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17 millions de voix pour les communistes en Inde
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
17 millions de voix pour les communistes en Inde (editoweb.eu)
Les élections législatives en Inde ont donné la victoire aux nationalistes de Narendra Modi, mais une victoire limitée.
Dans ce scrutin, les Partis communistes rassemblement plus de 17 millions de voix et 9 sièges.
Analyse du scrutin.
Article et traduction Nico Maury
Du 19 avril au 1ᵉʳ juin, 968.821.926 indiens étaient appelés aux urnes pour élire les 543 membres de la Lok Sabha, la chambre basse du Parlement.
La participation de 66,33% montre un recul de 1,07 par rapport à 2019. Des millions d'électeurs ont ainsi boudé un scrutin pourtant majeur sur l'avenir de l'Inde.
Les députés sont élus pour cinq ans à partir d'un scrutin uninominal à un tour sur des circonscriptions.
Les nationalistes du Bharatiya Janata Party (BJP) ont remporté la première place avec 240 sièges, des résultats en net recul (-63) par rapport aux dernières élections. Cependant, 235 millions d'Indiens ont voté pour les candidats du parti safran (36,56%). Ces résultats permettent au Premier ministre indien, Narendra Modi, et ses alliés de conserver le pouvoir pour un troisième mandat. Au niveau de l'alliance, les partis alliés au BJP remportent 53 sièges. Même si Narendra Modi a de fortes chances de redevenir Premier ministre, il n'aura pas les mains libres pour réécrire la constitution de l'Inde (suppression des références au socialisme et à la laïcité) et imposer sa centralisation.
La coalition hétéroclitique INDIA, conduite par l'Indian Congress, des partis régionaux, les partis communistes, n'obtient pas majorité pour renverser le BJP. L'Indian Congress, hier dominant, ne parvient qu'à rassembler 21,19% des voix et gagne 99 sièges (+47). La coalition dans son ensemble, aussi hétéroclite soit-elle, remporte 234 sièges.
Les autres partis et les candidats indépendants remportent sept sièges.
Au niveau régional, la NDA (alliance du BJP) remporte la victoire dans 16 états d'Inde, l'INDIA s'impose dans 11 états. L'Inde du Sud (Andhra Pradesh, Karnataka, Kerala, Tamil Nadu, Telangana, Lakshadweep et Pondichéry), moins marqués par l'hindouisme, résiste au BJP.
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Maintenant, on va regarder les résultats des Partis communistes.
À l'issue du scrutin, la gauche sera représentée à la Lok Sabha par neuf députés.
Le Parti Communiste d'Inde (Marxiste) disposera de 4 sièges (+1), Parti Communiste d'Inde conserve deux sièges, le Parti Communiste d'Inde (Marxiste-Léniniste) Libération entre au Parlement avec deux sièges. Enfin, le Revolutionnary Socialist Party (RSP) sera présent avec un siège. Seul le AIFB n'aura pas de représentation parlementaire.
Les communistes ont ainsi rassemblé 17.064.003 voix sur leurs candidatures (+999.004). Le Parti Communiste d'Inde (Marxiste Léniniste) Libération et le Parti Communiste d'Inde (Marxiste) sont les principaux moteurs du vote communiste, alors que le CPI, le AIFB et le RSP reculent.
11 millions de voix pour le Parti Communiste d'Inde (Marxiste)
Le Parti Communiste d'Inde (Marxiste) présentait 53 candidatures, soit dans le cadre de l'alliance INDIA, soit dans le cadre des Left Front (Bengale occidental, Kerala...). Ses candidatures ont rassemblé 11.342.553 voix (1,76% au niveau national). Le CPI(M) gagne 597.645 voix par rapport à 2019.
Les résultats permettent au CPI(M) de conserver son statut de parti national grâce à ses représentations issues de trois états (Tamil Nadu, Kerala et Rajasthan).
Au Bengale, le CPI(M), présent dans 24 circonscriptions, remporte 5,67% des voix (3.419.941 votes), un score bien en deçà des espoirs et des forces engagées. Dans ce scrutin, le Trinamool Congress (AITC) remporte 29 sièges, le BJP 12 et l'Indian congress (allié au LF) remporte un siège.
Au Kerala, le CPI(M) remporte 25,82% des voix (5.100.964 votes) et un siège. Si ce résultat est décevant, il faut comprendre que ces élections ont été polarisées entre le BJP et l'INC, comme en 2019. Les candidats du CPI(M) terminent systématiquement à la seconde place. Dans cet état, il n'y avait pas d'alliance avec l'INC. Le Left Democratic Front n'avait rien à se reprocher mais a été emporté par une situation politique globalement défavorable aux communistes et progressistes en Inde : Le clivage des castes et des religions polarisé par le BJP de Narenda Modi.
