[RSS] Twitter Youtube Page Facebook de la TC Articles traduits en castillan Articles traduits en anglais Articles traduits en allemand Articles traduits en portugais

Newsletter

Ailleurs sur le Web [RSS]

Lire plus...

Twitter

Voeux de "Démocratie révolutionnaire", courant du NPA

Lien publiée le 29 décembre 2022

Tweeter Facebook

Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

npa-dr

« Le peuple américain sait que si nous ne résistons pas à des attaques aussi flagrantes contre la liberté, la démocratie et les principes fondamentaux tels que la souveraineté et l’intégrité territoriale, le monde sera confronté à des conséquences bien pires » déclarait Biden lors de la visite de Zelensky à son suzerain, à Washington le 21 décembre, contribuant à ouvrir les yeux de toutes celles et ceux qui s’obstinent à ne pas voir dans les USA, leurs alliés et l’Otan des puissances belligérantes. Les grands principes ont toujours été pour les vieilles puissances impérialistes des slogans destinés à couvrir leurs exactions de nobles ambitions hypocrites quand il s’agit en réalité de défendre leur domination sur le monde. L’année qui commence ne manquera pas malheureusement d’illustrer dramatiquement cette vérité. Zelensky a fait ce que ses maîtres attendaient de lui. Il a dit ce qu’eux ne pouvaient pas dire, prononçant un discours belliciste et violemment antirusse devant un congrès au garde-à-vous, et a obtenu ce que les USA voulaient, financer et armer leur guerre par procuration.

La fin de l’agression, le retrait des troupes russes d’Ukraine ne viendront pas de ceux qui en portent une part de responsabilité et participent à l’escalade militaire. La guerre n’est pas près de prendre fin tant les intérêts et les rapports de force qui sont en jeu sont déterminants pour les différents protagonistes. Même si intervenait une trêve, un accord, il ne serait qu’un moment éphémère dans la logique des rapports de force qui, inévitablement, déboucherait, comme après les accords de Minsk de 2014, sur une nouvelle phase de cette guerre mondialisée.

Les classes dominantes, les États sont engagés dans une fuite en avant dont on ne connaît ni le rythme ni les accidents mais qui engendre une régression sociale globalisée qui ne peut avoir d’issue progressiste que par la révolte, le soulèvement, l’intervention des travailleurs et des peuples.

La guerre en Ukraine est un moment de ce chaos mondialisé qui se développe en conséquence de la concurrence et de la guerre pour les profits. Ses propres effets accroissent le désordre économique et politique, écologique. Les dettes explosent, l’inflation qui nourrit les profits sans accroître la production, loin d’être combattue par la hausse des taux d’intérêts, ne cesse de croître ainsi que la menace de krach financier.

Les dirigeants du capitalisme n’ont aucune réponse à la déroute de leur système, ils en ont perdu le contrôle. Il n’y a pas d’autre issue que de mettre fin à la cause fondamentale de cette folie destructrice, la propriété privée des moyens de production dont les exigences aveugles soumettent l’économie à la cupidité dominatrice d’une minorité qui concentre entre ses mains une part sans cesse croissante des richesses.

« Producteurs sauvons-nous nous-mêmes ! »

Toute la vie sociale, les rapports entre les nations, les rapports humains sont soumis à cette logique absurde, violente et destructrice qui ne laisse d’autre choix aux classes exploitées pour se défendre que de se rassembler, s’organiser, prenant ainsi conscience de la nécessité d’opposer, d’affirmer, de faire valoir leurs intérêts collectifs contre la propriété privée financière du capitalisme mondialisé. Ainsi mûrissent les conditions objectives et subjectives d’une transformation révolutionnaire mondialisée pour substituer à la propriété privée une organisation planifiée, collective, socialiste, communiste de la production et des échanges.

La situation tant internationale que nationale est dominée par ce processus en cours à travers lequel le monde du travail, la jeunesse, les femmes, les migrant.es se mesurent à l’offensive réactionnaire des politiciens au service du capital.

