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    Retraites : Pour un “Gilet Jaune salarial” !

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    Lien publiée le 3 février 2023

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    Retraites : Pour un "Gilet Jaune salarial" ! - FRUSTRATION (frustrationmagazine.fr)

    Dans un sondage publié le 1er février 2023, le lendemain de la deuxième grande journée de mobilisation contre la réforme des retraites, on apprenait que plus de 60% des Français sont en faveur du blocage du pays. On imaginerait des syndicats chauds bouillants face à cette vague de soutien y compris pour des actions dures, qui donne un autre aperçu de l’état de l’opinion que le micro trottoir sur le quai de la gare Montparnasse un premier jour de vacances ou du boulanger de La Rochelle. Et pourtant nous revoilà avec des journées de mobilisation éparpillées, pour permettre aux capitalistes et au gouvernement d’anticiper et de s’adapter au mieux, et des promenades le samedi.

    L’urgence est telle, le coût humain de notre passivité sera si élevé, qu’on ne peut plus perdre de temps à attendre de savoir quels seront les ordres des organisations traditionnelles. Nous ne pouvons plus nous en remettre passivement à leur stratégie dont les résultats parlent d’eux-mêmes : défaites sociales sur défaites sociales depuis des décennies, et un gouvernement aujourd’hui peu inquiet, sûr de son bon droit. 

    Mais alors – et c’est la juste question que beaucoup de lectrices et lecteurs nous ont posée en réaction à nos critiques amicales de la stratégie, à notre sens peu efficace, de l’intersyndicale : que faire ? Voici les éléments de réponses que nous proposons. 

    Massifier ne sert (presque) à rien 

    C’est le mot d’ordre de beaucoup de syndicats : il faudrait “convaincre” ! “Massifier” ! Nous étions 2 millions la première journée et ça n’a rien changé ? C’est parce que nous n’étions pas assez nombreux ! Nous étions 2,8 millions cette fois, ah ils ont vu ce qu’ils ont vu ! Et en plus ça s’est passé dans le calme, il faudra penser à remercier le préfet. Ah tiens, c’est étrange, cela n’a toujours pas convaincu le gouvernement et les macronistes qui continuent de nous rire au nez. C’est que nous n’étions pas assez nombreux, il faudra être encore plus la prochaine fois alors, et puis d’ailleurs il faudra être majoritaire, peut-être que quand nous serons 64 millions dans les rues, le gouvernement nous écoutera ?

    Eh bien non, il ne nous écoutera pas, il ne le fera jamais, car il n’a aucune raison de le faire. Le gouvernement a bien des défauts, mais pas celui d’être analphabète : il sait lire, comme nous, comme vous, les sondages. Il sait que personne ne veut de sa réforme pourrie. Et il s’en fout. Car nous sommes dans une drôle de démocratie où notre seul pouvoir se limite à élire tous les cinq ans le nouveau favori de la bourgeoisie pour faire toujours les mêmes réformes anti-sociales. Et il a, dans un sens, raison, car – et c’est d’ailleurs un des arguments de la Macronie – en Cinquième République, gouverner contre l’avis de la majorité des citoyens n’a rien de bizarre, n’a rien d’anticonstitutionnel, c’est parfaitement normal, c’est parfaitement légal. Ce qui devrait nous amener à faire des connexions logiques que beaucoup font déjà, que les Gilets jaunes faisaient déjà

    Nous sommes donc dans une situation assez triste où une partie de notre bureaucratie syndicale, plutôt que de faire son travail de mobilisation et d’organisation stratégique, défend et s’enfonce dans des impasses en se focalisant sur deux objectifs : “convaincre” et “faire entendre le mécontentement”. Deux objectifs qui passent à côté de ce qui doit être à nous toutes et tous notre principal but : créer un rapport de force à même de faire plier ceux qui veulent nous faire crever au travail. 