Le CPI(M) reste stable passant de 25,83% à 25,82% des voix.
Au Tamil Nadu, le CPI(M) remporte 2,52% des voix (1.095.592 votes) et deux sièges. Il n'avait que deux candidats engagés dans le cadre de l'alliance INDIA. S. Venkatesan est réélu dans la circonscription de Madurai avec 43,6% des voix et Sachithanantham R est élu dans la circonscription de Dindigul avec 58,29% des suffrages.
Dans les Îles Andaman-et-Nicobar, le CPI(M) remporte 2,97% des voix (6007 votes). Il n'y avait pas d'alliance avec l'INC.
En Andhra Pradesh, le candidat du CPI(M) remporte 10.57% des voix dans la circonscription d'Araku (ST), soit 123.129 votes, il finit 3ᵉ.
En Assam, le candidat du CPI(M) remporte 5,7% des voix dans la circonscription de Barpeta, soit, 96.138 votes et il termine 3ᵉ.
Au Bihar, le candidat du CPI(M) remporte 35,55% des voix dans la circonscription de Khagaria, soit 377.526 votes. Il est battu par le candidat du Lok Janshakti (50,73%).
Au Jharkhand, le candidat du CPI(M) remporte 3,06% des voix dans la circonscription de Rajmahal, soit 37.291 votes.
Au Karnakata, le candidat du CPI(M) remporte 0,3% des voix dans la circonscription de Rajmahal, soit 4557 votes.
Au Maharashtra, le candidat du CPI(M) remporte 1,26% des voix dans la circonscription de Hingoli, soit 14.644 votes.
En Odisha, le candidat du CPI(M) remporte 0,38% des voix dans la circonscription de Bhubaneswar, soit 4148 votes.
Au Pendjab, le candidat du CPI(M) remporte 0,6% des voix dans la circonscription de Jalandhar, soit 5958 votes.
Au Rajasthan, le candidat du CPI(M) remporte la circonscription de Sikar. Amra Ram Paraswal est élu avec 50,68% des voix, soit 659.300 votes.
Au Telangana, le candidat du CPI(M) remporte 2,05% des voix dans la circonscription de Bhongir, soit 28.730 votes.
Au Tripura, jadis bastion du CPI(M), les communistes étaient alliés à l'Indian Congress. Le CPI(M) concourrait dans la circonscription Tripura-Est (ST). Le candidat communiste remporte 25.62% des voix, soit 290.628 votes. En 2019, le CPI(M) était tombé à 17%, il y a un regain électoral dans l'état.
3 millions de voix pour le Parti Communiste d'Inde
Le Parti Communiste d'Inde était engagé dans ces élections avec 27 candidatures. Il a rassemblé 3.157.184 votes (0,49% au niveau national). Le CPI perd 419.000 voix par rapport à 2019, en même temps, il yavait 69 candidatures contre 27 aujourd'hui.
Au Jharkhand, le CPI remporte 0,31% des voix, soit 52.750 votes.
En Uttar Pradesh, le CPI remporte 0,10% des voix, soit 83.767 votes.
Au Kerala, le CPI remporte 6,14% des voix, soit 1.212.197 votes. Le CPI était présent dans quatre circonscriptions et il termine à la 2ᵈᵉ place dans trois d'entre elles. Le Parti Communiste d'Inde reste stable en progressant de 6,1% à 6.14% des voix.
Au Madhya Pradesh, le CPI remporte 0,14% des voix, soit 54.825 votes.
Au Tamil Nadu, le CPI remporte 2,15% des voix, soit 932.954 votes. K. Subbarayan est réélu dans la circonscription de Tiruppur avec 41,38% des voix et V. Selvaraj est élu dans la circonscription de Nagapattinam avec 47,79% des voix.
Au Bengale occidental, le CPI remporte 0,22% des voix, soit 131.744 votes.
En Andhra Pradesh, le CPI remporte 0,03% des voix, soit 131.744 votes.
En Assam, le CPI remporte 0,10% des voix, soit 19.562 votes.
Au Bihar, le CPI remporte 1,30% des voix, soit 567.851 votes. Le CPI tentait de reconquérir la circonscription de Begusarai, malheureusement, il termine à la seconde place avec 43,86% des voix.
