation portée par Poutou et Besancenot est la plus partagée, c’est d’un cheveu seulement. «Il existe des nuances importantes, voire des désaccords, à l’intérieur du NPA. Le parti est très divisé. Ce n’est pas nouveau», analyse à chaud Julien Salingue, membre de la direction nationale.

Les débats du week-end s’annonçant houleux, personne ne se risque au moindre pronostic. Scission, pas scission ? «On ne va pas préjuger du congrès avant qu’il ait eu lieu», explique un cadre. Philippe Poutou espère que le congrès va permettre de tout «clarifier»«Il y a deux orientations distinctes qui ne peuvent pas se mener dans le même cadre. On ne peut pas continuer à organiser des réunions où on finit par se cartonner.» Cet été, il disait vouloir «construire des choses avec La France insoumise, mais pas que. Nous devons discuter d’un parti large, unitaire, ouvert, anticapitaliste».

Contrairement à Lutte ouvrière, qui refuse toute «tambouille politique», le NPA accepte de discuter avec ses partenaires de gauche. «Nous devons construire des réponses les plus unitaires et les plus larges possibles, défend Julien Salingue. Ça passe par ne pas rester dans son coin à cultiver sa différence et à expliquer aux autres qu’ils ne sont pas assez révolutionnaires.» Une stratégie notamment mise en place lors des mobilisations. Poutou était apparu tout sourire, casquette sur le crâne, lors de la marche contre la vie chère et l’inaction climatique organisée à Paris le 16 octobre.

«Garder de l’espoir»

L’idée d’une refondation profonde du parti est dans les cartons. «On est une bonne partie à dire qu’il faut que ça change vraiment», confie l’ancien ouvrier Ford reconverti dans la promotion de films engagés. L’enjeu étant de savoir sur quel segment politique reconstruire une nouvelle offre. Et avec qui. «Notre but n’est pas de nous regrouper avec Lutte ouvrière et les derniers militants bolcheviks qui existent encore sur Terre», rigole un membre de la direction du parti.

Si l’ambiance est moins euphorique qu’il y a treize ans, c’est aussi parce que le contexte social et politique n’est pas le même. «On a moins la main qu’à ce moment-là», reconnaît Olivier Besancenot. Julien Salingue rappelle qu’en 2009, «on était en plein dans un cycle de mobilisations»«Les années 2000, c’est les manifs contre Jean-Marie Le Pen, le rejet du Traité constitutionnel européen et l’opposition au Contrat première embauche. On était en pleine ferveur altermondialiste», explique-t-il. Pour qualifier la période actuelle, il parle sinon d’un «retournement de situation», du moins d’un «contexte dégradé».

Sans parler de la concurrence d’un Jean-Luc Mélenchon qui, en partie, a réussi à capter l’électorat auquel ambitionnait de s’adresser le NPA : les jeunes, les précaires, les habitants des quartiers populaires… Malgré un «paysage politique difficile», Philippe Poutou dit vouloir «garder de l’espoir» : «Il y a des moments où on y croit plus que d’autres. Mais on garde notre enthousiasme, on se dit qu’on n’a pas le choix.» La lutte continue.