    Car qui reste-t-il, exactement, à convaincre ? Dans une démocratie qu’on imaginerait normale, le fait qu’une large majorité soit opposée à une loi ou une réforme devrait suffire à ce que celle-ci ne soit pas adoptée. Il reste entre 10 et 30% de Français favorables à la réforme : ça tombe bien, c’est à peu près à ça qu’on peut ramener les franges bourgeoises et sous-bourgeoises de France, et donc, à peu de choses près, l’électorat macroniste. En quoi cela est-il censé nous surprendre ? En supposant que cela ne soit pas perdu d’avance, pourquoi devrions nous gâcher notre précieux temps, notre énergie, à les convaincre ? Qu’est-ce que nous cherchons à prouver ? Qu’est-ce que cela changera ? Si nous sommes 82% au lieu de 71% de Français à être contre, le gouvernement se mettra-t-il subitement à nous considérer ? 

    Arrêtons de chercher à convaincre, réfléchissons ensemble à comment être efficaces. 

    Il n’y a plus personne à convaincre. Nous sommes toutes et tous convaincus. Nous n’avons même pas besoin d’arguments d’énarques sur l’état des caisses et des courbes sur les 25 prochaines années, nous savons, nous voyons, qu’il y a du fric partout, que les bourgeois se goinfrent, que nos conditions de travail se dégradent, que le gouvernement ment, tout le temps, et par dessus tout, que nous n’avons pas envie de travailler plus.
    Arrêtons de chercher à convaincre, réfléchissons ensemble à comment être efficaces. 

    Et vous savez ce qui n’est pas efficace ? “Exprimer notre colère dans des grandes manifestations pacifiques”. La preuve ? Ils le répètent tels des perroquets sur toutes les matinales : ils vous “ont entendu”. Ah top ? Et du coup ? Et du coup rien, ils ont entendu, ils vous “comprennent”, mais ils s’en foutent royalement. C’est mieux dit, mais l’idée générale est “le gros chialeur a fait son caca nerveux, il va se calmer. Il aura quand même sa piqûre, c’est pour son bien !”. 

    Chercher à convaincre une population déjà convaincue n’est déjà pas très utile, mais alors chercher à convaincre les auteurs mêmes de la réforme, compter sur l’empathie de la même bande qui mutilait, emprisonnait, énucléait les gilets jaunes, c’est au mieux de la naïveté, c’est au pire, et plus probablement, de la bêtise complice.
    Nous ne devons pas convaincre, nous devons contraindre. Nous ne devons pas nous exprimer, nous devons agir. 
    Quémander l’attention et la pitié de notre maître ne nous vaudra que quelques coups de cravaches en plus sur le museau, l’humiliation en prime. 

    A la gauche radicale, les réflexions sont beaucoup plus poussées et vont clairement dans le bon sens. On pourrait toutefois interroger l’appel systématique et mythique à “la grève générale” et interroger son utilité réelle.

    Admettons-le, dans une économie en partie tertiarisée, numérisée, “bullshétisée”, et on est désolé si c’est votre cas (c’est aussi vrai pour une partie d’entre nous, rassurez-vous) : il y a dans la population une part non négligeable de personnes dont l’arrêt du travail n’a qu’un impact assez marginal sur le réel. Outch. Ce n’est pas pour autant qu’ils et elles ne peuvent pas avoir un vrai rôle dans la mobilisation en cours.

    Notre point de vue est qu’il vaut parfois mieux 100 000 personnes très déterminées, capables de bloquer l’économie, que 10 millions à qui on ne donne comme perspective que de faire des marches folkloriques et un jour ou deux de grève par mois. C’est ce que nous allons essayer de démontrer. 

    Quémander l’attention et la pitié de notre maître ne nous vaudra que quelques coups de cravaches en plus sur le museau, l’humiliation en prime. 

    Bloquons l’économie : tapons la bourgeoisie au porte-monnaie 

    Mais alors Frustration, t’es bien gentil, mais s’il y avait des solutions miracles, peut-être qu’ils y auraient déjà pensé, nos professionnels du militantisme ? 

    Sauf que nous ne proposons pas de solutions miracles ou de plan génial auquel personne n’aurait pensé auparavant et qui nous serait subitement apparu alors que nous sifflotions l’Internationale sous la douche ce matin, mais plus simplement de regarder froidement ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, ce qui a fait ses preuves dans notre histoire sociale et ce qui n’a jamais marché. 

