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Berger prépare la fin du mouvement

Lien publiée le 11 avril 2023

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Berger prépare la fin du mouvement : « ce qui s'essouffle », c'est la stratégie de l'intersyndicale ! (revolutionpermanente.fr)

Après avoir accepté la légitimité du Conseil Constitutionnel, Laurent Berger a pointé vendredi un « essoufflement » de « la capacité des salariés à se mobiliser » avant de réitérer ce mardi, sur LCI, en évoquant une possible fin du mouvement « après vendredi ». Des déclarations qui cherchent à préparer une sortie tout en masquant que, ce qui s’essouffle, c’est la stratégie de l’intersyndicale.

Vendredi dernier au micro de BFMTV, Laurent Berger était interrogé sur un supposé essoufflement du mouvement suite à la 11ème journée de manifestation. En réponse, le secrétaire général de la CFDT a déclaré que « le mouvement ne s’essouffle pas » mais que « ce qui s’essouffle, c’est la capacité des salariés à se mobiliser une onzième fois dans les cortèges parce que ça pèse sur le pouvoir d’achat. ». Content de cette réponse, le journaliste de BFM TV enfonce le clou : « c’est donc une forme d’essoufflement ? ». Se retenant de répondre « oui », le secrétaire général de la CFDT explique : « ça devient plus compliqué de mobiliser dans la rue ».

En répondant de cette façon Laurent Berger choisit d’insister sur les limites de la situation, en niant le fait que le mouvement demeure massif et tient de façon exceptionnelle après 11 journées. En effet, avec 2 millions de manifestants d’après les syndicats et 540 000 selon la police le 6 avril, la mobilisation reste puissante, avec des chiffres supérieurs aux 390 000 manifestants (d’après la police) du 31 mars 2016, pic de mobilisation contre la loi Travail. De même, la dynamique du mouvement actuel n’a rien à voir avec l’essoufflement que l’on avait connu - en raison de la politique des directions syndicales - en 2010, passant de 375 000 personnes le 6 novembre à 52 000 manifestants le 23 novembre, toujours d’après la police.

Le maintien à un niveau élevé et l’absence d’une véritable chute de la mobilisation ces dernières semaines en dit long sur l’ampleur de la colère et de la détermination des manifestants, loin de l’idée que cherche à véhiculer Berger dans sa réponse. Et si la dynamique est à la baisse, avec un reflux marqué du côté des grèves reconductibles, la question posée est d’abord et avant tout celle du bilan de la stratégie de l’intersyndicale. Un enjeu que Laurent Berger se garde bien pourtant d’aborder, et pour cause : depuis le 19 janvier, l’intersyndicale n’a à aucun moment cherché à dévier de sa stratégie de pression sur les institutions par des journées de grève isolées, refusant de construire la généralisation de la grève.

A la tête de l’intersyndicale, Laurent Berger a particulièrement pesé contre la défense de la grève reconductible, n’hésitant pas à tacler ouvertement la grève des éboueurs parisiens, et à appeler à l’apaisement après le 49-3, au moment le plus aigu de la mobilisation. Dans la continuité de cette approche, Laurent Berger n’hésite pas à envoyer ces derniers jours des signaux de résignation, expliquant qu’il reconnaîtra la décision du Conseil constitutionnel. Un discours fait pour tout sauf donner la conviction que la victoire est possible.

Ainsi, le récit de l’essoufflement des salariés vient préparer la fin du mouvement, car les « salariés » n’auraient plus la capacité à se mobiliser, faisant ainsi porter la responsabilité de la dynamique actuelle sur la base en laissant croire que l’intersyndicale serait allée jusqu’au bout des possibilités. Ce mardi, sur LCI, le secrétaire général de la CFDT n’a d’ailleurs laissé que peu de place au doute quant à la volonté de la direction de la CFDT de mettre sous peu un coup d’arrêt à la mobilisation en cours. Après avoir, une nouvelle fois, promis qu’il ne contesterait pas la décision du Conseil constitutionnel, alors qu’une journée de mobilisation est prévue ce jeudi 13 avril, Laurent Berger a laissé entendre que celle-ci pourrait être la dernière appelée par la CFDT. « On décidera ensemble » a-t-il déclaré à propos des suites du mouvement. Et de promettre : « la CFDT ne fera pas des manifestations pendant six mois. »

Face à ce discours, qui couvre l’impasse stratégique de l’intersyndicale et prépare la démoralisation de toutes celles et ceux qui ont lutté avec détermination depuis le 19 janvier, il est fondamental d’insister qu’une autre stratégie est possible. C’est ce que soulignaient 250 militants ouvriers, étudiants dans une tribune impulsée par le Réseau pour la grève générale et publiée dans Politis : « L’heure n’est pas au compromis, mais à rompre avec ce qui n’a pas marché jusqu’ici et à mettre en place une stratégie pour gagner. C’est l’inverse que fait l’intersyndicale, appelant sur le terrain de la mobilisation à une nouvelle journée de grève isolée, 9 jours après la précédente, alors que des secteurs sont en reconductible depuis 20 jours et à la veille des prochaines vacances scolaires ». Un enjeu que l’ensemble des secteurs, boîtes, Interpros, coordinations et travailleurs qui comprennent l’impasse dans laquelle nous mène l’intersyndicale doivent discuter d’urgence, alors que le Réseau pour la grève générale organisera une réunion nationale la semaine prochaine après le 14 avril.