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La crise climatique et naturelle comme une seule urgence sanitaire mondiale indivisible

écologie

Lien publiée le 1 novembre 2023

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Il est temps de traiter la crise climatique et naturelle comme une seule urgence sanitaire mondiale indivisible, selon un éditorial publié simultanément par 200 revues scientifiques. – Arguments pour la lutte sociale (aplutsoc.org)

Il est temps de traiter la crise climatique et naturelle comme une seule urgence sanitaire mondiale indivisible, selon un éditorial publié simultanément par 200 revues scientifiques.

L’éditorial ci-joint a été publié simultanément dans plus de 200 journaux scientifiques traitant de la santé humaine dans le monde, ce qui est un fait exceptionnel.

Il traduit manifestement un « engagement » d’une partie conséquente de la communauté scientifique pour tirer la sonnette d’alarme sur la crise de la biosphère. Ce n’est pas le seul: il existe de plus en plus de manifestations d’une attitude de « rébellion » de scientifiques contre l’attitude « neutre » des chercheurs quant aux questions politico-sociales et leur retrait prudent sur l’Aventin.

Ce n’est pas trop tôt. La réticence de la communauté scientifique, à part quelques-uns de ses membres, à une telle intervention a dominé tout le dernier siècle: ils savaient déjà beaucoup de choses sur la crise et l’effondrement à venir mais répugnaient à les diffuser, et faisaient même pression sur ceux qui le faisaient ou tentaient de le faire en les accusant de sortir de leur rôle, sinon même de « cracher dans la soupe ». Cette attitude mériterait un examen historique approfondi, mais elle avait manifestement  plusieurs causes, parmi lesquelles:

(1) L’idée que « la science » est neutre (elle établit des connaissances, mais ne les juge pas) et que partant les scientifiques eux aussi doivent l’être : ils ne doivent pas descendre dans l’arène sous peine de perdre leur objectivité et donc leur crédibilité. Ils peuvent donc contribuer à rendre possible l’existence de bombes nucléaires, de molécules comme l’agent orange, ce ne seront pas eux qui seront responsables de leur utilisation mais « la société ».

(2) Les scientifiques dans leur ensemble ont un respect considérable pour l’autorité, et avant tout pour la « gouvernance de la science » qui a beaucoup changé lors des dernières décennies de crise du capitalisme, devenant de plus en plus dirigiste – dirigisme dont, tout en râlant, elle se satisfait fort bien, la plupart des chercheurs n’hésitant pas à jouer le rôle de chiens de garde, à relayer les injonctions du pouvoir lors de la distribution des budgets et des postes, des choix d’orientation de la recherche.

(3) La communauté scientifique est très perméable à l’un des impératifs de la « communication » telle que pratiquée par de nombreux intellectuels et médias, l’ « injonction d’optimisme », sous-tendue par la conviction que seuls les messages positifs peuvent être entendus. Même des organismes comme le GIEC sont tombés dans ce travers: toutes leurs « prévisions » se sont toujours appuyées sur les hypothèses les moins « catastrophistes », pour ne pas « désespérer Billancourt ». Souvent cette attitude s’appuie sur des positions « prudentes » du style « nous ne savons pas tout, ne nous affolons pas », au mépris du « principe responsabilité » de Hans Jonas (dont la version édulcorée et inoffensive est le fameux « principe de précaution »).

(4) La « fascination par la technique » est très largement partagée dans cette communauté. Celle-ci est perçue comme « sans limite », capable de résoudre tous les problèmes. Les absurdités pernicieuses comme la géo-ingéniérie, la perspective d’établir des communautés humaines sur d’autres planètes, le transhumanisme, etc., en sont l’expression. Bien entendu celles-ci résultent de tentatives pour le capitalisme d’investir toujours plus de domaines pour augmenter et diversifier la plus-value, mais la communauté scientifique marche à fond dans ces monstruosités qui engloutissent des budgets considérables et mobilisent des milliers de cerveaux.

L’éditorial ci-joint peut sembler très radical. Toutefois il s’adresse (comme d’habitude pour ce genre d’appels) non pas aux citoyens mais aux gouvernements (world leaders) et aux « professionnels de la santé ». Il n’est pas difficile de prévoir qu’il n’aura aucun impact significatif, comme toutes les décisions (généralement non contraignantes) des COPs depuis des décennies.

Il n’y aura pas de solution aux problèmes incommensurables qui se posent et surtout vont se poser à l’humanité dans les années (même pas les décennies) immédiatement à venir dans ses rapports avec la biosphère dans le cadre du capitalisme. Ce n’est pas en geignant et en s’adressant en larmoyant aux États actuels pour leur demander de bien vouloir devenir vertueux que ces problèmes pourront être atténués (sans parler de « résolus », car pour cela il est trop tard). Les COP (aux « décisions » non contraignantes), tout comme l’ONU et toutes les autres grand-messes internationales, sont l’émanation des États actuels, qui sont tous capitalistes. Le seul objectif qui ait un sens est le combat pour la destruction du capitalisme, pays par pays, avant de devenir mondial : ce qui exige des organisations nationales et leur collaboration internationale dans cette perspective.

Alain Dubois, 31/10/2023.

PS :

Par ailleurs, voici ci-joint le texte de Jean-Marc Royer que j’avais déjà envoyé et qu’il serait bon de diffuser en liaison avec mon dernier billet sur notre site. Ce texte est très dense et comporte des points très critiquables, mais il étaye une idée importante que j’ai déjà soutenue. Certes, le capitalisme et le capitalocène datent d’avant le 20° siècle, mais c’est au milieu de ce dernier que s’est produite une inflexion dans les rapports de l’humanité avec la « nature » (une idée qui ne date pas d’aujourd’hui, ayant déjà été avancée dès les années 70 par des scientifiques comme Barry Commoner ).

Jusque-là, les atteintes à la biosphère n’avaient guère de conséquences irréversibles (sauf concernant les extinctions d’espèces, mais qui restaient limitées, surtout à des grands vertébrés). On peut toujours rêver : si, selon la prédiction marxiste, la révolution mondiale avait réussi, et notamment après chacune des deux guerres mondiales, il aurait été possible que ce stade de l’irréversibilité n’ait jamais été atteint, la société ayant alors été gérée en fonction des besoins humains, sur la base de connaissances rationnelles, et pas selon les besoins du capitalisme.

Mais cela a raté, avant tout en raison de cette monstruosité qu’est le stalinisme (encore vivant bien que blessé)! Cette irréversibilité est nouvelle. Elle prend naissance à ce point d’inflexion, qui nous a faits entrer dans ce que j’ai appelé le « nucléocène », l’invasion de la technologie par de nouvelles techniques liées (mais pas limitées à elles) aux nouvelles connaissances concernant les deux noyaux, celui de l’atome (radioactivité) et celui de la cellule (ADN). La reconnaissance de cette inflexion au sein du capitalocène me paraît importante.

Alain