    Le mouvement actuel est régulièrement comparé à 1995, précédent grand mouvement contre une réforme des retraites car on retrouve des chiffres de mobilisation comparables. Mais la comparaison s’arrête là. Car en 1995, on ne parle pas de quelques journées de grèves éparpillées et par conséquent inoffensives, on parle d’une paralysie totale de la France pendant trois semaines. On parle d’une grève reconduite : on tient tant qu’on a pas obtenu satisfaction, on vous fait cracher des millions jusqu’à que vous lâchiez l’affaire, jusqu’à que vous ayez plus à perdre qu’à gagner, jusqu’à que votre impopularité et la détestation que vous suscitez vous fasse sacrément craindre pour votre petits postes minables. 

    En 1995, on ne parle pas de quelques journées de grèves éparpillées et par conséquent inoffensives, on parle d’une paralysie totale de la France pendant trois semaines

    Voilà ce qui est à la hauteur. Le sujet avance : la CGT, grâce à la pression mise par une base moins frileuse que sa direction, défend de plus en plus ouvertement la grève reconductible. Nos copines et copains de Révolution Permanente font aussi tout ce qu’ils peuvent pour qu’elle soit mise en place, sans attendre. 

    La grève reconductible a un effet multiplicateur dans ses impacts, c’est une guerre de position qui désorganise, exaspère, fatigue le gouvernement, lui met une pression croissante. C’est ça et uniquement ça qui peut le faire céder. 

    Grève reconductible n’est pas synonyme de “grève générale”. Nous avons besoin que toutes et tous les opposants à la réforme soient mobilisés, nous n’avons pas besoin qu’elles et ils soient tous en grève en permanence, car nous n’avons pas toutes et tous le même impact sur l’économie. Alors pourquoi faire cette précision, car dans l’idée, “plus on est, mieux c’est !” ? Car c’est ce qui permet à pas mal de faux amis du mouvement d’expliquer qu’une grève reconductible est trop dure à assumer pour les travailleuses et travailleurs, surtout dans une période d’inflation comme la nôtre. Et c’est en partie vrai. 

    En 1995, la grève n’était pas générale, elle était avant tout une grève massive du service public.

    C’est pourquoi il est plus intéressant que se mettent en grève les professionnels-clés des secteurs bloquants de l’économie, avec des systèmes tournants, et que les secteurs secondaires viennent en aide aux premiers par divers moyens, le plus évident d’entre eux étant les caisses de grève pour assurer des pertes de salaire les moins élevées possibles. Cotisons pour permettre à ceux qui ont un impact décisif de faire grève.

    En 1995 la grève n’était pas générale, elle était avant tout une grève massive du service public. Car soyons concrets : les secteurs essentiels, ceux qui vont taper durement le patronat au porte-monnaie et bloquer l’économie, nous les connaissons. Il s’agit notamment de l’Education nationale, de l’énergie et des transports. Des grèves suivies dans ces secteurs ont un impact majeur sur l’ensemble de l’économie. 

    Bloquer certains axes-clés de circulation a aussi un impact de premier ordre. C’est par exemple ce que peuvent faire, et qu’ont déjà fait, les chauffeurs routiers. Au Canada il y a un an, les “convois de la liberté” sont parvenus à paralyser Ottowa pendant près d’un mois. Voilà qui est “inspirant”. 

    Bloquer l’économie, c’est se battre pour la grève reconductible dans les secteurs essentiels, soutenus par les autres via la cotisation, et par des actions de blocage concrets, de désobéissance civile, empêchant la production et la circulation normale des marchandises. 

