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    Retraites : d’une lutte économique à celle politique puis globale, par Laurent Degousée

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    Lien publiée le 25 janvier 2023

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    Retraites : d’une lutte économique à celle politique puis globale, par Laurent Degousée – Arguments pour la lutte sociale (aplutsoc.org)

    Énorme : la première journée de mobilisation contre la réforme des retraites a réuni, dans plus de deux cent cinquante villes, deux millions de participant-es dont quatre cent mille sur Paris, ce qui en fait la plus grosse depuis 1995 qui avait obligé le Premier Ministre de l’époque de remballer une réforme analogue à l’issue de manifestations marathons et d’un blocage continu des transports.

    Ce qui frappait dans les cortèges, c’était leur hétérogénéité tant en matière de participation de salarié-es issus de différents secteurs professionnels que de générations. Et, face au nombre qui a obligé à dédoubler le parcours du cortège, la police, hormis face à celui de tête, s’est faite discrète dans la capitale. L’intersyndicale, forte de ce succès qui la dépasse donc l’oblige à appeler le soir-même à une réplique encore plus puissante le 31 janvier prochain plutôt que dès la semaine prochaine, ce qui fait dire à certains que la mobilisation est déjà terminée, voire trahie alors que le texte sera examiné au Conseil des Ministres ce lundi (23 janvier). Faisons d’un obstacle une opportunité : on peut faire mieux et plus le 31 avec davantage de jours pour le préparer !

    Évidemment, une nouvelle journée de mobilisation, même plus ample, ne suffira pas à faire reculer Macron qui se réfugie derrière la légitimité de son élection dans les circonstances pourries que l’on sait alors que, ça et là, des dissensions se font jour dans sa propre majorité relative et chez ses nouveaux alliés Républicains de circonstance. Mieux, on ne sait pas si la proposition du groupe Modem de toucher aux 35 heures relève de la provocation, de l’inconscience ou d’une volonté de savonner la planche à la réforme.

    Ce samedi [21 janvier) a également eu lieu à Paris la marche nationale sur les retraites, appelée dès septembre dernier par un grand nombre d’organisations de jeunesse à l’exception notable de l’UNEF, attachée à l’intersyndicale, soutenue entre par la France Insoumise et le(s) NPA et rejointe en tête par les Gilets jaunes. Passée la querelle autour du nombre de manifestant-es (certainement pas les quatorze-mille du cabinet Occurrence mais pas les cent cinquante mille des organisateurs en comparaison de celle contre la vie chère du 16 octobre 2022 dont toute la NUPES était partie prenante), l’objectif recherché a été atteint, à savoir exhorter la jeunesse à rentrer dans la mobilisation, elle qui n’est pas assujettie à la perte de salaire en cas de grève et qui s’est illustrée par sa participation aux marches climatiques ces dernières années.

    Les syndicalistes, dont l’auteur de ces lignes, qui ont pris la parole avant les représentant-es politiques juchés sur un bus à impériale, ont martelé à la foule présente la nécessité de se mettre en grève car la grève générale n’est que la généralisation des grèves. Pour gagner le retrait, mieux le retour à 60 ans et aux 37,5 annuités, un seul secteur en reconductible, comme l’Éducation en 2003 ou les raffineries en 2010, ne suffira pas à les faire reculer. Il n’y aura de substitut non plus à travers l’organisation de nouvelles manifestations le week-end, même conjointes entre partis et syndicats comme Mélenchon l’a proposé, ou d’appels au référendum qui vont du PCF au RN, il n’y aura que l’entrée en grève pour une heure, un jour, une semaine, un mois du plus grand nombre qui connaît désormais sa force : c’est quoi franchement plusieurs jours de grève face aux années de misère qu’ils nous préparent ?

    Dès demain, des intersyndicales au plan local se mobiliseront, y compris avec le retour de retraites aux flambeaux comme en 2019, et la CGT et SUD Éducation appellent déjà à la grève reconductible dès le 31 janvier prochain. Sur fond de rejet massif de la population et d’impopularité grandissante du chef de l’État, il faut expliquer, expliquer encore y compris le fond politique de leur réforme et œuvrer à amplifier, diversifier la participation, passer, comme lors de celle des Gilets jaunes, de la crise sociale à celle du régime car l’arme de la critique ne saurait remplacer la critique des armes.

    Laurent Degousée, le 22-01-2023.