Au Chhattisgarh, le CPI remporte 0,24% des voix, soit 35.850 votes.
Au Maharashtra, le CPI remporte 0,01% des voix, soit 6627 votes.
En Odisha, le CPI remporte 0,03% des voix, soit 8112 votes.
Les autres partis communistes remportent 2,5 millions de voix
Le Parti Communiste d'Inde (Marxiste-Léniniste) Libération fait son entrée à la Lok Sabha avec deux sièges gagnés dans le Bihar. Il remporte les circonscriptions d'Arrah (48,28%) et de Karakat (36,89%).
Au niveau national, le CPI(ML)L présentait quatre candidatures (trois au Bihar et une au Jharkhand), il rassemble 1.736.771 votes (0.27% au niveau national). Le CPI(ML)L gagne 1,025 million de voix lors de ces élections.
Le All India Forward Bloc (AIFB), avec 9 candidatures, a rassemblé 289.941 voix (0,04% au niveau national). Le AIFB perd 35.566 voir par rapport à 2019.
Le Revolutionnary Socialist Party (RSP) présentait trois candidatures, deux en alliance avec le Left Front au Bengale et une au Kerala, en alliance avec l'Indian Congress, et en opposition au Left Front. Au Kerala, N.K. Premachandran est réélu dans la circonscription de Kollam avec 48,45% des voix et bat son rival du Parti Communiste d'Inde (Marxiste) Mukesh Madhavan (32,03%). Au total, le RSP remporte 537.554 voix (-172.131).
Quelle perspective pour les Partis communistes à l'issue de ces élections ?
Si le Parti Communiste d'Inde (CPI) et le Parti Communiste d'Inde (Marxiste) entretiennent des liens politiques au sein du Left Front, la question de l'unification des deux partis revient fréquemment. Le problème du LF c'est son isolement en Inde. Il n'existe qu'au Kerala, où il est au pouvoir, au Bengale-Occidental, où il est en reconstruction, au Tamil Nadu, où il est un partenaire de MK Stalin, au Tripura, où il joue sa survie politique, et dispose d'implantations locales plus ou moins fortes dans d'autres états comme le Rajasthan, où il gagne un député. Dans ces états, ce sont souvent des luttes paysannes qui permettent au PCI(M) de gagner des sièges. Cependant, des états entiers ne votent plus communistes.
L'irruption du Parti Communiste d'Inde (Marxiste léniniste) Libération au Bihar est une excellente nouvelle, car dans l'ancienne ceinture rouge de l'Hindustan, les partis communistes avaient disparu du jeu électoral. Le Bihar est redevenu un terrain propice au développement des partis communistes. L'alliance d'importantes luttes paysannes et ouvrières, avec la constitution de front politiques contre le BJP, créé une dynamique pour les communistes. Le CPI(ML)L est le moteur de cette renaissance. Il faudra voir si un rapprochement organique peut être envisagé entre le CPI(ML)L et le Left Front.
Le RSP et le AIFB n'ont en réalité peu d'avenir. En alliance avec le LF ou seul, ils ne parviennent plus à gagner de sièges à la Lok Sabha ou dans les parlements régionaux. Le RSP doit sa survie politique qu'à l'Indian Congress au Kerala.
Concrètement, l'enjeu pour les partis communistes en inde repose sur plusieurs axes :
1- Renouveler les visages dirigeants et faire entrer des jeunes dans les directions. Si ce travail est en cours au CPI(M), il reste trop peu avancé pour créer une dynamique.
2- Renforcer les luttes sociales, notamment paysannes, face à l'agenda néolibéral du BJP. Là où l'AIKS est en mesure de gagner les luttes, le CPI(M) se renforce. La ruralité est la force première des partis communistes en Inde !
3- Sortir de la marginalisation dans de nombreux états afin de reconstruire un vote communiste dans l'Inde entière.
4- Consolider le pouvoir du LDF au Kerala et l'alliance avec le DMK de Stalin au Tamil Nadu.
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Bilan des élections indiennes, par VP. – Arguments pour la lutte sociale (aplutsoc.org)
Qui a gagné les élections indiennes, une affaire gigantesque concernant 968 millions d’électeurs dans le pays le plus peuplé du monde (1,4 milliard d’habitants) ?
Pour la presse, dans le peu qu’elle nous en dit en France, c’est le président sortant Modi, qu’elle avait d’ailleurs proclamé gagnant avant même toute publication de résultats. La bourse de Mumbai semble d’un avis différent : le capital financier indien soutenait en effet Modi, mais la chute de l’indice Sensex est de près de 6 %, l’entreprise Gautam Adami, appartenant à un ami de Modi et homme le plus riche de l’Inde, perdant 25%.