    Arrêtons les marches, arrêtons le cirque : surprenons

    Nos grandes marches traditionnelles et folkloriques, si elles ont le mérite d’être parfois joyeuses pour les plus sympathiques, ou de nous donner de l’adrénaline pour les plus sportives, de nous occuper le week-end avec une activité gratuite où nous pouvons retrouver nos amis, de nous procurer l’impression d’agir (parfois à peu de frais…), n’ont, on le voit, que peu d’impact. C’est parce que positionnées sur des parcours déclarés et négociés en préfecture, qui évitent les lieux de pouvoir, et à Paris dans des rues haussmanniennes pensées architecturalement pour pouvoir mater des rébellions, elles n’ont qu’une portée symbolique qui n’intéresse finalement que celles et ceux qui y participent. 

    La marche a même cessé d’être une marche. Elle s’est transformée en pique-nique, en cirque. Rien qu’un cirque, avec les clowns et tout’

    MALCOLM X, MESSAGE TO THE GRASS ROOTS, NOVEMBRE 1963

    Pour nous rendre encore plus impuissants que nous le sommes déjà, certains ont l’obsession de vouloir que nos marches n’adviennent que le samedi. Manière de signifier que nous ne lutterons que le week-end et sans faire grève…

    Parlant de la marche de Washington de 1963, le leader afro-américain Malcolm X disait : “la marche a même cessé d’être une marche. Elle s’est transformée en pique-nique, en cirque. Rien qu’un cirque, avec les clowns et tout. (…) ils ont dit à ces Noirs à quelle heure arriver en ville, comment venir, où s’arrêter, quels signes porter, quelle chanson chanter, quels discours ils pouvaient faire et quels discours ils ne pouvaient pas faire et puis, ils leur ont dit de sortir de la ville au coucher du soleil. Et chacun de ces Tom est sorti de la ville au coucher du soleil (…). C’était un cirque, un spectacle qui a battu tout ce que Hollywood pourra jamais faire dans le genre, la performance de l’année”.
    Ce que dit assez éloquemment Malcolm X n’a pas beaucoup vieilli : c’est qu’une manifestation prévue, encadrée, contrôlée, anticipée par le pouvoir ne lui fait pas peur.

    Nous avons en France l’exemple de manifestations qui ont effrayé sérieusement le pouvoir et qui ont permis, a minima, le retrait d’une loi : c’est le mouvement des Gilets jaunes. Manifestations sans concession, non déclarées, non affiliées, plurielles, à proximité des lieux du pouvoir.

    Ne rentrons plus chez nous : occupons

    Parmi les traditions du militantisme folklorique, il y a les blocages de lycées et les occupations de facs. 

    Encore un domaine que nous connaissons bien. Ces dernières ne sont pas dénuées d’intérêt et permettent de se “former politiquement”. Elles sont aussi l’occasion de s’épargner des cours parfois pénibles, de réfléchir à des graff qui claquent, éventuellement de draguer et de tomber amoureux, de tromper l’ennui avec des AG et des ateliers interminables, de débattre (pour celles et ceux qui aiment bien ça), de voir Frédéric Lordon en vrai à Tolbiac, de boire des canons avec des punks à chiens et des types un peu louches… Bref de changer le cours normal des cours.

    Mais comme toutes les traditions, celle-ci mérite d’être questionnée. Elle fait appel à un autre mythe que la grève générale, à celui de Mai 68 où l’on s’est imaginé que la jeunesse étudiante, en particulier parisienne, pourrait servir “d’avant-garde révolutionnaire”. Mais quel est concrètement, pour le pouvoir, pour la bourgeoisie, l’impact réel de ces blocages ? Si ce n’est le plaisir, non négligeable, d’empêcher quelques fayots de droite de se rendre en cours en les entendant grogner “gngngn bande de feignants”. 

    Pourtant la jeunesse étudiante peut avoir un impact tout à fait significatif : elle a la détermination, l’énergie, du temps, pour une partie un socle théorique utile, et souvent moins à perdre que d’autres catégories. Par ailleurs, la bourgeoisie est parfois un peu plus fébrile à l’idée de s’en prendre trop violemment à une partie de ses propres enfants. Il faut donc s’interroger sur ce qui est pertinent ou non de bloquer et d’occuper : y a-t-il d’autres lieux où les étudiantes et étudiants peuvent agir avec davantage d’impact ?

