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Malgré la colère à la base, l’intersyndicale refuse de durcir le ton : tous à l’Assemblée nationale jeudi !

Lien publiée le 16 mars 2023

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Malgré la colère à la base, l'intersyndicale refuse de durcir le ton : tous à l'Assemblée nationale jeudi ! (revolutionpermanente.fr)

Ce mercredi, la huitième journée de mobilisation est restée forte avec 1,7 millions de manifestants dans le pays d’après la CGT. Pourtant, l'intersyndicale refuse de durcir le ton. Soyons massifs en grève et dans la rue ce jeudi pour défendre une autre stratégie. A Paris, convergeons dès 14h avec les étudiants à la Sorbonne pour rejoindre l'Assemblée !

Une mobilisation en baisse, des dynamiques inégales parmi les secteurs en reconductible

Ce mardi, pour la 8ème journée de mobilisation interprofessionnelle contre la réforme des retraites, 1,7 millions de personnes ont manifesté partout en France selon la CGT. A Paris, les syndicats ont revendiqué 450 000 manifestants (contre 500 000 le 7 mars), au Havre, 30 000 manifestants (contre 45 000 le 7 mars), à Rouen 11 000 contre 21 000, Lorient 6000 contre 18 000 et à Pontivy (2000 contre 5000). A Rennes, entre 10 000 et 15 000 personnes ont pris la rue, soit une mobilisation proche de celle du 16 février (12 000 selon les syndicats). A Metz, on comptait 10 000 manifestants (contre 17 000 le 7 mars).

Si la mobilisation est logiquement plus faible qu’au pic du 7 mars, journée historique depuis plusieurs décennies, elle se maintient en général à des niveaux élevés, témoignant de la profondeur de la colère. Du côté des taux de grévistes, la dynamique à la baisse des journées précédentes se poursuit, mais dans le cadre de grèves reconductibles qui se poursuivent malgré tout dans différents secteurs, à l’exception de la RATP où la mobilisation reconductible a pris fin, laissant place à un trafic quasiment normal dans le métro.

A la SNCF, engagée dans un mouvement reconductible depuis le 7 mars dernier, le nombre de grévistes s’est rapproché de la mobilisation du 16 février à la SNCF, avec près de 15% de grévistes selon une source syndicale après 8 jours de reconductible. De quoi perturber le trafic avec 3 TGV Inoui et Ouigo sur 5, 1 Intercités sur 3, aucun train de nuit et 2 TER sur 5 en moyenne nationale et un trafic quasi normal dans le métro parisien (hormis sur le réseau RER).

Dans la pétrochimie, la plupart des raffineries, engagées dans une grève reconductible depuis le 6 mars dernier sont restées bloquées ce mercredi, avec des taux de grévistes en légère hausse par rapport à la veille (42% de grévistes chez les opérateurs de TotalEnergies contre 36% lundi). Du côté de l’énergie, également en grève reconductible, les taux de grévistes sont en baisse (22,45% chez EDF à mi-journée), mais les actions se poursuivent. En début d’après-midi, la CGT Energie revendiquait le retrait de 6210 MW dans les centrales hydrauliques ainsi que le blocage de 13 sites de stockage de gaz Storengy. Sur les réseaux de gaz, la centrale promet de « durcir » et a lancé un ultimatum à Engie pour imposer des baisses de pression.

Chez les éboueurs et les égoutiers, enfin, la mobilisation se maintient partout en France. En région parisienne, trois usines d’incinérations aux portes de la capitale, celle d’Ivry-sur-Seine, d’Issy-les-Moulineaux et de Saint-Ouen sont toujours à l’arrêt, et les travailleurs fortement mobilisés malgré les menaces de réquisition du gouvernement.

Malgré la détermination en bas, l’intersyndicale ne propose aucune perspective

En parallèle de la mobilisation, la commission mixte paritaire qui réunissait sept députés et sept sénateurs s’est accordée sur un texte ce mercredi. Celui-ci passera devant le parlement demain, jeudi 16 mars. Sans surprise (la commission étant composée d’une majorité de parlementaires favorables à la réforme), après une journée de discussions entamées à 9h ce matin, le texte a été adopté à 10 voix contre 4, suite à un marchandage entre LR et la majorité présidentielle. Malgré cet accord, la probabilité d’un passage en force par 49-3 reste forte.

