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"Une machination" : la CGT accuse RTE d’avoir vendu des salariés grévistes aux renseignements

Lien publiée le 15 décembre 2022

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

"Une machination" : la CGT accuse RTE d'avoir vendu des salariés grévistes aux renseignements (marianne.net)

Alors que le gestionnaire du réseau électrique RTE s'attelle à éviter les délestages ciblés d'électricité cet hiver, l'entreprise est agitée par un conflit entre la direction et des grévistes qui demandent une revalorisation de leurs salaires. Quatre d'entre eux doivent bientôt comparaître devant la justice. La CGT dénonce une « machination ».

Philippe Martinez a pris la plume pour dénoncer une « machination ». En ce mois de décembre, le leader de la CGT a écrit à Élisabeth Borne pour lui demander d'intervenir en faveur de quatre salariés de RTE (Réseau de transport d'électricité), qui comparaîtront en février prochain devant la justice, pour des faits « d'entrave », de « sabotage » et « d'accès frauduleux à un système informatique », et qui sont de plus sous le coup d'une procédure disciplinaire. Pour la CGT, ces hommes ont été « livrés » à la DGSI par le gestionnaire du réseau électrique, qui a en ce moment la charge d'éviter les coupures de courant. Ils risquent jusqu'à quinze ans de prison. Ce ne sont pourtant pas des hackers, mais des grévistes.

Depuis le mois de mars, des salariés de RTE exigent une revalorisation de leurs salaires, sans avoir été entendus pour l'heure, malgré une succession d'actions « coup de poing ». L'une des plus emblématiques est intervenue le 2 juin dernier, dans la région d'Angers. Des grévistes ont alors coupé l'électricité dans 170 000 foyers dans la région d'Angers pendant deux heures, contraignant les hôpitaux et les centres de secours à déclencher leurs groupes électrogènes, sans qu'aucun incident majeur ne soit toutefois signalé.

ACTIONS DE GRÈVE

De la même manière, certains grévistes ont procédé à des « pertes de conduite », dans le Nord. En clair, il s'agit de couper la capacité d'intervention à distance sur le réseau. Le courant n'est pas coupé, mais un agent est contraint de se déplacer pour s'assurer que tout fonctionne bien. Pour la CGT, c'est une opération habituelle lors des grèves, une manière comme les autres de manifester sa désapprobation en s'appropriant les moyens de production. Pour RTE, il s'agit au contraire d'« agissements graves » pouvant générer « un risque important pour la sûreté électrique ».

Le gestionnaire du réseau a donc décidé de ne pas laisser impunie l'une d'entre elles. Au petit matin du 4 octobre, quatre salariés sont arrêtés. Leurs domiciles sont perquisitionnés, et ils sont emmenés à Levallois-Perret, derrière les murs de la DGSI pour y être auditionnés pendant près de 96 heures de garde à vue. Une situation très mal perçue au sein de RTE, et notamment par les syndicats, qui ont dénoncé une mesure disproportionnée et une atteinte au droit de grève. Dans un premier temps, RTE nie en interne avoir sollicité la DGSI. « Une fois le dépôt de plainte réalisé, la suite de la discipline échappe totalement à RTE, qui est tenu de fournir aux enquêteurs les éléments qui lui sont demandés », assure ainsi la direction dans une communication interne du 5 octobre, consultée par l'Humanité.

« FLAGRANT DÉLIT DE MENSONGE »

Or, il apparaît désormais que c'est le directeur de la sûreté de l'entreprise qui a directement contacté la DGSI, et est resté en lien avec le service de renseignements au cours de l'enquête. Pour l'assurer, la CGT s'appuie sur les procès-verbaux rédigés par le service de renseignements, qui ont été publiés en partie par le média Streetpress. L'un d'eux mentionne clairement que le service a été contacté par le directeur de la sûreté de RTE, Marc Betton, qui dans une autre vie dirigeait l'Inspection générale de la gendarmerie nationale lors de la mort controversée du militant écologiste Rémi Fraisse.

Pour la CGT, RTE est donc pris dans un « flagrant délit de mensonge », comme l'indique l'un de ses membres à l'Humanité. Depuis, la filiale d'EDF s'est défendue auprès de l'AFP, en considérant que la saisine de la DGSI était la « procédure habituelle en matière de cybercriminalité ». Le contexte social est donc éruptif au sein du gestionnaire du réseau électrique, qui doit en ce moment tenter d'éviter les coupures de courant.