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    Avant Laurent Berger au Crédit Mutuel, les drôles de reconversions des n°1 des syndicats

    Lien publiée le 13 septembre 2023

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    Avant Laurent Berger au Crédit Mutuel, les drôles de reconversions des n°1 des syndicats (marianne.net)

    Avant Laurent Berger au Crédit Mutuel, les drôles de reconversions des n°1 des syndicats

    Trois mois seulement après son départ, l'ancien chef de la CFDT a obtenu un (très) haut poste au Crédit Mutuel, a annoncé la banque ce 12 septembre. Mais ce n'est pas le premier dirigeant syndical à avoir rapidement retrouvé un emploi en or… parfois même au mépris des convictions. De Jean-Claude Mailly à Nicole Notat en passant par Thierry Lepaon, retour sur ces figures de la CFDT, de FO et de la CGT.

    L'ancien secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), Laurent Berger, vient tout juste de trouver son point de chute après une décennie à la tête du syndicat, entre novembre 2012 et juin 2023. Il atterrira au Crédit Mutuel, la banque l'ayant chargé de lancer un « centre d'expertise dédié à la révolution climatique et environnementale ». Le groupe l'a annoncé ce mardi 12 septembre à l'occasion de la présentation d'un « plan stratégique ». Pour Berger, le chômage aura donc été de courte durée. Et pour cause, les offres de boulot ont afflué – « une quinzaine de propositions d'emploi sérieuses », a assuré l'ex-syndicaliste au Monde.

    « C’est une banque mutualiste, relevant du secteur de l’économie sociale et solidaire, qui développe une véritable stratégie pour contribuer à une transition écologique socialement juste », motive Laurent Berger auprès du quotidien. Certes. Mais selon l'ONG Oxfam, le Crédit Mutuel fait partie des banques « qui nous mènent vers un monde entre +3 °C et +4 °C ». Signe, peut-être, que la nouvelle carrière de Laurent Berger menace de l'exposer à quelques contradictions avec l'ancienne.

    JEAN-CLAUDE MAILLY DE FO, CONSULTANT… SARKOZYSTE ?

    « Senior advisor. » De l'anglais « conseiller principal ». C'est le poste dégoté par Jean-Claude Mailly en juin 2018, deux mois seulement après avoir quitté la tête de Force ouvrière (FO) qu'il occupait depuis 2004. Mais pas dans n'importe quelle boîte. C'est Alixio, une société de conseil en « ressources humaines » présidée par Raymond Soubie, conseiller social de Nicolas Sarkozy entre 2007 et 2010 (remplacé au cabinet par un certain Jean Castex). À l'époque, l'entreprise précise que Mailly Jean-Claude interviendra entre autres sur « les sujets de relations sociales internationales, de responsabilité sociale et environnementale et de stratégie sociale ». Une reconversion qui avait fait d'autant plus grincer des dents que Jean-Claude Mailly ne s'était pas montré franchement opposé aux ordonnances Macron en 2017, ce qui lui avait valu d'être particulièrement chahuté lors du congrès de son départ l'année suivante.

    En 2018, l'ancien chef de FO fait également valoir ses droits à la retraite. Normal, dira-t-on, à 65 ans. Et, en même temps, il se mue en entrepreneur et fonde « JCBC Conseil », qu'il lance officiellement en 2019. « JC » pour « Jean-Claude » et « BC » pour « bureau confédéral ». « On m’appelle ici ou là, pour que je dénoue des situations, que je parle aux camaradessoutenait-il alors à L'Opinion en 2019Mais je ne fais jamais de restructuration, ça je refuse. » Aujourd'hui, il défend Bernard Cazeneuve et son mouvement de « gauche républicaine », La Convention, toujours fidèle à une ligne qu'on pourrait qualifier de « social-démocrate-libérale »…