Au centre des interrogations de celles et ceux qui aspirent à être les acteurs conscients de ce processus de révolution permanente se pose la question de savoir comment lui donner une pleine conscience de lui-même, c’est-à-dire la conscience de la nécessité d’arracher le pouvoir des mains de l’aristocratie financière pour construire un pouvoir démocratique et révolutionnaire de la population laborieuse.

Cette prise de conscience pose en même temps la question de la nécessité de construire l’instrument pour la conquête du pouvoir face à l’appareil d’État de la bourgeoisie.

Or, et c‘est là la question politique centrale du moment, le prolétariat n’a pas de direction politique dont il soit l’acteur, acteur de son émancipation par lui-même.

Les organisations syndicales soumises à l’idéologie dominante et intégrées à l’ordre social, loin d’armer la révolte, la canalisent et l’étouffent par leur politique de dialogue social. Les mouvements à la base à la SNCF en particulier en sont la démonstration. Les vieux partis issus de l’histoire du mouvement ouvrier sont devenus des partis parlementaires et de gouvernement aspirant à servir l’ordre établi au point qu’ils ne sont plus que des fantômes qui survivent au sein des institutions. L’opération de réanimation lancée par Mélenchon pour ses propres intérêts politiciens avec la Nupes a pris l’eau de partout au point que le populisme de gauche est lui-même bien mal en point. Il ne fut jamais autre chose qu’une tentative d’occuper la place parlementaire abandonnée par la gauche.

Et le mouvement révolutionnaire trop longtemps réduit à être une force d’opposition au réformisme social-démocrate ou stalinien n’en finit pas de courir après leurs fantômes au nom du front unique. Les membres de la section françaises de la Quatrième internationale, qui constituaient la majorité du NPA, viennent de l’illustrer de façon pathétique en organisant la scission de leur propre parti, sa liquidation, pour pouvoir « bosser avec LFI » comme l’a dit Philippe Poutou. Et si Lutte ouvrière échappe à cet atavisme, c’est au prix d’un repliement sur elle-même et en s’enfermant dans le passé comme l’illustrent les textes de leur denier congrès. Nous en partageons bien des raisonnements, en particulier sur la guerre en Ukraine, mais l’ensemble reste prisonnier de références dogmatiques à Trotsky et au programme de transition, arguments d’autorité d’un volontarisme proclamatoire. En vanter la méthode est profondément juste mais nous avons besoin aujourd’hui de l’appliquer de façon pratique, dynamique, démocratique pour décrire les conditions objectives et subjectives qui tracent la perspective d’un parti des travailleurs. Le CCR en fondant « un nouveau parti » croit pouvoir échapper à ces deux écueils. Il n’est pas sûr que fonder une nouvelle organisation après avoir rompu avec le NPA – les camarades ont certes été poussés dehors, ce qui n’est pas contradictoire avec leur choix de la rupture – soit la meilleure réponse à la crise du mouvement révolutionnaire. Ce pourrait même en être un autre symptôme, une division de plus qui croit pouvoir se proclamer nouveau parti.

Le mouvement trotskyste hors de l’histoire ?

Travailler à formuler une ou des réponses à cette crise nécessite une première étape, faire un état des lieux, un diagnostic sur l’ensemble du mouvement et de ses limites sans être dupe au point de croire que la dénonciation des défauts des autres suffit à formuler l’ébauche d’une réponse, une politique répondant aux besoins de l’ensemble du mouvement.

Il nous est indispensable de comprendre comment le mouvement révolutionnaire en est arrivé à l’état de division extrême qui est le sien dont le dernier épisode des trois congrès -LO, NPA, RP- donne un tableau qu’il est difficile d’ignorer.

