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    Plus on est de droite, plus on est antisémite

    Lien publiée le 27 juin 2024

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    Plus on est de droite, plus on est antisémite | Alternatives Economiques (alternatives-economiques.fr)

    Malgré le procès intenté à la gauche et les ambiguïtés coupables d’une partie de celle-ci, l’antisémitisme et les préjugés contre les juifs restent considérablement plus enracinés à droite et à l’extrême droite.

    C’est l’un des marqueurs les plus spectaculaires du confusionnisme actuel et de l’entreprise de discrédit de la gauche : le procès en antisémitisme qui lui est intenté par les autres composantes du champ politique – largement repris par les médias dominants –, à la faveur du contexte né des attaques terroristes du 7 octobre en Israël.

    Les ambiguïtés coupables de certaines franges de LFI ont certes contribué à tendre le bâton, mais si l’antisémitisme est un phénomène transversal à toutes les mouvances politiques, encore faut-il n’occulter ni son histoire, ni sa très inégale répartition selon les sensibilités.

    Le baromètre de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), dont l’édition 2023 vient d’être présentée, rappelle justement des évidences qui ont disparu du débat public.

    Une hausse des préjugés antisémites

    Les rapporteurs confirment d’abord que les événements au Proche-Orient ont influé sur les résultats du volet « antisémitisme » (d’autant que les entretiens du baromètre ont été réalisés en novembre 2023), et ils relèvent une augmentation globale des préjugés antisémites traditionnels.

    Or, sur ce plan, « les sympathisants d’extrême droite restent les plus enclins à se montrer d’accord » avec ces préjugés :

    « 34 % des sympathisants RN jugent que "les Juifs ont trop de pouvoir", 51 % adhèrent au stéréotype de la "double allégeance" des Français juifs et 51 % leur prêtent un rapport particulier à l’argent, soit systématiquement nettement plus que la moyenne des Français et que les sympathisants des autres grandes formations politiques. »

    Toutefois, par rapport à 2022, on observe, chez les partisans de l’extrême gauche, une nette baisse de la part de ceux qui se disent « tout à fait pour une lutte vigoureuse contre l’antisémitisme », de 65 % à 54,5 %, passant de la première à la deuxième place.

    Inversement, cette part progresse dans toutes les composantes du spectre politique, notamment de 33 % à 43 % pour la droite, et de 29 % à 49 % pour l’extrême droite.

    La simultanéité de la hausse du soutien à la lutte contre l’antisémitisme et du maintien des préjugés antisémites accrédite l’hypothèse que l’affichage de l’opposition à la judéophobie rencontre opportunément, aujourd’hui, une volonté de discréditer la gauche, voire constitue un alibi pour le racisme en général et l’islamophobie, qui continuent de prospérer au sein des électorats de droite.

    Ainsi, à propos des personnes se disant « plutôt » ou « un peu » racistes, les rapporteurs notent que « ce racisme affiché est plus présent (…) chez les sympathisants LR (26 %) et surtout chez les proches du RN (54 %) et les personnes qui se situent "très à droite" sur l’axe gauche-droite (61 %) ».

    L’indicateur d’antisémitisme, qui agrège l’adhésion aux préjugés à l’encontre des juifs, connaît d’ailleurs une forte baisse de novembre 2022 à novembre 2023 au sein de l’extrême gauche (-13 points), et une hausse sensible parmi les autres composantes hors extrême droite.

    Mêmes constats contradictoires des indicateurs selon la proximité partisane : de 2022 à 2023, l’antisémitisme mesuré par les préjugés a baissé pour les sympathisants LFI et LR, augmenté pour ceux de EELV, du PS et de LREM, et est resté stable pour ceux du RN (score le plus élevé, avec 55 %).

    Les « gros bataillons » antisémites sont à droite

    Ces variations et ces contradictions invitent à la prudence dans l’interprétation : l’influence puissante des événements nationaux et internationaux, les biais méthodologiques ou chronologiques peuvent fausser la photographie.

    Ainsi, s’il faut envisager une perméabilité accrue entre antisionisme et antisémitisme à gauche, l’assimilation de toute critique de la politique israélienne et de toute manifestation de solidarité avec la population de Gaza à de l’antisémitisme a considérablement obscurci les débats1.

    Le baromètre a mesuré une remontée des opinions et des préjugés antisémites chez les sympathisants de gauche et les musulmans2, mais rappelle que « les gros bataillons de l’antisémitisme se composent de non-musulmans, de personnes sans ascendance extra-européenne, et situées à droite sur l’échiquier politique ».

    Pour la CNCDH, l’antisémitisme « continue à battre des records à droite et plus particulièrement à l’extrême droite. (…) Il existe de l’antisémitisme à gauche, tout particulièrement à la gauche de la gauche, chez les proches des Insoumis et d’EELV notamment. Mais à un niveau inférieur à la moyenne, et sans comparaison avec celui observé à l’extrême droite et chez les proches du Rassemblement national ».

    Enfin, l’indispensable alarme envers la recrudescence des actes antisémites ne doit pas empêcher de regarder le tableau du racisme dans son ensemble. « Après plusieurs années d’amélioration et, dans la vague précédente, une stabilité, le rapport des Français à l’immigration se dégrade sensiblement », écrivent notamment les rapporteurs, qui ajoutent :

    « Sur l’ensemble des indicateurs relatifs aux droits civiques et sociaux des personnes étrangères, le clivage entre les répondants de gauche et ceux de droite et à plus forte raison d’extrême droite est très marqué. »

    Quand l’extrême droite est au seuil du pouvoir, il est plus que jamais irresponsable d’établir des distinctions entre les racismes ou, pire, d’en instrumentaliser un au profit de l’autre.

    Notes

    (1) Une partie du rapport est consacrée à la représentation d’Israël et de la Palestine dans l’opinion française, notamment à propos des responsabilités dans le conflit actuel. La CNCDH n’évite pas une certaine équivoque en versant dans son étude des opinions antisionistes dans le volet antisémitisme de son rapport.

    (2) Qui représentent respectivement 13 % et 10 % des antisémites.