    THIERRY LEPAON, DES ORS DE LA CGT À CEUX DE LA RÉPUBLIQUE

    Difficile de passer après Bernard Thibault. Encore plus quand on se retrouve soupçonné de mener un train de vie dispendieux à la tête de la CGT. Thierry Lepaon, secrétaire général du syndicat de 2013 à 2015, l'a appris à ses dépens. Contesté en interne depuis son élection à la tête de la centrale, l'ancien ouvrier est confronté, en 2014, à des révélations du Canard enchaîné qui le mettent en cause autant que la CGT. Selon l'hebdomadaire satirique, le syndicat a pris en charge 130 000 euros de travaux pour l'appartement de fonction de Lepaon. Le Canard relève aussi que le loyer, entièrement pris en charge par la CGT, s'élevait à 2000€ par mois. Quelques semaines plus tard, le journal enfonce le clou en dévoilant que 62 000 euros de travaux ont été effectués pour rénover le bureau du n°1. Acculé, il démissionne le 7 janvier 2015.

    En avril 2016, alors que la mobilisation contre la loi El Khomri bat son plein, plusieurs médias révèlent que Lepaon pourrait être recasé par le gouvernement de Manuel Valls à la tête de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI). Objectif : « Envoyer un message positif aux syndicats en tête de mobilisation », dixit RTL. On crie à la trahison. Le 6 juin 2016, il est missionné par Valls pour préfigurer l'« Agence de la langue française pour la cohésion sociale », sans toutefois remplacer l'ANLCI. Finalement, il est nommé délégué interministériel à la langue française pour la cohésion sociale, aux frais du contribuable, en 2017. Deux ans plus tard, Emmanuel Macron le nomme inspecteur général de la jeunesse et des sports de première classe au tour extérieur – catégorie A +.

    FRANÇOIS CHÉRÈQUE, LE GOÛT DE LA GAUCHE LIBÉRALE

    À peu près un an avant que Thierry Lepaon prenne la tête de la CGT, François Chérèque quitte celle de la CFDT après 10 ans de bons et loyaux services, le 28 novembre 2012. Là, rebelote : quand on a dirigé un syndicat, on a vite fait de retrouver du travail. Le 3 janvier 2013, il est nommé inspecteur général des affaires sociales – haut-fonctionnaire – et est chargé de suivre le plan gouvernemental de lutte contre la pauvreté. Il est de surcroît élu président de Terra Nova, laboratoire d'idées star de la gauche libérale,  le 12 janvier 2013.

    Des fonctions où il a pu constater les écueils de l'exécutif « socialiste », puisqu'entre 2012 et 2014, le taux de pauvreté est passé de 13,9 % à 14,1 %. Énième service de la Hollandie aux anciens dirigeants syndicaux, François Chérèque est propulsé fin 2013, bénévolement certes, à la tête de l'Agence du service civique, en plus de ses autres fonctions. Il quitte ses fonctions en 2015 pour cause de maladie et en meurt deux ans plus tard.

    NICOLE NOTAT : DU SYNDICAT AU PATRONAT

    La prédécesseure de François Chérèque à la tête de la CFDT était la première femme à diriger un syndicat : Nicole Notat. Entre 1992 et 2002, elle y est allée franco pour marier la CFDT et le libéralisme. Soutien du plan Juppé en 1995, elle est désavouée lors d'un congrès la même année. En 2000, elle pousse le bouchon encore plus loin et se rapproche fortement du Medef dans le cadre de la « Refondation sociale » initiée par le mouvement patronal. Des tas de militants quittent alors le navire. Pourtant, elle en reste capitaine pendant une décennie et sort la tête quasi haute sans briguer de nouveau mandat. Puis après ?

    Directement la même année, elle devient présidente de « Vigeo », pour faire entre autres de la notation « RSE » des entreprises. Elle en est P.-D.G. jusqu'en 2020. La reconversion professionnelle étant faite, elle assume avec plus d'entrain sa conversion au libéralisme. En 2005, elle soutient le « oui » au référendum sur le Traité constitutionnel européen. Entre 2011 et 2013, elle préside Le Siècle, ce club fondé en 1944 qui réunit élites de toutes sortes, politiques, économiques et médiatiques. Aux deux dernières élections présidentielles, elle soutient publiquement Emmanuel Macron.