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Sahra Wagenknecht claque la porte de Die Linke
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Sahra Wagenknecht claque la porte de Die Linke (editoweb.eu)
C'est officiel, Sahra Wagenknecht claque la porte de Die Linke et fonde son propre mouvement "Association Sahra Wagenknecht, Pour la raison et la justice".
Quelle que soit l’évolution du parti nouvellement fondé et du reste de Die Linke, cette scission constitue une nouvelle étape dans la crise de la gauche socialiste en Allemagne.
Article et traduction Nico Maury
Alors que Die Linke vient de subir plusieurs déroutes électorales (Bavière et Hesse) ce weekend, l'ancienne SED, minée par la factionalisme, l'opportunisme et par les groupuscules gauchistes qui ont pris le pouvoir dans la direction nationale, connait une nouvelle crise : Le départ de Sahra Wagenknecht et de plusieurs membres du Bundestag.
Cette scission couvait depuis des mois à Die Linke et elle intervient finalement plus tôt que prévu. Lors d'une conférence de presse de lundi, Sahra Wagenknecht a annoncé sa sortie de Die Linke et présenté le manifeste de son association. Son pré-programme est en faveur de l’industrie et des travailleurs, de justice sociale, de la paix, mais rien de très précis à cette heure. On note que dans son manifeste, il n'y a aucune référence à la gauche ou au socialisme.
L'objectif est dans un premier temps de se présenter aux élections parlementaires européennes et aux trois élections régionales d'Allemagne de l'Est en 2024.
10 députés quittent Die Linke, dénonçant un parti coupé des réalités
La scission a entrainé le départ de 10 membres du groupe parlementaire. En plus de Sahra Wagenknecht, Amira Mohamed Ali, Christian Leye, Ali Al-Dailami, Sevim Dagdelen, Klaus Ernst, Andrej Hunko, Zaklin Nastic, Jessica Tatti et Alexander Ulrich ont annoncé leur démission de Die Linke.
Pour Amira Mohamed Ali (ex-coprésidente de la faction Die Linke au Bundestag) Die Linke s’éloigne de ses objectifs initiaux, sombre dans l’insignifiance et perd les élections les unes après les autres. "Nous ne voulons plus voir de plus en plus de gens se détourner de la démocratie parce qu'ils ne se sentent plus représentés politiquement. Le nouveau parti devrait être là pour tous ceux qui ne sont pas du bon côté".
Dans leur déclaration, les députés démissionnaires expliquent "nous avons averti à plusieurs reprises que l’accent mis sur les milieux urbains, jeunes et activistes nous éloigne de nos électeurs traditionnels. Nous avons tenté à plusieurs reprises de stopper le déclin du parti en modifiant son orientation politique. Nous n’y sommes pas parvenus et, par conséquent, le parti a eu de moins en moins de succès auprès des électeurs". Ils ajoutent "qu'aucune responsabilité n'a été assumée et aucune conséquence n'en a été tirée. Au contraire, ceux qui critiquaient la ligne directrice du parti ont été identifiés comme coupables des résultats et ont été de plus en plus marginalisés".
L'actuelle direction de Die Linke est mise en accusation. Sur la guerre, les députés expliquent que Die Linke 's’est tenue aux côtés des autres partis" pro-guerre et a rejeté tous les appels à la paix, accusant les initiateurs du "Soulèvement pour la paix" de février 2023 d'être des partisans de la droite. Ils accusent la direction de Die Linke d'avoir abandonné le combat face à l'AfD. "Die Linke n’apparaît plus comme une opposition clairement reconnaissable, mais plutôt comme un parti adouci du « Oui, mais… ». Nous avons la responsabilité de reprendre au sérieux la lutte pour l’orientation politique et l’avenir de notre pays. Pour ce faire, nous voulons construire une nouvelle force politique, une voix démocratique pour la justice sociale, la paix, la raison et la liberté".
Enfin, ils annoncent partir "sans rancœur et sans réaction. Le conflit est terminé pour nous." Malheureusement, le conflit continu. Les autres parlementaires, restés fidèles à Die Linke demandent leur démission du Bundestag. Si les dix députés quittent le groupe, le statut de groupe n'est plus valable. Les emplois de 108 salariés sont alors en jeu. C'est pourquoi ils resteront dans le groupe jusqu'en janvier 2024.
L'échec d'une voix socialiste renouvelée en Allemagne
Les grandes heures de Die Linke sont belles et bien terminées.
Quelle que soit l’évolution du parti nouvellement fondé et du reste de Die Linke, cette scission constitue une nouvelle étape dans la crise de la gauche socialiste en Allemagne.
Die Linke a échoué en tant que parti socialiste, tant dans ses actions, que dans son programme. La majeure partie du courant, qui s'était engagée dans une politique d'opposition, quitte désormais le parti, dans lequel les libéraux « progressistes » sont désormais en capacité de prendre la direction totale du parti.
