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Remontée de l’inflation : nos 3 idées pour aider Bruno Le Maire à baisser les prix

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Lien publiée le 1 septembre 2023

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Remontée de l'inflation : nos 3 idées pour aider Bruno Le Maire à baisser les prix (marianne.net)

La hausse des prix repart de plus belle. Sur un an, l'inflation est passée de 4,3 % en juillet à 4,8 % en août, a relevé l'Insee ce jeudi 31 août. Dans la foulée, Bruno Le Maire a annoncé de nouvelles mesures pour endiguer l'inflation alimentaire, en appliquant des recettes plus ou moins efficaces. Le ministre de l'Économie cherche donc à contenir, voire à baisser les prix ? Chiche ! « Marianne » a quelques tuyaux pour lui.

Remontée de l'inflation : nos 3 idées pour aider Bruno Le Maire à baisser les prix

Après Bruno demande, Bruno agit. Du moins, le dit-il. Face au maintien de l'inflation alimentaire à un niveau élevé, le ministre de l'Économie a annoncé de nouvelles mesures ce jeudi 31 août. D'une part, il y a l'engagement des acteurs agroalimentaires à ne pas augmenter ou à baisser les prix de 5000 références, soit 1 produit sur 4. D'autre part, il y a l'avancement à l'automne des négociations commerciales entre les industriels et les distributeurs pour qu'elles aboutissent en janvier, et non plus en mars. Bruno Le Maire espère une baisse des prix dès début 2024.

Mais au–delà de ces déclarations d'intention, tout semble encore un peu flou. Pire : des voix s'élèvent parmi les observateurs et au sein du monde économique pour reprocher à Bruno Le Maire d'avoir mal réglé la mire. Au cas où le ministre serait dans la peine ou en panne d'idées pour infléchir la courbe des prix, voici quelques pistes.

IMPOSER

En effet, pour plusieurs économistes, le locataire de Bercy rate sa cible, campant fermement sur un dogme : baisser les impôts (ou ne pas les augmenter) à tout prix. Selon ces « hétérodoxes », le problème du moment est encore - et toujours - celui des superprofits.

« Dans l’agroalimentaire, le taux de marge augmente encore : +0,6 point, souligne ainsi Sylvain Billot, économiste et membre de l'Institut La Boétie, un laboratoire d'idées affilié à La France Insoumise, reprenant les derniers comptes nationaux trimestriels de l'Insee. De plus, sur le dernier trimestre [N.D.L.R., d'avril à juillet], les profits expliquent 89 % de la hausse des prix de production agroalimentaires. » Seulement, cette hausse du taux de profit ne se limite pas à l'agroalimentaire. Un fait qui a son importance quand on note que l'inflation est susceptible d'être portée aussi par d'autres acteurs. « Le phénomène spectaculaire de ce trimestre est la très forte hausse (non anticipée) du taux de marge des entreprises : +1,5 point ! indique Sylvain Billot. Cette augmentation est très forte dans le secteur de l’énergie, eau et déchets où le taux de marge atteint 74 % (+7 points). C’est tout simplement le plus haut taux de marge dans ce secteur depuis la Seconde Guerre mondiale. »

Dans ce contexte, les dispositifs imaginés par Bruno Le Maire apparaissent aux yeux de certains comme un coup d'épée dans l'eau. Loin, donc, du coup d'épée dans l'os des « profiteurs de crise ». Il faut une « taxe sur les superprofits », tranche Dany Lang, économiste à l'Université Sorbonne Paris Nord et membre de l'association hétérodoxe Les Économistes atterrés. « Monsieur Le Maire a dit qu'il ne savait pas ce qu'était un superprofit, continue le chercheur. Mais la Commission européenne le sait. D'autres pays le savent. Il y a une définition simple, aussi vieille que Marx, mais qui n'est pas forcément marxiste. Ce sont des profits supplémentaires qui ne sont pas faits en raison d'un changement de politique d'investissement, mais qu'on réalise sans rien faire. Vous redistribuez les recettes aux salariés. Et tant qu'il y a des superprofits liés à l'inflation, on maintient cette taxe. » Pour l'année 2023, le gouvernement avait d'ailleurs instauré une imposition de la « rente exceptionnelle des producteurs d'énergie », avec un rendement estimé à 11 milliards d'euros et pesant principalement sur EDF.

