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L’héritage lambertiste : la gauche entre révolution et compromis
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
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Attendre le grand soir ou le résultat des élections… Depuis toujours les différents courants de la gauche française se divisent sur la stratégie à adopter pour prendre le pouvoir. En quoi le courant politique du lambertisme (trotskisme) offre-t-il une clé de compréhension de la gauche moderne ?
- François Bazin Journaliste, analyste politique
- Rachel Garrat-Valcarcel Journaliste au Monde
Pour les leaders du Nouveau Front populaire, la question est devenue celle de savoir s'il faut pencher à gauche ou au centre de l'hémicycle. Les dernières législatives ont offert un nouveau contexte au déploiement d'une gauche unie... Mais unie autour de quoi ?
Pierre Lambert : une vie de militant
Né en 1920 et fondateur de l'Organisation Communiste Internationaliste (OCI), Pierre Lambert est, aux dires de François Bazin, son biographe, "un enfant du prolétariat juif. Ses parents sont originaires de Biélorussie. Après avoir grandi dans une misère extrême, il prend sa première carte politique à l'âge de 13 ans. Il avait encore une carte de militant politique dans la poche au moment de sa mort". Un élément structure son combat politique : il s'agit de son "anti-stalinisme viscéral" qui expliquerait une exclusion très précoce du Parti communiste. "Pour Lambert, le PC était vraiment l'ennemi", poursuit François Bazin. "Il s'est engagé dans une gauche socialiste et trotskisante avec l'idée de se réintégrer car il était un marginal. L'obsession de sa vie fut donc de ne pas s'isoler de la classe ouvrière. Ce faisant, il cherchait par tous les moyens, à partir d'une petite formation, à retrouver le chemin d'une intégration dans les partis politiques ou dans le monde syndical".
Lionel Jospin, proche de Pierre Lambert au début de carrière politique, "le décrivait à la fois comme un homme de principe et un manœuvrier, à la fois comme un dogmatique et un tacticien", relève François Bazin. Pour ce dernier, "il était entièrement dévoué à l'idéal révolutionnaire auquel il a consacré son existence, et cet idéal même autorisait ses accommodements, notamment dans le monde syndical".
Le lambertisme : "une pensée anti soixante-huitarde"
Aux yeux du journaliste, il existe chez les lambertistes une conception de l'histoire et de la tradition qui donne une armature spécifique à leur engagement. "Les lambertistes étaient des antimodernes, des traditionnalistes, des anti soixante-huitards. Pour eux, mai 68 constitue, dans sa partie étudiante, un mouvement de petits bourgeois. Il porte une vision de l'État, du pouvoir, du refus de l'autorité, qu'ils ne partageaient pas. Par exemple, la défense de l'école de Jules Ferry par Lambert, dès les années 1970, était très forte, tout comme la lutte contre le pédagogisme. Ce qu'on entend aujourd'hui sur la critique de la pensée 68, son effet destructeur sur l'autorité du maître, etc, constituait le langage que Lambert tenait dès les années 1970".
Un héritage lambertiste à l'œuvre chez LFI ?
S'il fallait chercher des traces du lambertisme dans la gauche française radicale d'aujourd'hui, elles se trouvent pour Français Bazin davantage dans un "projet", une manière de faire de la politique, que dans le programme. Il explique : "le programme de la France insoumise n'est pas spécialement d'extrême-gauche contrairement au lambertisme. En revanche, le projet, lui, est d'essence très lambertiste. Celui-ci exprime l'idée qu'une crise politique peut être le déclencheur d'une crise révolutionnaire. On retrouve cette idée autant chez Lambert que Jean-Luc Mélenchon. À ceci près peut-être que Lambert ne pensait pas que "tout ce qui bouge est rouge", selon le slogan, alors que chez Mélenchon, tout ce qui bouge, tout ce qui se révolte, est bon à prendre".
Rachel Garrat-Valcarcel complète : "il y a une volonté de comprendre et d'accompagner les mouvements sociaux, notamment ceux impulsés par la jeunesse des quartiers populaires. S'il y a eu beaucoup d'opportunisme dans ce qu'il s'est passé l'année dernière [après la mort de Nahel Merzouk à Nanterre en juin 2023 NDLR], on retrouve malgré tout un fondement politique qui se traduit par la volonté de la France insoumise de se faire la porte-parole de ce malaise social intense".