La scission s'oriente politiquement à maintenir une vision d'une social-démocratie d’ancien style, qui peut trouver un certain succès électoral. Mais, ce qu'a besoin l'Allemagne, c'est une reconstitution d'une force politique socialiste en Allemagne.
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Figure controversée de la gauche radicale, la femme politique a officiellement rompu avec son parti ce lundi 23 octobre pour créer une nouvelle formation. Elle entend durcir la politique migratoire autant qu’adoucir celle envers Moscou.
La scission couvait depuis des mois. Le parti allemand de gauche Die Linke s’est officiellement fracturé ce lundi 23 octobre avec le départ de Sahra Wagenknecht et de neuf autres de ses collègues. Cette figure de la gauche radicale a officialisé vouloir monter un nouveau parti de populiste de gauche dont l’ambition est de contrer l’extrême droite en plein essor, quitte à en adopter une partie du discours.
«Nous avons décidé de créer un nouveau parti car nous sommes convaincus que les choses telles qu’elles sont ne peuvent pas continuer ainsi», a déclaré Sahra Wagenknecht, 54 ans, lors d’une conférence de presse. Elle a présenté une association, baptisée BSW pour «Bündnis Sahra Wagenknecht» («alliance Sahra Wagenknecht»), devant conduire à la création de ce mouvement qui, pour le moment et comme son nom l’indique, tourne entièrement autour de cette personnalité controversée, très connue en Allemagne.
Celle que Libé décrivait, dans un portrait de 1995, comme la «dernière indécrottable stalinienne de la défunte RDA» ne cache pas sa volonté de concurrencer l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), le parti d’extrême droite qui a bondi dans le pays depuis un an dans les sondages – il est crédité de jusqu’à 22 % ou 23 % des intentions de vote – en surfant sur le mécontentement de l’opinion face à la hausse de l’immigration et la crise économique.
Réduction du nombre de migrants et des mesures écologiques
Au cours de sa conférence de presse, Sahra Wagenknecht s’en est pris essentiellement au gouvernement de centre-gauche d’Olaf Scholz, dont le parti social-démocrate est allié aux Verts et aux Libéraux du FDP. Dans un monde secoué par de graves crises internationales, «la République fédérale allemande a le plus mauvais gouvernement de son histoire qui agit de façon incompétente ou sans but», a-t-elle lâché, dénonçant entre autres les livraisons d’armes à l’Ukraine, ou les sanctions économiques contre Moscou qui privent l’Allemagne, pays industriel exportateur pauvre en matière première, de l’énergie bon marché dont elle a besoin
«Cela inquiète bien sûr beaucoup de gens qui ne savent plus pour qui voter ou bien qui votent extrême droite par colère ou désespoir», a-t-elle argumenté. Elle a également de nouveau critiqué les mesures écologiques du gouvernement face au changement climatique et s’est aussi dite favorable à la réduction du nombre de migrants dans le pays. En 2016 déjà, après l’attaque terroriste sur le marché de Noël à Berlin, elle estimait que «non seulement l’ouverture des frontières n’est pas contrôlée, mais la police en est réduite à être inefficace. Elle n’a pas les ressources humaines ou techniques pour affronter la menace actuelle».
Enfin, elle a plaidé pour «le maintien de nos forces économiques», plus de justice sociale, des investissements dans les infrastructures et une «politique étrangère basée sur la paix». Autant de concepts qu’elle entend rassembler sous la bannière du «retour à la raison».
Réservoir de voix en ex-RDA
Comme l’AfD, Sahra Wagenknecht dispose de son principal réservoir dans l’ancienne Allemagne de l’Est communiste, où trois élections régionales (Saxe, Brandebourg et Thuringe) sont programmées l’an prochain. La responsable politique est née et a grandi dans cette partie du pays, où une frange importante de la population s’estime marginalisée. Elle chasse dans plusieurs domaines sur les terres de l’extrême droite. «L’AfD devrait se faire beaucoup de souci» face à l’émergence de ce parti concurrent, a affirmé le politologue Constantin Wurthmann sur la chaîne Phoenix. Selon un sondage Insa publié dimanche par le tabloïd Bild, 27 % des Allemands pourraient voter pour le nouveau parti populiste de gauche.
Désormais, il s’agit pour les sécessionnistes de Die Linke de rassembler fonds et donations pour pouvoir faire naître leur parti et participer aux élections européennes de juin. Si tant est que l’aventure aille au bout. Sahra Wagenknecht avait fait une première tentative fin 2018 en lançant un mouvement similaire, avant de renoncer six mois plus tard. Cette fois, elle pourrait profiter de la polarisation croissante de la société allemande et de l’impopularité record de l’opinion à l’égard de la coalition d’Olaf Scholz (71 % d’avis défavorables, selon une enquête Insa).