    Les occupations d’axes stratégiques, de lieux de pouvoir, de conseils d’administration, de chantiers nocifs sont des pistes sérieuses.

    Un peu moins risqué et avec de nombreux exemples récents : les occupations de places, qui, malgré leurs dimensions elles aussi essentiellement symboliques, ont montré qu’elles peuvent être des points névralgiques de soutien aux luttes, d’exaspération du pouvoir voire… le début de révolutions. 

    Disons à “nos élus” ce que nous pensons de leur réforme

    Nos médias nous le disent : de nombreux députés sont de moins en moins chauds et sûrs de leur vote. La raison ? “Ils rentrent dans leurs circos et sont interpellés”. Encore une leçon. Les Gilets jaunes avaient d’ailleurs régulièrement dit leur insatisfaction directement aux élus. 

    Alors n’hésitez pas à leur dire tout ce que vous pensez de la loi qu’ils s’apprêtent à voter, après tout cela est normal, ce sont nos “représentants” hein.

    Le site bien fait de l’Assemblée nationale vous permet de savoir quel est le député de votre circonscription, avec la possibilité de lui envoyer un mail : https://www2.assemblee-nationale.fr/recherche-localisee/formulaire . Une recherche Google vous permettra normalement de trouver sa permanence (son local) si vous souhaitez plutôt un rendez-vous (ou organiser des rassemblements).

    Pour un “gilet jaune salarial” : soyons offensifs, imprévisibles et anti-hiérarchiques, battons-nous contre le gouvernement mais aussi contre la bourgeoisie 

    Il faut réitérer ce qui a fait la force des Gilets jaunes : être offensifs, imprévisibles, furtifs, difficilement identifiables, pousser toujours plus loin nos revendications, refuser les ordres des hiérarchies traditionnelles et arbitraires, tout en comprenant que l’adversaire n’est pas que Macron et le gouvernement, et par conséquent, en n’agissant pas seulement contre les symboles étatiques, mais aussi sur les lieux de travail et sur l’économie.

    C’est pourquoi nous appelons de nos voeux à un “gilet jaune salarial”, c’est-à-dire qui cible bien sûr le gouvernement et la macronie, mais qui appréhende davantage la nécessité de faire pression sur la classe qui soutient Macron, la bourgeoisie et le patronat, à tel point qu’elle ait plus à y perdre qu’à y gagner. 

    “Gilet jaune salarial” aussi, dans notre capacité à voir plus loin que “le retrait de l’article 7 de la réforme”, tout comme les Gilets jaunes ont su faire les liens et refuser de se limiter au retrait de la taxe carbone. L’urgence sociale (inflation, maltraitance au travail, absence de contrôle de la part des salariés, multiplication des contrats précaires, inégalités et pauvreté massives, suppressions et baisses d’allocations à gogo…), l’urgence écologique (conditions de production, de distribution, de consommation, nature nocive des services et biens produits…) et l’urgence démocratique (durcissement autoritaire des démocraties dites libérales, montée d’une xénophobie crasse dans toute l’Europe…) nécessitent d’être infiniment plus ambitieux. Cette réforme des retraites est l’insulte de trop, et nous le ressentons toutes et tous ainsi. Ce mouvement doit servir de point d’appui. Il nous faut d’abord le retrait de la réforme, puis il nous faudra une contre-réforme qui améliore le sort des salariés et des retraités. Puis il faudra continuer d’exiger, aller (beaucoup, toujours) plus loin. 

    Pour obtenir des résultats, substituons aux quelques jours de grèves éparses et aux marches : 

    • des grèves reconductibles des salariés essentiels des secteurs-clés, soutenus par cotisations aux caisses de grèves des travailleuses et travailleurs des secteurs moins structurants
    • des actions concrètes de blocage de l’économie
    • des manifestations moins prévisibles et moins encadrées
    • des sollicitations directes de “nos élus”
    • des occupations de lieux stratégiques ou hautement symboliques

    C’est ainsi, en menant de front ces différentes actions, que nous serons, toutes et tous, sérieux, fiers et à la hauteur du moment. 


    Rob Grams