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La galaxie des organisations fascistes en Italie
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
À droite de la Ligue de Matteo Salvini et de Fratelli d’Italia (Frères d’Italie, le parti de Giorgia Meloni), le paysage politique est peuplé de petites organisations ouvertement fascistes et très agressives envers les migrantEs, les minorités LGBTI, les activistes des centres sociaux et les milieux militants de gauche.
Leurs actes sont mis au service de la lutte pour la conquête de l’hégémonie dans le champ politique. Leur histoire est faite de scissions et de remaniements déterminés également par la force d’attraction des deux principaux partis avec un mécanisme de tourniquet qui permet la circulation de personnages troublants dans les des sphères d’intervention de l’extrême droite : institutionnelle et « sociale ». Cette dernière renvoie à l’occupation de la scène politique avec les méthodes typiques du squadrisme. La relation avec le monde souterrain, y compris le crime organisé et les narco-mafias, et avec les secteurs transnationaux de la finance et des affaires est historique et consolidée. En outre, un sens commun fascisant a longtemps imprégné les supporters de football et une grande partie du mouvement ultra.
La stratégie de conquête hégémonique de Casa Pound et Forza Nuova
Les deux groupes principaux, qui entretiennent de nombreuses relations avec leurs analogues européens, sont Casa Pound Italia (CPI) et Forza Nuova (FN). Avec quelques milliers de membres et de sympathisants dans toute l’Italie et une bonne capacité d’entreprise, CPI semble être l’organisation la plus vivante : elle possède une marque de vêtements pour les jeunes (Pivert), gère des restaurants, une maison d’édition et d’autres activités, et imite, avec l’occupation de certains « centres sociaux non conventionnels » (proches des squats), les modalités d’agrégation sociale de l’extrême gauche.
Moins robuste, Forza Nuova est née il y a trente ans des adeptes de Terza Posizione, un groupe armé qui a fait fureur dans les années 1970 et dont FN aurait récupéré les ressources. Elle possède aussi de son côté différentes sociétés qui gravitent autour de Meeting Point, une holding londonienne qui gère, entre autres, des centaines d’appartements pour de jeunes étudiantEs étrangerEs. Forza Nuova est plus fondamentaliste que CPI et a également surfé sur la vague de contestation No Vax. En octobre 2021, elle a pris d’assaut le siège national du syndicat de la CGIL. Le procès a infligé en première instance en décembre 2023, sept peines de plus de huit ans de prison à chacun de ses dirigeants, dont Roberto Fiore, ancien député européen en 2004.
L’immobilisme du centre-gauche et des syndicats
Sur la question de l’antifascisme, on peut s’étonner de l’immobilisme de la CGIL qui, avec le PD (Parti démocrate), se contente d’appeler à la mise hors la loi des organisations néofascistes. Une solution presque impossible à réaliser (en effet, les quelques groupuscules dissous au fil des ans se sont immédiatement reconstitués sous d’autres noms) et qui ne fonctionne que pour les besoins des campagnes électorales du centre-gauche. Dans l’impossibilité d’être une véritable alternative l’un pour l’autre, les deux camps politiques italiens s’affrontent dans des querelles épuisantes, surtout dans les médias, sur des questions parfois très concrètes (immigration, salaire minimum, droits des personnes LGBT, antifascisme), mais toujours sur des aspects marginaux et symboliques de ces questions. La répression des migrantEs et des mouvements sociaux, pour ne citer qu’un exemple, est exacerbée depuis des décennies par le travail acharné des gouvernements de tous bords.
Le terreau des groupes d’extrême droite est composé à la fois des classes aisées des beaux quartiers et des secteurs d’un prolétariat de plus en plus précarisé, pulvérisé et désorienté des banlieues. Ces derniers sont attirés depuis des décennies par des recettes sécuritaires, nationalistes et xénophobes. La défaite historique du mouvement ouvrier se mesure aussi à partir d’ici, de la méconnaissance des quartiers populaires et de la désertification des points de ralliement de la gauche radicale. Dans ce contexte, l’interdiction par la loi des sigles néo-fascistes ne suffira certainement pas à reconstruire des pratiques et des tissus sociaux de solidarité. L’antifascisme ne peut se limiter à la préservation de la mémoire historique et à une présence sur les territoires, il doit se doter d’outils sociaux et politiques pour reconstruire la conscience de classe et renverser les rapports de force. L’alternative au fascisme n’est pas la post-démocratie mais une société qui met fin à l’exploitation des êtres humains et de l’environnement