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Trahison : les directions syndicales suspendent la grève des ambulanciers au Royaume-Uni

Royaume-Uni

Lien publiée le 30 décembre 2022

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Trahison : les directions syndicales suspendent la grève des ambulanciers au Royaume-Uni (revolutionpermanente.fr)

Dans un contexte où les grèves se multiplient au Royaume-Uni, une journée de grève des ambulanciers pour les salaires, qui devait avoir lieu juste après Noël ce mercredi 28 décembre a été annulée il y a quelques jours par les directions syndicales.

[Crédits photo : Reuters. Ambulanciers sur un piquet lors de la journée du 21/12]

Deux journées de grève de 24h avaient été planifiées à l’avance pour les 21 et 28 décembre, dans un pays où les lois anti-sociales en vigueur obligent une consultation des salariés avant de pouvoir exercer son droit de grève.

Le syndicat GMB a annoncé vendredi dernier l’annulation de la grève prévue pour le 28 décembre, malgré le succès de la journée du 21 décembre qui avait vu se mobiliser le personnel ambulancier (ambulanciers, techniciens, gestionnaires d’appels…) dans presque tous les services régionaux d’Angleterre et du Pays de Galles. Comme beaucoup d’autres, les travailleurs des services ambulanciers se mobilisaient pour les salaires, face à un gouvernement qui refuse toujours de les augmenter dans un contexte d’inflation galopante. La grève avait aussi lieu après deux autres journées d’action historiques les 15 et 20 décembre dans le secteur de la santé.

Depuis le début du mois de décembre, il ne s’est pas passé un jour sans qu’au moins un secteur du monde du travail soit en grève au Royaume-Uni. Au total, plus d’1,5 million de travailleurs auront fait grève pour réclamer des augmentations de salaires. Les grèves du secteur de la santé s’inscrivent dans la vague de grève contre l’inflation qui a débuté cet été et qui s’amplifie actuellement dans le cadre d’un véritable « hiver du mécontentement » qui touche de nombreux secteurs. Une mobilisation d’ampleur, qui touche le public comme le privé.
La grève du 21 décembre avait été particulièrement réussie : des milliers de travailleurs des services ambulanciers avaient débrayé mercredi dernier après que 10 000 d’entre eux aient voté pour la grève.
Les soignants exprimaient leur colère contre la dégradation du service de santé, le NHS, en revendiquant non seulement des augmentations de salaires mais aussi en se mobilisant contre la crise profonde de l’hôpital public qui les touche de plein fouet. Après des années de coupes budgétaires et de gestion néolibérale, les hôpitaux britanniques font face à une pénurie de personnel, avec 47 000 postes d’infirmiers non pourvus.

Aussi, sur un piquet des services ambulanciers du centre de l’Angleterre, les grévistes étaient réunis derrière une banderole dénonçant un « NHS en état de siège ».
À Brighton, les grévistes portaient des pancartes « Trop épuisés pour soigner » et un syndicaliste témoignait : « Nous nous mobilisons contre les coupes budgétaires du gouvernement contre notre service, qui nous empêchent de délivrer les soins correctement. Nos patients souffrent jour après jour et les gens en ont assez. »

Face au gouvernement conservateur dirigé par Rishi Sunak qui n’a pas bougé d’un pouce, l’appel à suspendre la grève est une véritable marche arrière. En effet, celui-ci est à l’offensive et veut se montrer intraitable face aux revendications, en refusant toute augmentation de salaires. Mercredi dernier, le ministre de la Santé Steve Barclay a ainsi signé une tribune dans le Daily Telegraph dans laquelle il affirme que « Les syndicats d’ambulanciers ont délibérément choisi de faire du mal aux patients ».

C’est face à cette rhétorique antigrève que les directions du GMB ont cédé, en annulant la deuxième journée de grève prévue ce mercredi et en appelant à la place à une E style="box-sizing: border-box; background-color: transparent; color: rgb(195, 36, 39); text-decoration: none; font-weight: 700;" target="_blank">nouvelle date le 11 janvier pour que la population qui a soutenu les grévistes puisse « profiter des fêtes sans une angoisse supplémentaire ». Dans les faits, la grève a été annulée sans que le gouvernement fasse la moindre concession, la secrétaire nationale du syndicat affirmant même auprès du Guardian que toute proposition d’augmentation des salaires pourrait résoudre le conflit, y compris des augmentations qui ne seraient pas nécessairement à hauteur de l’inflation.

Les directions syndicales justifient l’annulation de la grève par « l’incroyable soutien de l’opinion publique pour les personnels paramédicaux et ambulanciers ». A rebours de cette logique, il faudrait s’appuyer sur ce soutien massif pour amplifier le mouvement. Plusieurs sondages d’opinion montrent que les grèves sont majoritairement soutenues. A ce soutien s’ajoute une défiance croissante contre le gouvernement conservateur, dans une situation politique instable et un climat de mécontentement croissant. Une grande partie des travailleurs britanniques et de la population pensent que le gouvernement est responsable et « gère mal » la situation actuelle. « L’argent, ils le trouvent pour les banques ! Ils le trouvent pour leurs amis ! » s’exclamait ainsi une infirmière qui témoignait au micro de France info.

Ces derniers jours, le premier ministre Rishi Sunak est également sous le feu d’une vive polémique, pour une scène filmée avant Noël lors d’une distribution de repas où il demande à un sans-abri s’il « travaille dans les affaires » alors que celui-ci lui répond qu’il aimerait déjà réussir à passer Noël, donnant à voir dans toute sa splendeur le gouffre entre des politiciens britanniques hors-sol et la population qui se débat face à l’inflation.

La colère existe, et s’il y a bien quelque chose qu’ont démontré les travailleurs britanniques ces dernières semaines, c’est leur détermination. Le niveau de mobilisation est tel, aujourd’hui, qu’il fait planer le spectre d’une grève générale dans un pays qui a connu l’écrasement des grèves et la brutalité néolibérale de l’ère Thatcher.

La décision des directions syndicales britanniques du GMB s’inscrit bien en réalité dans la dispersion et division des dates qui caractérise la mobilisation actuelle Outre-Manche. Rien que dans le secteur de la santé, les infirmiers et infirmières ont fait grève les 15 et 20 décembre, tandis que les ambulanciers faisaient grève les 21 et 28. En janvier, ils sont respectivement appelés à la grève les 18 et 19 pour les infirmiers et le 11 pour les ambulanciers.
Le calendrier des grèves fait se mobiliser chaque secteur l’un après l’autre à l’occasion de dates séparées et en ordre dispersé. Cette semaine, les dates de mobilisation dans les transports ferroviaire vont du 26 au 29, tandis que les travailleurs des bus sont appelés à la grève les 27 et 31, et ce après des journées de grève des postiers les 23 et 24 la semaine dernière. Ce 28 décembre, les personnels des aéroports étaient en grève.

Cette désynchronisation organisée par les bureaucraties syndicales britanniques est une véritable impasse pour le mouvement. Au contraire, seule une action coordonnée nationalement et un plan de bataille unitaire peuvent donner à la classe ouvrière britannique une chance de l’emporter face au patronat et face à un gouvernement qui menace de mettre en place de nouvelles lois pour limiter le droit de grève et qui a parlé de mobiliser l’armée pour casser les grèves et remplacer les grévistes.