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Mort de Monseigneur Gaillot, l’évêque contestataire

Lien publiée le 14 avril 2023

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Mort de Monseigneur Gaillot, l’évêque contestataire – Libération (liberation.fr)

Connu sous l’appellation de Mgr Gaillot et figure médiatique d’une Eglise plus ouverte sur la société, l’ancien évêque d’Evreux est mort mercredi après-midi des suites d’une maladie fulgurante.

Libération le surnommait en 1995 le «provocateur crucifié». Monseigneur Gaillot, évêque contestataire qui a défendu la cause des divorcés, des homosexuels et des immigrés, au sein de l’Eglise, est mort ce mercredi 12 avril à l’âge de 87 ans, a appris l’AFP auprès de la Conférence des évêques de France (CEF). Jacques Gaillot est décédé à Paris mercredi après-midi, à la suite d’une maladie fulgurante, selon un proche de l’évêque. «Il est mort apaisé, serein, entouré de ses proches», a ajouté la même source. Le diocèse d’Evreux avait indiqué récemment que Mgr Gaillot souffrait d’un cancer du pancréas.

Evêque d’Evreux pendant 13 ans, de 1982 à 1995, le Vatican lui avait retiré sa charge en janvier 1995, en raison de ses positions non orthodoxes au sein de l’Eglise. Médiatique, celui qui bénéficiait à sa nomination d’une réputation d’homme d’appareil tranquille détonne et agace en haut lieu, jusqu’à ce que le Vatican, «désorienté», demande aux évêques de France de faire le ménage chez eux.

Après son éviction du diocèse d’Evreux, il est nommé à titre honorifique évêque «in partibus» de Partenia, un diocèse de Mauritanie disparu au Ve siècle. Mgr Gaillot fait alors de ce diocèse «virtuel» un instrument de défense des exclus (sans-papiers, SDF, etc). En septembre 2015, il avait été reçu par le pape François pendant près d’une heure, devant lequel il avait défendu la cause des divorcés, des homosexuels et des immigrés. «L’évêque des marges canalisait de toute évidence frustrations et rancœurs d’une partie des catholiques en rupture avec le discours officiel de l’Église, tant celui touchant aux questions de société et de morale sexuelle que sur les problèmes doctrinaux comme le statut des divorcés remariés ou le célibat des prêtres», écrivait Libération en 1995.

«Au-delà de certaines prises de position qui ont pu diviser, nous nous rappelons qu’il a surtout gardé le souci des plus pauvres et des périphéries», a déclaré ce mercredi soir à l’AFP la CEF. «J’essaie d’être présent là où aucun d’entre nous ne l’est et de m’adresser à des gens que nous n’atteignons jamais et qui me renvoient des échos bouleversants», répondait l’évêque des marges à la mise en demeure de Mgr Duval, à l’époque chef de file des évêques de France.

Epris de Charles de Foucauld et de Thérèse d’Avila, Mgr Gaillot était né le 11 septembre 1935 à Saint-Dizier (Haute-Marne), fils de négociants en vins. Il était licencié en théologie et diplômé de l’Institut de liturgie, et fut ordonné prêtre en mars 1961, après avoir été mobilisé 28 mois en Algérie d’où il est revenu en croisé de la non-violence.

Un proche de l’évêque détaille à l’AFP : «Jusqu’à encore récemment, il continuait à aller voir des prisonniers en prison, et était toujours président honoraire de Droits Devant !, association de défense des exclus et des sans-abri, qu’il avait créée notamment avec Jacques Higelin et le Professeur Schwartzenberg.»