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Au lycée Monod, élèves et enseignants en colère contre la réforme des lycées pro
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Au lycée Monod, élèves et enseignants en colère contre la réforme des lycées pro – nvo
Offrande au privé
Largement passée sous les radars cette réforme est loin de faire l'unanimité. Premier changement pour la rentrée 2023, les lycéens seront payés à hauteur de 50 euros par semaine de stage effectuée en seconde ou en première année de CAP, 75 euros en première ou en deuxième année de CAP et 100 euros en terminale. Ces rémunérations bien inférieures au SMIC seront payées par l'Etat faisant une énième offrande aux entreprises privées. Pour les élèves qui veulent s'insérer dans la vie active après la terminale, la durée des stages sera augmentée de 50 %. Pour les autres, qui souhaitent poursuivre leurs études, quatre semaines de cours supplémentaires seront imposées. « Ces mesures induisent une baisse du temps de formation à l'école due à l'augmentation de la durée des périodes de stage. Et bien évidemment, nos élèves vont choisir la gratification et n'iront pas en poursuite d'étude. » déplore l'enseignante.
Enseignement appauvri et mépris du personnel
Outre ces mesures voulant faire des élèves en lycée professionnel une main d'œuvre gratuite pour les entreprises, 80 filières du tertiaire seront supprimées. Les sections commerce, gestion et administration, mais aussi l'histoire ou la philosophie seront absentes à la rentrée. En retour, 150 nouvelles filières seront créées pour « répondre aux besoins de l'économie sur les territoires » annonçait le ministre de l'éducation Pap Ndiaye. « On vide les enseignements de leur contenu en donnant aux élèves un bagage intellectuel faible en les condamnant à rester dans des emplois subalternes sans perspective d'évolution sociale », s'inquiètent les enseignants mobilisés devant l'établissement. Le lycée pro est censé apporter un bagage intellectuel solide dans un contexte où on occupe de moins en moins le même emploi toute sa vie. ». Tout aussi alarmant, l'avenir des enseignants du tertiaire dont les filières vont disparaitre est incertain. Le ministre les invite à se tourner vers les métiers de professeur en collège, professeur des écoles, ou bien à travailler dans des « bureaux des entreprises » au sein des lycées. Un changement total de métier qui démontre la méconnaissance des compétences exigées . Présents sur les lieux, les soutiens de la CGT Educ' Action dénoncent « un véritable plan social qui ne porte pas son nom. »
« La nouvelle réforme nous fait peur, car on n'a plus le choix. Ces filières tertiaires sont importantes et ils veulent faire de nous des petites mains. J'ai l'impression qu'ils font ça aux minorités car certains parents d'élèves ne parlent pas français donc ils ne peuvent pas se défendre. On a de la chance d'être en France et de pouvoir étudier sans trop de frais de scolarité. J'ai le sentiment avec cette réforme on va aller vers des écoles privées hors de prix et nous cantonner à faire des métiers dont on n'a pas envie. Je veux qu'on nous écoute ! », s'exclame Manelle, élève en terminale venue avec plusieurs camarades de classe. La mise à mal du lycée professionnel en France ne date pas d'hier. Déjà en 2009, pendant le quinquennat Sarkozy, les enseignants et organisations syndicales s'attendaient à ce que le niveau baisse avec le passage du baccalauréat professionnel de 4 à 3 ans. La réforme Blanquer en 2019, a accentué les choses en diminuant le nombre d'heures d'enseignement généraux. « Nous notre mission c'est d'accompagner les élèves se forger un esprit critique et d'être des acteurs et des citoyens pleinement intégrés dans la société », appelle la professeure d'histoire. Là, on va clairement créer un monde avec un gouvernement qui assume de mettre au ban de la société un tiers des jeunes français. » La mobilisation devant le lycée se poursuit jusqu'au 30 mai et jusque-là, aucun examen n'aura lieu.
*Le prénom a été modifié