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Répression : qu’attend l’intersyndicale nationale ? Il faut une grande campagne de solidarité !

Lien publiée le 22 mars 2023

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Répression : qu'attend l'intersyndicale nationale ? Il faut une grande campagne de solidarité ! (revolutionpermanente.fr)

Depuis l'utilisation du 49.3, la répression policière s'est intensifiée. Mais alors que les violences policières s'abattent sur les manifestants et que les réquisitions de grévistes se multiplient, l’intersyndicale nationale ne s'est même pas fendue d'un communiqué. Face à la répression d'État : l'intersyndicale doit sortir de son silence, dénoncer la répression policière et mener une campagne large de soutien.

Matraques, lacrymogène, garde à vue et réquisitions de grévistes : voilà le quotidien des manifestants depuis le passage au 49.3 de la réforme des retraites. La répression déferle, dans le but d’empêcher que la colère ne se généralise et pour tuer dans l’œuf la radicalisation naissante en terrorisant toutes celles et ceux qui continuent de manifestent tous les jours, malgré l’absence d’appels intersyndicaux.

Le bilan chiffré des interpellés en manifestation est édifiant : jeudi soir, 310 interpellés dont 258 à Paris ; vendredi, au moins 61 interpellation rien qu’à Paris ; samedi, 169 interpellés, et encore 287 interpellation lundi 20 mars, jour du vote de la motion de censure. Il y a fort à parier que ces chiffres soient en partie sous-estimés.A Paris, Elsa Marcel, avocate au barreau de Paris nous confie que « toutes les cellules sont pleines, on est dans la même situation que durant le mouvement des gilets jaunes ».

Au-delà des chiffres d’interpellés, ce sont des coups de matraques, l’utilisation systématique de gaz lacrymogènes et grenades de désencerclement, clés d’étranglement et des canons à eau. Au point où des situations d’extrême violence ne cessent d’être reportés. Les gendarmes retenant un père et son enfant en bas-âge à Chatelet, un manifestant assommé d’un coup de poing à Paris, des policiers de la BAC frappant un jeune au sol à Marseille, les témoignages de violences policières pleuvent sur les réseaux sociaux.

Face à répression, différentes intersyndicales locales ont pris position à l’instar de l’intersyndicale de l’Isère qui «  condamne fermement cette répression et exige l’absence de poursuites judiciaires ». Cependant, à cette heure, aucun communiqué de l’intersyndicale nationale n’est paru pour dénoncer la répression. Un scandale d’autant plus grave lorsqu’on se remémore qu’en décembre 2018, l’intersyndicale, en dehors de tout mouvement syndical, n’hésitait pas à condamner dans un communiqué de la honte la violence des Gilets jaunes.

De ce point de vue, Laurent Berger se démarque une nouvelle fois, puisqu’il a été plus prompt à dénoncer la violence des manifestants que de dénoncer la répression qui s’abat sur tout le mouvement. Laurent Berger, expliquait ainsi à Libération dimanche que « les violences émanent généralement de groupes non encadrés, de mouvements spontanés. Elles ne sont pas tolérables, qu’elles soient physiques ou symboliques. Ce que nous craignons c’est, encore une fois, que la colère soit instrumentalisée. Soit à des fins politiques, soit de violence pour juste mettre le chaos ». Après s’être désolidarisé de la grève reconductible des éboueurs, et dénoncé ses propres syndiqués suite à une action symbolique à Dijon, le patron de la CFDT montre une nouvelle fois qu’il se place contre toute dynamique de durcissement du mouvement.

Du côté de Philippe Martinez, si le ton est différent, c’est surtout l’inaction qui prime. Interrogé sur Boursorama, le dirigeant de la CGT commençait par dire « J’ai vu un certain nombre d’images qui ne sont pas acceptables ». Avant de continuer : « face à ces manifestations, il y a une augmentation de la répression des manifestants qui n’est pas justifiée ». Mais malgré cette timide dénonciation des violences policières qui s’accumulent, la direction confédérale de la CGT reste aujourd’hui l’arme au pied, y compris contre les réquisitions qui ont lieu chez les éboueurs et maintenant les raffineurs. Aucune campagne systématique n’est lancée : ni appel au rassemblement devant les commissariats, ni manifestation contre la répression. Sur le fil twitter de la CGT, aucune image de la répression policière n’est mise en avant, invisibilisant de fait la terreur gouvernementale.

Face à ce saut répressif, l’intersyndicale a la responsabilité de mener une campagne large contre la répression qui doit allier défense inconditionnelle des réprimés avec soutien effectif au plan judiciaire et financier, et dénonciation claire des violences policières et de ses responsables, Macron et le gouvernement. Il s’agit d’une tâche centrale du mouvement. Non seulement, pour défendre toutes celles et ceux qui se verront poursuivis pour des faits de grève et de manifestation, mais aussi pour accroître la confiance de l’ensemble des travailleurs et des jeunes mobilisés. Sans une telle politique, le risque est que la répression finisse par décourager et intimider les millions de travailleurs qui ont manifesté ces dernières semaines.

Surtout, au moment même où le gouvernement Macron-Borne est plus affaibli que jamais, la lutte contre la répression n’est pas seulement un enjeu défensif. Lancer une campagne de solidarité systématique serait en effet un outil pour lier entre eux les secteurs, notamment la jeunesse, violemment réprimée dans les manifestations sauvages, et le mouvement ouvrier, frappé par les réquisitions et les interventions policières sur les piquets. Cela implique cependant de rompre avec le tabou entretenu par les directions syndicales depuis le début du mouvement : le refus de politiser une contestation qui pose déjà des questions qui vont bien au-delà du retrait de la réforme.
Une rupture qu’il faudra imposer à la base, en coordonnant les secteurs pour chercher dès maintenant à mener des initiatives face à la répression, mais aussi plus largement pour poser des revendications qui dépassent le cadre étroit actuel. Une telle politique sera en effet une condition nécessaire pour construire un puissant mouvement pour passer à l’offensive, et faire dégager Macron, Borne et leurs réformes !