Dans ce contexte, l’intersyndicale maintient une stratégie fondée sur l’illusion de la possibilité de convaincre les parlementaires et le refus de construire un rapport de forces par la grève. Dans le communiqué publié à l’issue de la journée, l’intersyndicale « appelle solennellement les parlementaires à voter contre le projet de loi », annonce une « conférence de presse » à 12h30 devant l’Assemblée nationale, mais se refuse à tout appel à la grève, se contentant d’inviter à « poursuivre les actions » ce jeudi. Pire, Laurent Berger a déjà annoncé sa volonté de rendre les armes en cas de vote de la réforme.

Une réponse totalement en décalage avec la situation. Alors que le gouvernement compte bien passer une étape en faisant adopter sa contre-réforme, les directions syndicales refusent de changer de ton et de stratégie et d’appeler ne serait-ce qu’à reconduire ce 16 mars, journée décisive. L’heure devrait pourtant être à l’élargissement de la grève reconductible pour durcir le mouvement, comme le soulignaient nombre de manifestants ce mercredi.

La détermination est présente : il faut un autre plan de bataille

Dans de nombreuses manifestations, l’enjeu de durcir le mouvement était clair ce mercredi. Dans la manifestation parisienne, Cédric Liechti de la CGT Energie a ainsi appelé à « se déconnecter du calendrier du gouvernement » et noté : « que la loi passe ou pas, si la classe ouvrière et la jeunesse restent mobilisées, on les fera plier ». Son de cloche identique du côté de Dunkerque, où Christelle Veignie de l’UL CGT prévient : « si la loi passe demain, ce n’est pas fini. On veut le retrait pur et simple, on continuera le combat jusqu’au bout »« Le rapport de forces, c’est dans la rue et par des grèves et non à l’Assemblée nationale, [mais] pour gagner il faudra durcir » note de son côté Erwan, 29 ans, intérimaire chez Manpower, interviewé par Le Monde. Et de rappeler : « le gouvernement n’a plié que face aux gilets jaunes ».

En fin de matinée, la parution d’un sondage Elabe pour BFM-TV, confirme ce moral : 62% de la population veut rester mobilisée après le passage de la loi au Parlement. Symptômes de la volonté de passer à l’action et de radicaliser le mouvement, les piquets et blocages routiers continuent de se multiplier partout en France depuis le 7 mars.

Ce mercredi, dans l’énergie, plusieurs actions visant à ralentir l’économie ont eu lieu, mais aussi des actions symboliques : le fort de Brégançon, « résidence officielle de la présidence de la République » a ainsi été privée d’électricité a annoncé la CGT Energie en fin de matinée. Des blocages routiers ont également été organisés dans plusieurs villes. Pendant plusieurs heures, l’ensemble des accès à l’autoroute A26 entre Calais et Thérouanne ont été bloqués, à Marseille, le siège de la CMA CGM, et le centre aquatique olympique, à Saint-Denis, ont été le théâtre d’opérations initiées par les grévistes.

Enfin, partout en France, les éboueurs étaient mobilisés avec des blocages de dépôt, de Nantes à Paris. Alors que Darmanin a annoncé cette après-midi lancer des procédures de réquisitions, dans la journée la CGT FTDNEEA des éboueurs et égoutiers a répondu au gouvernement en expliquant que « toute atteinte au droit de grève déclencherait une riposte » alors que la grève a été reconduite par les grévistes ce mardi « jusqu’au 20 mars ».

Ces éléments montrent que la détermination existe à la base, mais à la veille du passage de la loi, sans changement de braquet, la succession de journées isolées et le manque de perspectives risquent d’isoler les secteurs qui ont durci le mouvement depuis le 7 mars, d’éroder la colère et de mener à la défaite. A la veille du passage de la réforme, par le vote ou le 49-3, il y a donc urgence à construire un autre plan de bataille, en élargissant la grève reconductible.

L’enthousiasme suscité par la grève des éboueurs montre une aspiration à un mouvement capable de bloquer durablement l’économie. De même, l’affluence au meeting du Réseau pour la grève générale et les prises de parole de nombreux grévistes témoignent d’une même conscience de l’enjeu de dépasser la stratégie actuelle de l’intersyndicale. C’est par une grève reconductible large qu’il sera possible de gagner face à Macron. Pour ce faire, l’intersyndicale doit appeler clairement à généraliser la reconductible, quel que soit la modalité de passage du texte au Parlement.

Une perspective qu’il faudra défendre demain dans la rue et en grève partout en France. A Paris, il faudra être massifs à 14h Place de la Sorbonne aux côtés des étudiants pour rejoindre l’Assemblée, non pas pour faire pression sur les députés, mais pour défendre la nécessité d’une autre stratégie face au gouvernement !