Sur le papier, la coalition présidentielle obtient 291 siège, la majorité absolue étant à 272, mais le Bharatiya Janata Party (BJP), le parti ethno-nationaliste hindou devenu le principal parti capitaliste du pays, en obtient seulement 239, en recul de 74 sièges. Alors que l’objectif donné par Modi était d’en rafler 450 et que cette campagne a été la sienne, omniprésent de A à Z, avec une forte répression contre le mouvement paysan dont les colonnes, une nouvelle foi en plusieurs années, cherchent à approcher la capitale, malgré la chaleur qui frôle des 50 degrés depuis des semaines et rend le pays invivable.
Clairement, il y a échec politique pour Modi, car il avait voulu faire de son troisième mandat celui du tournant ultra-nationaliste, rebaptisant le pays Bharat, détruisant des mosquées, lâchant ses milices sur les musulmans, les dalits, les adivasis, les paysans, les syndicats, les femmes. Dans un certain parallèle avec l’autre grand « homme fort » du continent, Xi Jinping, dont les « pensées » doivent être affichées dans les temples, mosquées et églises, Modi avait amorcé sa « mutation » en personnage religieux charismatique.
En fait, il est minoritaire en voix et le recul s’est produit dans la ceinture Nord hindou, en Uttar Pradesh, au Bihar et au Jharkhand, l’énorme fournaise du réchauffement, du mouvement paysan et de la contre-offensive réactionnaire de Modi, qui est en train de s’y casser les dents.
La mutation constitutionnelle de la République fédérale séculière indienne en Bharat exclusif fondé sur l’ « hindoutva » est stoppée. Au-delà de cette victoire démocratique arrivent les questions sociales, qui en sont la cause fondamentale, et la première d’entre elles toutes : avec des chaleurs sèches puis humides, une fois la mousson arrivée, comprises chaque année entre 40 et 50° voire plus, d’avril à novembre, la plaine indo-gangétique va devenir invivable. Tout pouvoir démocratique, à tous les échelons, devrait s’occuper de cela et prendre l’offensive mondiale de la lutte. Modi n’en a strictement rien à faire, et cela fait de lui un criminel de masse.
Cette « victoire » qui est un échec peut ouvrir immédiatement une crise politique si les alliés locaux du BJP, sentant le vent du boulet, hésitent à reconstituer une majorité parlementaire avec lui.
Mais attention : cette situation met aussi en évidence le manque de représentation politique nationale des mouvements sociaux, ouvriers, paysans, féministes et démocratiques.
L’affaiblissement du BJP profite mécaniquement aux forces liguées autour du vieux parti capitaliste indien, le Parti du Congrès, alors que c’est précisément leur effritement et la lassitude envers eux qui avaient précédemment permis l’arrivée au pouvoir de Modi. Ils n’annoncent par eux-mêmes aucune rupture avec les politiques antisociales de celui-ci, ni de prise en compte sérieuse de l’énorme question climatique qui est celle de la survie du pays. Le mouvement paysan, dont les vagues puissantes balaient le pays depuis maintenant cinq années – au moins -, fort d’une expérience importante d’auto-organisation au plan local et régional, n’a pas de perspective concernant la question du pouvoir central et l’instauration d’une pleine démocratie à l’échelle du pays. La gauche héritée du XX° siècle est dominée par les schémas campistes et néo-staliniens, dans lesquels la lutte « anti-impérialiste » est menée par les pays capitalistes des BRICS+ dont fait partie l’Inde.
Or justement : cette défaite politique de Modi, et surtout sa chute potentielle qui se dessine suite au vrai contenu de ces élections générales dont les résultats sont encore loin d’être connus en détail, est une défaite de l’un des principaux leaders des BRICS+ et de la multipolarité impérialiste. Un leader qui occupe une position charnière dans tout le jeu impérialiste mondial, membre fondateur des BRICS avec la Russie et la Chine, en rivalité avec la Chine, courtisé par les États-Unis, et toujours lié à la Russie. La construction d’une issue politique renversant Modi en Inde et ouvrant la voie, non à la répétition d’une alternance autour du Congrès, mais de la réalisation d’une vraie démocratie satisfaisant les revendications paysannes et populaires et prenant la tête de la guerre anticapitaliste pour le climat au niveau mondial, doit aussi partir de cette réalité.
VP, le 06/06/2024.