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Grèce: Stefanos Kasselakis, un ancien banquier de Goldman Sachs à la tête de Syriza

Grèce

Lien publiée le 27 septembre 2023

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Grèce : Stefanos Kasselakis, un ancien banquier de Goldman Sachs à la tête de la gauche – Libération (liberation.fr)

Le principal parti de gauche, le Syriza, en forte chute depuis l’arrivée au pouvoir de la droite en 2019, a élu à sa tête ce dimanche 24 septembre l’homme d’affaires Stefanos Kasselakis, qui a passé la majorité de sa vie aux Etats-Unis.

La gauche grecque a-t-elle trouvé son «golden-boy» ? C’est en tout cas le surnom donné à Stefanos Kasselakis, le nouveau président de Syriza, la coalition de la gauche radicale et l’alliance progressiste. Ce novice en politique de 35 ans a récolté 56 % des voix à la présidence du parti dimanche 24 septembre, en recherche de renouvellement depuis sa défaite cuisante aux élections de juin, grâce à ses promesses de créer un «rêve grec».

Un rêve américain à la grecque, un sujet que Stefanos Kasselakis doit bien connaître, lui a qui a immigré aux Etats-Unis à l’âge de 14 ans. Il est diplômé de la prestigieuse université de Pennsylvanie, où il étudie la finance et les relations internationales et, à ses heures perdues, est bénévole pour la campagne présidentielle de 2008 de Joe Biden, alors sénateur. En 2009, alors que la Grèce est plongée depuis un an dans une crise financière sans précédent, il décroche un poste à la banque américaine Goldman Sachs.

Le premier président de parti ouvertement gay

Un passif contradictoire pour un président du principal parti de gauche du pays ? Pas du tout, selon lui, puisque cette expérience lui aurait permis de «constater ce qu’est le capital : acheter le travail d’autrui à moindre coût» et de mesurer «l’arrogance que l’argent apporte». En 2015, il se lance dans la marine marchande et crée sa propre société, Swift Bulk. Vivant toujours aux Etats-Unis, il se marie en 2019 avec un infirmier américain, Tyler McBeth. Stefanos Kasselakis est d’ailleurs le premier président de parti grec ouvertement gay de l’histoire du pays.

Il revient s’installer à Athènes, avec son mari, seulement au printemps dernier. Inconnu de la plupart des Grecs, il se lance dans la course à la présidence de Syriza fin août, un mois à peine avant le premier scrutin, annonçant sa candidature. Dans une vidéo devenue virale, le jeune businessman se présente comme le seul candidat pouvant battre l’actuel Premier ministre du parti de droite la Nouvelle Démocratie (ND), Kyriakos Mitsotakis. L’ancien président de Syriza, Alexis Tsipras, connu comme celui qui a mené le bras-de-fer contre les créanciers du pays en 2015, a démissionné après les élections législatives de juin où Syriza n’a remporté que 17,8 % des voix, contre plus de 40 % des voix pour la ND.

Une influence américaine

Malgré son inexpérience en politique, Stefanos Kasselakis est rapidement devenu le favori de l’élection, dépassant même Effie Achtsioglou, ministre du Travail de 2016 à 2019. La presse grecque aime couvrir son style vestimentaire, ses passages à la gym et ses balades en famille avec son mari et leur chien Farley. Les médias semblent beaucoup moins préoccupés par son programme politique et la direction dans laquelle il compte mener le parti.

Parmi ses promesses de campagne, on retrouve la séparation de l’Eglise et de l’Etat, pas encore acté malgré les initiatives d’Alexis Tsipras dans ce sens en 2018. Il veut aussi abolir le service militaire obligatoire, et redirigerer le budget de l’Etat vers l’éducation et la défense de l’environnement. Assumant ses influences américaines, Kasselakis a publié en juillet une tribune dans Kathimerini, un des principaux quotidiens du pays, où il a expliqué que son parti devrait, selon lui, de «copier la formule américaine [du Parti démocrate]».

Des propositions ambitieuses, mais qui peinent à convaincre tous les membres de Syriza, fortement divisé depuis l’échec de juin. Yannis Ragousis, une figure du parti, a ainsi exprimé ses réserves face à la candidature de Stefanos Kasselakis, notant : «Nous ne connaissons pas M. Kasselakis. Personnellement, je ne connais pas ses intentions pour le parti.»