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Inflation : qui sont les “profiteurs de guerre” ?
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Inflation : qui sont les “profiteurs de guerre” ? (radiofrance.fr)
En 2022, des banques et des fonds d’investissement ont spéculé sur les matières premières, ce qui a fait monter artificiellement les prix. Enquête sur ces acteurs qui s’abritent derrière la guerre en Ukraine et la crise de l’énergie pour réaliser de gros profits.
L’inflation a dépassé 6 % en France en fin d’année 2022. Du jamais vu depuis le milieu des années 1980. La hausse a débuté en 2021 avec la reprise économique qui a succédé aux confinements dus au Covid. Mais c’est la guerre en Ukraine qui a fait exploser les prix des matières premières agricoles. L’Ukraine et la Russie représentent à eux seuls un tiers du blé commercialisé dans le monde. Lorsque Vladimir Poutine décide de cesser les exportations, il s'en est suivi un vent de panique. “On a vu s’envoler la tonne de blé à plus de 400 euros”, se souvient Arthur Portier, consultant en matières premières chez Agritel. Une augmentation de près de 75% en quelques jours. “Les stocks de blé sont en Russie. Et ça, Vladimir Poutine le sait. Le blé est une arme géopolitique majeure.”
Des dizaines de signalements de prix abusifs
Lorsque les Européens décident de répliquer en arrêtant d’importer du gaz russe, c’est la facture d’énergie qui gonfle à son tour. Car les prix du gaz et de l’électricité sont liés. La France achète de l’électricité issue de plusieurs sources : les énergies renouvelables, le nucléaire mais aussi - pour une petite partie - des centrales à charbon et à gaz. Or le prix qui va servir de référence pour fixer le tarif de toutes nos factures, c’est celui de la source de production la plus chère, même si elle est minoritaire. Donc, celle des centrales à gaz. Et comme le prix du gaz a bondi de 450 % en quelques semaines, la facture d’électricité a suivi cette hausse.
Résultat : les fournisseurs de produits alimentaires réclament à la grande distribution une augmentation de leurs tarifs pour compenser ces coûts, insiste Jean-Philippe André, le président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania). C’est ce qui explique que les négociations avec la grande distribution, qui ont cours en ce moment, soient tendues.
Extrait de l’étude Agile Buyer auprès de 900 acheteurs, janvier 2023.
Selon une étude du cabinet AgileBuyer, les distributeurs, qui eux veulent limiter cette hausse, estiment à 80% que certains de leurs fournisseurs pratiqueraient une inflation opportuniste. La répression des fraudes a d’ailleurs reçu, selon nos informations, plusieurs dizaines de signalements de prix abusifs. Un dossier susceptible de constituer une entente anti-concurrentielle est même examiné en ce moment par l’Autorité de la concurrence. Mais ces pratiques semblent marginales. Le Sénat et l’inspection générale des finances, ont réalisé une étude sur les prix fin 2022, et conclu que, globalement, fournisseurs et distributeurs ont comprimé leurs marges pour éviter une inflation plus forte.
Une spéculation qui ajoute à l’inflation
Mais d’autres des acteurs moins visibles ont aussi une responsabilité dans certaines de ces hausses. “L’inflation est liée à la spéculation sur les matières premières agricoles, affirme l’eurodéputé écologiste Claude Gruffat, membre de la commission agriculture au Parlement. C’est flagrant, car 2022 est l’année où on a produit le plus de riz, de blé, de soja et dans le même temps, les prix flambent.”
