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Ukraine : la chute d’Avdiivka marque le début de la fin
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
L e 17 février, la bataille d’Avdiivka s’est achevée par une lourde défaite pour l’Ukraine. Après des mois de résistance, le nouveau commandant en chef de l’armée ukrainienne, le général Oleksandr Syrskyi, a annoncé que ses troupes quittaient la ville « pour éviter un encerclement et préserver la vie et la santé des soldats ».
Ce repli a viré à la débâcle. Les forces ukrainiennes étaient déjà presque complètement encerclées et ont dû fuir à pied à travers champs, sous le feu de l’artillerie russe. La chute de cette ville est une victoire décisive pour la Russie, après la prise de Bakhmout, au printemps dernier, et l’échec total de la contre-offensive ukrainienne cet été.
Une guerre d’attrition
Depuis l’automne 2022, l’armée russe s’est montrée fidèle au principe selon lequel l’objectif des opérations militaires n’est pas de conquérir des territoires, mais de briser la capacité de l’ennemi à combattre. Elle profite de sa supériorité numérique et matérielle pour saigner l’armée ukrainienne. Ce faisant, elle a été grandement aidée par la stupidité des dirigeants de Kiev, qui ont refusé de céder le moindre pouce de terrain et ont sacrifié des unités entières dans des offensives perdues d’avance devant Bakhmout ou sur le front de Zaporijia.
Aujourd’hui, l’armée ukrainienne est exsangue. Pour tenter d’enrayer les assauts russes qui se multiplient sur tout le front, ses chefs ne peuvent plus compter que sur une poignée d’unités solides – dont la brigade d’assaut « Azov », héritière directe de l’unité paramilitaire fasciste du même nom. Ses soldats sont jetés d’un point chaud à l’autre sans jamais réussir à arrêter durablement la marée montante des assauts russes. Ils ont été envoyés à Avdiivka quelques jours à peine avant que Syrskyi n’annonce en catastrophe son évacuation.
L’impasse dans laquelle est plongée l’armée ukrainienne s’ajoute au poids des défaites passées et vient affaiblir encore plus le moral déjà défaillant de la population et des soldats. Les vidéos montrant des civils « mobilisés » de force par la police, dans les rues, se multiplient sur les réseaux sociaux, tandis que les cimetières militaires s’étendent sans cesse. Cette situation a mis le régime de Kiev sous tension et a provoqué une crise politique qui a culminé avec le renvoi du chef d’état-major Valeryi Zaluzhnyi par le président Zelensky.
Les Occidentaux dans l’impasse
La défaite de l’Ukraine semble aujourd’hui inéluctable, même si certains politiciens bourgeois occidentaux n’osent pas encore le reconnaître ouvertement – ou sont trop stupides pour le comprendre. Mi-février, la tête de liste du PS pour les élections européennes, Raphaël Glucksmann, exigeait que la France « passe en mode économie de guerre ». De son côté, Emmanuel Macron annonçait qu’il n’excluait plus l’envoi de troupes françaises en Ukraine. Faute d’un bilan présentable en matière d’économie et de politique intérieure, Macron essaye d’aguicher les électeurs en leur proposant une guerre contre la Russie !
Tout cela n’est pas sérieux. Macron a d’ailleurs été immédiatement désavoué par les dirigeants de l’OTAN et de l’UE. Ils ont rappelé qu’il n’était pas question d’envoyer des troupes en Ukraine. Les dirigeants bourgeois les plus sensés se disent même qu’il est temps d’arrêter les frais.
Sur fond d’austérité et de crise économique, les défaites ukrainiennes nourrissent l’opposition à la guerre dans l’opinion publique française. Par exemple, un sondage publié le 17 février indiquait que le soutien à l’envoi d’armes en Ukraine avait reculé de 10 points depuis le mois de juin 2023. Ce n’est pas étonnant : alors que le gouvernement multiplie les annonces de coupes budgétaires dans l’éducation et la santé, il est peu probable que les appels de Glucksmann à « mobiliser l’épargne des Français » pour la guerre contre la Russie suscitent beaucoup d’enthousiasme au-delà d’une poignée de détraqués et de fanatiques.
Une telle situation est grosse de crises politiques. En Slovaquie, le rejet de la guerre et de l’austérité a permis à l’aventurier bourgeois Robert Fico de revenir au pouvoir, au grand dam des dirigeants de l’UE. En Allemagne, l’AfD (extrême droite) est le seul parti à s’opposer explicitement à l’envoi d’armes en Ukraine, ce qui a contribué à le hisser à la deuxième place dans les sondages d’opinion, devant les « socialistes » du SPD et les Verts.
Les dirigeants européens cherchent un moyen de se sortir du piège dans lequel ils se sont eux-mêmes jetés. S’ils multiplient les annonces grandiloquentes – le Danemark s’est déclaré prêt à offrir « toute son artillerie » à Kiev –, il s’agit souvent des promesses creuses. L’Ukraine n’a reçu que 30 % des obus que lui avaient promis les pays de l’UE, et le grand « Sommet » convoqué par Macron, à Paris, pour augmenter l’aide européenne à l’Ukraine, n’a débouché sur rien de concret.
Après avoir été poussé par les Occidentaux dans une guerre perdue d’avance avec la Russie, le peuple ukrainien paie aujourd’hui les conséquences du désastre, alors même que ses « protecteurs » impérialistes se préparent à l’abandonner en rase campagne.