Certes, il nous faut pointer les erreurs, occasions manquées, limites, mais nous devons aborder la question en rompant avec l’esprit de chapelle des fractions qui voient fort bien certains défauts des autres, et souvent les ramènent à des questions de personne, mais pour mieux justifier leurs propres limites. C’est-à-dire penser non pas du point de vue de petits groupes mais de celui de l’évolution historique du capitalisme, du mouvement ouvrier et de sa fraction révolutionnaire.

Le propos de cet article n’est pas de dresser un tableau d’ensemble mais de souligner les repères qui semblent essentiels. Le premier est la scène où se joue le drame, l’évolution du capitalisme lui-même à son stade financiarisé mondialisé qui ne se survit que par une surexploitation des hommes et de la nature ruinant les velléités réformistes qui avaient vu le jour à l’époque du développement de son stade impérialiste. Le deuxième est le renforcement à un stade jamais atteint de la tendance décrite par Trotsky à l’intégration des syndicats à l’appareil d’État, le troisième est l’effondrement des vieux partis ouvriers intégrés aux institutions de la bourgeoisie. Le premier combiné au deuxième et au troisième ont désarmé le mouvement ouvrier alors que la majorité du mouvement trotskyste pensait et définissait sa politique par rapport à ces vieux partis quand leur influence était hégémonique. Elle subissait leur pression dans le même temps qu’elle cherchait une issue révolutionnaire dans le mouvement de libération nationale de l’après-guerre croyant voir des États ouvriers naître en Chine, en Yougoslavie, dans les pays du glacis soviétique, le socialisme à Cuba…

Ces errements politiques et théoriques ont totalement désarmé la plupart des différents courants du trotskysme au moment où l’histoire a basculé, après l’effondrement de l’URSS, avec l’intégration des pays libérés du joug colonial au marché capitaliste pour devenir les forces motrices du développement du capitalisme financiarisé mondialisé. Le mouvement trotskyste, seul courant international révolutionnaire, s’est retrouvé d’une certaine façon hors de l’histoire, sans boussole.

Si Lutte ouvrière et l’UCI, son courant international, ont échappé à ce processus pour affirmer et construire un courant indépendant de la gauche institutionnelle et des courants nationalistes dirigeant les révolutions coloniales, elle n’a cependant pas réussi à saisir les possibilités ouvertes par la chute du Mur alors qu’elle avait réussi à conquérir une large audience du fait de son indépendance vis-à-vis de la gauche de gouvernement. L’occasion manquée par LO et la LCR entre 1995, l’élection présidentielle et le mouvement de novembre-décembre, et 2004, dernier accord électoral entre LO et la Ligue, a lourdement hypothéqué la suite. Le NPA était une tentative de réponse à cet échec mais il était marqué d’une faiblesse congénitale puisque LO refusait de s‘y associer, même de participer aux discussions. Notre courant, exclu de LO en 1997 pour y avoir posé la question du parti en termes nouveaux et tracé la perspective du « parti d’Arlette et d’Alain », avait fusionné avec la LCR et participé à la majorité qui fonda le NPA. Nous avons pris nos responsabilités dans sa direction en militant pour que le compromis du congrès fondateur entre affirmer une stratégie révolutionnaire et les adeptes du parti large débouche sur un processus de construction d’un parti des travailleurs. La bataille politique pour empêcher ces derniers, la IV, d’affaiblir puis de ruiner le processus au prix de plusieurs scissions jusqu’à l’ultime, ne pouvait réussir qu’à condition que les autres courants révolutionnaires, à l’extérieur et au sein du NPA, en fassent leur affaire plutôt que de se concentrer sur leur propre construction.

Pour une démocratie révolutionnaire permanente et vivante

Il nous faut aujourd’hui reprendre à zéro. Le long processus de décomposition arrive à son terme sans que la moindre recomposition tant espérée par la IV ne voit le jour si ce n’est dans les éphémères tentatives du populisme de gauche, Syriza, Podemos, dans une moindre mesure LFI et la Nupes. Pas plus que n’a progressé l’unité des révolutionnaires, au contraire.