Les matières premières agricoles sont en effet aujourd’hui cotées en bourse, comme n’importe quel produit financier. Sur ces marchés, deux types d’acteurs interviennent : des négociants physiques, qui échangent réellement les marchandises, et des acteurs purement financiers. “On a vu que ces acteurs (banques, fonds d’investissement, établissements de crédit) représentent une large part des achats sur ces marchés”, raconte Jean-François Dubost, du CCFD-Terre Solidaire, dans une étude des mouvements sur la bourse du blé à Paris réalisée par son ONG. “En juin 2022, huit actions sur 10 à Paris étaient spéculatives. Ces acteurs viennent dérégler le marché et profiter d’une crise alimentaire.” Leur intervention contribue artificiellement à accroître l’inflation. “On a vu que certains de ces acteurs financiers arrivaient juste avant la hausse des prix, parce qu’ils percevaient une opportunité d’acheter et de pouvoir revendre plus cher. Leur objectif est de faire une importante plus-value.”
L’inflation est à son niveau le plus haut depuis les années 1980.
© Visactu
Au printemps 2022, alors que le prix de la tonne de blé commence à monter sur les marchés, plusieurs banques américaines conseillent à leurs clients d’investir massivement sur les produits financiers liés aux matières premières agricoles. Parmi ces “profiteurs de crise”, Olivier De Schutter, rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation, identifie les mêmes acteurs que ceux qui étaient déjà impliqués dans la crise de 2008 : “Les grands gagnants sont des acteurs comme Goldman Sachs, Morgan Stanley, Bank of America, JP Morgan et la City qui ont tous vu leurs profits exploser en 2022, notamment grâce à ces investissements faits de façon spéculative sur les produits financiers dérivés des matières premières agricoles. Leur pratique consiste à spéculer à la hausse. Cela envoie des signaux aux marchés et crée la bulle spéculative dont on a été victime au printemps 2022.”
Des prix déterminés par des algorithmes
Ces gains sont renforcés par le recours au trading à haute fréquence. “Des ordres sont passés sur les marchés via des ordinateurs qui vont affoler les cours des matières premières, explique Mounir Laggoune, spécialiste des placements financiers chez Finary. C’est un marché dominé par des machines. Et cela va très loin puisque les fonds spéculatifs vont placer leurs centres de données le plus près possible de l’endroit où le marché va réceptionner les ordres pour être sûr que la donnée transite plus vite que celle de leurs concurrents. Ceux qui savent exploiter cela peuvent générer des profits énormes.”
Fin mai 2022, le cours du blé tendre était au-dessus des 400 euros la tonne, à 406,75 euros la tonne au 30 mai 2022.
© Visactu
Lorsque le cours des céréales augmente, c’est le jackpot en aval de la chaîne pour certains gros négociants. Dans le monde, ce marché est concentré entre les mains de quatre grands groupes qu’on appelle les “ABCD” à cause de leurs initiales : Archer Daniels Midland (ADM), Bunge, Cargill et le groupe Louis Dreyfus. Plus les cours montent, et plus ils vendent cher. Mounir Laggoune observe que leurs profits ont explosé l’an passé : “Dreyfus c’est une société qui réalise 30 milliards de dollars de chiffre d’affaires et plus d’un milliard de bénéfices. Ce sont des sociétés rentables et opaques situées en Suisse ou aux États-Unis. Les années comme 2022 sont bénies pour eux, car les prix s’envolent, la spéculation aussi. Ils sont au milieu de tout ça et en profitent énormément.” Cette spéculation, selon certains experts, compterait pour près de 40% dans la hausse des prix des matières premières.
“On ne joue pas avec la faim dans le monde”
Le Parlement européen examine en ce moment une directive sur les instruments financiers. Elle devrait mieux encadrer le trading à haute fréquence. Mais selon l’eurodéputé écologiste Claude Gruffat, il ne faut pas s’attendre à une révolution. “Quand on dit à la Commission ‘il faut arrêter la spéculation sur les matières premières’, les commissaires nous répondent : ‘la spéculation c’est sain pour les marchés, c’est bien.’ On part de loin, alors que les effets sont catastrophiques. La spéculation, le trading sur les matières premières alimentaires, ça devrait être interdit. On ne joue pas en bourse avec la faim dans le monde.”