Une « rente » liée à la hausse des prix et des factures d'électricité que l'exécutif pourrait choisir d'endiguer plus fermement. C'est ce qu'il avait fait avec le « bouclier tarifaire pour l'électricité » afin de réduire l'addition des ménages. Mais ce dispositif au budget lourd est progressivement diminué jusqu'à sa fin totale début 2025. Avec sa mise hors service progressive, le tarif de l'électricité a augmenté de 10 % le 1er août dernier. « C'est évidemment une mesure qui permettait de soulager les ménages, observe Sylvain Billot. Mais la solution, c'est surtout de sortir de la fixation des prix par le marché dans le domaine de l'électricité et du gaz. » Et donc de sortir du marché européen de l'électricité en fixant désormais les prix en fonction de la production.

BLOQUER

Ce contrôle devrait être doublé, selon Sylvain Billot, d'un blocage des prix. Une façon de critiquer le dispositif évoqué par Bruno Le Maire sur les 5000 produits, dont les évolutions de prix seraient surveillées par les services de Bercy, soutient le ministre. « De notre point de vue, il faut donner des pouvoirs à la DGCCRF [Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes] pour imposer un réel blocage des prix avance l'universitaire. C'est une mesure d'urgence. »

Une revendication présente dans le débat public – elle figure ainsi dans le programme de la Nouvelle union populaire et écologique et sociale (Nupes) – mais décriée par certaines économistes qui soutiennent qu'elle dégraderait la santé des entreprises. Quant à Dany Lang, il considère que les mesures du ministère de l'Économie devraient aller plus loin, sans toutefois partager entièrement la position de son collègue universitaire. « Il faut encadrer un nombre de références beaucoup plus important à commencer par les prix du pain, le prix des céréales », explique-t-il.

INDEXER

Pour rééquilibrer le partage de la valeur ajoutée au profit du travail, et non du capital, des économistes soutiennent l'indexation des salaires sur l'inflation… non sans débats. « Pour agir sur le taux de marge, on devrait indexer l'ensemble des salaires sur l'inflation », préconise Sylvain Billot. Mais l'exécutif n'a-t-il pas déjà, par exemple, revalorisé le SMIC ? « Il y a toujours cet argument, balaie le chercheur. Or les revalorisations automatiques, qui ne sont pas un “coup de pouce”, ne garantissent pas intégralement le pouvoir d'achat du salaire minimum. D'autant plus que cette indexation se fait avec retard. » Cette année, il y a eu une revalorisation du SMIC, puisque l'indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de plus de 2 % en comparaison de l'IPC au moment de la dernière hausse en début d'année.

Faut-il alors indexer tous les salaires sur l'inflation ? « L'idée est séduisante, concède Dany Lang, qui propose toutefois une indexation seulement sur les salaires inférieurs à 1,8 SMIC. Mais je préférerais qu'on atteigne d'abord le plein-emploi. » Car sinon, « le problème, c'est qu'on risque de rentrer dans une boucle prix-salaires », complète-t-il. Autrement dit : une spirale inflationniste. Et pour cause, le rapport de force de renégociations salariales est plus favorable aux travailleurs quand le chômage est faible.

Éric Heyer, économiste à l'OFCE, pointe un autre risque pour les ménages. « Il pourrait y avoir une augmentation rapide des taux d'intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) », affirme celui qui est aussi directeur du département Analyse et Prévision. « Car cette dernière cible une inflation à 2 %, imaginons pour 2024, envisage-t-il. Soit elle décide de décaler la date, par exemple à 2026, soit elle n'attend pas. Car elle se dit, dans ce cas, qu'elle a une crédibilité à préserver et qu'il faut donc durcir sa politique monétaire. Si la BCE augmente ses taux d'intérêt, cela va casser la croissance. Si on entre en récession, des ménages vont perdre leurs emplois. Le rapport de force pour négocier les salaires sera donc défavorable. »