La scission opérée par la IV au sein du NPA est une liquidation qui tourne le dos à la perspective de la construction d’un parti des travailleur.es révolutionnaires. Pour celles et ceux qui n’abdiquent pas, continuer le NPA, maintenir les cadres militants, les renforcer se combinent d’un bilan qui ne peut se limiter à accuser les responsables et coupables mais bien à apprendre d’une riche expérience dont l’échec renvoie à l’histoire même du mouvement trotskyste, toutes tendances confondues, pour travailler collectivement à refonder le mouvement révolutionnaire.

Nous avons voulu, en cette fin d’année 2022 et au lendemain de la scission du NPA, revenir sur notre modeste contribution à ce combat, la place que nous avons voulu y prendre, en publiant des textes qui jalonnent cette histoire dans le dossier joint à cette lettre. Le présent nous aide à mieux comprendre le passé pour prolonger la courbe. Il nous est indispensable de revenir sur la période ouverte par la chute du Mur pour comprendre comment le mouvement révolutionnaire en est arrivé à la scission du NPA après la rupture-exclusion des CCR pour fonder « un nouveau parti » tandis que LO continue de s’enfermer dans l’isolationnisme malgré des interrogations de bien de ses militant.es.

Il s’agit de nous donner les moyens d’aborder la situation nouvelle avec un regard libre des justifications des politiques passées. Elle est inédite et s’inscrit dans un contexte économique, social et politique en pleine mutation. Formuler une politique pour rompre avec la logique de divisions stériles ne relève pas d’un simple exercice intellectuel mais d’une pratique militante visant à construire de nouveaux rapports démocratiques non seulement entre militant.es, entre courants et tendances révolutionnaires mais, aussi, et les deux sont indissociables, avec toutes celles et ceux que nous côtoyons dans nos activités, nos interventions, les luttes, dans nos syndicats ou associations, comme sur nos lieux de travail ou d’habitation.

A la lumière de cette expérience, nous sommes convaincus qu’aujourd’hui non seulement continuer le NPA n’est en rien continuer le NPA d’avant la scission mais qu’il s’agit de sa refondation qui, elle-même, participe de celle du mouvement révolutionnaire en lien avec toutes celles et ceux qui regardent vers nous et tout particulièrement la jeunesse. Cette refondation est d’abord démocratique car elle passe par la construction de relations de travail et de collaboration, de discussion, d’élaboration aussi, conditions pour que nous puissions avancer dans notre compréhension commune de la période et des tâches. « L’unité des révolutionnaires » s’avère un slogan vidé de son contenu sans cette volonté. C'est dans ce sens que nous intitulerons dorénavant notre Newsletter : « Pour une refondation démocratique du mouvement révolutionnaire ».

Le Communisme, c’est « le mouvement réel qui abolit l'état actuel » disait Marx, ce mouvement s’approfondit. A travers la crise du courant révolutionnaire, les luttes de tendances, ses acteurs se réapproprient les idées et expériences d’un passé trop souvent idéalisé, voire mythifié dans la répétition incantatoire des vieilles formules d’Octobre 17 ou des années trente. Leur justesse, l’indispensable expérience, l’héritage qu’elles représentent renvoient à la capacité d’initiative du mouvement révolutionnaire de l’époque. Elles constituent le socle indispensable pour aller de l’avant, assumer la continuité du fil rouge de l’histoire du mouvement ouvrier, reprendre l’initiative.

En ce début d’année où la brutalité du capitalisme alimente l’actualité, nous formulons nos vœux pour que la vitalité, l’énergie, la force bien réelle du mouvement révolutionnaire, c’est à dire du marxisme, retrouvent le dynamisme de la démocratie, de la solidarité dont les travailleur.es, les opprimé.es, de plus en plus souvent, nous donnent l’exemple.

Démocratie révolutionnaire