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Mise au service des profits, l’inflation se prolonge
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Mise au service des profits, l’inflation se prolonge – Nouveau Parti anticapitaliste
Le 23 avril dernier, Le Monde titrait en une : Pourquoi les marges de l’industrie dopent l’inflation. Si beaucoup d’experts expliquaient que l’inflation était passagère et liée en partie à une « demande excessive » sur le marché, quand ils n’en résumaient pas les causes à la guerre en Ukraine, la hausse des prix s’installe en réalité sur la durée et est aujourd’hui principalement liée à la hausse des marges – et donc des profits – décidées par un certain nombre de patrons, notamment dans les secteurs du fret, de l’énergie et de l’agroalimentaire, dont les prix se répercutent sur beaucoup d’autres secteurs.
Selon une publication récente de l’Insee, cette hausse des marges expliquerait 60 % de la hausse des prix. Les capitalistes ont ainsi fait grossir ces marges pour rattraper des pertes antérieures, mais aussi pour anticiper des hausses futures des coûts de production et des taux d’intérêt. Après l’explosion des profits à laquelle on a assisté s’annonce un retournement à la baisse, au cours duquel les hausses de prix n’auraient plus pour rôle d’augmenter les profits, mais de les préserver.
L’augmentation des prix se fait au détriment du pouvoir d’achat des travailleuses et travailleurs, aggravant la répartition de la valeur au profit des capitalistes. Les macronistes alertaient au printemps dernier sur les risques d’une « boucle prix-salaires ». Elle n’a jamais existé : en un an, l’augmentation moyenne des prix à la consommation (+ 6,7%1) a été presque deux fois plus grande que celle des salaires inscrits sur les fiches de paie (+ 3,9 %2) ! Dès lors, les salaires réels (salaires corrigés de l’inflation) baissent. De l’autre côté, comme les taux d’intérêt augmentent, les riches épargnants et épargnantes qui investissent aujourd’hui gagnent davantage. Et ce ne sont pas les « primes de partage de la valeur », qui ne concernent que 20 % des salariés, qui inverseront cette tendance.
Face à cela, les mesures administratives de blocage des prix proposées par la gauche n’auraient qu’une portée provisoire si le contrôle de la production ne change pas de mains. Pour prendre directement dans les poches du patronat, il faut aller vers des grèves pour les salaires, grèves qui portent en elles la perspective d’un contrôle par les travailleuses et travailleurs eux-mêmes. D’ailleurs, l’augmentation immédiate des salaires de 400 euros, leur indexation, ainsi que celle des pensions et des prestations sociales, sur le niveau des prix sont des revendications unifiantes pour l’ensemble de ces luttes. L’intersyndicale ne l’a pas mis en avant jusqu’à maintenant. Le mouvement le fera peut-être demain.
Rémi Grumel
1 Indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), février 2022 à février 2023.
2 Indice du salaire mensuel de base (SMB).